Hochelaga Imaginaire - Rue Notre-Dame http://hochelagaimaginaire.ca/taxonomie-rue/rue-notre-dame fr Surmonter l'édicule et descendre l'éthanol http://hochelagaimaginaire.ca/note-de-terrain/surmonter-l%C3%A9dicule-et-descendre-l%C3%A9thanol <div class="field field-name-field-auteur field-type-entityreference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Auteur·e·s:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/individu/fournier-virginie">Fournier, Virginie</a></div></div></div><div class="field field-name-body field-type-text-with-summary field-label-hidden"><div class="field-items"><div class="field-item even" property="content:encoded"><p>Point de rencontre à l’édicule, qu’ils ont dit.</p> <p>L’édicule, curieux toit bétonné. C’est ce qui protège les passants de la vue du Stade, que j’ai appris. Pie-IX s’est dressé devant nous et nous avons redressé le chemin. Heure prévue pour le coucher de soleil : 20h32 selon Météomédia. Ni trop tôt ni trop tard pour <em>stager</em> la déclinaison lumineuse, en capturer les derniers souffles, obtenir une série de moments reproductibles à l’infini. De lourds objectifs pour l’atteinte de formidables clichés.</p> <p align="right"><em>The world was on fire</em><br /><span style="line-height: 22.3999996185303px;">Et le Moe’s aussi</span></p> <p>Sherbrooke éjaculait une automobile à la fois; pas facile l’arrivée dans ce bas-monde en période conique. <em>Fuck</em> <em>toute</em>, ont brandi les campeurs pour commencer la fin de soirée. J’aurais voulu hurler avec eux mais le chemin s’est passé de moi trop vite.</p> <p align="right"><em>and no one could save me</em><br /><em style="line-height: 22.3999996185303px;">but you</em></p> <p>La Françoise de soirée descendait lentement dans les gorges de moins en moins sèches. Il y avait l’autre, assis dans un coin de la pièce, qui gardait sa casquette enfoncée jusqu’aux oreilles. Il emplissait ses membres du rythme des années 2000 et du goût de cinquante Labatt. Les mouvements frénétiques laissaient place à une douceur cadencée, tendance Isaak. Une sensualité faite <em>toune </em>qui roula d’une manière étrange ses épaules, ses hanches étroites, peut-être ses yeux aussi. D’hypnotiques gesticulations comme autant d’expériences psychédéliques que je n’ai pas vécues.</p> <p align="right"><em>In the day</em><br /><em style="line-height: 22.3999996185303px;">In the night</em><br /><em style="line-height: 22.3999996185303px;">Say it right</em><br /><em style="line-height: 22.3999996185303px;">Say it all</em></p> <p>Empêtrée, que je dirais de moi-même, j’avais attendu la noirceur et les points plasma fixes. Peut-être qu’un sens pourrait jaillir d’une lointaine boule de gaz qui implose… En relevant la tête, j’ai été aveuglée de souvenirs déambulatoires. Ils m’ont hérissée l’échine et j’ai laissé courir le frisson. Mes valoises allées et venues entre les ciseaux lancés au hasard, les chats timides et les paires parfaites, celles panoramiquement présentées avec La Ronde par-delà notre leste dame, ont macéré en un curieux cocktail. J’ai rajouté un peu d’éthanol, en distribution libre sur Préfontaine, et ai fait cul sec sur Moreau.</p> <p>Et glou Darling, que j’aurais voulu entendre.</p> </div></div></div><div class="field field-name-field-taxo-rue field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Emplacement:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-notre-dame" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Notre-Dame</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/m%C3%A9tro-pie-ix" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Métro Pie-IX</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-sherbrooke" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Sherbrooke</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/chez-fran%C3%A7oise" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Chez Françoise</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/restaurant-moes" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Restaurant Moe&#039;s</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-moreau" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Moreau</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-darling" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Darling</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-madalite-parcours field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Modalités du parcours:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/modalit%C3%A9s-du-parcours/marche-et-fl%C3%A2nerie" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Marche et flânerie</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-reseaux field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Réseau:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/r%C3%A9seau/nuit" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Nuit</a></div><div class="field-item odd"><a href="/r%C3%A9seau/ruelles" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Ruelles</a></div><div class="field-item even"><a href="/r%C3%A9seau/rues" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rues</a></div><div class="field-item odd"><a href="/r%C3%A9seau/trottoirs" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Trottoirs</a></div></div></div> Tue, 09 Jun 2015 17:06:02 +0000 Virginie Fournier 178 at http://hochelagaimaginaire.ca http://hochelagaimaginaire.ca/note-de-terrain/surmonter-l%C3%A9dicule-et-descendre-l%C3%A9thanol#comments Cahier Canada et cochonnet http://hochelagaimaginaire.ca/note-de-terrain/cahier-canada-et-cochonnet <div class="field field-name-field-auteur field-type-entityreference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Auteur·e·s:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/individu/bordeleau-benoit">Bordeleau, Benoit</a></div></div></div><div class="field field-name-body field-type-text-with-summary field-label-hidden"><div class="field-items"><div class="field-item even" property="content:encoded"><p>Une odeur d’herbe fraîchement coupée accompagne ta déambulation le long de la rue Notre-Dame. La femme qui conduit le tracteur, porte grande ouverte, accuse à peine ta présence. Ici, à quelques rues de l’appartement, les bandes d’asphalte et de verdure suffisent à te faire sentir ailleurs – tu veux dire : <em>loin</em>. Il aurait suffit du passage d’une outarde, au moment de fermer les yeux, pour te retrouver une vingtaine d’années plus tôt dans un champ – sur le <em>plate</em>. Il t’apparaît de plus en plus, à force de flâne, que tu rapproches des strates, des moments sis sur des plaques à la dérive, sans qu’elles n’arrivent à se toucher.</p> <p>Arrivé à l’angle de Davidson, des auto-patrouilles encadrent un homme gris et maigre. Tu remarques ses flasques le long de son corps, ses joues mouillées. Tu te souviens des malheurs qui font que l’on n’essuie plus les larmes. Ce n’est qu’un peu plus loin que tu vois un fouillis de métal tordu, de caoutchouc et de roues dentées. </p> <p> </p> <p align="center">*</p> <p align="center"> </p> <p><a href="https://bbordeleau.files.wordpress.com/2015/06/dsc_7114.jpg">Quatre tasses</a> culotées de marc de café sont posées sur le rebord d’une fenêtre, rue Sainte-Catherine. Si Walter Benjamin donnait à la ville les traits d’un paysage ou d’une chambre, pour le flâneur, il semble que lorsque ce dernier déambule dans les lieux de sa quotidienneté, la ville puisse prendre les airs d’un lave-vaisselle.