Hochelaga Imaginaire - Place Simon-Valois http://hochelagaimaginaire.ca/taxonomie-rue/place-simon-valois fr De la poussière http://hochelagaimaginaire.ca/note-de-terrain/de-la-poussi%C3%A8re <div class="field field-name-field-auteur field-type-entityreference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Auteur·e·s:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/individu/prudhomme-rheault-lucas">Prud&#039;homme-Rheault, Lucas</a></div></div></div><div class="field field-name-body field-type-text-with-summary field-label-hidden"><div class="field-items"><div class="field-item even" property="content:encoded"><p align="right"> « Tout se réduit, en fait, à la peur de la mort. »</p> <p align="right">E.M. Cioran</p> <p align="right"><em>Sur les cimes du désespoir</em></p> <p> </p> <p><em>J’y suis retourné après cinq ans.</em></p> <p><em>C’était le 31 octobre, le soir. Un homme s’est approché de moi, a mis ses mains sur ma gorge, il a serré. Une femme a hurlé. Je me suis dégagé. J’ai arpenté le boulevard Pie-IX, désorienté, à la course, j’ai perdu le nord – je le suivais pourtant. J’ai traversé la rue Sherbrooke, n’y suis jamais revenu. </em></p> <p><em>J’ai la mémoire des pas. Les rues ont changé et pourtant mon corps s’oriente de lui-même. Je reviens pour teinter mon regard de nuances plus claires. Lorsque j’entends « Hochelaga » je vois du noir, une ombre…</em></p> <p><em>Je manque d’air. </em></p> <p align="center"> </p> <p style="text-align: justify;">Trouver une façon de disparaitre dans le décor; laisser le noir à la maison, porter le bleu, le gris, le vert passé, m’user d’avance, me rendre invisible : <em>me fondre dans les mouvements de la rue, </em>pour paraphraser les dires de Paul Auster. Afin de ne pas m’effondrer sous la peur de marcher là-bas, je m’imagine auteur, ou détective. <em>Marcher et écrire ne sont pas deux activités aisément compatibles, il est particulièrement difficile d’écrire sans regarder la page</em>; mais je ne peux pas m’arrêter, m’immobiliser, je dois marcher constamment, trouver une manière confortable d’écrire en mouvement, photographier à la course des images. <em>J’ai donc décidé de poser le cahier contre ma hanche droite un peu à la manière d’une palette de peintre.</em> Je revêts les mots d’Auster et m’engouffre dans cette partie interdite de ma ville : je passe la rue Sherbrooke, et descends vers le fleuve.</p> <p style="text-align: justify;"> </p> <p style="text-align: justify;">L’exercice est simple à première vue : flâner, écrire, saisir des parcelles d’Hochelaga. Et si j’ai décidé, d’entrée de jeu, de ne pas m’asseoir, j’ai changé – une fois sur place – les règles : tant que les mains ne me hantent pas, je peux m’arrêter.</p> <p style="text-align: justify;"> </p> <p style="text-align: justify;">Où que je sois je cherche l’église. Je regarde du haut des marches cette portion de la promenade où seulement quelques arbres poussent, bien enracinés dans l’asphalte de l’Est. Coin St-Germain et Ontario, trois femmes discutent; là où je suis je n’en vois qu’une. La vitrine du magasin sans adresse est bondée, un capharnaüm à l’image du quartier. L’ancien et le presque ancien – ou nouveau chic – coulent l’un dans l’autre. À quelques vitrines de là, un café-librairie. La terrasse est bondée de gens d’ailleurs – touristes du Plateau Mont-Royal – pour accentuer le contraste. Je suis moi aussi touriste dans ce nouvel Hochelaga; il est vrai que certaines choses ne changent pas, l’Église, le Salon de coiffure <em>Chantilly… </em>Une voix s’élève, elle vient de l’intérieur, une grosse femme mauve chante Janis Joplin. Deux jeunes femmes polonaises, tantôt assises sur le banc devant <em>L’idée Fixe, </em>se promènent vers l’ouest, juchées sur leurs talons hauts en résine blanche. Une porte apparaît, un couple en sort. Les trois femmes parlent toujours, l’une d’elles – la seule que je devine – ne cesse de tourner sa tête d’ouest en est. Mon regard glisse sur la vitrine d’à côté, le 3255, un ancien commerce dont je n’ai pas souvenir. L’espace est sans profondeur, la vitrine est bariolée de graffitis et... Une femme me déconcentre. Son regard vacant, la planche de bois immense qu’elle transporte, tout chez elle me force à la suivre des yeux; les deux Polonaises repassent. Je dois changer d’angle, rétrécir mon champ de vision, creuser les apparences. Les trois femmes ne parlent plus, elles se sont évaporées.</p> <p style="text-align: justify;"> </p> <p style="text-align: justify;">J’avance vers le lieu de la disparition. À mes pieds, les traces de la conversation : des mégots, des marques laissées par les chaises dessinées dans la poussière, des gouttes d’eau encore fraiches – possiblement du thé. Je regarde la vitrine; de petites affiches sont collées de l’intérieur, l’une d’elles m’apprend que certains produits sont « fait à la main par un artiste <em>sculteur </em>», alors qu’une autre raconte <em>Les promenades d’un artiste sculpteur. </em>Le sculteur et le sculpteur; juste au-dessous, une affichette annonçant une « bicyclette pour enfant presque neuf », pour enfant peu abimé. Une pancarte m’informe que le magasin est ouvert; une autre, posée sur le mur derrière, affiche « fermé ». Une vitrine pour un lieu approximatif, une boutique à deux portes, l’une close, l’autre affichant : « Danger, chien de garde, à vos risques ». Le non-lieu est sans adresse : « Pour plus d’information s’adresser au 3690 rue Ontario ». L’église d’en face s’y reflète comme sur un lac. Pour voir à l’intérieur, voir au-delà des mots, des affiches, de l’architecture romano-byzantine, je dois coller mon visage sur le verre éteint; enlever, du revers de la main, la couche de crasse. Une table, quatre chaises – empilées plus ou moins stratégiquement –, des fleurs de plastique, une lampe en céramique beige surmontée d’un abat-jour poussiéreux autrefois blanc. Le mur du fond est jaune moutarde, le plancher, lui, est bleu-gris. La lumière est presque absente, tout semble mort. Une couronne de gui est suspendue dans un coin; juste à côté, une grosse cloche rouge accrochée maladroitement à un ruban vert – probablement les vestiges d’un 24 décembre. Je fouille patiemment l’obscurité, des contours se dessinent. Une vieille étagère de presbytère perce la noirceur; derrière une de ses vitres, une ménagerie de verre et quelques petits livres, vraisemblablement du théâtre, peut-être du Tennessee Williams. Sur l’étagère du dessous, un gros bibelot mauve pastel en forme de main ou de corail, ce type de forme non indentifiable qu’on observe, enfant, pendant des heures chez sa grand-mère, et qui, le jour où elle nous le lègue, se retrouve à mille lieues au fond de la garde-robe, ou ici, derrière deux vitres, loin de la lumière. Juste à côté un trophée à vendre, si l’on en croit l’étiquette. Sur le mur, un cadre, un carré, dans un carré, dans un carré, derrière une vitre : Magritte peut-être… Puis un chapeau melon. Sur une petite table traîne un livre, Gabrielle Roy assurément, placé au centre du magasin comme une boîte en cristal remplie de pot-pourri. Le livre parfume l’endroit : <em>l’odeur de la pauvreté. </em></p> <p style="text-align: justify;"> </p> <p style="text-align: justify;">C’est ici que se sentent les contrastes. Entre un salon de coiffure miteux et un bureau de change : le café-librairie. La table est faite de vieux bois, une planche épaisse, vernie comme dans les boutiques de la<em> Main</em>, la nouvelle <em>Main.</em> Partout autour de moi, des livres : je respire. J’ai tourné le dos à l’église, un jeune homme regarde à gauche, puis derrière. Un couple observe les œuvres accrochées aux murs, un regard sans intention, il regarde pour regarder : « C’est beau, qu’est-ce que tu fais ce week-end? ». Une jeune femme vêtue d’une longue robe victorienne écrit à la plume dans un cahier <em>Moleskine</em>, une autre écrit dans un cahier <em>Clairefontaine</em>; partout autour de moi des femmes écrivent. Les bruits de crayons se superposent à ceux du piano désaccordé. Je vois, posé en évidence sur une tablette, un roman de Tremblay, le premier tome des <em>Chroniques du Plateau Mont-Royal</em> – collection Babel. Les auteurs me suivent, m’accompagnent, je ne suis pas seul. Le bruit de fin de journée s’installe, il est cinq heures; je pense aux trois femmes d’avant, je vois un chat noir au fond du café : il n’est pas d’ici.</p> <p style="text-align: justify;"> </p> <p style="text-align: justify;">Je traverse le parc Préfontaine et m’adonne à un exercice de mémoire. Ici, je me suis fait offrir de la poudre à treize ans. Je ne savais pas ce que c’était à l’époque, mais je me souviendrai toujours du visage de l’homme égaré. « De la poudre », je trouvais ça presque beau; se faire offrir de la poussière.  