Ce n'est écrit nulle part » imaginaire http://blogue.nt2.uqam.ca/cenestecritnullepart Propos éphémères et littéraires de Bertrand Gervais Tue, 23 May 2017 14:21:28 +0000 en hourly 1 Les spectres de la place Saint-Sulpice http://blogue.nt2.uqam.ca/cenestecritnullepart/2016/10/22/les-spectres-de-la-place-saint-sulpice/ http://blogue.nt2.uqam.ca/cenestecritnullepart/2016/10/22/les-spectres-de-la-place-saint-sulpice/#comments Sat, 22 Oct 2016 15:47:59 +0000 Bertrand Gervais http://blogue.nt2.uqam.ca/cenestecritnullepart/?p=2424

En préparant une intervention pour le projet « Archiver le présent. Le quotidien et ses tentatives d’épuisement », je suis revenu sur l’expérience de Georges Perec, place Saint-Sulpice, qui a donné lieu au livre Tentative d’épuisement d’un lieu parisien (1975). Pour montrer que tout un chacun pouvait refaire, dans le confort de son foyer, l’expérience de Perec, j’ai commencé à circuler place Saint-Sulpice via la plateforme Google Street View et même à faire des captures d’écran de ce qui avait été photographié par les caméras de la compagnie.
C’est ainsi que me sont apparus les spectres de la place Saint-Sulpice. Les spectres, c’est-à-dire ces figures évanescentes qui peuplent les photos prises par Google et ses neuf caméras. Ces photos sont souvent des montages de diverses sous-photos, fondues les unes dans les autres. Normalement, on remarque à peine les sutures entre les clichés, les zones floues aux frontières des images. Ce qui nous intéresse de toute façon, c’est moins la technique utilisée ou la valeur des clichés que l’illusion de présence suscitée par leur montage. C’est le monde qui nous est donné à voir avec Google Street View, la place Saint-Sulpice avec ses rues, ses voitures et ses camions, ses passants, ses cafés et commerces, etc. C’est comme si on y était.

Pour lire la suite de cette entrée, rejoindre le carnet de recherche « Archiver le présent » sur le site de ALN | NT2.

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Hochelaga imaginaire http://blogue.nt2.uqam.ca/cenestecritnullepart/2016/10/21/hochelaga-imaginaire-2/ http://blogue.nt2.uqam.ca/cenestecritnullepart/2016/10/21/hochelaga-imaginaire-2/#comments Fri, 21 Oct 2016 20:27:18 +0000 Bertrand Gervais http://blogue.nt2.uqam.ca/cenestecritnullepart/?p=2419

En étroite collaboration avec Benoit Bordeleau, nous avons mis en ligne en 2014-2015 un projet intitulé: HOCHELAGA IMAGINAIRE. Explorations géopoétiques dans Hochelaga-Maisonneuve et autour. Avec la collaboration des membres de La Traversée – Atelier québécois de géopoétique, nous avons entrepris de déployer un imaginaire du lieu issu de la tension entre l’expérience de cette étendue montréalaise et des strates composant sa mémoire : historique, géographique, littéraire, mais aussi la mémoire d’une parole qui y est encore vive.

Dans ce cadre, j’ai fait paraitre un certain nombres de textes, dont on retrouvera ici les liens:

« La vie secrète des évènements »

« Tentative d’épuisement d’un quartier montréalais » (attention pastiche)

« Qui le saura? »

« Le monde est Sharp »

et

« Géopoétique des lignes brisées : musements, chants de pistes et labyrinthes hypermédiatiques » (Texte initialement paru dans la revue Formes poétiques contemporaines, SUNY Buffalo, 2014, no 11, p. 31-48.)

C’est à lire, évidemment.

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Hochelaga imaginaire http://blogue.nt2.uqam.ca/cenestecritnullepart/2015/03/05/hochelaga-imaginaire/ http://blogue.nt2.uqam.ca/cenestecritnullepart/2015/03/05/hochelaga-imaginaire/#comments Thu, 05 Mar 2015 19:37:29 +0000 Bertrand Gervais http://blogue.nt2.uqam.ca/cenestecritnullepart/?p=2065

Depuis l’automne 2014, je participe à un projet collectif  tout à fait amusant: Hochelaga imaginaire: explorations géopoétiques dans Hochelaga-Maisonneuve et autour.