</p> <p> </p> <p align="center">*</p> <p> </p> <p>Dans un cahier <em>Canada</em> imbibé d’eau, la mention « 6/10 ». L’attention du flâneur est observable à ses notes de passage.</p> <p> </p> <p align="center">*</p> <p align="center"> </p> <p>À quelques pas de la papeterie, tu aperçois sur une nuque un tatouage de veuve noire recouvrant un kyste.</p> <p align="center"> </p> <p align="center">*</p> <p> </p> <p>Au détour d’une ruelle, la mollesse du matelas – ponctué de taches brunâtres – contraste avec le ventre de bœuf rouge qui le surplombe. Ce n’est qu’après coup que tu remarques une masse sombre. <a href="https://bbordeleau.wordpress.com/2015/05/28/briques-minou-matelas/"><em>Briques, minou, matelas</em></a>, penses-tu, mais presque aussitôt le crâne de la bête te rappelle un personnage issu d’une toile de Füssli. Tu n’as de souvenir que le poids d’une tête entre tes doigts, la texture des os, de la peau et de la fourrure secouée d’un faible souffle. Des moustaches et l’émail d’une dent usée sur l’ongle de l’index.</p> <p> </p> <p align="center">*</p> <p align="center"> </p> <p>Rue Ontario, à l’angle de Cuvillier, une boîte de douze beignes accompagnent les mouvements saccadés d’un corps chétif – ne te reste en mémoire que des veines saillantes d’un avant-bras gauche et deux cuisses bleuies.</p> <p align="center"> </p> <p align="center">*</p> <p align="center"> </p> <p>Tu longes la cour de l’école Hochelaga et le flanc du parc éponyme. Des gamins de ta taille mais qui ont probablement le tiers de ton âge se disputent un ballon orange-sale. Un peu plus loin, on lit un Wallander sur son quadriporteur – en jetant de temps à autres un coup d’œil aux jointeux qui se passent la boucane sous le kiosque. Sur des terrains plus ou moins délimités, des punks jouent à la pétanque : ce doit être une manière de mettre en tension le cochonnet.</p> <p> </p> <p align="center">*</p> <p> </p> <p>À deux pas de la Flèche rouge, un type s’installe avec son banjo et ses cordes vocales – un mélange de Raine Maida et de Kurt Cobain dans le trémolo et le grain de la voix. Plus tu t’éloignes, plus la mélodie devient claire. <em>And you could have it all, my empire of dirt</em>…</p> <p> </p> <p align="center">*</p> <p align="center"> </p> <p>Les voyages de sable laissées sur le terrain de l’école Baril, ces dernières semaines, ont formé des plages provisoires le long des trottoirs de la rue <a href="https://bbordeleau.wordpress.com/2015/06/03/du-polissage/">Joliette</a>. La nuit venue, des pères et des mères venaient remplir des sacs de jute, accompagnés de leurs poupons. La logique te fait croire que le temps des rempotages arrive, mais tu sais qu’au fond, il n’est question, ici, que de voler un sac de sable pour parer aux inondations à venir – voler du temps et si possible le rivage d’une mémoire.</p> </div></div></div><div class="field field-name-field-taxo-rue field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Emplacement:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-notre-dame" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Notre-Dame</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-sainte-catherine" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Sainte-Catherine</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-darling" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Darling</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-ontario" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Ontario</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-cuvillier" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Cuvillier</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/parc-hochelaga" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Parc Hochelaga</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/%C3%A9cole-baril" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">École Baril</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-adam" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Adam</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-joliette" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Joliette</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-generaux field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Mots-clés:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/mots-cl%C3%A9s-g%C3%A9n%C3%A9raux/paysage" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Paysage</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-madalite-parcours field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Modalités du parcours:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/modalit%C3%A9s-du-parcours/marche-et-fl%C3%A2nerie" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Marche et flânerie</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-reseaux field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Réseau:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/r%C3%A9seau/jour" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Jour</a></div><div class="field-item odd"><a href="/r%C3%A9seau/nuit" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Nuit</a></div><div class="field-item even"><a href="/r%C3%A9seau/parcs-et-squares" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Parcs et squares</a></div><div class="field-item odd"><a href="/r%C3%A9seau/ruelles" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Ruelles</a></div><div class="field-item even"><a href="/r%C3%A9seau/rues" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rues</a></div><div class="field-item odd"><a href="/r%C3%A9seau/trottoirs" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Trottoirs</a></div></div></div> Thu, 04 Jun 2015 15:47:07 +0000 Benoit Bordeleau 177 at http://hochelagaimaginaire.ca http://hochelagaimaginaire.ca/note-de-terrain/cahier-canada-et-cochonnet#comments La traversée http://hochelagaimaginaire.ca/note-de-terrain/la-travers%C3%A9e <div class="field field-name-field-auteur field-type-entityreference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Auteur·e·s:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/individu/bilodeau-jean-pascal">Bilodeau, Jean-Pascal</a></div></div></div><div class="field field-name-body field-type-text-with-summary field-label-hidden"><div class="field-items"><div class="field-item even" property="content:encoded"><p align="right">(Crédits photo: Benoit Bordeleau)<br /> </p> <p align="right"><em>O’shagg mon amour</em><br />- Graffiti</p> <p align="right"><em>De plus en plus, le vide t’avale, cher ami; sur tes écorces<br />disparaissent les signes, plus rien ne s’y lit à présent. </em><br />- Claude Paradis</p> <p align="right"> </p> <p align="center">LIMINAIRE</p> <p style="margin-left: 18pt; text-align: justify;"> </p> <p style="text-align: justify;">Au coin des rues Sainte-Catherine et Nicolet se trouve un antiquaire à la façade rouge foncé. Derrière la vitrine de cette boutique, une statuette de plâtre blanc repose, éclairée nuit et jour par une lampe. Elle tient son bras devant son visage, comme un bédouin se protègerait d’un vent de sable. La statue, dont on ne voit pas les yeux, est sculptée avec une absence de détail frappante.</p> <p>À cette figurine n’est accolée aucune légende qui pourrait permettre d’en saisir le sens ou l’origine. Pas même un prix. La seule chose qu’on puisse en dire, c’est que de la manière dont elle est placée, derrière cette vitrine, elle fait face à l’Est.