Puisqu’il est dit que<em> l’éternel dieu forma l’homme de la poussière de la terre, qu’il souffla dans ses narines un souffle de vie, et que l’homme devint un être vivant,</em> j’avais l’impression de me faire offrir les restes, ou la genèse d’un homme. Plus loin à gauche, derrière le conteneur à vidanges, j’ai vomi d’alcool pour la première fois. Je m’engage sur la rue Hochelaga, les souvenirs se bousculent : une sainte dorée, un geste violent, une bouche d’aération gigantesque sur laquelle j’aimais me coucher (le vent en sortait par grandes bourrasques du cœur de la ville). L’espace d’un instant l’odeur d’Hochelaga disparaissait, remplacée par celle du métro de Montréal. Je monte sur la bouche et marche sur la grille qui me sépare du vide, du noir. De là, je vois mon école secondaire, autrefois si sale de l’extérieur : les traces du lavage à pression, de l’effacement de la crasse – la poussière de ville –, du meurtre de l’histoire, sont encore visibles; les vitres sont nettes, impeccables : Le Vitrail a été nettoyé. Au coin de la rue Davidson, le petit restaurant de quartier a complètement disparu : les fenêtres n’y sont plus, la porte non plus (à moins que ma mémoire ne me fasse défaut), le briqueteur est passé. Je prends à gauche, dans la ruelle, toujours les mêmes maisons, la même automobile de collection turquoise; j’ai un frisson, c’est ici qu’un homme a posé la main sur une adolescente, mon amie, il y a huit ans. Je marche de ruelle en ruelle et j’arrive à la rue Adam. Je marche sur des pommes. Une femme, naturellement, passe à côté de moi. Je reviens sur mes pas, retrouve le Nord, et soudain : une école. Sans escalier, sans issue. J’imagine les enfants derrière les fenêtres barricadées, les écoles devraient être comme les églises, intouchables. Le soleil baisse. Je sens la mémoire des mains sur ma gorge. Je dois me remettre en route. Le cahier sur la hanche droite, je regarde devant, une fillette aux souliers rouges passe devant moi: « Suis toujours la route de briques grises », dit-elle. Le vent se lève, elle s’efface progressivement, retourne à la poussière d’où elle est née.</p> <p style="text-align: justify;"> </p> <p style="text-align: justify;">J’ai suivi la route de l’école sans fenêtre jusqu’à la grande place. Érigée au cœur du quartier Hochelaga, un village au sein d’un autre où les murs sont neufs et les fenêtres sont propres. Une ruelle bariolée de graffitis – un homme masqué avec une arme à feu tire des billets de banque sur le mot « Hochelaga » – borde la route de briques grises. Plus j’avance, plus les limites s’effacent; les gens changent, ne restent que des vestiges, quelques hommes égarés qui viennent de l’autre village, celui d’à côté : l’Hochelaga d’en bas – celui des pauvres – d’avant les nouveaux développements. L’architecture froide s’impose, même l’odeur d’Hochelaga ne s’aventure pas jusqu’ici, comme si elle savait qu’elle mourrait d’elle-même, qu’elle ne pourrait pas coller. Plus d’histoire, ou plutôt une nouvelle, construite sur un cimetière de pas à jamais recouverts. Au moment où je perds espoir, où je me vois grimper à la cime d’un arbre – voir l’église –  pour respirer à nouveau, une porte s’ouvre sur une ancienne fonderie transformée en lieux d’habitation; restent les murs, les rouages, les fondations; ruines commémoratives à l’image d’une époque révolue. Je retourne sur mes pas, désorienté par toutes ces lignes trop droites, trop propres, puis j’aperçois sur un mur un trait noir irrégulier qui, au fur et à mesure que je m’approche, forme des mots : « Aura fallu reste l’irréel à toujours ». Quelqu’un crie, je regarde à mes pieds, j’étais sorti du droit chemin. Un homme apparaît. Il tend une main vers moi. Je quitte les lieux.</p> <p style="text-align: justify;"> </p> <p style="text-align: justify;">Je reviens quelques jours après; j’ai décidé, cette fois, de porter le noir, d’assumer le regard des autres.  Mon cahier bien en évidence, je dépeins la place Valois : une fresque se dessine. Une femme danse sur un rythme qu’elle seule entend, un homme – parfaitement dessiné – pose fièrement sur la grande place, un pied sur un des blocs de marbre blanc, rappelant les chefs-d’œuvre de la sculpture : le <em>David </em>de la place Valois. Le chef-d’œuvre arrive directement du <em>Renaissance</em>; un sac accroché à son vélo – fidèle monture – le trahit. Il passe de bloc en bloc, réécrit inconsciemment l’histoire de la sculpture, du Kouros au Contrapposto. À quoi bon inventer des personnages?</p> <p style="text-align: justify;"> </p> <p style="text-align: justify;">Je quitte la grande place, marche quelques minutes, et m’engage sur la rue Dézéry; de balcon en balcon mon regard glisse, divague. Un morceau de parchemin gigantesque attire mon attention : « Là où le passé est au présent ». Sur le pas de la porte une chaise dorée sur laquelle une forme triangulaire, rappelant une pointe de flèche renversée, est gravée. Au centre du symbole : la lettre « P » en majuscule. Je monte les trois marches, parce que trois est un chiffre littéraire et que je n’ai pas pris la peine de compter, et m’engouffre dans le hall de l’appartement. Partout des centaines de costumes empilés les uns par-dessus les autres, j’ai peine à marcher. Une femme s’approche de moi et me donne une carte : « Tout n’est pas là, il manque beaucoup de choses! »… Il doit y avoir une convention dans le passé. Je croise mon regard dans le miroir, je passe de l’autre côté. Le « P » sur la chaise continue de me hanter, le mot « pléiade » surgit, comme pour donner plus de substance à l’entreprise, à la flânerie. Puis le mot « poussière » se dessine. Le vent se lève, le soleil tombe et, avec lui, les mots. La noirceur m’effraie, les mains, les griffes de l’homme du 31 octobre surgissent des profondeurs, je cours jusqu’au Square Dézéry. Le carré vient rétablir l’équilibre, une grande croix apparait peu à peu derrière les arbres : j’oublie les mains, la lettre… Dans la lumière du lampadaire, au milieu du carré, je vois David.</p> </div></div></div><div class="field field-name-field-taxo-rue field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Emplacement:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/boulevard-pie-ix" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Boulevard Pie-IX</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-d%C3%A9z%C3%A9ry" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Dézéry</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-ontario" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Ontario</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-st-germain" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue St-Germain</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/%C3%A9glise-nativit%C3%A9-de-la-sainte-vierge-dhochelaga" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Église Nativité-de-la-Sainte-Vierge-d&#039;Hochelaga</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/salon-de-coiffure-chantilly" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Salon de coiffure Chantilly</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/lid%C3%A9e-fixe" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">L&#039;Idée fixe</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/bobby-mcgee" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Bobby McGee</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-hochelaga" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Hochelaga</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-davidson" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Davidson</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/place-simon-valois" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Place Simon-Valois</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/square-d%C3%A9z%C3%A9ry" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Square Dézéry</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-sherbrooke" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Sherbrooke</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-generaux field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Mots-clés:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/mots-cl%C3%A9s-g%C3%A9n%C3%A9raux/paysage" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Paysage</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-madalite-parcours field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Modalités du