Hochelaga Imaginaire - Tim Hortons http://hochelagaimaginaire.ca/taxonomie-rue/tim-hortons fr Maisonneuve de glace http://hochelagaimaginaire.ca/note-de-terrain/maisonneuve-de-glace <div class="field field-name-field-auteur field-type-entityreference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Auteur·e·s:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/individu/deneault-marjolaine">Deneault, Marjolaine</a></div></div></div><div class="field field-name-body field-type-text-with-summary field-label-hidden"><div class="field-items"><div class="field-item even" property="content:encoded"><p>Marcher vite pour ne pas que l’hiver me rattrape, les bouts de doigts gelés ne doivent pas se perdre dans le canal bouché par un sac de vidanges éventré. J’ai peur de la suite des choses, mais je continue d’avancer, quitte à tomber en cours de route. C’est inévitable, je suis maintenant, trop engagée dans la marche du quartier pour faire demi-tour.</p> <p>Aveuglée par le bleu hypocrite du ciel sans nuage, je traverse rapidement la rue Hochelaga. Des mirages d’automobiles en vue, j’ai une pensée pour le boulevard Taschereau. Hochelaga empoussiérée aujourd’hui, tu lui ressembles un peu. Tes envolées de lampadaires ne me convainquent pas.</p> <p>Je ne veux pas mourir sur toi, Hochelaga.</p> <p>Un miroir abandonné me projette le reflet d’une adolescence en voie de disparition. Des autocollants à moitié arrachés, des noms de groupes oubliés me rappellent que je t’ai souvent marché, Maisonneuve, comme une limite, comme un exotisme du métro Préfontaine. Tu me donnais l’impression d’être ailleurs dans ces moments où je m’imaginais fuguer sur les autoroutes sans fin des États-Unis, avec rien d’autre qu’un livre, un couteau et quelques dollars.</p> <p>Je n’ai pas froid, j’ai frette de ta stérilité, de ton béton qui craque sous le poids de tes condos en carton. Je veux gueuler le désert de ton étalement urbain, mais je n’y arrive pas, j’ai les cordes vocales mêlées dans la douce odeur de sécheuse qui réchauffe tes trottoirs. Maisonneuve, chez toi, tout est plus large et je cherche, quelque part dans tes ruelles, une fiction de sécurité directement tirée de mes souvenirs.  </p> <p>Je ne veux pas mourir sur toi, de Rouen.</p> <p>J’ai trop sur le coeur ton Québec Linge et une vieille histoire de famille. Des réminiscences des heures de guet passées sur un banc d’en face en espérant croiser le hasard d’une rencontre. Voir ma mère en vrai ailleurs que sur <a href="https://www.google.ca/maps/@45.544743,-73.541406,3a,15y,23.3h,106.69t/data=!3m4!1e1!3m2!1sp1p0Hqbn3R9MmM-MNM3-_w!2e0?hl=fr">Google Street View</a>. Je me demande quelle circulaire elle regarde, assise de travers devant le 1653 de Chambly. Le Windex est peut-être en spécial chez Jean Coutu.</p> <p>Heureusement, le marché Maisonneuve s’ouvre devant comme un refuge. La vie reprend ici avec les dizaines de tables presque toutes occupées. Plusieurs personnes seules devant des journaux ou des livres. Près de la fenêtre, une dame relativement âgée ne cesse de noircir des feuilles. Des conversations s’échangent, mais rien n’arrive distinctement à mon oreille. Rien à voir avec la promiscuité du Tim Hortons, rien à voir avec Hochelaga. Les personnages sont ici en veilleuse. J’ai l’impression que tout le monde n’est que de passage, mais peut-être que je n’arrive pas à comprendre le lieu.</p> <p>Je ne veux pas mourir sur toi, Maisonneuve.</p> <p>J’aimerais plutôt remonter à mes origines et essayer de comprendre. Aux premiers jours de l’été, Aird m’a accueillie en ouvrant ses grandes portes rouges sur moi. À partir de là, tout m’a échappé : Darling et ses lilas, les nuits de batailles sur Ontario, le son du train et du frottement de fer sur Dézéry, une voisine qui crie rue De Chambly, les engueulades qui réveillent de la rue Adam.</p> <p>Neige noire sur Notre-Dame, retour au présent. Même l’hiver et ses flocons de silence n’arrivent pas à apaiser le vacarme incessant du progrès en marche. Je, on ne veut pas mourir sur toi Notre-Dame avec ton horizon qui n’existe pas. Le quartier est plus grand que tout cela, son imaginaire me dépasse.</p> <p>Et je ne veux pas mourir avec toi, Hochelaga.