Ce n'est écrit nulle part » photographie http://blogue.nt2.uqam.ca/cenestecritnullepart Propos éphémères et littéraires de Bertrand Gervais Tue, 23 May 2017 14:21:28 +0000 en hourly 1 Photo d’auteur… http://blogue.nt2.uqam.ca/cenestecritnullepart/2013/07/10/photo-dauteur/ http://blogue.nt2.uqam.ca/cenestecritnullepart/2013/07/10/photo-dauteur/#comments Wed, 10 Jul 2013 17:46:41 +0000 Bertrand Gervais http://blogue.nt2.uqam.ca/cenestecritnullepart/?p=1897 En vidant des boites, j’ai retrouvé cette photo, prise à l’occasion de la sortie de Gazole en 2001. Avec le photographe, on s’est mis à rigoler…Il ne manque que la guitare.

 

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La déchéance des superhéros http://blogue.nt2.uqam.ca/cenestecritnullepart/2013/02/18/la-decheance-des-superheros/ http://blogue.nt2.uqam.ca/cenestecritnullepart/2013/02/18/la-decheance-des-superheros/#comments Mon, 18 Feb 2013 21:55:33 +0000 Bertrand Gervais http://blogue.nt2.uqam.ca/cenestecritnullepart/?p=1886

La déchéance

 

Elle est trop facile, je sais, elle a été faite mille fois, je sais, c’est de l’ironie à deux sous, je sais aussi, mais, bon j’ai pas pu m’empêcher de la prendre. Devant Superman et les autres superhéros qui semblent le regarder, cet homme sans domicile fixe.

La rue: Saint-Germain-des-Prés. Le mois: février. La température: fraiche pour le mois.

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Walker Evans – version Hipster (it ain’t photography if it ain’t orange) http://blogue.nt2.uqam.ca/cenestecritnullepart/2012/09/18/walker-evans-version-hipster-it-aint-photography-if-it-aint-orange/ http://blogue.nt2.uqam.ca/cenestecritnullepart/2012/09/18/walker-evans-version-hipster-it-aint-photography-if-it-aint-orange/#comments Tue, 18 Sep 2012 13:56:17 +0000 Bertrand Gervais http://blogue.nt2.uqam.ca/cenestecritnullepart/?p=1837

It ain't photography if it ain't orange

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Au Pays des Ha Ha! http://blogue.nt2.uqam.ca/cenestecritnullepart/2011/12/16/au-pays-des-ha-ha/ http://blogue.nt2.uqam.ca/cenestecritnullepart/2011/12/16/au-pays-des-ha-ha/#comments Fri, 16 Dec 2011 22:36:39 +0000 Bertrand Gervais http://wordpress.nt2.ca/cenestecritnullepart/?p=1709 Sur la rue Guizot, de l’autre côté du Parc des rêves, un ancien dépanneur tenu par des algériens, fermé depuis le milieu de l’été s’est peu à peu transformé en un véritable mystère urbain. Sa vitrine nord, recouverte de papier, s’est dotée d’une mappemonde imaginaire, une carte dessinée non de main d’homme, mais à la suite de quelque opération secrète, survenue au cœur d’une  nuit pluvieuse. Ce n’est pas un alphabet primordial qui a été dessiné, comme avec le granite, mais le contour de continents uniquement habités par des ombres et des spectres. On reconnaît des pays, une mer, des îles allongées, des isthmes et des baies.

Quel cartographe a tracé ces lignes? Quel géographe en proie à une imagination débordante? Nul ne le sait. Mais il n’est pas rare de voir des hommes, promenant leur chien à la brunante ou menant leur progéniture à l’école par temps frais, s’arrêter devant la vitrine et, pendant quelques instants, se mettre à rêver de voyages imaginaires. Vaines pensées faites d’eau et de papier, marques d’une mémoire improvisée, soumise aux assauts des intempéries. Désirs informes qui provoquent des sourires niais, vite cachés.

C’est le monde des Ha Ha!

On le visite sans préavis.