parcours:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/modalit%C3%A9s-du-parcours/marche-et-fl%C3%A2nerie" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Marche et flânerie</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-reseaux field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Réseau:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/r%C3%A9seau/jour" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Jour</a></div><div class="field-item odd"><a href="/r%C3%A9seau/nuit" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Nuit</a></div><div class="field-item even"><a href="/r%C3%A9seau/ruelles" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Ruelles</a></div><div class="field-item odd"><a href="/r%C3%A9seau/rues" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rues</a></div></div></div> Tue, 15 Sep 2015 13:23:29 +0000 Hochelaga imaginaire 183 at http://hochelagaimaginaire.ca http://hochelagaimaginaire.ca/note-de-terrain/de-la-poussi%C3%A8re#comments La canicule par bouttes http://hochelagaimaginaire.ca/note-de-terrain/la-canicule-par-bouttes <div class="field field-name-field-auteur field-type-entityreference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Auteur·e·s:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/individu/bordeleau-benoit">Bordeleau, Benoit</a></div></div></div><div class="field field-name-body field-type-text-with-summary field-label-hidden"><div class="field-items"><div class="field-item even" property="content:encoded"><p>la plupart du temps<br />il n’y a rien<br />à dire d’aujourd’hui</p> <p>quand même tu notes<br /><em>rue Drouin, des adolescents partagent des Pringles</em></p> <p>c’est alors que te reviennent</p> <p><em>la voix d’un homme venu au parc et qui crie n’avoir pas verrouillé sa porte<br />le vrombissement miniature des guêpes fouisseuses<br />l’accent de la sauveteuse à la fermeture de la pataugeoire<br />un rassemblement de muscles, d’herbe et d’alcool autour d’une table plus loin<br />une odeur de camomille sur l’étendue gazonnée<br />les basses provenant d’un rez-de-chaussée d’où fusent sacres et accolades<br />les ballons en forme de simili-caniches, pendus par de la ficelle à une gouttière<br />un gamin qui, à l’aide d’une pelle de plastique, enfourne une seconde bouchée de sable<br />une main trop insistante sur un ventre rond<br />les soupirs d’une fillette – les frères tournent autour d’elle avec leur pistolet à eau<br />des mousses, deux ans à peine, qui tentent de grimper sur les balançoires<br />le père, plus loin, qui hésite à s’allumer une autre cigarette – puis l’allume<br />le grincement des balançoires remplies d’enfants<br />les formes géométriques devinées dans la profusion des mouches vertes sur un mur de brique<br />une Rawlings qui atterrit sourdement dans un gant<br />un soulier qui botte un ballon multicolore<br />du paillis entre la plante d’un pied et la semelle d’une sandale – une grimace</em></p> <p> </p> <p>*</p> <p> </p> <p>sur ton boutte de rue<br />un t-shirt maculé<br />met le gramme à l’encan</p> <p>des bas remontés sur le seul<br />jean de la semaine<br />s’usent et susurrent<br />à l’entrée du dépanneur</p> <p> </p> <p>*</p> <p> </p> <p>le renard du jardin<br />fait les poubelles du bas de la côte</p> <p>la dernière fois que tu l’as vu<br />il marquait son territoire<br />près des restes absurdes d’une affichette</p> <p><em>saveur de melon d’eau<br />18 ans et plus<br />essai à l’intérieur</em></p> <p> </p> <p>*</p> <p> </p> <p>quand elle n’est pas occupée<br />à faucher les moineaux<br />qui peuplent ton balcon<br />la crécerelle effarouche<br />les pigeons de la place Valois</p> <p>tu l’observes durant de longues minutes<br />posée sur le toit des condos<br />jusqu’à ce qu’on te demande</p> <p><em>ça va?</em></p> <p>gardant le silence tu pointes<br />le vide tu crois au mirage</p> <p>on roule des yeux<br />avant de te laisser<br />seul</p> <p> </p> <p>*</p> <p> </p> <p>ici tu n’arrives plus<br />à décrire<br />l’<a href="https://bbordeleau.wordpress.com/2015/08/04/le-creux-lecume-et-lepidemie/">odeur des bêtes</a></p> <p> </p> <p>*</p> <p> </p> <p>rue Cuvillier les canicules<br />relèvent les guillotines<br />au-dessus des nuques<br />moites des épieurs</p> <p> </p> <p>*</p> <p> </p> <p>l’humidex pousse des dos<br />recouverts de cuir dans des locaux<br />climatisés</p> <p>près de la place rougie des passants<br />roulent dans la fumée<br />des grillades</p> <p> </p> <p>*</p> <p>avenue Morgan<br />elle fuse de la porte de l’église<br />bras ouverts voix tonnante<br />à l’endroit des occupants d’un taxi<br /><em>bonjour, mes cocotiers!</em></p> <p> </p> <p>*</p> <p> </p> <p>par-delà cadrages et moustiquaires<br />des poitrines moites s’exhibent<br />accueillent des courants d’air maigre</p> <p>pour le coup d’œil à peine subtil<br />jeté de l’autre côté de la rue<br />le chaud se fond au show</p> <p> </p> <p>*</p> <p> </p> <p>vente trottoir à l'église<br />du roi des rois<br />on chante dieu</p> <p>à quelques pas on crie<br />l'aubaine de bobettes à une piastre<br />au mégaphone</p> <p> </p> <p>*</p> <p> </p> <p>dimanche six septembre<br />à la vente de garage</p> <p>vous trouvez<br />du linge pas cher<br />livres disque compacts<br />et meubles</p> <p>surtout vous observez des gugusses<br />au creux de leur paysage originel</p> <p> </p> <p>*</p> <p> </p> <p>la rue de nouveau livrée<br />aux moteurs la vente trottoir<br />se poursuivra toute l’année<br />sur les tablettes d’un pawnshop<br />où scies circulaires poésies vapoteuses et bc rich<br />prennent la poussière</p> <p> </p> <p>*</p> <p> </p> <p>coin Ontario et Bourbonnière<br />on demande<br />du change, man</p> <p>pour toute réponse<br />j’ai pas de <a href="https://bbordeleau.wordpress.com/2015/09/05/la-verite-dans-le-chantier/"><em>luz</em></a><br />sue-moi</p> <p> </p> <p>*</p> <p> </p> <p>rue Guimond une galerie<br />accueille matin et soir<br />le yoga et le hibachi<br />d’un sexagénaire</p> <p> </p> <p>*</p> <p> </p> <p>tu pourrais avoir chaud ici<br />comme partout ailleurs</p> <p>mais lorsque tu dis<br /><em>j’ai chaud en bas de la côte</em><br />tu as l’impression<br />d’être à l’orée du corps et du souffle<br />d’un sourire en coin<br />partagé avec ceux qui halètent</p> </div></div></div><div class="field field-name-field-taxo-rue field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Emplacement:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/parc-saint-aloysius" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Parc Saint-Aloysius</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-adam" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Adam</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-ontario" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Ontario</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-cuvillier" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Cuvillier</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-de-chambly" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue de Chambly</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/place-simon-valois" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Place Simon-Valois</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/avenue-morgan" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Avenue Morgan</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-guimond" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">rue Guimond</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-madalite-parcours field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Modalités du parcours:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/modalit%C3%A9s-du-parcours/marche-et-fl%C3%A2nerie" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Marche et flânerie</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-reseaux field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Réseau:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/r%C3%A9seau/jour" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Jour</a></div><div class="field-item odd"><a href="/r%C3%A9seau/parcs-et-squares" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Parcs et squares</a></div><div class="field-item even"><a href="/r%C3%A9seau/ruelles" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Ruelles</a></div><div class="field-item odd"><a href="/r%C3%A9seau/rues" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rues</a></div></div></div> Tue, 08 Sep 2015 16:47:18 +0000 Benoit Bordeleau 181 at http://hochelagaimaginaire.ca http://hochelagaimaginaire.ca/note-de-terrain/la-canicule-par-bouttes#comments Des confitures http://hochelagaimaginaire.ca/note-de-terrain/des-confitures <div class="field field-name-field-auteur field-type-entityreference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Auteur·e·s:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/individu/t%C3%A9treault-florence">Tétreault, Florence</a></div></div></div><div class="field field-name-body field-type-text-with-summary field-label-hidden"><div class="field-items"><div class="field-item even" property="content:encoded"><p style="text-align: right;">(Crédits photo: Marc-André Dupaul)</p> <p>       <br />Entre-t-on simplement dans Hochelaga par la porte papillon du métro Préfontaine?