</p> </div></div></div><div class="field field-name-field-taxo-rue field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Emplacement:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-hochelaga" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Hochelaga</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-de-rouen" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue de Rouen</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-de-chambly" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue de Chambly</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-d%C3%A9z%C3%A9ry" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Dézéry</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/jean-coutu" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Jean Coutu</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-adam" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Adam</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-notre-dame" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Notre-Dame</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-darling" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Darling</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/march%C3%A9-maisonneuve" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Marché Maisonneuve</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/tim-hortons" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Tim Hortons</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-generaux field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Mots-clés:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/mots-cl%C3%A9s-g%C3%A9n%C3%A9raux/paysage" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Paysage</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-madalite-parcours field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Modalités du parcours:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/modalit%C3%A9s-du-parcours/marche-et-fl%C3%A2nerie" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Marche et flânerie</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-reseaux field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Réseau:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/r%C3%A9seau/jour" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Jour</a></div><div class="field-item odd"><a href="/r%C3%A9seau/ruelles" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Ruelles</a></div><div class="field-item even"><a href="/r%C3%A9seau/rues" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rues</a></div></div></div> Tue, 27 Jan 2015 20:07:29 +0000 Marjolaine Deneault 130 at http://hochelagaimaginaire.ca http://hochelagaimaginaire.ca/note-de-terrain/maisonneuve-de-glace#comments Hochelag à matin http://hochelagaimaginaire.ca/note-de-terrain/hochelag-%C3%A0-matin <div class="field field-name-field-auteur field-type-entityreference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Auteur·e·s:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/individu/s%C3%A9nat-marion">Sénat, Marion</a></div></div></div><div class="field field-name-body field-type-text-with-summary field-label-hidden"><div class="field-items"><div class="field-item even" property="content:encoded"><p>Quand tu quittes Hochelaga, tu te mets en tête de tout r’monter, même si l’soleil s’est levé que d’un côté de la rue. C’est comme une grande migration à matin, une migration étrange, en plein hiver tout ce monde qui s’en va vers le Nord. C’est comme un grand départ pour faire le silence, pour laisser la matinée aux chats, au lent dérapage du soleil et à celles-ceux qui restent et qui sont tranquilles, enfin. Le crissement des bottes sur la neige, vu du haut de la rue Hochelaga on dirait presque une file d’alpinistes qui remontent de Chambly, une file qui chaloupe, qui zigzague pour éviter les plaques de givre, qui glisse et rattrape de justesse la seconde qui l’aurait fait valdinguer. Mais qui ralentit pas le pas, qui charge presque, habitée d’une mélodie qu’on n’entend pas. Un défilé où ça marche lentement aussi, pour sentir le froid, le matin, tenter de capter tout ce que l’aube pousse de secret dans le dos, ce qu’elle promet avec ses rayons qui étirent de grandes ombres sur la rue.</p> <p>Le reste s’éveille.</p> <p>Chez Lian, laverie rue Ontario, les chaises sont enchaînées, c’est tout propre y'a personne, y'a la radio, un petit écran qui montre ce que voient les caméras de surveillance, le monsieur de la radio qui parle tout seul, qui propose aux laveuses et à la machine, pour faire du change, d’appeler pour tenter de gagner un voyage d’une semaine dans le Sud. Et les paniers en plastique, prêts, bien alignés sur le bord des machines. Ils se regardent dans les hublots, en face, en plein dans le temps sans minutes de l’attente – ou avec beaucoup trop de minutes, à l’attend’ que ça arrive.