</p> <p> </p> <p>La nuit le corps<br />continent<br />se disloque</p> <p>la mâchoire décrochée<br />court à sa perte</p> <p>pour vaincre le froid</p> <p style="text-align: right;"> </p> <p style="text-align: right;"> </p> <p align="center">LIGNE DE FUITE</p> <p> </p> <p style="text-align: justify;">Tout commence avec un regard, un seul regard sur ce toit de la Sainte-Catherine, un sphinx au-dessus de la mêlée qui refuse de se dissoudre tout à fait, un regard comme ceux-là comme une question qui se creuse, un regard qui contemple les reflets du fleuve sur la rue emportée, qui laisse couler le monde sans battre des paupières, et tout balayer vers on ne sait où vers l’Est, qui lit les lignes et répond sur la marge, prisonnier de ses propres yeux, qui est-il, ce vieux sphinx à demi perdu dans les brumes, avec son regard de tunnel infranchissable?</p> <p>Un homme passe son torse nu par une fenêtre et se met à hurler.</p> <p> </p> <p dir="rtl" style="text-align: left;">les mains dans la tête<br />sur la bouche</p> <p>entre les lignes blanches<br />et celles du bottin téléphonique</p> <p>seul le corps se souvient<br />de ce qu’il ne sait plus</p> <p style="margin-left: 35.4pt; text-align: right;"> </p> <p style="margin-left: 35.4pt; text-align: right;"> </p> <p align="center">MÉTAMORPHOSE</p> <p> </p> <p style="text-align: justify;">Plus personne n’entre à la gare de triage par la rue du premier homme. Ce passage, laissé à lui-même, déjoue le regard. Pourtant il n’est ni clôt, ni sombre, ni repoussant. À vrai dire, il n’inspire pas la moindre émotion. Simplement on glisse le long de sa frontière comme s’il n’existait pas, ou plutôt comme si c’était la possibilité de le franchir elle-même qui n’existait pas. Mais il arrive parfois qu’un corps trouve une brèche. Est-ce le passage qui s’ouvre de lui-même, par une volonté propre? Ou le hasard le plus ténu? Tout ce qu’on sait, c’est que les âmes qui y trouvent refuge ne connaissaient pas son existence, ne le cherchaient pas, ne le cherchent pas, ne le chercheront jamais.</p> <p style="text-align: justify;"> </p> <p dir="rtl" style="text-align: left;">les jambes, longilignes<br />embrasure du corps</p> <p>grelotent<br />au coin d’une rue</p> <p>entrouvertes, l’instant<br />d’un claquement de portières</p> <p align="right" style="margin-left:35.4pt;"> </p> <p style="text-align: justify;">Les échos veulent qu’une fois le passage franchi, on se trouve comme à l’orée d’un désert. Le chemin, qui s’enfonce dans ce champ perdu où les rails se dédoublent, s’effrite, retourne à la poussière à mesure que le trottoir s’efface. Et sur les bords de cette route qui n’en est pas une apparaissent d’étranges monticules de terre séchée. Sur l’un deux, sans doute le plus haut, un arbre se dresse. Il ressemble à cette espèce noueuse d’arbres africains qui semblent si farouchement enracinés dans le sol aride qu’on dirait leurs jointures blanchies par l’effort. Quelque chose en lui, peut-être ces racines obstinées ou ces branches tombantes, inspire l’ermitage. Dans ce lieu pourtant, pas de sage, pas d’être reclus. Il n’y a que cet arbre et le silence acouphène de l’usine de levure, au loin dans l’ombre, qui bruisse entre ses branches. Seulement lui, et cette absence - on ne sait plus trop laquelle.</p> <p style="text-align: justify;"> </p> <p>les lampadaires interpellent<br />des glissements</p> <p>patrouillent l’ennui<br />corps ombre</p> <p>l’écho des lumières<br />sur les marches<br />du silence</p> <p align="right" style="margin-left:70.8pt;"> </p> <p align="right" style="margin-left:70.8pt;"> </p> <p align="center">LES TEMPLES DE JÉRUSALEM I</p> <p align="center"> </p> <p style="text-align: justify;">Un viaduc comme une frontière, un bandage de peinture écaillée qui peine à retenir le déluge, une citerne rouillée, une épée pendue, un étudiant devant des ruines, une gare qui ne trie plus grand-chose, la poussière de plâtre agglutinée, une cour et dans cette cour un escalier, des marches qui ne mènent à rien, des carreaux brisés des tracts jaunis, un cimetière enterré, une mise en abyme, une affiche sur un mur qui s’effrite, une femme blonde, une seule affiche comme une relique dans un temple oublié, l’envie de la cigarette qui prend, un vieux sphinx exhale et ferme les yeux, et cette phrase murmurée par le cœur crevé des débris : <em>j’ai plus de souvenirs que si j’avais mille ans. </em>Un chat se glisse parmi les ombres comme un prince en son royaume.</p> <p> </p> <p>par les naseaux du fleuve<br />le désert expire</p> <p>la lourdeur du corps<br />au creux des sleeping bags</p> <p align="right"> </p> <p align="right"> </p> <p style="text-align: justify;">sans parole Ontario s’ouvre comme la mer je plonge sans savoir si je suis colère ou égyptien je ne sais plus si j’essaie d’échapper à ce sphinx ou de freiner sa dispersion les intersections s’enfuient dans les marges je trace une ligne nette entre les reflets j’avance et la peur recule dans les ruelles fugitives à mesure que les amorces du monde disparaissent je ne sais plus si c’est le passé qui engloutit le présent ou l’inverse j’avance dans le couloir dans l’étroitesse du passage est-ce le chemin dont il ne faut pas s’écarter ou deux murs immenses ou projeter nos ombres pour ne pas être englouti par le sable avec ses chars et ses guerriers enfin <em>sans aide la nuit ouvre une brèche</em></p> <p>Une femme en colère se jette au milieu de la rue sans regarder.  </p> <p> </p> <p>soudain le corps dense<br />dans les mains une brique<br />corps brique<br />qui hurle à la reine d’Angleterre<br />cette connasse<br />vingt dollars<br />donne-moi mon vingt dollars</p> <p align="right"> </p> <p align="right"> </p> <p align="right"> </p> <p align="center">LES TEMPLES DE JÉRUSALEM II</p> <p> </p> <p style="text-align: justify;">Une rangée de condos impeccables tournée vers l’intérieur, les murs pour couper court à la rue, entre ces bras de brique une cour à peine perceptible, une table enchainée comme un chien de garde, le gazon frais coupé, l’odeur de la rosée qui perle, une fenêtre sans rideau un œil sans paupière, les lumières ouvertes sur un joyau aveuglant, et sur le mur, une tapisserie de Broadway, les sillons lumineux des taxis vus du ciel, les étoiles d’un rêve inconnu un tapis sans poussière, un divan immaculé, le reflet d’un vieux sphinx apparait, une silhouette noire, une brique dans la main, et cette phrase comme une pierre trop lourde à porter : <em>bientôt le jour va tout cacher. </em>Le silence bruisse comme s’il était roi.</p> <p>mon hostie</p> <p style="text-align: justify;"> </p> <p style="text-align: justify;"> </p> <p>le corps mot<br />s’affaisse</p> <p>la main n’atteint pas<br />le cœur</p> <p>retombe<br />au hasard de la fatigue</p> <p>dans l’anfractuosité #3721</p> <p align="right"> </p> <p align="right"> </p> <p align="center">MÉTAMORPHOSE</p> <p> </p> <p style="text-align: justify;">On dit qu’une nuit d’automne, sur chaque fenêtre placardée de l’école Baril, apparut le visage fantomatique d’un enfant. Pendant un moment, derrière les masques à gaz, leur regard fit réapparaitre sur les vitrines de ce lieu mort la trace fugitive d’un bonheur évacué. Et pourtant ces enfants ne souriaient pas. Il y avait, au contraire quelque chose d’accusateur, quelque chose d’infiniment triste dans leur regard pétrifié.