Nous déambulons dans ce quartier de Montréal, prenons des notes de terrain, des photos et tentons de rendre compte de notre expérience de ce quartier.

Les résultats sont diffusés sur notre site: Hochelaga imaginaire. 

Des heures de plaisir.

(Merci à Benoit pour l’affiche)

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Perspectives croisées sur la figure. À la rencontre du lisible et du visible http://blogue.nt2.uqam.ca/cenestecritnullepart/2012/11/02/perspectives-croisees-sur-la-figure-a-la-rencontre-du-lisible-et-du-visible/ http://blogue.nt2.uqam.ca/cenestecritnullepart/2012/11/02/perspectives-croisees-sur-la-figure-a-la-rencontre-du-lisible-et-du-visible/#comments Fri, 02 Nov 2012 21:26:01 +0000 Bertrand Gervais http://blogue.nt2.uqam.ca/cenestecritnullepart/?p=1847

 

Une nouveauté

Le texte en quatrième de couverture dit ceci:

La figure est un signe dynamique aux fonctions multiples : elle est un foyer de l’attention, mais elle peut aussi servir d’interface et de relais, elle appelle et suscite des réactions et des discours, elle engage l’affectivité du sujet qui l’aborde, et joue parfois le rôle de principe interprétatif. Figurer, c’est percevoir, imaginer et manipuler une forme, c’est s’investir dans des processus affectifs et symboliques. Ces développements permettent d’ouvrir des espaces sémiotiques, des imaginaires que nous pouvons investir et à partir desquels nous projetons des scènes qui sont celles, essentielles, de notre rapport au monde.

Cette anthologie aborde la notion de figure, non pas tant du point de vue de ses modes d’inscription dans un texte, dans un film ou sur un tableau (c’est-à-dire la figure en tant que trace), ou de l’ensemble des savoirs que sa connaissance convoque, mais comme signe complexe et en acte, et plus précisément, comme objet de pensée. On y découvre la figure et le processus figural par l’intermédiaire d’une traversée des disciplines : les textes choisis proviennent, pour les uns, des études littéraires, de la sémiotique et de la philosophie, et pour les autres, de l’histoire de l’art et des études cinématographiques – des disciplines qui, toutes, se sont intéressées aux signes et aux relations entre le perçu, le réel et l’imaginaire, et qui permettent de traverser la frontière, nécessairement poreuse, entre le lisible et le visible.

Avec des textes de: Erich Auerbach, Jean-Pierre Vernant, François Noudelman, J. Hillis Miller, Gaston Bachelard, Richard Kearney, Michel Guérin, Gilles Deleuze et Félix Guattari, Jean-François Lyotard, François Aubral, Jacques Aumont, Philippe Dubois, Georges Didi-Huberman, Bertrand Gervais, Audrey Lemieux, Daniel Vaillancourt, Luc Vancheri, Gilles Deleuze, Évelyne Grossman, Maurice Blanchot.

En vente là où on vend ce genre de choses…

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Ce qui résiste http://blogue.nt2.uqam.ca/cenestecritnullepart/2012/07/31/ce-qui-resiste/ http://blogue.nt2.uqam.ca/cenestecritnullepart/2012/07/31/ce-qui-resiste/#comments Tue, 31 Jul 2012 02:35:00 +0000 Bertrand Gervais http://blogue.nt2.uqam.ca/cenestecritnullepart/?p=1826

Edmund Alleyn, sans titre, 1991

En feuilletant un livre sur l’œuvre de Edmund Alleyn, dont j’aime bien le dépouillement et la logique des objets qui s’y déploie, j’ai trouvé cette citation du peintre qui rend compte de façon simple et efficace de la nécessaire improvisation au cœur de tout projet de création :
« Je n’entreprends jamais un travail si son concept est parfaitement clair. Il faut qu’il y ait quelque chose qui résiste à ma compréhension. Quelque chose qui ne peut être élucidé qu’à l’intérieur même du travail. Et c’est au fond cet élément d’inconnu qui me pousse à travailler. C’est la recherche d’une révélation qui ne peut venir que de l’œuvre à faire. »
Tiré d’Edmund Alleyn, Indigo sur tous les tons, Éditions du passage, 2005; et cité dans Edmund Alleyn ou le détachement, Montréal, Leméac / éditions Simon Blais, 2011, p, 7.