</p> <p>Sur une butte choisie, près de l'édicule. Je suis du regard les mouvements fous des passants qui s'éloignent jusqu'à les perdre de vue. Ils migrent, d'un endroit à l'autre, circulation pressée, <em>en direction de</em>.</p> <p>Je voudrais     attraper leurs courtes tangentes dans ma vie avec un filet à papillons. Comprendre ces battements de pieds qui les agitent. Saisir le but de leurs trajectoires dans ce parc aux milles sentiers dont aucun n'est droit.</p> <p>Je voudrais     les inviter dans le ventre sec de la pataugeoire à ma gauche pour un pique-nique en plein ciment, direct dans l'creux. On parlerait du goût du lunch et de la sécheresse autour. Celle qui rend aride le terrain de croquet et qui fait sécher la peinture sur les murs de l'édifice condamné.</p> <p>Et peut-être effleurerait-on d'une simple phrase le fleuve invisible.</p> <p>Je voudrais     étendre mon bras vers le skate park. Attraper ce garçon solitaire qui défie l'équilibre sur la demi-lune et le tenir en apesanteur une minute de plus pour lui donner un aperçu des vertus de l'espace et du rêve.</p> <p>Je voudrais     échanger avec les deux faux Columbos en trench-coat beige qui pique-niquent côte à côte sur les estrades du terrain de baseball. Rien ne bouge devant eux, sauf la porte grande ouverte qui grince en se balançant sur ses gonds.</p> <p>Je voudrais    fixer tenir attraper mais tout frétille autour pour mieux repartir      les gens quittent et passent dans l'espace  remplacés par d'autres et d'autres visages            s'amoncellent dans ma mémoire les gens les pieds les jambes     effluves qui m'arrivent      odeur de pain qui dore    vidanges entassées parfum d'une jolie femme     et puis disparues  évanouies<br />    comment saisir?</p> <p>Le grand vent se lève dans la grisaille de la pataugeoire vide. Dans chacun de ses souffles, il fait voltiger une facture jaune et blanche. Le papier s'agite au-dessus du sol, frétille entre les clôtures, se pose quelques secondes, puis reprend sa danse dans l'air.</p> <p>Je m'approche. M'accote sur un des sept bancs vides et sales qui contemplent la scène en silence.  Désire cueillir le papier fou, en faire quelque chose.</p> <p style="text-align: center;">*</p> <p style="text-align: justify;"><em>Ruelle Winnipeg</em> : des photos de l'autodrome sur la remise. Le coin des boys.    </p> <p><em>Lieu oublié</em> : une plante avec des feuilles en forme de nénuphar. Je rêve à des grenouilles de ruelle qui croassent quand la nuit vient.</p> <p><em>Ruelle Drouin</em> : quatre chaises en plastique penchées sur la table défraîchie pour que l'eau s'égoutte en cas de pluie.</p> <p style="text-align: center;">*</p> <p><em>Le vent dans les voiles du quartier ou les cordes à linge extraordinaires</em>.  <br />Ruelle Winnipeg. J'aperçois la plus haute exposition textile d'entre toutes. Un col roulé gris affronte seul les limites de la stratosphère du quartier. Il touche pratiquement l'église Nativité-de-la-Sainte-Vierge. Saint-Suaire d'Hochelaga aux prétentions de montgolfière? Ses manches courtes se fanent vers le bas, probablement fatiguées de lutter pour voler si haut. Au ras de la ruelle, des voix filtrent par les portes moustiquaires des appartements. Parlures rauques, traînantes, se racontant les petites gravités qui les maintiennent au sol. J'aimerais leur montrer le superbe de leur linge au vent.</p> <p style="text-align: center;">*</p> <p style="text-align: justify;">Il y a un siège, un luxe confortable dans les toilettes de la piscine Pierre-Lorange. Un divan gris une place à trois mètres des cabines. Il fait face au miroir. Qui s'y assoit pour regarder sa réflexion au milieu des toilettes? De qui faut-il espérer l'arrivée dans les chiottes de la piscine?  Pourquoi les gens ne se baignent-ils pas au lieu d'attendre?</p> <p style="text-align: center;">*</p> <p>L'autre jour, rue Hochelaga, une femme âgée portant un manteau turquoise vieilli m'a pointée du doigt en marmonnant quelque chose d'incompréhensible à sa dame de compagnie qui la soutenait pour la marche du jour. Nous nous sommes croisées sur le trottoir. En les dépassant j'ai entendu l'accompagnatrice lui répondre <em>oui hein, a ressemble à votre fille!</em> Je me demande combien de fausses filles elle a dans Hochelaga et si celle habillée en rouge faisant le guet au coin des rues Moreau et Ste-Catherine ou la plus zélée hélant les autos qui passent en face du square Dézéry partagent avec moi cette mère adoptive.</p> <p>J'avance dans le Montréal <em>chop suey</em> le souffle court et les bras tendus pour tout cueillir, tout ouvrir. Une publicité de bière : <em>soyez à la mauvaise place au bon moment</em>. J'arrive au coin où tout le monde peut être <em>Lucky</em> comme le dépanneur s'ils veulent payer le prix. Un coin beige, gris, mort. Constructions fades. Peu de verdure. Boîtes aux lettres bouchées. Qui vit là?  </p> <p><em>Ohé, la Catherine!</em> qu'ils crient de leurs autos. Ils n'habitent pas ici. Odeurs de levure. Noires nuits. Réservoirs d’ammoniaque à proximité. Ils n'habitent pas ici. C'est pas un quartier pour les enfants.</p> <p><em>Ohé, la Catherine!</em> Allez ouvre! Ouvre-toi Hochelaga la belle, l'aride, la fière, la courbée. Je pense aux fruits rouges du parc. À mon désir de voir en elle des canneberges de quartier. Je vois ces fausses filles abandonnées au macadam. Désire voir en elles autre chose que le Rouge Désir du coin. Allez ouvre, Hochelaga, ouvre.</p> <p>Je voudrais marcher sur Moreau comme j'avance sur Villeray mais toujours la jambe soudaine d'une Catherine glissée entre deux bétons m’attrape par le plexus.</p> <p>Jamais je n'ose regarder la propriétaire des jambes. Me concentre plutôt sur les structures oxydées du pont Jacques-Cartier au loin. Pense au fleuve invisible si près. Lis les annonces sur les poteaux. <em>Appel à témoin, n'hésitez pas à soulager votre conscience (avis de recherche)</em>.</p> <p>En tournant la tête pour esquiver la vue des autos qui démarrent dans un gras de moteur, je trouve un parapluie désaxé sur le trottoir. Il ne fonctionnait plus. On l'a laissé là<br /> </p> <p style="text-align: center;">*</p> <p>mais il y a aussi sur Moreau  six petites fleurs mauves qui me touchent inexplicablement</p> <p>*<br /> </p> <p>Suivez cette femme immédiatement! De son balcon, elle est en train de quitter le quartier. Étendue sur une chaise longue, elle lit en robe de chambre, accompagnée de ses oiseaux en cage. Dans quel univers est-elle pour ne pas entendre les klaxons et sirènes de la circulation?</p> <p style="text-align: center;">*</p> <p><em>Chaque fleur ou arbuste a été planté par un(e) élève. Cet aménagement est un reflet de la beauté des enfants et représente l'école Baril comme un lieu d'épanouissement.</em> D'aussi grandes ironies me donnent le frisson.</p> <p>L'édifice beige est impossible à atteindre. Allez ouvre! Placardé, grillagé. <em>Danger. Zone de démolition.</em> Les appartements d'en face sont silencieux. De l'un des balcons du deuxième étage pend un tricycle rose inanimé. En diagonale, on annonce un spectacle de lutte tous les samedis soirs à 19 heures. L'impression d'être devant l'école Baril comme devant le spectre de la lutte tous les jours.</p> <p>Les immeubles rouges autour du bâtiment désert comme un feu immense le long de la rue Drouin. La cour d'école est pleine d'amas. Terre, gravier, ciment, asphalte, déchets entassés. Amas de non-bruit. Des cris d'enfants absents qui ne résonnent pas contre les fondations de pierre du bâtiment, qui ne s'écorchent pas contre les autobus en fin d’après-midi.  Pas de verdure, de ballon. Rien. Tout est mort, ici.</p> <p><em>Pour les enfants du Laurier Palace, cherchez à l'école Baril.</em> Ils se sont déplacés dans l'Est pour jouer tout le jour entre les limites de la vieille clôture barrée. Présences invisibles entre les anneaux de basketball sans filet et l'asphalte déconstruite.  Se mouvant entre les émanations de l'air contaminé de l'établissement qui se mêlent au grand souffle du vent.  </p> <p>J'ai le souvenir jamais vécu d'une cage d'escalier remplie d'enfants empilés. Il se superpose comme une image récurrente à la vue du gouffre qu'est cette cour d'école vide.  </p> <p style="text-align: center;">*</p> <p>yeux barricadés comme les fenêtres de l'école       incapable de me débarrasser des enfants négligés qui s'amassent dans les coins de ma tête    ne vois rien d'autre que ce four <em>à vendre</em> rue Bourbonnière qui me fait venir en tête l'odeur du brûlé</p> <p style="text-align: center;">*</p> <p>La friperie Renaissance est un vrai carnaval. C'est la fête. On y trompe l'ennui ou la tristesse en se demandant si ce chandelier en plastique à ornement de fleurs hawaïennes ne pourrait pas donner un peu de chaleur au cœur.</p> <p>J'entre dans cet espace avec l'arrivée d'une petite jupe rouge à pois noirs dans mon champ de vision. Elle est sur le dernier support au fond, près de la section des <em>pyjamas</em> où reposent d'anciennes parures de lit sales et jaunies. En prenant la jupe dans mes mains, je me demande si les vêtements d'Hochelaga autour de moi portent encore la trace des corps du quartier et quelles étaient leurs aventures.</p> <p>Il y a probablement ici une parure qui a servi pour un rendez-vous au Bar St-Vincent.</p> <p>Je me dis que je suis devant ces vêtements comme une observatrice des voiles fanées du quartier. Quelle magnificence ce serait que de les accrocher toutes sur une immense corde à linge le long d'Ontario. On y cacherait les nids de poules. Le vent soufflerait fort, condition principale à la navigation des plus grands voiliers. .</p> <p style="text-align: center;">*</p> <p>Sur une porte, l’insigne suivante: <em>Pas de circulaires. Que des lettres d'amour et des cartes postales.</em> Je leur écrirai bonjour, je vous offre les perles du champ de bataille Ontario par la poste, les é<em>tait fâchée cont' moé a brisé l'bycik à place</em>, l'image de champs de lavande affichée dans la vitrine du magasin de tissus Hajaly comme un rêve où s'enfuir et les odeurs périodiques d'urine sur l'artère commerciale. Je leur dirai: je vous envoie une carte postale d’où vous êtes, savez-vous c'est pas très exotique, mais ça fait du bien de prendre une autre place, n'importe où, par exemple, sur le Saint-Siège en location au salon de coiffure Bérard et d'observer la vie passer sous un angle différent. Que même si <em>Ô Shagg mon amour</em> en grosses lettres sur le mur de briques près de la place Valois rappelle vaguement Hiroshima, il y aura toujours un May West dans un panier à bicyclette pour trouver l'admirable à l'en dessous<a class="see-footnote" id="footnoteref1_48msnrb" title="Jacques Brault. L'en dessous, l'admirable. Montréal, Presses de l'Université de Montréal, 1975, 51 p." href="#footnote1_48msnrb">1</a>. Et, en post-scriptum, je leur offrirai les espaces vides à loué des Promenades Ontario comme un cadeau à remplir de poésie.</p> <ul class="footnotes"><li class="footnote" id="footnote1_48msnrb"><a class="footnote-label" href="#footnoteref1_48msnrb">1.</a> Jacques Brault. L'en dessous, l'admirable. Montréal, Presses de l'Université de Montréal, 1975, 51 p.</li> </ul></div></div></div><div class="field field-name-field-taxo-rue field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Emplacement:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/station-pr%C3%A9fontaine" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Station Préfontaine</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-moreau" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Moreau</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/parc-raymond-pr%C3%A9fontaine" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Parc Raymond-Préfontaine</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/ruelle-winnipeg" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Ruelle Winnipeg</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/ruelle-drouin" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Ruelle Drouin</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-hochelaga" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Hochelaga</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/piscine-pierre-lorange" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Piscine Pierre-Lorange</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-sainte-catherine" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Sainte-Catherine</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-adam" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Adam</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/%C3%A9cole-baril" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">École Baril</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-ontario" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Ontario</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/place-simon-valois" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Place Simon-Valois</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/laurier-palace" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Laurier Palace</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/friperie-renaissance" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Friperie Renaissance</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-madalite-parcours field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Modalités du parcours:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/modalit%C3%A9s-du-parcours/marche-et-fl%C3%A2nerie" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Marche et flânerie</a></div><div class="field-item odd"><a href="/modalit%C3%A9s-du-parcours/m%C3%A9tro" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Métro</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-reseaux field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Réseau:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/r%C3%A9seau/jour" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Jour</a></div><div class="field-item odd"><a href="/r%C3%A9seau/parcs-et-squares" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Parcs et squares</a></div><div class="field-item even"><a href="/r%C3%A9seau/ruelles" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Ruelles</a></div><div class="field-item odd"><a href="/r%C3%A9seau/rues" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rues</a></div></div></div> Thu, 05 Mar 2015 15:03:00 +0000 Hochelaga imaginaire 154 at http://hochelagaimaginaire.ca http://hochelagaimaginaire.ca/note-de-terrain/des-confitures#comments Étrange intimité http://hochelagaimaginaire.ca/note-de-terrain/%C3%A9trange-intimit%C3%A9 <div class="field field-name-field-auteur field-type-entityreference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Auteur·e·s:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/individu/briand-catherine-alexandre">Briand, Catherine-Alexandre</a></div></div></div><div class="field field-name-body field-type-text-with-summary field-label-hidden"><div class="field-items"><div class="field-item even" property="content:encoded"><p style="text-align: justify;">Je ne sais pas lire dans les lignes de la main, ni dans celles des quartiers, mais je peux lire en moi ce que le quartier fait et dit, sous quelle forme il surgit. Au coin des rues, je croise souvenirs et pensées. Les images se superposent et je vois double; à la fois ce qui est là et ce qui n’est plus.</p> <p style="text-align: justify;"><em>La place Valois, avec ses blocs lumineux, était autrefois un terrain vague rocailleux où passait une track de chemin de fer. Petite, j’y marchais avec ma grand-mère et la suivais en funambule, tentant de garder l’équilibre sur la barre de métal. Souvent, je demandais «où ça mène grand-maman?», et elle me répondait toujours «nulle part». J’imaginais le train courir comme un fou, au-dessus du fleuve, vers ce nulle part inconnu. </em></p> <p>C’est l’hiver et j’éprouve l’impression d’une lutte d’appartements. À l’extérieur, tout est calme, mais je ressens ce combat silencieux qui se prépare, qui a déjà lieu et continue d’advenir entre les murs. Je repense à cet ami qui me disait toujours de chercher ce qui est mort dans le vivant, ce qui est vivant dans la mort. <em>La question à cent piasses</em> d’Adamus en tête, je marche, regrettant presque de n’avoir rien à fumer, pas de tabac, pas de papier. C’est un quartier qui s’observe bien en fumant, mieux qu’en faisant du jogging.</p> <p>Debout face aux lieux de mon enfance, impossible d’oublier quoique ce soit. L’adolescence aussi passe entre les ruelles, elle y est à sa place.