</p> <p>Ces visages ont disparu depuis longtemps. Rien d’eux, hormis le silence, ne demeure aujourd’hui. Juste en face, sur le mur de l’église, une affiche annonce toujours le spectacle de lutte du samedi soir. Un peu plus loin, un graffiti chancelant chuchote encore <em>Je ne suis pas d’accord</em>. Mais que dire de plus? Car les lieux ne s’effacent-ils pas avec ceux et celles qui les ont habités?</p> <p> </p> <p>et toujours cette brique</p> <p>toujours</p> <p>dans le mur</p> <p align="right"> </p> <p align="right"> </p> <p align="right"> </p> <p style="text-align: justify;">À deux pas de cette école, un balcon comme tant d’autres surplombe la rue Sainte-Catherine. Deux chaises vides y regardent tantôt vers l’ouest, tantôt vers l’est. Que dire de ce balcon, hormis que juché là, la vue doit être magnifique entre les deux tours de l’église au crépuscule et le fleuve inaccessible? Ou bien que dans l’immeuble, un jour ou une nuit, un incendie a eu lieu, car les traces de suie noire tachent encore la pierre grise?</p> <p>Dissimulé derrière la façade, un chemin serpente, s’enfonce entre une mince rangée d’arbres. Si ce n’était de la rue Notre-Dame qui réapparait au détour des courbes, on croirait être entré dans un autre lieu, différent, étrange. Mais au bout de ce sentier il n’y a qu’un terrain vague comme tant d’autres. Des marres d’eau stagnante, des déchets un peu partout, une lumière grise, quelques arbres, un arbre, et l’air lourd, chargé des fumées de l’Ouest, qui s’en va, qui s’en va vers l’Est.</p> <p align="right"> </p> <p align="right"> </p> <p>au pied du fil<br />le corps las<br />pèse peu<br />sur la balance</p> <p>use la corde<br />jusqu’au bout</p> <p align="right"> </p> <p align="right"> </p> <p align="center">LIGNE DE FUITE</p> <p> </p> <p style="text-align: justify;">Si on pouvait regarder la ville en accéléré, peut-être verrait-on que dans l’indifférence totale, des détails disparaissent. Évacués, où peuvent-ils bien aller? Y a t-il, quelque part dans Hochelaga, un vieil antiquaire, ni homme ni femme, assis sur le porche, à se balancer au seuil du monde, qui garderait la demeure inhabitée de tous les détails passés, camelote de la mémoire?</p> <p> </p> <p>les traces de char brisent<br />le silence</p> <p>le corps, encre<br />translucide</p> <p>replonge<br />dans le ventre</p> <p align="right" style="margin-left:106.2pt;"> </p> <p align="right" style="margin-left:106.2pt;"> </p> <p style="text-align: center;">LUMINAIRE<br /> </p> <p style="text-align: justify;">La statue de plâtre est devant mes yeux et je comprends que c’est cette question qui a tout déclenché: Que cherche-t-elle si désespérément à ne pas voir? Subitement mes mains cessent de m’obéir, elles se collent à mon visage, mon corps se tourne vers l’Est et une fissure apparait, la lumière me traverse comme le verre par le matin qui chante, un cri s’agglutine en moi comme dans une maison surpeuplée, je retrouve l’espace d’une nuit un passage vers l’oubli un arbre esseulé des ruines pétrifiées les rues qui défilent des jambes entrebâillées un balcon incendié un corps opaque les barreaux translucides des fenêtres je reparcours d’une coulée</p> <p style="text-align: justify; margin-left: 200px;">les eaux séparées d’Ontario l’expulsion</p> <p style="margin-left: 160px;">du paradis les temples</p> <p style="margin-left: 200px;">  de Jérusalem et ces regards le sphinx</p> <p style="margin-left: 360px;">quelque chose se brise et déborde</p> <p style="margin-left: 360px;"> </p> <p align="right"> </p> <p>l’aube crève<br />se répand</p> <p>la rue s’étire</p> <p>disparait</p> <p align="right"> </p> <p style="margin-left:212.4pt;"> </p> </div></div></div><div class="field field-name-field-taxo-rue field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Emplacement:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-sainte-catherine" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Sainte-Catherine</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-nicolet" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Nicolet</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-ontario" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Ontario</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/%C3%A9cole-baril" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">École Baril</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-adam" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Adam</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-notre-dame" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Notre-Dame</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-generaux field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Mots-clés:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/mots-cl%C3%A9s-g%C3%A9n%C3%A9raux/paysage" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Paysage</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-madalite-parcours field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Modalités du parcours:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/modalit%C3%A9s-du-parcours/v%C3%A9lo" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Vélo</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-reseaux field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Réseau:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/r%C3%A9seau/jour" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Jour</a></div><div class="field-item odd"><a href="/r%C3%A9seau/nuit" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Nuit</a></div><div class="field-item even"><a href="/r%C3%A9seau/ruelles" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Ruelles</a></div><div class="field-item odd"><a href="/r%C3%A9seau/rues" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rues</a></div></div></div> Tue, 24 Mar 2015 14:36:58 +0000 Benoit Bordeleau 166 at http://hochelagaimaginaire.ca http://hochelagaimaginaire.ca/note-de-terrain/la-travers%C3%A9e#comments Qui le saura? http://hochelagaimaginaire.ca/note-de-terrain/qui-le-saura <div class="field field-name-field-auteur field-type-entityreference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Auteur·e·s:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/individu/gervais-bertrand">Gervais, Bertrand</a></div></div></div><div class="field field-name-body field-type-text-with-summary field-label-hidden"><div class="field-items"><div class="field-item even" property="content:encoded"><p><strong>Quoi</strong>: Poésies déambulatoires spontanées  <br /><strong>Où</strong>: rues d'Hochelaga<br /><strong>Quand</strong>: automne 2014<br /><strong>Comment</strong>: logiciel SIRI sur iPhone et Evernote</p> <p>J’ai acheté un t-shirt noir sur lequel j’ai fait écrire les mots « déjà bien équipées ». Mots écrits en blanc. Mots choisis par dépit.  <br />Je le porte, ce t-shirt, sachant que plus le temps passe et plus la phrase deviendra obscure. Déjà bien équipées. De plus en plus opaque. Une phrase qui ne dit rien.<br />Déjà bien équipées: les bibliothèques, les universités, les écoles, les garderies, les salles de classe, les étagères, les librairies, les centres communautaires.<br />Déjà bien équipées.<br />Comme une chevauchée fantastique.</p> <p>Jouer aux soldats de plomb, monter une armée entre le sofa et la table à café. Fermer les lumières. Attendre, attendre, attendre, attendre encore.