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Figures de l’envoûtement. L’exemple de La Mort à Venise de Thomas Mann http://blogue.nt2.uqam.ca/cenestecritnullepart/2012/04/17/figures-de-lenvoutement-lexemple-de-la-mort-a-venise-de-thomas-mann/ http://blogue.nt2.uqam.ca/cenestecritnullepart/2012/04/17/figures-de-lenvoutement-lexemple-de-la-mort-a-venise-de-thomas-mann/#comments Tue, 17 Apr 2012 18:27:28 +0000 Bertrand Gervais http://wordpress.nt2.ca/cenestecritnullepart/?p=1775

(Extrait de l’introduction de mon article “Figures de l’envoûtement. L’exemple deLa Mort à Venise de Thomas Mann”, in @nalyses, Vol. 7, no 2. Printemps-été 2012)

Envoûtement et figure sont étroitement liés. Le Larousse historique nous apprend que le terme vient du latin « vultus », visage, puis de l’ancien français, « volt ou vout », « visage, image et en particulier les figures de cire représentant une personne à qui on veut nuire par une opération magique ». L’envoûtement est lié à la notion de figure et de figurine. La première acception du terme, dans leGrand Robert de la langue française, nous apprend qu’« envoûter », c’est « [r]eprésenter (une personne) par une figurine de cire, de terre glaise, etc. dans le dessein de faire subir à la personne représentée l’effet magique des invocations que l’on prononce devant la figurine ou des atteintes qu’on lui porte ». Au figuré, on obtient l’usage contemporain du verbe, qui est d’exercer sur quelqu’un un attrait, une domination irrésistible.

Fait intéressant, les verbes par lesquels on parle de l’envoûtement ont tous une double dimension cognitive et relationnelle : assujettir, captiver, charmer, dominer, ensorceler, fasciner, séduire, subjuguer. On y trouve en effet une relation de domination ou de subordination et un état cognitif altéré. La leçon est simple : on ne reste pas intact face à ce qui nous envoûte. La figure qui nous ensorcelle nous propulse dans des états d’esprit qui n’ont rien d’usuel. Et, très précisément, la figure nous incite à nous perdre dans sa contemplation. On peut comprendre cette action de façon mineure, comme le fait de s’égarer, de sortir temporairement de sa voie ou, de façon majeure, comme d’entrer en état de perdition, qui conduit à la ruine de l’âme par le péché.

Des situations d’envoûtement apparaissent en toutes lettres dans des romans aussi divers que La Mort à Venise de Thomas Mann, Nadja d’André Breton,Lolita de Vladimir Nabokov, The Body Artist de Don DeLillo, certaines des nouvelles les plus perturbantes d’Edgar Allan Poe (« William Wilson », « Ligéa », « L’homme des foules »), les récits de revenants et de fantômes, etc. On pourrait aussi ajouter que tout texte où figure un objet de désir — du roman d’amour populaire aux métafictions contemporaines —, tout texte qui met en scène une figure de l’imaginaire offre les prémices, par le biais d’une structure désirante, d’une situation d’envoûtement.