</p> <p><em>Au 1407 Leclaire, je revois l’amie et ses lunettes écaillées. Au coin de la rue, le restaurant Le sommet où nous allions le vendredi soir. Deux gamines riaient alors des cheveux du cuisinier : quatre mèches placées sur son crâne pour tenter de cacher sa calvitie. </em></p> <p><em>Sur Nicolet, les voisins de ma grand-mère étaient ce qu’on peut appeler des «white trash». L’été, la voisine de trois ans se promenait en bobettes sur le trottoir avec un deux litres de coca, et dans leur cour, aboyaient deux grands chiens effrayants. Pour moi, le monde tenait alors entre les seins d’Aline et en son cœur que j’écoutais battre attentivement; tic-tac, comme une horloge. </em></p> <p>(Hochelaga comme une mémoire en mouvement qui mime la fixité.)</p> <p><em>Les bonbons chez Oscar, la quête aux objets roses dans les friperies, puis ce moment où je me suis mise à déambuler seule, écouter Nirvana, porter du noir et beaucoup pleurer. Je m’achetais des canettes de peinture : graffitis sur les trains, les ruelles, partout.</em></p> <p><em>Les graffitis étaient laids et naïfs; une black label et des gants troués suffisaient à me faire sentir bum. Il y avait la révolte et ses nombreuses découvertes; l’amour au féminin, bières flats et pots de peanuts, le mot anarchie et les déjeuners deux œufs bacon, détester les flics, aimer les flaques d’eau et le jour des poubelles. Faire de la photographie, de la poésie, et tomber en amour souvent avec des toxicomanes, brûleuses de condos, névrosés magnifiques et autres artistes du vivant. Aimer dans un quartier qui sent la sueur et le houblon, emmitouflés dans des couvertures de laine que l’on porte comme vêtements.</em></p> <p>Je marche et pense à toutes ces fois où je suis rentrée chez moi entre soir et matin. Le calme entre deux tempêtes.</p> <p>Odeur de mélasse et de tabac. Un paquet de Macdonalds bleu qu'on a laissé vide sur le trottoir. Les usines servent de points cardinaux et la piste cyclable se transforme la nuit en véritable forêt. J'ai encore la tristesse au coeur de ne pas pouvoir tremper mes pieds dans le fleuve, tout près.</p> <p>Je ne sais pas si tous les coins de Montréal bougent autant, s’ils ont ce rythme-là. Il se passe dans Hochelaga quelque chose d’infiniment beau. Peut-être parce qu’on peut y sentir une tension : la beauté, le quotidien, le soleil comme ailleurs, mais aussi une certaine dureté qu’il est impossible de ne pas voir. L’adversité rend créatif ; l’adversité rend fou. On sent ici la vitalité des quartiers populaires (vampirisés un jour ou l’autre par les classes dominantes que le confort fige).</p> <p>Oui, quand je marche ici, je marche en moi. Mais moi ce n’est rien de personnel. Au contraire, ça dépasse de partout, ça fuit dans tous les sens pour venir se souder aux gens que j’aime, que j’ai aimés, aux passants rencontrés et même à ceux que je ne croise pas.</p> <p>Tout se déroule comme si le quartier était un texte s'écrivant sans cesse avec la voix, les gestes, bonheurs et souffrances de ses habitants. Habiter comme on écrit. Les murs craquent déjà de mots à partager. Peu importe la loi, les fautes, les façades trop propres; la langue est bien plus vivante lorsqu’on l’expose dans la rue. Dans ses ruelles, Hochelaga se prend pour un roman épique où s’affrontent les forces du bien et du mal.</p> <p>On y croit encore un peu à la notion d’espace public et l'on a ce sentiment d’être au coeur d'un quartier-village.</p> <p>Les regards s’accordent; j’ai toujours dit que nous avions ici une étrange intimité.</p> </div></div></div><div class="field field-name-field-taxo-rue field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Emplacement:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/place-simon-valois" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Place Simon-Valois</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-leclaire" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Leclaire</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/le-sommet" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Le Sommet</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-nicolet" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Nicolet</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/chez-oscar" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Chez Oscar</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-madalite-parcours field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Modalités du parcours:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/modalit%C3%A9s-du-parcours/marche-et-fl%C3%A2nerie" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Marche et flânerie</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-reseaux field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Réseau:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/r%C3%A9seau/jour" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Jour</a></div><div class="field-item odd"><a href="/r%C3%A9seau/parcs-et-squares" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Parcs et squares</a></div><div class="field-item even"><a href="/r%C3%A9seau/ruelles" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Ruelles</a></div><div class="field-item odd"><a href="/r%C3%A9seau/rues" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rues</a></div><div class="field-item even"><a href="/r%C3%A9seau/trottoirs" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Trottoirs</a></div></div></div> Tue, 03 Feb 2015 16:28:26 +0000 Catherine-Alexandre Briand 137 at http://hochelagaimaginaire.ca http://hochelagaimaginaire.ca/note-de-terrain/%C3%A9trange-intimit%C3%A9#comments Tentative d’épuisement d’un quartier montréalais http://hochelagaimaginaire.ca/note-de-terrain/tentative-d%E2%80%99%C3%A9puisement-d%E2%80%99un-quartier-montr%C3%A9alais <div class="field field-name-field-auteur field-type-entityreference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Auteur·e·s:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/individu/gervais-bertrand">Gervais, Bertrand</a></div></div></div><div class="field field-name-body field-type-text-with-summary field-label-hidden"><div class="field-items"><div class="field-item even" property="content:encoded"><p>La date: 3 novembre 2014 (un lundi, 40 ans plus tard)<br />L'heure: 10h45<br />Le lieu: Place Simon-Valois<br />Le temps: frais, très frais, partiellement nuageux<br />Passage d'un balai mécanique</p> <p>Par rapport à la veille, qu'y a-t-il de changé?  Au premier abord, c'est vraiment pareil.  Peut-être le ciel est-il moins nuageux ? Ce serait vraiment du parti pris de dire qu'il y a, par exemple, moins de gens ou moins de voitures. On ne voit pas d’oiseau.  Il y a un chien sur le terre-plein.  Au-dessus du restaurant Le Valois (loin derrière ?) se détache dans le ciel la tour inclinée du stade (je la voyais sûrement hier, mais je ne me souviens plus l'avoir noté).  Je ne saurais dire si les gens que l'on voit sont les mêmes qu'hier, si les voitures sont les mêmes qu'hier ? Par contre, si les oiseaux (pigeons) venaient (et pourquoi ne viendraient-ils pas) je serais sûr que ce seraient les mêmes.</p> <p>Beaucoup de choses n'ont pas changé, n'ont apparemment pas bougé (les lettres, les symboles, les fleurs, le terre-plein, les bancs, la pharmacie, etc.) ; moi-même je me suis assis à la même table.<br />Des autos passent.  Je m'en désintéresse complètement.</p> <p>Le bar laitier est ouvert. Arhoma, le pain et ses complices aussi.<br />(il me semble avoir vu passer Benoit, se dirigeant vers une ruelle)<br />Passe une ambulance, puis une dépanneuse remorquant une A4 bleue.</p> <p>Plusieurs femmes traînent des cabas à roulettes.<br />Arrivent les pigeons; ils me semblent moins nombreux qu'hier.<br />Afflux de foules humaines ou voiturières. Accalmies. Alternances.<br />Deux Gray Line rouges, sortes de cars à plates-formes, passent avec leurs cargaisons de touristes photophages.<br />Un car Orléans (des Américains ? des Français ?).<br />La pluie s'est arrêtée aussi vite qu’elle a commencé ; il y a même eu pendant quelques secondes un vague rayon de soleil.<br />Il est 11 heures et quart.<br />A la recherche d'une différence.