<br />Imaginer une guerre entière faite de plomb et de pensées. Mais le sang n’est pas une matière stable.<br />L’œuvre est noire.<br /> </p> <p>Interdiction complète de pénétrer dans une ruelle.<br />Pas de ruelle pour moi. No way. No me. Not my life. Des rues, oui, des cafés, des stands à patates, des fruiteries aux légumes défraichis, des usines désaffectées, des parcs à chiens – pitbull, berger allemand, bâtard, yorkshire noir, rothweiler, berger belge, je me prendrais bien un labrador noir –, des allées de bowling, des 5-10-15, des dépanneurs, des cafés, des bars.<br />Un Pawnshop liquide.</p> <p>Rejoindre le fleuve depuis la rue Ontario, rejoindre le fleuve depuis la ville. Autant dire essayer de défier ces murs dressés par l'activité économique.  De contrecarrer des décennies de développement urbain et industriel. La vie s'arrête juste avant la rue Notre-Dame, ses camions, sa violence sonore, ses mouvements, ses bourrasques de vent, quand les mastodontes passent à toute allure à quelques centimètres du trottoir, indifférents aux piétons. Et pourquoi y aurait-il des piétons à cet endroit? Ce n'est pas un endroit pour marcher, c'est un endroit pour rouler, pour foncer entre deux feux de circulation. La rue n'est pas une rue, c'est une route, une voie rapide, elle impose son propre ordre, celui des moteurs à combustion, des châssis d’acier et des habitacles protégés.</p> <p>Il n'y a pas de fleuve dans ce coin de la ville.<br />Il n'y a pas de fleuve quand l'industrie règne en maître.<br />Il n'y a pas de fleuve de l'autre côté de la route, de l'autre côté des façades d’usine, avec leurs cheminées, murs de ciment, grillages, bretelles qui laissent monter les véhicules autorisés.<br />Quand je cherche le fleuve, je le retrouve sur une carte ou une mappemonde, mais pas en ville. Le fleuve n’est jamais aussi imposant que sur une carte.<br />Mais en ville ou ici, à Hochelaga, il n’y a pas de fleuve. De l’eau, oui, mais le fleuve?</p> <p>L'enlumineur travaille dans le noir.<br />Il s'entaille le doigt, le sang gicle.<br />Du rouge illumine la pièce quand il s'évanouit.</p> <p>Que vienne le froid, je suis prêt.<br />Que tombe la nuit, je suis prêt.<br />Mais que la porte se referme, je ne suis plus rien. Un bruit sourd et les lignes s’embrouillent. Le regard se détache. On dirait la scène d'un théâtre, un bureau en contre-plaqué, un tapis gris, un petit téléviseur, un miroir. Personne ne fait de l'art avec ça.<br />Mes souvenirs changent de forme chaque fois que je les invoque. Où ai-je été? Où suis-je, si plus rien ne reste stable? <br /> </p> <p>Poésie urbaine.<br />C’est pas de la poésie, ce sont des ruminements. Des rumeurs.<br />Une poésie de fond de sac à dos coincée entre des post-it et de vieux trombones.</p> <p>Sacs de plastique noirs, corps morts, guerre ouverte.<br />J’ai tendu l’oreille, je suis revenu avec un torticolis.<br />Hochelaga m’a chuchoté à l’oreille des choses impossibles à répéter.</p> </div></div></div><div class="field field-name-field-taxo-rue field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Emplacement:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-notre-dame" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Notre-Dame</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-ontario" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Ontario</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-madalite-parcours field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Modalités du parcours:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/modalit%C3%A9s-du-parcours/marche-et-fl%C3%A2nerie" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Marche et flânerie</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-reseaux field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Réseau:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/r%C3%A9seau/jour" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Jour</a></div><div class="field-item odd"><a href="/r%C3%A9seau/parcs-et-squares" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Parcs et squares</a></div></div></div> Tue, 03 Mar 2015 23:00:18 +0000 Bertrand Gervais 152 at http://hochelagaimaginaire.ca http://hochelagaimaginaire.ca/note-de-terrain/qui-le-saura#comments Glanures http://hochelagaimaginaire.ca/note-de-terrain/glanures <div class="field field-name-field-auteur field-type-entityreference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Auteur·e·s:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/individu/s%C3%A9nat-marion">Sénat, Marion</a></div></div></div><div class="field field-name-body field-type-text-with-summary field-label-hidden"><div class="field-items"><div class="field-item even" property="content:encoded"><p>Coin rouen/bourbonnière Dépanneur Soleil bière en fût 6 ans à 6,49$ «WoW Qualité»</p> <p>3993 sainte catherine 2 Pabst pour 5$</p> <p>Coin sainte catherine/joliette Dépanneur Tina «pour vous» 14,99$ 12 bouteilles de Bleue dry<br />et le vent qui me mord les genoux</p> <p>-</p> <p>Biblio, lue sur la tranche - Boite à livres ruelle verte à l’Est de Bourbonnière</p> <p>C.Brouillet, <em>La Veuve noire</em><br />Geneviève Buono et Jacques Rousselle, <em>La Mouette rieuse</em><br />Patricia Cornwel, <em>Baton rouge</em><br />Lucy Maud Montgomery, <em>Emilie de la nouvelle lune 2</em><br />Anthony Trollope, <em>Fineas Finn</em><br />D.H.Lawrence, <em>Lady Chatterley’s Lover</em><br />Bernard Clavel, <em>Les colonnes du ciel – Compagnons du nouveau monde</em><br />Joyce Carol Oates, <em>L’Amour double</em><br />Suzanne Julien, <em>Enfants de la rébellion</em><br />Daniel Danis, <em>Cendres de cailloux</em></p> <p>-<br /> </p> <p>où est le silence ?<br />le silence est en plein milieu d’une ruelle<br />dans ses yeux quand je les croise (et qu’ils se refusent)<br />sur la banderole CONDO qui se brandit sur le mur<br />sous les bavardages de rouge.fm<br />que la vieille dame a mis dans son appart pour le tromper<br />le silence<br />sur les dos qui s’acharnent calmement sur les machines à sous<br />dans un tête à tête mère-fille 77-53 ans chez Vincent sous-marin<br />après le passage du camion poubelle<br />sous la neige des parcs enfouis<br />su’l bord de notre-dame.</p> <p>dans nos respirations qui se saccadent pour se trouver</p> <p>-</p> <p>la neige c’est l’eau qui monte et qui s’apprête à tout engloutir<br />qui lève des vagues à l’orée des maisons<br />qui se dépose sur l’écharpe du Petit Prince<br />qui refait le relief, qui a l’air de cacher des choses des mondes de montons improbables au milieu des ruelles<br />c’est les arbres qui se font de grosses branches et les tables de pique-niques qui se bombent, rebondies<br />tellement qu’elles mettent au défi de dire quand ce sera le moment où ce sera trop plein<br />tellement y en a<br />elles se donnent l’air confortable, l’air de dire qu’avec elles c’est l’abondance<br />les bancs au bord des terrains tous pareils<br />pallient l’absence avec des coussins, un peu pour montrer qu’il y a quand même du monde<br />un peu pour appeler les passant à rester là un peu.<br />c’est l’eau qui monte, presque jusqu’en haut des roues d’un vélo<br />qui attend là<br />qui profite de cette embrassade.<br />qui monte jusqu’au dessus des cheveux du petit Jésus dans une crèche sur Cuvillier ou sur Aylwin.