</p> <p>Y'a pas de solitude sur la rue Ontario pourtant, y'a les chums qui sortent du Tim Hortons avec un café immense et une boîte sucrée et qui montent illico dans leur voiture pour crisser leur camp où on les appelle. Ya elle, pis elle qu’attendent devant des portes d’entrée. É r’gard’ passer l’monde, en en grillant une, pis deux, pis d’autres encore. É z'attendent les habitués, c’est comme si é vérifiaient qu’y passent à l’heure : la dame toute fripée avec son sac Dollarama, les ouvriers qui refont les canalisations, les types qui vont à la taverne à dix heures, ceux qui vont au Jean Coutu – tous bien peignés, ceux qui sentent le frais et ceux qui sentent la crasse. Ce matin y'a du soleil, ça circule, mais les jours où il neige, j’te parie mon chum, qu’elles continuent à r’garder depuis la f’nêtre au cas où passerait ce qu’elles ne savent pas qu’elles espèrent – au cas où ça se découvrirait d’un coup, sous le blanc, ce qui les sort dehors tous les jours à matin. Suprême, y'a aussi une chaise sur un balcon au dernier étage qui check ben ça, toute ça. Toute ces va-et-vient comme autant d’engrenages d’une grosse machine à fabriquer on ne sait quoi et d’où fusent parfois de petites escarbilles qui pètent, paf !, comme du bois de pin dans la cheminée.</p> <p>Y'a aussi les déneigeurs de trottoirs qui jasent devant la Nativité-de-la-Sainte-Vierge et qui m’demandent de prier pour eux, les caissières du Métro qui sont tannées et qui rigolent parce que l’absurdité vaut mieux en rire, des bouts de papiers qui s’envolent et tout ce qui est trop, qui me saute aux yeux et qui m’est invisible – et toutes les ruelles silencieuses où les chats font des traces de pas mais pas de bruit. De la trame des jours on ne voit que l’affleure – comme le rétro d’un van qui découvre d’un reflet le soleil, dans un banc d’neige.</p> <p>En face de la Nativité-de-la-Sainte-Vierge-d’Hochelaga, désormais ouverte seulement aux horaires de la messe, deux cabines Bell défilent le même message : « Veuillez décrocher… »</p> <p>Ça l’appelle. On ne dit pas qui est le « l’ ». Ça l’appelle c’est tout.</p> </div></div></div><div class="field field-name-field-taxo-rue field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Emplacement:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/%C3%A9glise-nativit%C3%A9-de-la-sainte-vierge-dhochelaga" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Église Nativité-de-la-Sainte-Vierge-d&#039;Hochelaga</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-hochelaga" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Hochelaga</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-de-chambly" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue de Chambly</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-ontario" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Ontario</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/chez-lian" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Chez Lian</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/tim-hortons" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Tim Hortons</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/jean-coutu" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Jean Coutu</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/dollorama" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Dollorama</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-generaux field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Mots-clés:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/mots-cl%C3%A9s-g%C3%A9n%C3%A9raux/paysage" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Paysage</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-madalite-parcours field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Modalités du parcours:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/modalit%C3%A9s-du-parcours/marche-et-fl%C3%A2nerie" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Marche et flânerie</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-reseaux field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Réseau:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/r%C3%A9seau/jour" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Jour</a></div><div