<br />(…)</p> </div></div></div><div class="field field-name-field-taxo-rue field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Emplacement:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/place-simon-valois" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Place Simon-Valois</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/le-valois" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Le Valois</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/arhoma" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Arhoma</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/stade-olympique" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Stade Olympique</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-generaux field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Mots-clés:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/mots-cl%C3%A9s-g%C3%A9n%C3%A9raux/paysage" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Paysage</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-madalite-parcours field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Modalités du parcours:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/modalit%C3%A9s-du-parcours/marche-et-fl%C3%A2nerie" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Marche et flânerie</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-reseaux field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Réseau:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/r%C3%A9seau/jour" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Jour</a></div><div class="field-item odd"><a href="/r%C3%A9seau/parcs-et-squares" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Parcs et squares</a></div></div></div> Sun, 01 Feb 2015 14:08:23 +0000 Bertrand Gervais 136 at http://hochelagaimaginaire.ca http://hochelagaimaginaire.ca/note-de-terrain/tentative-d%E2%80%99%C3%A9puisement-d%E2%80%99un-quartier-montr%C3%A9alais#comments Croiser Hochelaga http://hochelagaimaginaire.ca/note-de-terrain/croiser-hochelaga <div class="field field-name-field-auteur field-type-entityreference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Auteur·e·s:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/individu/deneault-marjolaine">Deneault, Marjolaine</a></div></div></div><div class="field field-name-body field-type-text-with-summary field-label-hidden"><div class="field-items"><div class="field-item even" property="content:encoded"><p> </p> <div class="dnd-atom-wrapper type-audio context-sdl_editor_representation"> <div class="dnd-drop-wrapper"><!-- scald=98:sdl_editor_representation --><div class='image'><object type="application/x-shockwave-flash" data="/sites/all/modules/ajout-nt2/scald/modules/providers/scald_audio/libraries/dewplayer/dewplayer-playlist.swf" width="200" height="20" id="dewplayer-98" name="dewplayer"> <param name="movie" value="/sites/all/modules/ajout-nt2/scald/modules/providers/scald_audio/libraries/dewplayer/dewplayer-playlist.swf" /> <param name="flashvars" value="mp3=http://hochelagaimaginaire.ca/sites/hochelaga-dev.aegirnt2.uqam.ca/files/atoms/audio/marjolainedeneault_audio2.mp3" /> <param name="wmode" value="transparent" /> </object> </div><!-- END scald=98 --></div> <div class="dnd-legend-wrapper"> <div class="meta"> <!--copyright=98--><p>marjolainedeneault_audio2.mp3, by Marjolaine Deneault</p> <!--END copyright=98--></div> </div> </div> <p><strong>1. Parc Préfontaine</strong></p> <p>Il y a au moins un million cent soixante et onze mille trois cent cinquante-cinq personnes qui te traverse, ô Parc Préfontaine, pour entrer dans tes profondeurs par la bouche chaude de ta station et de ton édicule futuriste d’un autre temps. Si certains t’empruntent pour te quitter, d’autres te roulent dessus, sur les <em>setups homemades</em> de ton <em>skate park</em> en sortant leurs <em>best tricks</em> de compétition pour les après-midi de mongol. D’autres te foulent avec des vieilles <em>mitts</em> de baseball tout en courant après une balle et en pilant dans le lac derrière le marbre qui n’arrive pas à disparaître depuis la dernière pluie. Des chiens te pissent dessus et les enfants tombent sur ton asphalte en s'éraflant les genoux.</p> <p><strong>2. Bowling Darling</strong></p> <p>Dans l’antre des boules qui roulent du Bowling Darling, la paix règne, contrebalançant les « ostis de tabarnak » des gars chauds du Davidson et des Patriotes. Ici, on y va de grâce et d’huile de poignet pour accomplir la valse des abats et des réserves et on souhaite entendre son nom au micro pour applaudir sa partie parfaite. On y rencontre les vieux <em>chums</em> de longue date, les <em>kids</em> de la Maison des Jeunes, les pères et leurs enfants à la semaine partagée, les couples d’adolescents qui se <em>frenchent</em> en attendant que le temps passe. Mais on y rencontre surtout son propre reflet dans le cirage des allées quand on se penche trop près du sol pour enligner son coup. Vaut mieux regarder drette devant.  </p> <p><strong>3. Davidson Lunch</strong></p> <p>En sortant sur le trottoir, en profiter pour arrêter prendre un <em>break</em> en passant la porte grande ouverte du Davidson Lunch. Croiser le regard de Diane la serveuse et se recentrer un peu dans ses souvenirs. S’en remettre entièrement à cette experte du pain quotidien et de la soupe du jour, du café toujours servi au bon moment et du verre d’eau toujours plein. Être attentif aux modes d’usage du lieu qu’elle nous enseigne sans le vouloir dans la manière qu’elle dirige son pas décidé vers les tables pour nous suggérer le bien vivre, le bien-être et le bien manger. Sourire à cette rassembleuse de parcelles de tous les jours et quitter en réalisant qu’on ne connaît plus les habitudes de cet endroit pourtant si familier.<br /> </p> <p><strong>4. Plaza Ontario</strong></p> <p>La grande échelle d’enseignes au coin Aylwin et Ontario attire le regard en fendant l’horizon. En elle se charge le souvenir de la Plaza Ontario, l’ancien centre commercial de l’artère qui rassemblait les preneurs de café perpétuels et les âmes solitaires en quête d’une bribe de conversation. Illuminant les environs, il s’agit toujours d’un point de repère pour le camelot de <em>l’Itinéraire</em> qui essaie de capter des regards à la sortie du Jean Coutu ou le quêteux du moment qui demande « un p’tit deux piastres pour manger ».  Le Dollarama ne fournit pas, même si une autre succursale existe quelques coins de rue plus à l’Est. Le mercredi, il ferme à 19h pour accommoder la clientèle.</p> <p><strong>5. Tim Hortons</strong></p> <p>S’accrocher les pieds au Tim Hortons, coin De Chambly, pour y croiser la vie du quartier. C’est bien connu, jeunes, vieux, pauvres ou riches, tout le monde va et vient chez Tim Hortons. Après la fermeture de quelques-unes des institutions de la rue Ontario, l’arrivée d’une succursale de la célèbre chaîne a fait le bonheur des flâneurs quotidiens souhaitant étirer « un grand café 2 sucres 2 laits ». Mais ici, le quartier est tissé serré avec ses habitués et leurs habitudes. On sent que si on dépasse le temps réglementaire pour engloutir un beigne et un café, les regards se font de plus en plus lourds. On se sent envahi puisqu’ils sont tous là, autour, en attente d’exister.  </p> <p><strong>6. La Belle Province</strong></p> <p>Quelques coins de rue plus loin, La Belle Province offre, habituellement, une ambiance similaire. Mais là, la marde est pognée. Pas besoin de dessin pour savoir que l’ambiance n’est pas aux histoires d’amour et aux beaux compliments. La serveuse a hâte de finir son <em>shift</em>, les choses ne roulent pas à sa manière. Les clients s’impatientent; les hangover veulent ingérer la sainte graisse regénératrice, les téteux de café veulent un <em>refill</em>. Ça doit faire deux mille cinq cents fois qu’elle fait l’allée-retour entre sa caisse et les banquettes du restaurant depuis qu’elle a ouvert à sept heures du matin. Elle doit rêver au moment où elle va pouvoir enfin s’asseoir sur son Lazy-Boy, en enlevant doucement ses souliers, la télé ouverte pour masquer le silence ambiant.</p> <p><strong>7. La Place Valois</strong></p> <p>Sur la Place Valois, une cicatrice de pavés a remplacé le ballast de la grande track qui fendait le quartier en deux où passait la ligne du <em>Chateauguay &amp; Northern Railway Company</em>. Nouveau centre d’une revitalisation qui explose doucement, place publique en devenir côtoyant le bourgeon commercial de la renaissance du phoenix hochelagais, il s’agit également d’une aventure en zone défavorisée pour Laurendeau, Boutros, Pratte et Samcon, les redéveloppeurs d’expérience urbaine avec des prix inférieurs à la moyenne. Valois-sur-le-Parc ou <em>Boxing Day</em> du logement de la demande vive, son épicentre coeur-de-pierre rêvé par le gratin du quartier passe doucement, lentement, d’un miniputt de garnotte à un réservoir habitable pour un village qui se cherche et essaie de se retrouver quelque part sur Ontario.