Pays des Ha ha!-1

La vitrine du Pays des Ha Ha!

pays des ha ha-2

Pays des Ha Ha!

Pays des Ha Ha!

Pays des Ha Ha!

Pays des Ha Ha!

Pays des Ha Ha!

On ne rit pas dans le monde des Ha Ha!, même si les formes prêtent à confusion. On cherche sa voie avec circonspection. On ouvre les yeux, on prend de grandes respirations, on laisse mourir cette voix intérieure qui nous dicte de continuer notre chemin, et on plonge.

Sous la surface, les locaux sont insalubres. Dans le monde des Ha Ha!, le linoléum est déchiré, du papier journal souillé attend d’être ramassé, les murs sont recouverts d’affiches périmées de bière et de tablettes de chocolat. Ça sent la charogne. On imagine derrière les cloisons des carcasses d’animaux morts. On se frappe le visage pour se dire qu’on ne rêve pas. On échappe un soupir.

On voudrait continuer sa route, mais on reste suspendu aux lignes légèrement brouillées de la mappemonde. On se met à rêver de routes et de galions, de voiles frémissant au vent, d’une eau salée et chaude.

Dans le monde des Ha Ha! sommeille un monstre qui attend qu’on le réveille. Il faut marcher sur la pointe des pieds pour ne pas le faire sursauter et longer les murs pour éviter que l’ombre de son corps ne l’atteigne. C’est le contact des masses sombres qui provoque les crises.

Je me suis arrêté devant la vitrine du Pays des Ha Ha!, un matin de décembre froid, mais ensoleillé. J’avais le cœur lourd, un grondement informe brouillait mes pensées, je ne savais plus si la direction prise était la bonne. J’ai suivi du regard les formes naïves de la mappemonde, imaginant des continents entiers et des îles aux rivages torturés. J’avais déjà rêvé d’une île aux Pas perdus, projet qui n’avait réussi qu’à me plonger encore plus profondément dans une aporie. Je me méfiais donc de ces contours dessinés par inadvertance. Mais j’avais oublié jusqu’à quel point la géographie est une poésie en action. Jusqu’à quel point quelques traits suffisent à générer un monde. Et une fuite intérieure.

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« Your Brother Called » http://blogue.nt2.uqam.ca/cenestecritnullepart/2011/12/16/your-brother-called/ http://blogue.nt2.uqam.ca/cenestecritnullepart/2011/12/16/your-brother-called/#comments Fri, 16 Dec 2011 04:30:35 +0000 Bertrand Gervais http://wordpress.nt2.ca/cenestecritnullepart/?p=1699 (Texte paru initialement dans Contrejour. Cahiers littéraires, no 22, automne 2010, pp. 55-56.)

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J’ai conservé peu de photos de la fin des années soixante-dix, époque où je faisais mes études en lettres, et c’est par hasard que j’ai découvert celle-ci dans une boîte au sous-sol.

La photographie était cachée dans un lot de lettres reçues, de cartes de souhait périmées et de brouillons de toutes sortes, jetés pêle-mêle dans une enveloppe brune au rabat déchiré. J’allais tout remettre sagement dans la boîte, quand mon attention a été attirée par un billet, rédigé d’une écriture enfantine. Le message, transcrit sur un papillon à l’entête du Dan Panorama Haifa, était adressé à Gervis Bertron, chambre 1009 : « your brother called. Your mother very sick. She’s been in the hospital St. Luc. No 2812121. » Le message était daté du 17 août 1998, à 15h30. Cela faisait  douze ans.

danpanoramaHélène est morte un mois plus tard d’un cancer du foie. Après une vie de malentendus et de silences, nous nous sommes réconciliés dans les couloirs de l’hôpital. J’attendais que tu reviennes, m’a-t-elle dit.