<br />une crèche qui n’a pas voulu rentrer et qui persiste<br />à montrer cet enfant<br />à montrer l’espérance en forme de petit corps<br />qui écrase pas la figure de personne.<br />mais qui pour l’instant a la tête sous l’eau.<br />tous les personnages regardent en bas. les mages le berger les parents<br />tout le monde regarde par terre, les cheveux qui dépassent de la masse blanche.<br />mais ils ne font rien d’autre.<br />La neige c’est l’eau qui monte et qui se dépose partout où c’est possible, nous suggérant par les rebords de fenêtre, les fils électriques et le sommet des poteaux qu’elle pourrait bien nous engloutir tout entier<br />nous geler en l’espace d’une nuit<br />comme le Vésuve à Pompéi<br />tout le monde d’un coup en pleine fuite<br />arrêté<br />endormi ou peut-être jouant<br />sur le bord d’un trottoir pour faire un pied de nez à la mort inexorable.<br /> </p> <p>mais cette montée-là du relief, du bord du monde<br />a le souci<br />et si elle nous engloutit c’est en gardant<br />trace de nos pas<br />creux par creux en solitaire, en levant les pieds<br />en sillon l’un puis l’autre et encore, encore<br />pour se rejoindre le métro.<br />cette eau-là prend soin de nos traces<br />restes du temps invisible<br />restes invisibles du temps<br />d’un temps sans majuscule et ses dates<br />sur lesquelles on butte<br />pour avoir des pieds<br />des pieds qui s’en vont à que'qu’ part<br />qui ont peut-être déjà froid<br />dans leurs chaussures trop cheap.<br /> </p> <p> </p> </div></div></div><div class="field field-name-field-taxo-rue field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Emplacement:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-de-rouen" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue de Rouen</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/avenue-bourbonni%C3%A8re" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Avenue Bourbonnière</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-sainte-catherine" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Sainte-Catherine</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-joliette" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Joliette</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/chez-vincent-sous-marins" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Chez Vincent Sous-Marins</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-notre-dame" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Notre-Dame</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-cuvillier" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Cuvillier</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-aylwin" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Aylwin</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-madalite-parcours field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Modalités du parcours:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/modalit%C3%A9s-du-parcours/marche-et-fl%C3%A2nerie" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Marche et flânerie</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-reseaux field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Réseau:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/r%C3%A9seau/jour" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Jour</a></div><div class="field-item odd"><a href="/r%C3%A9seau/parcs-et-squares" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Parcs et squares</a></div><div class="field-item even"><a href="/r%C3%A9seau/ruelles" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Ruelles</a></div><div class="field-item odd"><a href="/r%C3%A9seau/rues" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rues</a></div><div class="field-item even"><a href="/r%C3%A9seau/trottoirs" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Trottoirs</a></div></div></div> Mon, 16 Feb 2015 21:07:57 +0000 Marion Sénat 145 at http://hochelagaimaginaire.ca http://hochelagaimaginaire.ca/note-de-terrain/glanures#comments Une Hochelagaise http://hochelagaimaginaire.ca/note-de-terrain/une-hochelagaise <div class="field field-name-field-auteur field-type-entityreference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Auteur·e·s:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/individu/bourcier-hugo">Bourcier, Hugo</a></div></div></div><div class="field field-name-body field-type-text-with-summary field-label-hidden"><div class="field-items"><div class="field-item even" property="content:encoded"><p style="text-align: right;">(Crédits photo: Benoit Bordeleau)</p> <p style="text-align: right;"> </p> <p style="text-align: right;"><em>Pour investir de sens les toponymes, il faut savoir à quelles histoires ils renvoient, quels liens ils supposent et imposent; il faut ensuite les assumer.</em> - Nancy Huston</p> <p>      <br />I.</p> <p>Elle disait : la côte Sherbrooke. Elle disait : qu’on soit à l’est, qu’on soit à l’ouest, pour passer au nord, il faut toujours monter la côte qui mène à la rue Sherbrooke. Passage obligé.</p> <p>Et tout l’été, elle se levait tôt et allait s’attaquer à la côte, non pas jusqu’à Sherbrooke, mais au-delà – sa tête redressée en direction des panneaux : Rachel, Mont-Royal, St-Joseph – jusqu’à ce que ses jambes, rouges soleil, n’en puissent plus d’actionner le pédalier, et moi, je restais endormi dans la lumière blanche d’Hochelaga-Maisonneuve, rêvant, j’imagine, à des autoroutes, ou à des déserts, ou à des forêts – à des milliers de choses lointaines.</p> <p> </p> <p>II.</p> <p>J’avais dit : ceci est mon quartier. Du clocher de l’église Sainte-Jeanne-d’Arc, à la cime colorée des grands arbres, aux briques jaunes des murs de la station Joliette, lisses d’humidité souterraine. J’avais dit : ceci est ma rue. La rue de Rouen, jusqu’au viaduc – les bombes de peinture aérosol dans l’herbe jaunie, rougie – la Promenade Ontario, fourmilière de nuques en sueur – le Stade olympique, comme un sarcophage et l’écho des rires dans la nef – le boulevard Pie-IX, de long en large, autobus mille fois manqués et autant de fois rattrapés.</p> <p>C’était l’hiver. La voiture sans cesse remorquée – qui peut entendre le cri des sirènes des remorqueuses dans la nuit? Et qui veut entendre autre chose que le vent dans les branches nues, que le goutte-à-goutte depuis le plafond troué jusque dans la chaudière en plastique, que le froissement des couvertures dans les embrassades? Nous avions dit : ceci est notre quartier, et nous allions au ralenti sur les trottoirs, gesticulant, cartographiant au gré des bâtiments : ceci est l’endroit où nous achetons fruits, légumes, pain, riz; ceci est l’endroit où nous laissons souvent les pintes vides s’empiler trop vite; ceci est l’endroit où nous avons vu des films américains; ceci est l’endroit où nous sommes allés voir les étoiles et où nous avons rêvé au fleuve, à la lisière des entrepôts.</p> <p>Les matins de tempête sur Letourneux, en me rendant au travail, quand il ne fait plus nuit mais que le jour tarde encore : des enfants tirés dans des traîneaux, au milieu des rues lourdes de neige fraîche – souriants. Quelque chose comme le jaillissement des mots « se sentir chez soi » dans un cerveau tâtonnant.</p> <p> </p> <p>III.