</p> <p><strong>8. La Pataterie</strong></p> <p>À La Pataterie, on se retrouve aussi. On peut prendre ce qu’on veut parce que c’est le premier du mois après tout, mais beaucoup sont seuls devant un café dans un verre en styromousse ou devant une patate sel-ketchup-vinaigre. Si pour les consommateurs, tout doit être « simple et frais » comme le stipule la devise du restaurant, pour les travailleurs, c’est plutôt simple et morne. Dans ce temple où l’application du taylorisme donne naissance à des chef-d’oeuvres de <em>hot-doïlle</em> et de <em>cheese-bacon</em>, la calleuse de commandes parle dans le vide, la laveuse de table repasse pour la vingtième fois par-dessus le travail déjà fait et le flipeux de boulettes parle tout seul, le regard vide.</p> <p>J’ai croisé Hochelaga dans le Parc Préfontaine, au Bowling Darling, au Davidson Lunch, dans la Plaza Ontario, au Tim Hortons, à la Belle Province, sur la Place Valois et à la Pataterie.</p> <p>J’ai croisé Hochelaga à l’intérieur des conversations entendues, des mots criés, des voix chuchotées, dans les photos prises sur le vif et les images d’archives.</p> <p>Mais j’ai surtout croisé Hochelaga dans ma mémoire.</p> </div></div></div><div class="field field-name-field-taxo-rue field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Emplacement:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/restaurant-davidson" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Restaurant Davidson</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-ontario" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Ontario</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-davidson" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Davidson</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/parc-pr%C3%A9fontaine" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Parc Préfontaine</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/bowling-darling" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Bowling Darling</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/plaza-ontario" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Plaza Ontario</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/tim-hortons" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Tim Hortons</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/la-belle-province" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">La Belle Province</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-aylwin" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Aylwin</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-de-chambly" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue de Chambly</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/place-simon-valois" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Place Simon-Valois</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/la-pataterie" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">La Pataterie</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-madalite-parcours field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Modalités du parcours:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/modalit%C3%A9s-du-parcours/marche-et-fl%C3%A2nerie" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Marche et flânerie</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-reseaux field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Réseau:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/r%C3%A9seau/caf%C3%A9s" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Cafés</a></div><div class="field-item odd"><a href="/r%C3%A9seau/parcs-et-squares" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Parcs et squares</a></div><div class="field-item even"><a href="/r%C3%A9seau/ruelles" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Ruelles</a></div><div class="field-item odd"><a href="/r%C3%A9seau/rues" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rues</a></div></div></div> Wed, 10 Dec 2014 05:00:00 +0000 Marjolaine Deneault 96 at http://hochelagaimaginaire.ca http://hochelagaimaginaire.ca/note-de-terrain/croiser-hochelaga#comments Photos et texte (déambulation du 21 octobre 2014) http://hochelagaimaginaire.ca/note-de-terrain/photos-et-texte-d%C3%A9ambulation-du-21-octobre-2014 <div class="field field-name-field-auteur field-type-entityreference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Auteur·e·s:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/individu/ruiz-hector">Ruiz, Hector</a></div></div></div><div class="field field-name-body field-type-text-with-summary field-label-hidden"><div class="field-items"><div class="field-item even" property="content:encoded"><p>Le vrai est un moment du faux<br /> </p> <p>elle avait des running shoes rouges<br />j’ai remarqué le kleenex dans sa main<br />droite au moment où elle sortait<br />de la cabine téléphonique Telus<br />à coté de la Pataterie ça cogne dur<br />trop de coke un rhume peu importe<br />aujourd’hui nous avons l’air malades<br />allo ouais c’est moi<br />non j’préfère pas<br />j’y vais d’reculons<br />Tel us every thing<br />Tel us how it’s<br />au coin de la rue<br />et de l’avenue</p> <p class="rtejustify"> <br />*<br /> <br />une fille développe, elle brode, pour l’instant, je t’aime, mais je ne sais pourquoi. Le gars acquiesce de la tête. La rue Ontario est fermée, i’refont l’asphalte, i’défont les terrasses, ça hurle au cell, mais pourquoi d’abord qui m’a dit d’acheter du savon! My opinion is… My idea is… Pas sûr que ça passe, pas sûr non plus que les murs vont rester blancs, mes articulations dégèlent, j’ai au moins une obsession, mes doigts s’enroulent au tour de la tasse, presque plus d’encre dans le stylo, j’ai encore pris des escaliers en photo. Je devais plus en prendre, mais quand je les ai vus je savais déjà comment cadrer et, pendant un très court instant, j’ai pensé à la jungle qui mange les ruines, la pluie faisait ruisseler le vert, je savais avec quel filtre tricher, la nature aimerait peut-être reprendre le dessus sur nos constructions. L’escalier m’offre l’opportunité de descendre dans un autre lieu, et au moment de remonter, je serai même un peu différent. Sur le mur de la ruelle Sainte-Cath, le graffiti de Droopy avec le chandail des Expos évoque deux temps en moi : l’enfance en Suède ; l’absence de baseball et plus tard, à l’adolescence ; le deuil d’la Suède et les prières pour nos z’amours. Un escalier est une spirale, elle redécouvre le passé et le présent juxtaposés en quelque part dehors, là-bas derrière la Place Valois, sur l’compteur d’hydroélectricité cette inscription<br />aura<br />fallu<br />reste<br />l’irréel<br />à toujours</p> <p>spirale escalier<br />déplie vision<br />du monde j’ai besoin<br />vertige du monde<br />qui me remue spirale.</p> </div></div></div><div class="field field-name-field-taxo-rue field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Emplacement:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/place-simon-valois" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Place Simon-Valois</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-ontario" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Ontario</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/ruelle-sainte-catherine" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Ruelle Sainte-Catherine</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-generaux field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Mots-clés:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/mots-cl%C3%A9s-g%C3%A9n%C3%A9raux/architecture" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Architecture</a></div><div class="field-item odd"><a href="/mots-cl%C3%A9s-g%C3%A9n%C3%A9raux/urbanisme" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Urbanisme</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-madalite-parcours field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Modalités du parcours:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/modalit%C3%A9s-du-parcours/marche-et-fl%C3%A2nerie" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Marche et flânerie</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-reseaux field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Réseau:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/r%C3%A9seau/parcs-et-squares" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Parcs et squares</a></div><div class="field-item odd"><a href="/r%C3%A9seau/ruelles" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Ruelles</a></div><div class="field-item even"><a href="/r%C3%A9seau/rues" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rues</a></div></div></div> Mon, 03 Nov 2014 05:00:00 +0000 Hector Ruiz 88 at http://hochelagaimaginaire.ca http://hochelagaimaginaire.ca/note-de-terrain/photos-et-texte-d%C3%A9ambulation-du-21-octobre-2014#comments