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Au Pays des Ha Ha! http://blogue.nt2.uqam.ca/cenestecritnullepart/2011/12/16/au-pays-des-ha-ha/ http://blogue.nt2.uqam.ca/cenestecritnullepart/2011/12/16/au-pays-des-ha-ha/#comments Fri, 16 Dec 2011 22:36:39 +0000 Bertrand Gervais http://wordpress.nt2.ca/cenestecritnullepart/?p=1709 Sur la rue Guizot, de l’autre côté du Parc des rêves, un ancien dépanneur tenu par des algériens, fermé depuis le milieu de l’été s’est peu à peu transformé en un véritable mystère urbain. Sa vitrine nord, recouverte de papier, s’est dotée d’une mappemonde imaginaire, une carte dessinée non de main d’homme, mais à la suite de quelque opération secrète, survenue au cœur d’une  nuit pluvieuse. Ce n’est pas un alphabet primordial qui a été dessiné, comme avec le granite, mais le contour de continents uniquement habités par des ombres et des spectres. On reconnaît des pays, une mer, des îles allongées, des isthmes et des baies.

Quel cartographe a tracé ces lignes? Quel géographe en proie à une imagination débordante? Nul ne le sait. Mais il n’est pas rare de voir des hommes, promenant leur chien à la brunante ou menant leur progéniture à l’école par temps frais, s’arrêter devant la vitrine et, pendant quelques instants, se mettre à rêver de voyages imaginaires. Vaines pensées faites d’eau et de papier, marques d’une mémoire improvisée, soumise aux assauts des intempéries. Désirs informes qui provoquent des sourires niais, vite cachés.

C’est le monde des Ha Ha!

On le visite sans préavis.

Pays des Ha ha!-1

La vitrine du Pays des Ha Ha!

pays des ha ha-2

Pays des Ha Ha!

Pays des Ha Ha!

Pays des Ha Ha!

Pays des Ha Ha!

Pays des Ha Ha!

On ne rit pas dans le monde des Ha Ha!, même si les formes prêtent à confusion. On cherche sa voie avec circonspection. On ouvre les yeux, on prend de grandes respirations, on laisse mourir cette voix intérieure qui nous dicte de continuer notre chemin, et on plonge.

Sous la surface, les locaux sont insalubres. Dans le monde des Ha Ha!, le linoléum est déchiré, du papier journal souillé attend d’être ramassé, les murs sont recouverts d’affiches périmées de bière et de tablettes de chocolat. Ça sent la charogne. On imagine derrière les cloisons des carcasses d’animaux morts. On se frappe le visage pour se dire qu’on ne rêve pas. On échappe un soupir.

On voudrait continuer sa route, mais on reste suspendu aux lignes légèrement brouillées de la mappemonde. On se met à rêver de routes et de galions, de voiles frémissant au vent, d’une eau salée et chaude.

Dans le monde des Ha Ha! sommeille un monstre qui attend qu’on le réveille. Il faut marcher sur la pointe des pieds pour ne pas le faire sursauter et longer les murs pour éviter que l’ombre de son corps ne l’atteigne. C’est le contact des masses sombres qui provoque les crises.

Je me suis arrêté devant la vitrine du Pays des Ha Ha!, un matin de décembre froid, mais ensoleillé. J’avais le cœur lourd, un grondement informe brouillait mes pensées, je ne savais plus si la direction prise était la bonne. J’ai suivi du regard les formes naïves de la mappemonde, imaginant des continents entiers et des îles aux rivages torturés. J’avais déjà rêvé d’une île aux Pas perdus, projet qui n’avait réussi qu’à me plonger encore plus profondément dans une aporie. Je me méfiais donc de ces contours dessinés par inadvertance. Mais j’avais oublié jusqu’à quel point la géographie est une poésie en action. Jusqu’à quel point quelques traits suffisent à générer un monde. Et une fuite intérieure.

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Le contemporain et la crise: une relation nécessaire? http://blogue.nt2.uqam.ca/cenestecritnullepart/2011/05/13/le-contemporain-et-la-crise-une-relation-necessaire/ http://blogue.nt2.uqam.ca/cenestecritnullepart/2011/05/13/le-contemporain-et-la-crise-une-relation-necessaire/#comments Fri, 13 May 2011 12:30:01 +0000 Bertrand Gervais http://wordpress.nt2.ca/cenestecritnullepart/?p=1426 Si on veut lire le texte que j’ai écrit en marge de mon entrée « Le sacrifice selon le DVG« , on  peut se reporter au site de l’OIC, où il a été publié.