</p> <p>Ils disent : les commerces ferment sur Sainte-Catherine Est. Tout bouge vers Ontario, glisse vers le nord. Je m’imagine : les enseignes – certaines illisibles, d’autres en état mais pour toujours caduques – les cadenas rouillés reliant les grilles – les vieux journaux masquant les fenêtres. Le dépanneur 24h au coin De la Salle – le livreur, tenant d’une main le guidon de sa bicyclette, vante à un passant et à son chien les mérites d’une compagnie de téléphones cellulaires. Je m’imagine la 94 passer lentement, comme au milieu d’un désert – les passagers silencieux, proches du recueillement. Je me dis : désormais, c’est son quartier, ce sont ses rues. Je dors sans rêver, au nord de la rue Sherbrooke – bien au-delà. Trop de noms de rues pour arriver à les compter tous, pour n’en investir ne serait-ce qu’une fraction.</p> <p>Quand elle sera partie, elle aussi, j’ignore ce que je dirai. Peut-être aurai-je enfin compris que les territoires ne se laissent jamais saisir par personne.</p> <p> </p> <p>IV.</p> <p>Je sais qu’il y a un risque. Je me crée des frontières imaginaires – quand je descends la côte, je reste à l’ouest de Pie-IX, au nord d’Adam, à l’abri des lieux déjà éprouvés. Je lui concède sa part d’emprise.</p> <p>Il arrive que mon regard se braque – à l’aperçu d’une silhouette, du flottement d’un manteau, ou au son d’une voix. Toujours en vain. Oui, je sais que le risque est là. Ce sera peut-être au coin Pie-IX et La Fontaine, elle aura des sacs d’épicerie dans les mains, soufflant sous l’effort, le pas rapide. Ou devant l’Espace public, une main protégeant du vent la flamme d’un briquet, respirant la première bouffée d’une cigarette donnée par un ami. Ou encore dans la 125, la tête dans un roman – et je sortirai au prochain arrêt, pour éviter qu’elle ne tente un regard au-devant, en tournant la page, me heurtant de plein fouet comme on percute un étranger.</p> <p>Peu importent les circonstances, il n’y aura ni mot, ni silence. Il n’y aura pas d’instant. Je dirai : une Hochelagaise – une passante – une ombre. Rien d’autre.</p> </div></div></div><div class="field field-name-field-taxo-rue field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Emplacement:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/%C3%A9glise-sainte-jeanne-darc" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Église Sainte-Jeanne-d&#039;Arc</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-de-rouen" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue de Rouen</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-ontario" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Ontario</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/avenue-pie-ix" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Avenue Pie-IX</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/stade-olympique" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Stade Olympique</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/avenue-letourneux" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Avenue Letourneux</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-sainte-catherine" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Sainte-Catherine</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-notre-dame" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Notre-Dame</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-de-la-salle" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue De la Salle</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-adam" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Adam</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-la-fontaine" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue La Fontaine</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-generaux field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Mots-clés:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/mots-cl%C3%A9s-g%C3%A9n%C3%A9raux/carte" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Carte</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-madalite-parcours field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Modalités du parcours:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/modalit%C3%A9s-du-parcours/marche-et-fl%C3%A2nerie" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Marche et flânerie</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-reseaux field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Réseau:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/r%C3%A9seau/jour" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Jour</a></div><div class="field-item odd"><a href="/r%C3%A9seau/ruelles" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Ruelles</a></div><div class="field-item even"><a href="/r%C3%A9seau/rues" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rues</a></div><div class="field-item odd"><a href="/r%C3%A9seau/trottoirs" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Trottoirs</a></div></div></div> Wed, 28 Jan 2015 15:54:12 +0000 Hugo Bourcier 131 at http://hochelagaimaginaire.ca http://hochelagaimaginaire.ca/note-de-terrain/une-hochelagaise#comments Maisonneuve de glace http://hochelagaimaginaire.ca/note-de-terrain/maisonneuve-de-glace <div class="field field-name-field-auteur field-type-entityreference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Auteur·e·s:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/individu/deneault-marjolaine">Deneault, Marjolaine</a></div></div></div><div class="field field-name-body field-type-text-with-summary field-label-hidden"><div class="field-items"><div class="field-item even" property="content:encoded"><p>Marcher vite pour ne pas que l’hiver me rattrape, les bouts de doigts gelés ne doivent pas se perdre dans le canal bouché par un sac de vidanges éventré. J’ai peur de la suite des choses, mais je continue d’avancer, quitte à tomber en cours de route. C’est inévitable, je suis maintenant, trop engagée dans la marche du quartier pour faire demi-tour.</p> <p>Aveuglée par le bleu hypocrite du ciel sans nuage, je traverse rapidement la rue Hochelaga. Des mirages d’automobiles en vue, j’ai une pensée pour le boulevard Taschereau. Hochelaga empoussiérée aujourd’hui, tu lui ressembles un peu. Tes envolées de lampadaires ne me convainquent pas.</p> <p>Je ne veux pas mourir sur toi, Hochelaga.</p> <p>Un miroir abandonné me projette le reflet d’une adolescence en voie de disparition. Des autocollants à moitié arrachés, des noms de groupes oubliés me rappellent que je t’ai souvent marché, Maisonneuve, comme une limite, comme un exotisme du métro Préfontaine. Tu me donnais l’impression d’être ailleurs dans ces moments où je m’imaginais fuguer sur les autoroutes sans fin des États-Unis, avec rien d’autre qu’un livre, un couteau et quelques dollars.</p> <p>Je n’ai pas froid, j’ai frette de ta stérilité, de ton béton qui craque sous le poids de tes condos en carton. Je veux gueuler le désert de ton étalement urbain, mais je n’y arrive pas, j’ai les cordes vocales mêlées dans la douce odeur de sécheuse qui réchauffe tes trottoirs. Maisonneuve, chez toi, tout est plus large et je cherche, quelque part dans tes ruelles, une fiction de sécurité directement tirée de mes souvenirs.  </p> <p>Je ne veux pas mourir sur toi, de Rouen.</p> <p>J’ai trop sur le coeur ton Québec Linge et une vieille histoire de famille. Des réminiscences des heures de guet passées sur un banc d’en face en espérant croiser le hasard d’une rencontre. Voir ma mère en vrai ailleurs que sur <a href="https://www.google.ca/maps/@45.544743,-73.541406,3a,15y,23.3h,106.69t/data=!3m4!1e1!3m2!1sp1p0Hqbn3R9MmM-MNM3-_w!2e0?hl=fr">Google Street View</a>. Je me demande quelle circulaire elle regarde, assise de travers devant le 1653 de Chambly. Le Windex est peut-être en spécial chez Jean Coutu.