class="field-item odd"><a href="/r%C3%A9seau/ruelles" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Ruelles</a></div><div class="field-item even"><a href="/r%C3%A9seau/rues" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rues</a></div><div class="field-item odd"><a href="/r%C3%A9seau/trottoirs" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Trottoirs</a></div></div></div> Tue, 27 Jan 2015 15:50:45 +0000 Marion Sénat 128 at http://hochelagaimaginaire.ca http://hochelagaimaginaire.ca/note-de-terrain/hochelag-%C3%A0-matin#comments Hochelaga imaginaire http://hochelagaimaginaire.ca/note-de-terrain/hochelaga-imaginaire <div class="field field-name-field-auteur field-type-entityreference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Auteur·e·s:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/individu/gervais-bertrand">Gervais, Bertrand</a></div></div></div><div class="field field-name-body field-type-text-with-summary field-label-hidden"><div class="field-items"><div class="field-item even" property="content:encoded"><div style="text-align: right"> </div> <div style="text-align: right">Tout le monde finit toujours par revenir chez Tim Hortons.</div> <div style="text-align: right">Marjolaine  Deneault</div> <div style="text-align: right"> </div> <div> <div> <div>Je ne connais pas Hochelaga. </div> <div>Je ne connais rien d’Hochelaga. </div> <div>Je n’y ai jamais habité. </div> <div> </div> <div>J’y ai visité des amis. </div> <div>J’y ai mangé une poutine. </div> <div>Un club sandwich.</div> <div>Une pizza.</div> <div>Un cheeze burger.</div> <div>J’ai bu des bières au Atomic café.</div> </div> <div>Mangé des brownies chez Sandrine.</div> <div>Mais je n’ai pas mis les pieds dans son Tim Hortons. Quand je suis au Québec, j’évite le plus possible les Tim Hortons, ça n'a rien à voir avec de l’anti-canadianisme, c’est de l’anti-fastfood, pis une histoire de famille.</div> <div>Je n’y mets les pieds que sur la route, au moment de prendre de l’essence ou de m’arrêter pour une pause pipi. J’entre chez Tim Hortons, quand j’ai le choix entre McDonalds, Burger King, Poulet Frit Kentucky, Ming et Tim. Je prends un torsadé au miel avec un petit café bouillant, et je retourne docilement derrière le volant.</div> <div> <div>Mais à Hochelaga ou ailleurs à Montréal, non. Pas envie. Pas besoin. Je trouve les Tim Hortons déprimants, avec leurs tables en Formica et leur céramique de plancher de couleur crème anglaise. Pis l’odeur. L’odeur fade d’huile bon marché surchauffée et légèrement rance. L’odeur de la vieillesse et de l’attente. De ces attentes qui commencent quand on a oublié ce qui était absent. Une attente oubli, une attente désœuvrement, une attente Formica, faite de napkins tachées de gras et de crème au chocolat, d’assiettes en carton et de tasses en styrofoam aux rebords brisés.</div> <div> </div> <div> </div> <div style="text-align: center;">*</div> <div style="text-align: center;"> </div> <div> <div> <div> <div>Je ne connais pas Hochelaga. </div> <div>Je ne connais rien d’Hochelaga. </div> </div> <div>Je n’y ai jamais habité. </div> </div> <div> </div> <div>Mais, j’ai souvent attendu la 67 au métro Joliette, juste à côté du dépanneur. J’ai fait la queue comme tout le monde, attentif aux conversations, aux menus signes d’irritation. Les jeunes qui reviennent de l’école. Les femmes qui sortent des bureaux. Les hommes en bottes de travail. Pis moi, mon sac à dos entre les jambes, mes écouteurs aux oreilles, mes mains dans mes poches. J’ai toujours froid quand j’attends la 67 sur Hochelaga. Le vent arrive de l’ouest. J’enfonce mon chapeau, je serre les coudes, tout en grelottant.</div> <div> <div> </div> <div>Je suis descendu par erreur à Préfontaine. Et je me suis trompé de direction pour rejoindre la 67, marchant vers Frontenac plutôt que Joliette. Irrité par ma propre incurie. </div> </div> <div> </div> <div>J’ai marché sur Darling, sur Cuvillier, sur St-Germain, sur Aylwin, Adam et d’Orléans, avec Benoit, Marjolaine, Virginie, David et les autres. </div> <div> </div> <div>J’ai marché sur Hochelaga jusqu’à rejoindre la rue Bercy où habite un couple d’amis. Ils ont une cour arrière, un sous-sol, des murs recouverts de bois. Des polonais vivent dans la maison d'à côté, ou est-ce des ukrainiens? Je ne sais plus. Mais leur demeure est étrangement barricadée. Comme si la guerre n’avait jamais fini. Des caisses de bois dans la cour