En voici les premiers paragraphes:

Quand j’ai lu pour la première fois René Girard au début des années 80 (dans un cours donné par André Vanasse sur la poétique de Dostoïevski), la portée de ses hypothèses sur le désir triangulaire, ainsi que sur le bouc émissaire et la crise sacrificielle dans les sociétés antiques m’avait grandement impressionné. J’admirais l’efficacité de ses thèses et l’éclairage immédiat qu’elles apportaient sur un état social sur lequel je ne m’étais pas encore interrogé, mais qui a, depuis, pris place au cœur de mes recherches. Cet état, c’est la crise et la violence qui lui est associée.

Je n’ai pas travaillé sur les sociétés anciennes à la manière de Girard, j’ai opté plutôt pour les formes contemporaines de la littérature et de la culture, mais la notion de crise m’a semblé pouvoir s’appliquer d’une façon tout aussi efficace. J’avais remarqué, par exemple, qu’on ne cessait de la reprendre, cette notion, et de la réintroduire à tout propos : crise de tout et de rien (crise du pétrole des années 70, crise de la masculinité des années 80, crise de la fin du livre des années 90, crise du passage à l’an deux mille, crise économique, crise politique – je donne ces exemples pour montrer le spectre très large de son utilisation). Elle apparaissait vraiment comme un leitmotiv. À tout moment, pour tout sujet, la crise était invoquée, façon de marquer l’urgence d’une situation et la nécessité d’agir. Frank Kermode avait déjà déclaré à cet effet que « C’est une particularité de l’imagination de se croire toujours à la fin d’une ère. » Ce à quoi, on se doit de répondre : c’est une particularité de l’imaginaire contemporain de se croire toujours en état de crise.

(lire la suite)

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Les figures de style selon le DVG (Dictionnaire visuel Google) http://blogue.nt2.uqam.ca/cenestecritnullepart/2011/03/16/les-figures-de-style-selon-le-dvg-dictionnaire-visuel-google/ http://blogue.nt2.uqam.ca/cenestecritnullepart/2011/03/16/les-figures-de-style-selon-le-dvg-dictionnaire-visuel-google/#comments Thu, 17 Mar 2011 02:15:02 +0000 Bertrand Gervais http://wordpress.nt2.ca/cenestecritnullepart/?p=1373 Une nouvelle bordée? Pourquoi pas…

Et pour une réflexion sur la part du visible dans notre culture, on peut lire mon entrée de carnet sur le site de l’Observatoire de l’imaginaire  contemporain.


Prosopopée

prosopopée

Oxymore

oxymore

Litote

litote

Anacoluthe

anacoluthe

Hypallage

hypallage

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Un défaut de fabrication 6 : la bifurcation http://blogue.nt2.uqam.ca/cenestecritnullepart/2011/01/25/un-defaut-de-fabrication-6-la-bifurcation/ http://blogue.nt2.uqam.ca/cenestecritnullepart/2011/01/25/un-defaut-de-fabrication-6-la-bifurcation/#comments Tue, 25 Jan 2011 14:25:53 +0000 Bertrand Gervais http://wordpress.nt2.ca/cenestecritnullepart/?p=1301
Marrakech. Un mur de chiffres (janvier 2011)

Marrakech. Un mur de chiffres (janvier 2011)


La main gauche, utilisée dans la toilette intime, est taboue. On ne doit pas s’en servir pour manger, boire de l’eau, tendre de l’argent, ni lors d’un contact avec d’autres personnes, comme une poignée de main ou pour caresser la tête d’un enfant.
Marie-Pascale Rauzier, Maroc. 365 us et coutumes