Glissée derrière le billet de l’hôtel, collée là par quelque magie sympathique, il y avait cette photographie en noir et blanc. J’ai dû y penser à deux fois avant d’en retrouver les circonstances. Elle avait été prise aux environs de Ste Marguerite du lac Masson et datait de la fin de l’automne 1978, lors d’un rare moment d’accalmie. Déjà, à cette époque, je ne parlais plus à ma mère, qui ne comprenait rien à mes choix. Ma rébellion était lourde et entière. J’en retrouve des échos dans ce visage barbu qui n’est plus le mien depuis longtemps.

Que ces deux moments de mon passé aient réussi à se lier dans le fouillis d’une boîte depuis longtemps abandonnée m’a grandement étonné, comme si la vie secrète des souvenirs répondait à une logique indépendante de toute volonté, mais j’en ai accepté sans broncher le verdict. Derrière toute réconciliation se cache une rupture. Le passé est fait de cordes qui tendent à se nouer dans l’obscurité.

J’ai pris la photo et le billet, incapable de me résigner à les séparer.

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Atelier nomade des quatre saisons – automne http://blogue.nt2.uqam.ca/cenestecritnullepart/2011/11/06/atelier-nomade-des-quatre-saisons-automne/ http://blogue.nt2.uqam.ca/cenestecritnullepart/2011/11/06/atelier-nomade-des-quatre-saisons-automne/#comments Sun, 06 Nov 2011 16:33:25 +0000 Bertrand Gervais http://wordpress.nt2.ca/cenestecritnullepart/?p=1682 Textes écrits et photos prises à l’occasion de l’atelier nomade  de La traversée, qui s’est déroulé le 5 novembre au mont St-Hilaire. Le thème en était le dépouillement. La saison s’y prêtait. Seules cinq photos étaient permises. Elles sont accompagnées de textes courts.

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Une ombre déposée sur la pierre par un soleil d’automne
Deux troncs, l’un mort, l’autre absent
Et mes pensées se déplient, éperdues

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Qu’est-ce qui fend la pierre
Et se cache dans la crevasse entrouverte
Que je  n’y ai pas déjà mis moi-même…

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Un boulder en forêt comme une pensée arrondie
Immobilisée entre les arbres nus
Un songe au milieu des tiges dressées

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Je ne regarde jamais les cimes
Sauf quand elles menacent de m’écraser
Et que le moindre vent me fait frémir

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D’une lave organique aux formes arrondies
Suspendue à l’écorce d’un arbre engourdi
S’écoule une paix dépouillée de tout

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La vie des livres: une sélection naturelle http://blogue.nt2.uqam.ca/cenestecritnullepart/2011/07/26/la-vie-des-livres-une-selection-naturelle/ http://blogue.nt2.uqam.ca/cenestecritnullepart/2011/07/26/la-vie-des-livres-une-selection-naturelle/#comments Tue, 26 Jul 2011 16:04:33 +0000 Bertrand Gervais http://wordpress.nt2.ca/cenestecritnullepart/?p=1614 viedesl-selnat1

(Merci  à Carlos et Jason Sanchez)

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Dresde: je vous espionne de ma fenêtre http://blogue.nt2.uqam.ca/cenestecritnullepart/2010/07/06/dresde-je-vous-espionne-de-ma-fenetre/ http://blogue.nt2.uqam.ca/cenestecritnullepart/2010/07/06/dresde-je-vous-espionne-de-ma-fenetre/#comments Tue, 06 Jul 2010 18:30:24 +0000 Bertrand Gervais http://wordpress.nt2.ca/cenestecritnullepart/?p=916

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Je vous espionne de ma fenêtre, promeneuse qui avez un chien. Vous progressez et l’air autour de vous construit des cercles contre lequels mon regard se heurte sans pouvoir y trouver la porte.

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Vous et le chien, vivant sans doute sur une autre planète où l’homme que je suis quoiqu’il en pense n’a pas accès

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ni de près ni de loin.

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ni de près ni de loin….