</p> <p>Heureusement, le marché Maisonneuve s’ouvre devant comme un refuge. La vie reprend ici avec les dizaines de tables presque toutes occupées. Plusieurs personnes seules devant des journaux ou des livres. Près de la fenêtre, une dame relativement âgée ne cesse de noircir des feuilles. Des conversations s’échangent, mais rien n’arrive distinctement à mon oreille. Rien à voir avec la promiscuité du Tim Hortons, rien à voir avec Hochelaga. Les personnages sont ici en veilleuse. J’ai l’impression que tout le monde n’est que de passage, mais peut-être que je n’arrive pas à comprendre le lieu.</p> <p>Je ne veux pas mourir sur toi, Maisonneuve.</p> <p>J’aimerais plutôt remonter à mes origines et essayer de comprendre. Aux premiers jours de l’été, Aird m’a accueillie en ouvrant ses grandes portes rouges sur moi. À partir de là, tout m’a échappé : Darling et ses lilas, les nuits de batailles sur Ontario, le son du train et du frottement de fer sur Dézéry, une voisine qui crie rue De Chambly, les engueulades qui réveillent de la rue Adam.</p> <p>Neige noire sur Notre-Dame, retour au présent. Même l’hiver et ses flocons de silence n’arrivent pas à apaiser le vacarme incessant du progrès en marche. Je, on ne veut pas mourir sur toi Notre-Dame avec ton horizon qui n’existe pas. Le quartier est plus grand que tout cela, son imaginaire me dépasse.</p> <p>Et je ne veux pas mourir avec toi, Hochelaga.</p> </div></div></div><div class="field field-name-field-taxo-rue field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Emplacement:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-hochelaga" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Hochelaga</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-de-rouen" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue de Rouen</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-de-chambly" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue de Chambly</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-d%C3%A9z%C3%A9ry" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Dézéry</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/jean-coutu" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Jean Coutu</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-adam" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Adam</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-notre-dame" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Notre-Dame</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-darling" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Darling</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/march%C3%A9-maisonneuve" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Marché Maisonneuve</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/tim-hortons" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Tim Hortons</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-generaux field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Mots-clés:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/mots-cl%C3%A9s-g%C3%A9n%C3%A9raux/paysage" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Paysage</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-madalite-parcours field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Modalités du parcours:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/modalit%C3%A9s-du-parcours/marche-et-fl%C3%A2nerie" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Marche et flânerie</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-reseaux field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Réseau:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/r%C3%A9seau/jour" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Jour</a></div><div class="field-item odd"><a href="/r%C3%A9seau/ruelles" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Ruelles</a></div><div class="field-item even"><a href="/r%C3%A9seau/rues" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rues</a></div></div></div> Tue, 27 Jan 2015 20:07:29 +0000 Marjolaine Deneault 130 at http://hochelagaimaginaire.ca http://hochelagaimaginaire.ca/note-de-terrain/maisonneuve-de-glace#comments Parcours sauvage http://hochelagaimaginaire.ca/note-de-terrain/parcours-sauvage <div class="field field-name-field-auteur field-type-entityreference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Auteur·e·s:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/individu/rolland-chlo%C3%AB">Rolland, Chloë</a></div></div></div><div class="field field-name-body field-type-text-with-summary field-label-hidden"><div class="field-items"><div class="field-item even" property="content:encoded"><p> </p> <p style="margin-top: 1.5em; margin-right: 0px; margin-bottom: 1.5em; margin-left: 0px; padding-top: 0px; padding-right: 0px; padding-bottom: 0px; padding-left: 0px; line-height: 17px; text-align: justify; ">Je passe trop vite, le doigt sur le déclic. Le moteur chigne, les vitesses grincent. On m'attend quelque part et c'est le paysage que je gobe, celui que je suis venue chercher.<br />Le port est un espace interdit. Je roule, impossible de m'arrêter. La rue Notre-Dame est une voie de contournement pour éviter les lumières et les prostituées maganées de Ste-Cath, les lumières et les commerces barricadés d'Ontario, les lumières et les lumières d'Hochelaga.<br />Je reviendrai à pied pointer mon appareil vers les formes et les couleurs, mais il y a là, dans le parcours sauvage que je fais, une vision du quartier qui m'importe: la frontière. Le quartier et le port se font dos et s'ignorent, scindés par le trafic incessant, à toutes les heures de la journée, de la nuit.<br />Je vois le ciel maintenant, même que je ne vois que ça.</p> <div class="field field-type-nodereference field-field-flanerie" style="padding-top: 10px; padding-right: 0px; padding-bottom: 10px; padding-left: 0px; "> </div> </div></div></div><div class="field field-name-field-taxo-rue field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Emplacement:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-notre-dame" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Notre-Dame</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-generaux field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Mots-clés:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/mots-cl%C3%A9s-g%C3%A9n%C3%A9raux/architecture" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Architecture</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-madalite-parcours field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Modalités du parcours:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/modalit%C3%A9s-du-parcours/marche-et-fl%C3%A2nerie" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Marche et flânerie</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-reseaux field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Réseau:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/r%C3%A9seau/rues" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rues</a></div></div></div> Tue, 11 Nov 2014 05:00:00 +0000 Chloë Rolland 91 at http://hochelagaimaginaire.ca http://hochelagaimaginaire.ca/note-de-terrain/parcours-sauvage#comments