arrière, des vitres recouvertes de carton, des chaises pliantes aux coussins déchirés, des cages d’oiseaux abandonnées, et des chats, des chats, un peloton de chats miaulant et violents qui se battent jusque tard dans la nuit. </div> <div> <hr style="display:none;-evernote-encp-section-break:true;" /><p> </p> <p style="text-align: center;">*</p> <div> <div> <div>Je ne connais pas Hochelaga. </div> <div>Je ne connais rien d’Hochelaga. </div> </div> <div>Je n’y ai jamais habité. </div> <div> </div> </div> <div>Je viens de l’ouest de la ville, au nord de Côte-des-neiges en fait, du côté des Anglais et des nouveaux riches. </div> <div>J’ai bummé sur les tracks, celles au sud de Jean-Talon. J’ai acheté des pétards à mèche chez Beaucage. C’était étrange chez Beaucage, comme un magasin général en plein cœur de Montréal. Relents de <i>Mon oncle Antoine</i>. Des étagères de bébelles, des jeux pour enfants, des carabines, des appeaux, d'autres articles de chasse, des produits nettoyants, des feux d’artifices. Entrer dans le magasin, c’était reculer de trente ans. Le plancher de bois non vernis craquait. Les deux vieux derrière le comptoir fumaient leur cigare en servant les clients. Le bruit de la caisse enregistreuse résonnait dans tout le magasin.  </div> <div> <hr style="display:none;-evernote-encp-section-break:true;" /></div> <div>J’y étais entré la première fois avec mon père qui cherchait un tournevis à tête carrée. Il fumait des Rothmans King Size qu’il achetait en cartoon. Des paquets bleus et blancs, très chics. Très anglais. Très nous-sommes-arrivés-on-ne-peut-rien-nous-enlever-et-nous-adhérons-aux-valeurs-en-place.  </div> <div>Des Rothmans achetées chez Beaucage. Des cigarettes sèches et goudronnées.</div> <div>J’ai fumé ma première Rothmans au sous-sol, à côté du soupirail, envahi peu à peu d'une nausée verdâtre. J’en avais volé trois dans un paquet qui trainait sur la table à café. Je les avais mises dans un autre paquet jeté aux ordures, avec une boîte d’allumettes en partie vidée. </div> <div>J’ai fumé les deux autres avec Thibault sur les tracks derrière chez lui, le dos contre le mur de briques d'une usine désaffectée. </div> <div>J’ai fumé des Rothmans, pis après des Export A, des Players, des du Maurier, des Gitanes, et je me suis roulé des cigarettes avec du tabac Drum. Juste à écrire le nom, l’odeur du Drum me revient à l’esprit.</div> <div> </div> <div> </div> <div style="text-align: center;">*</div> <div> </div> <div> <div> <div>Je ne connais pas Hochelaga. </div> <div> <div>Je ne connais rien d’Hochelaga. </div> </div> <div>Je n’y ai jamais habité. </div> </div> <div> </div> <div>Mon père a longtemps trainé dans un Tim Hortons. Il était un de ces vieux qu’on y rencontre le matin après neuf heures, devant une tasse de café et une assiette vide. Quand il n’était pas chez Tim, il était au McDo. Il n’avait pas d’amis, mais des connaissances. Et ils lisaient ensemble le <i>Journal de Montréal</i>, commentaient l’actualité, se grattaient la tête, laissaient les heures s’écouler. Quand la faune du midi arrivait, il s’éclipsait, retournait dans son un et demi écouter les lignes ouvertes sur la bande AM. Tout le monde outré. Tout le monde tout le temps. </div> <div> <div>Quand je le cherchais, j’entrais dans le Tim, faisais le tour des tables, attendais quelques instants, puis repartais. Je passais ensuite au McDo, puis regardais sur les bancs publics avant de retourner à la maison. </div> <div>Ça me faisait rien de ne pas le voir, ce que j’aimais, c’était la possibilité de la rencontre: passer, saluer, repartir.  Pas de vraie conversation, juste une tape sur l’épaule, deux ou trois mots insignifiants, un sourire. On n’avait plus rien à se dire après tout ce qui s’était passé. Mais ça faisait du bien de juste vérifier qu’il était toujours en vie. </div> <hr style="display:none;-evernote-encp-section-break:true;" /><div> </div> <div>Mes déambulations dans Hochelaga me remettent dans cet état d’esprit.</div> </div> <div>C’est pas que je m’attends à le retrouver au coin d’une rue ou sur un banc – il est mort depuis longtemps et je ne l’ai jamais vu en spectre –, mais mes sorties dans les rues du quartier me ramènent à cet état de disponibilité.</div> <div>Tout devient possible.</div> <div>Je marche au présent, mais mon esprit explore les strates du passé. Mes pas me conduisent dans un lieu que je suis seul à connaître et que j'explore comme s’il s’agissait d’un palais de mémoire, d’un palais ramené à la lumière par mes pas, un à un. </div> <div> <div> </div> <div>Je ne connais pas Hochelaga.  </div> <div>Mais le quartier maintenant m'habite. </div> </div> </div> </div> </div> </div> </div> <p> </p> </div></div></div><div class="field field-name-field-taxo-rue field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Emplacement:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-ontario" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Ontario</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/chez-sandrine" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Chez Sandrine</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/tim-hortons" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Tim Hortons</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/atomic-caf%C3%A9" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Atomic Café</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-hochelaga" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Hochelaga</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/station-joliette" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Station Joliette</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/station-pr%C3%A9fontaine" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Station Préfontaine</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-darling" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Darling</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-cuvillier" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Cuvillier</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-saint-germain" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Saint-Germain</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-aylwin" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Aylwin</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-adam" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Adam</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/avenue-dorl%C3%A9ans" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Avenue d&#039;Orléans</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-bercy" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Bercy</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-generaux field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Mots-clés:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/mots-cl%C3%A9s-g%C3%A9n%C3%A9raux/urbanisme" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Urbanisme</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-madalite-parcours field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Modalités du parcours:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/modalit%C3%A9s-du-parcours/marche-et-fl%C3%A2nerie" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Marche et flânerie</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-reseaux field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Réseau:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/r%C3%A9seau/jour" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Jour</a></div><div class="field-item odd"><a href="/r%C3%A9seau/trottoirs" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Trottoirs</a></div></div></div> Thu, 22 Jan 2015 21:42:01 +0000 Bertrand Gervais 126 at http://hochelagaimaginaire.ca http://hochelagaimaginaire.ca/note-de-terrain/hochelaga-imaginaire#comments Croiser Hochelaga http://hochelagaimaginaire.ca/note-de-terrain/croiser-hochelaga <div class="field field-name-field-auteur field-type-entityreference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Auteur·e·s:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/individu/deneault-marjolaine">Deneault, Marjolaine</a></div></div></div><div class="field field-name-body field-type-text-with-summary field-label-hidden"><div class="field-items"><div class="field-item even" property="content:encoded"><p> </p> <div class="dnd-atom-wrapper type-audio context-sdl_editor_representation"> <div class="dnd-drop-wrapper"><!-- scald=98:sdl_editor_representation --><div class='image'><object type="application/x-shockwave-flash" data="/sites/all/modules/ajout-nt2/scald/modules/providers/scald_audio/libraries/dewplayer/dewplayer-playlist.swf" width="200" height="20" id="dewplayer-98" name="dewplayer"> <param name="movie" value="/sites/all/modules/ajout-nt2/scald/modules/providers/scald_audio/libraries/dewplayer/dewplayer-playlist.swf" /> <param name="flashvars" value="mp3=http://hochelagaimaginaire.ca/sites/hochelaga-dev.aegirnt2.uqam.ca/files/atoms/audio/marjolainedeneault_audio2.mp3" /> <param name="wmode" value="transparent" /> </object> </div><!