Si l’écriture était une corvée, un exercice imposé et peu valorisant, elle est devenue, par un surprenant retournement, un objet de fierté. À la faveur d’un déchirement des ligaments du pouce droit, je me suis rendu compte que je savais écrire à l’envers, comme Pierre Alechinsky (et d’autres). Cela s’est passé un jeudi après-midi. J’avais un examen d’histoire et, la main enrubannée, j’espérais obtenir une dérogation.
Le professeur, un jésuite obèse formé au ratio studiorum et à la torture psychologique, a refusé de m’en attribuer une par pure méchanceté, déclarant que je n’avais qu’à écrire de la main gauche… J’ai été sur le coup sidéré. Il me demandait d’aller à l’encontre de ce que j’étais, de ce qui m’avait fait. Écrire de la main gauche.
Pas un seul instant, avant cet ordre, je n’avais pensé le faire. J’avais accepté mon devenir droitier sans songer à me rebeller. Un moule avait été préparé à mon intention et je n’avais eu qu’un projet : m’y couler le plus exactement possible.
J’ai pris mon stylo de la main gauche et j’ai commencé à rédiger avec une extraordinaire lenteur les réponses aux questions. J’avais quatorze ans et ma graphie ressemblait à celle d’un enfant de six ou sept ans. Je devais écrire en lettres détachées, tâcher de ne pas inverser les formes et de rendre le tout le plus lisible possible.
Le père s’approchait régulièrement de mon bureau pour inspecter ma progression et il repartait en ricanant. Je me suis même demandé, en regardant les lignes irrégulières de mon travail, s’il ne regrettait pas sa décision. Il en aurait pour des heures à déchiffrer mes réponses.
Comme le temps filait et que les dernières questions requéraient des développements importants, j’ai vite cessé de me poser des questions esthétiques et me suis concentré sur la tâche à accomplir. Peu à peu, mon écriture devenait plus fluide et, dans un moment de grand enthousiasme, j’ai même commencé à écrire le plus naturellement possible, en lettres attachées. Je ne portais plus attention à ce que je faisais, je me concentrais sur la réponse à donner, et les mots coulaient de mon stylo Bic avec facilité.
« Qu’est-ce que tu fais là? »
Le père était derrière moi. Il a arraché la feuille de mon cartable et l’a tenue très haut, comme pour se convaincre de ce qu’il voyait.
« Tu écris à l’envers! »
« Ça parle au diable! Monsieur écrit à l’envers… »
Je n’étais pas certain de saisir quelle nouvelle règle je venais d’enfreindre. On me regardait. J’ai enfin compris quand le jésuite m’a redonné ma copie, en exigeant que je recommence les dernières réponses – mais à l’endroit cette fois, dans le sens prévu de tout temps par Dieu et la vierge Marie, ainsi soit-il– : j’avais rédigé mes réponses en intervertissant toutes les lettres, de sorte que pour me lire, il fallait porter la feuille devant un miroir.
La rumeur s’est répandue. Je savais écrire à l’envers!
Je suis devenu instantanément le maître des messages secrets. Et j’ai été pendant quelques semaines le dernier gadget à la mode.
Un mur est tombé cette journée-là. Car l’incident m’a fait réaliser que je devais cesser de concevoir mon devenir droitier comme un impératif ou une nécessité. C’était une contrainte ridicule qui m’avait été imposée et dont je pouvais chercher à me libérer.
J’ai appris peu à peu à me réapproprier mon corps. Il ne faisait pas que des choses étranges et maladroites, il pouvait aussi me surprendre. J’ai continué à écrire de la main droite, n’ayant jamais le courage de réapprendre l’alphabet, et bien vite de toute façon l’ordinateur est apparu qui a rabattu l’écriture manuscrite au rang d’étape préliminaire, mais plus jamais je n’ai eu à porter la faute d’être né gaucher. Les efforts de mon père avaient été vains. Je ne suis pas devenu droitier. On me trouve encore gauche, dans ce monde fait de toute façon pour des droitiers et où tout est systématiquement désajusté; mais j’ai développé des aptitudes qui compensent les états de confusion dans lesquels me plongent mes lobes embrouillés.
Je reste tout de même avec un os dans la gorge : moi qui suis devenu lettré, moi qui fait carrière en lettres et qui consacre ma vie  à l’écriture et à la lecture, à rédiger des essais, à écrire des textes de fiction, je griffonne encore, de la main gauche, comme un analphabète.

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