NX-Dresde 1(merci Nic)

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Zoom in sur Dresde: qui l’eût cru? http://blogue.nt2.uqam.ca/cenestecritnullepart/2010/06/24/zoom-in-sur-dresde-qui-leut-cru/ http://blogue.nt2.uqam.ca/cenestecritnullepart/2010/06/24/zoom-in-sur-dresde-qui-leut-cru/#comments Thu, 24 Jun 2010 15:01:18 +0000 Bertrand Gervais http://wordpress.nt2.ca/cenestecritnullepart/?p=897 Un événement inattendu s’est produit hier, quand j’ai fait mon zoom in sur la photo de Dresde, du site Mégapixel-Dreden.de.  Fasciné par cette photographie, présentée à juste titre comme la plus grande photographie jamais prise, j’ai voulu en montrer les extraordinaires qualités.

J’ai eu des difficultés avec l’édition de mon texte. Je voulais insérer une vidéo, une séquence captée à l’aide d’un utilitaire tout simple (ping) qui aurait montré les possibilités de zoom in et de zoom out de la photographie, mais en raison des formats de sauvegarde de la séquence, je n’ai pas été capable de la téléverser. Après cinq tentatives infructueuses, et une perte de temps non négligeable (une heure tout de même!), j’ai dû me rabattre sur trois photographies prises à des degrés de précision différents (du plus large au plus petit), images que j’ai mises au début, au milieu et à la fin de l’entrée (vous pouvez vérifier, c’est juste en dessous).

Je pensais en rester là, heureux de la découverte de cette image et de ses propriétés inattendues (il me semble qu’il y a plus à dire de cette image, de ce qu’elle fait en tant qu’image, mais ce ne sont que des balbutiements… J’y reviendrai sûrement plus tard, quand j’y aurai mûrement pensé). Je pensais en rester là donc, quand je me suis mis à regarder la dernière photographie, le gros plan de la fenêtre de l’édifice au toit rouge et à la façade couleur crème. J’avais resserré l’image sur la fenêtre et l’échelle de secours, et en examinant la vitre, j’ai aperçu une étrange réflexion. Il y avait comme une présence sur la photo. Quelque chose avait été saisi par l’objectif de la caméra qui ne devait pas s’y trouver.  Une présence. Mais de quoi?

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Je me suis approché d’avantage, et c’est à ce moment que j’ai aperçu la chose. Je ne sais quel autre terme utiliser. L’image ne ment pas, du moins à ce niveau de précision. À première vue, je me suis raisonné en me disant que c’est une cagoule. Un homme en cagoule observe de sa fenêtre une scène que je ne peux pas voir (on se croirait dans Millenium de Stieg Larsson).  J’ai tenté d’écrire au photographe pour lui demander s’il avait aperçu cette présence à la fenêtre de l’édifice, mais je me suis dégonflé. Je me suis demandé s’il ne fallait pas appeler plutôt la police de Dresde, mais l’homme à la cagoule avait dû avoir le temps de quitter son poste d’observation. Peut-être de toute façon n’avait-il fait rien de mal? Sa cagoule pouvait être en caoutchouc, de celles utilisées lors  d’ébats sados-masos.

Je me serais contenté d’avoir découvert cette présence inattendue dans une fenêtre anonyme d’une ville que je ne connais pas, si je n’avais procédé à un ultime agrandissement.  Mon dos s’est subitement glacé. La figure qui avait été subrepticement captée par l’œil acéré de la caméra n’était pas celle d’un homme recouvert d’une cagoule, mais d’un être, comment dire, d’un être, oui d’un être d’une autre origine, plutôt reptilienne de prime abord, au visage étendu, aux yeux, comment dire, exorbitants, version tortue géante, d’un être donc, lâchons le mot, extraterrestre.

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Je ne peux croire que j’ai écrit ce mot, moi, un écrivain patenté peu enclin aux débordements imaginaires (ouais, bon ça va, un petit mensonge une fois de temps en temps ne peut pas nuire). Mais cette image m’a glacé les veines. Cette forme alienesque m’a rendu tout chose, rabattu au rang d’un enfant sans défense. Ce sont des yeux exorbitants, une bouche aplatie, un nez effacé que j’ai vus à la fenêtre de cette immeuble de Dresde. Je ne l’ai pas inventé. Je vous laisse la photo en guise de témoignage irréfutable.

