Depuis son premier roman, La mue de l’hermaphrodite (2001), Karoline Georges place la transformation du corps au cœur de ses pratiques littéraire et artistique. Ses personnages recherchent la purification et la sublimation. Dans Ataraxie (2004), les soins du corps se doublent d’une éthique implacable, puisque tout relâchement entraine dégénérescence et putrescence. Sous béton (2011) enferme ses personnages dans une cellule au cœur d’une tour en béton, où la seule issue possible est une forme inédite de transcendance. On retrouve la même quête dans ses projets artistiques où se côtoient vidéo, art audio, photographie et modélisation 3D. Dans Kyrie Source Objets de sublimation (2009 – en cours), elle crée dans Second Life une incarnation numérique de la narratrice d’Ataraxie.

Il n’était pas question pour Georges d’adapter son roman au numérique, mais de continuer, par-delà le texte, la quête singulière de sa narratrice, marquée par une soif de pureté absolue. Les photographies qui composent en partie ce projet sont des portraits d’avatars où les composantes physiques - des ongles aux cheveux en passant par la peau - les bijoux et les vêtements, sont créés de toutes pièces par des designers de l'industrie de la haute couture de Second Life. La production artistique de Georges est une exploration multidisciplinaire faite de poèmes sonores ou cinétiques immersifs, de chorégraphies, de suites photographiques et d’installations vidéo. Ses Fantasmes post-pornographiques (2009) explorent les formes du corps via une animation 3D. Dans Repères (2011), chacun des 22 tableaux de cette installation vidéo présente une proposition poétique intégrée à un environnement urbain. Vancouver et Toronto servent de toile de fond à cette inscription du littéraire dans l’espace public.  À travers ses divers projets, Georges partage véritablement son temps entre la page et l’écran, alternant entre une prose poétique et une exploration aux limites du corps et de l’esprit.
 

Bertrand Gervais
Le blog Kyrie Source de Karoline Georges
Capsule présentée par le Conseil montérégien de la culture et des communications et le Conseil des arts et des lettres du Québec