Voilà où j’en suis. Le zoom in a déjoué mes attentes.  L’image m’a révélé quelque chose que je ne voulais pas voir, quelque chose qui ne répondait pas à mes attentes, quelque chose qui m’envoûte, si l’envoûtement s’applique aussi aux choses qui nous effraient.

Où est Lovecraft quand on a besoin de lui? Sûrement tapi dans une photographie de Dresde…

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Zoom in sur Dresde http://blogue.nt2.uqam.ca/cenestecritnullepart/2010/06/23/zoom-in-sur-dresde/ http://blogue.nt2.uqam.ca/cenestecritnullepart/2010/06/23/zoom-in-sur-dresde/#comments Wed, 23 Jun 2010 10:35:35 +0000 Bertrand Gervais http://wordpress.nt2.ca/cenestecritnullepart/?p=864 dresde-1-capture

J’ai toujours détesté les pseudo zooms in qu’on nous présente au cinéma  ou à la télé.  Vous connaissez la scène : un homme (enquêteur de son métier ou journaliste) prend une photographie, qu’elle soit numérique ou analogique. Il remarque un détail intriguant et décide d’agrandir l’image pour mieux comprendre ce qu’il a capté par hasard. L’agrandissement, au lieu de devenir de plus en plus flou, pour l’argentique, ou alors pixellisé pour le numérique, devient au contraire de plus en plus précis. Et c’est bel et bien l’arme du tueur qu’on découvre sous un buisson ou alors une femme qu’on reconnaît sur un chemin.

Au cinéma, je me retiens pour ne pas hurler, lancer mon pop-corn à l’écran et sortir en trombe, criant au scandale. À la maison, je ferme la télé d’un geste impulsif et je m’enfuis râler dans mon bureau, maudissant les réalisateurs idiots de ce monde. Je connais quelques personnes pour qui ce sont les photos qu’on touche du doigt pour signifier le désir ou le deuil qui les irritent au plus haut point – et je les comprends, je partage leur étonnement de voir ce geste mille fois répété; mais moi, ce sont les pseudo zooms in qui me rendent fou. C’est simple, ils défient les lois de la photographie. Une image faite de pixels est… faite de pixels! Et plus on grossit lesdits pixels, plus ils sont apparents. Il n’y a pas plus de détails dans une image agrandie. Au contraire, il y en a moins!!!!! C’est l’enfance de l’art. C’est la même chose avec l’argentique. On rejoint la matière même de la photo.

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La photographie de Dresde affichée sur Gigapixel-Dresden.de montre que de tels zooms in sont maintenant possibles! D’un seul mouvement, on passe d’une vue d’ensemble de Dresde à un détail de la photographie, une fenêtre par exemple, sans aucune perte de résolution. On ne rejoint jamais les pixels, l’image est précise, sans distorsion. Et de ce détail, on peut revenir à la vue d’ensemble de la ville. L’image possède une surprenante densité, comme si on pouvait bel et bien y pénétrer et l’explorer. Elle ne se défait pas sous nos yeux comme nous resserrons notre regard, elle reste entière. Et l’effet est surprenant.

Mais, une telle image est un exploit technique qui requiert d’importantes capacités informatiques. La photographie, selon le site,  « se compose de 1.655 photos en plein format, chacune de 21,4 megapixels pris par un robot en 172 minutes. Un ordinateur avec 16 processeurs et une mémoire centrale de 48 GB a besoin de 94 heures pour transformer 102 GB de données brutes. »

Rien à voir avec une photo d’enquêteur de film policier bas de gamme!

La seule chose qui me désole, c’est que, dorénavant, on pourra me répondre: tu vois, c’est possible de trouver un détail dans une photo…

Je hais quand le réel rejoint la fiction. Il ne me reste plus qu’à aller me trouver une photo que je pourrai toucher du doigt en pensant à l’être aimé.

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