-- END scald=98 --></div> <div class="dnd-legend-wrapper"> <div class="meta"> <!--copyright=98--><p>marjolainedeneault_audio2.mp3, by Marjolaine Deneault</p> <!--END copyright=98--></div> </div> </div> <p><strong>1. Parc Préfontaine</strong></p> <p>Il y a au moins un million cent soixante et onze mille trois cent cinquante-cinq personnes qui te traverse, ô Parc Préfontaine, pour entrer dans tes profondeurs par la bouche chaude de ta station et de ton édicule futuriste d’un autre temps. Si certains t’empruntent pour te quitter, d’autres te roulent dessus, sur les <em>setups homemades</em> de ton <em>skate park</em> en sortant leurs <em>best tricks</em> de compétition pour les après-midi de mongol. D’autres te foulent avec des vieilles <em>mitts</em> de baseball tout en courant après une balle et en pilant dans le lac derrière le marbre qui n’arrive pas à disparaître depuis la dernière pluie. Des chiens te pissent dessus et les enfants tombent sur ton asphalte en s'éraflant les genoux.</p> <p><strong>2. Bowling Darling</strong></p> <p>Dans l’antre des boules qui roulent du Bowling Darling, la paix règne, contrebalançant les « ostis de tabarnak » des gars chauds du Davidson et des Patriotes. Ici, on y va de grâce et d’huile de poignet pour accomplir la valse des abats et des réserves et on souhaite entendre son nom au micro pour applaudir sa partie parfaite. On y rencontre les vieux <em>chums</em> de longue date, les <em>kids</em> de la Maison des Jeunes, les pères et leurs enfants à la semaine partagée, les couples d’adolescents qui se <em>frenchent</em> en attendant que le temps passe. Mais on y rencontre surtout son propre reflet dans le cirage des allées quand on se penche trop près du sol pour enligner son coup. Vaut mieux regarder drette devant.  </p> <p><strong>3. Davidson Lunch</strong></p> <p>En sortant sur le trottoir, en profiter pour arrêter prendre un <em>break</em> en passant la porte grande ouverte du Davidson Lunch. Croiser le regard de Diane la serveuse et se recentrer un peu dans ses souvenirs. S’en remettre entièrement à cette experte du pain quotidien et de la soupe du jour, du café toujours servi au bon moment et du verre d’eau toujours plein. Être attentif aux modes d’usage du lieu qu’elle nous enseigne sans le vouloir dans la manière qu’elle dirige son pas décidé vers les tables pour nous suggérer le bien vivre, le bien-être et le bien manger. Sourire à cette rassembleuse de parcelles de tous les jours et quitter en réalisant qu’on ne connaît plus les habitudes de cet endroit pourtant si familier.<br /> </p> <p><strong>4. Plaza Ontario</strong></p> <p>La grande échelle d’enseignes au coin Aylwin et Ontario attire le regard en fendant l’horizon. En elle se charge le souvenir de la Plaza Ontario, l’ancien centre commercial de l’artère qui rassemblait les preneurs de café perpétuels et les âmes solitaires en quête d’une bribe de conversation. Illuminant les environs, il s’agit toujours d’un point de repère pour le camelot de <em>l’Itinéraire</em> qui essaie de capter des regards à la sortie du Jean Coutu ou le quêteux du moment qui demande « un p’tit deux piastres pour manger ».  Le Dollarama ne fournit pas, même si une autre succursale existe quelques coins de rue plus à l’Est. Le mercredi, il ferme à 19h pour accommoder la clientèle.</p> <p><strong>5. Tim Hortons</strong></p> <p>S’accrocher les pieds au Tim Hortons, coin De Chambly, pour y croiser la vie du quartier. C’est bien connu, jeunes, vieux, pauvres ou riches, tout le monde va et vient chez Tim Hortons. Après la fermeture de quelques-unes des institutions de la rue Ontario, l’arrivée d’une succursale de la célèbre chaîne a fait le bonheur des flâneurs quotidiens souhaitant étirer « un grand café 2 sucres 2 laits ». Mais ici, le quartier est tissé serré avec ses habitués et leurs habitudes. On sent que si on dépasse le temps réglementaire pour engloutir un beigne et un café, les regards se font de plus en plus lourds. On se sent envahi puisqu’ils sont tous là, autour, en attente d’exister.  </p> <p><strong>6. La Belle Province</strong></p> <p>Quelques coins de rue plus loin, La Belle Province offre, habituellement, une ambiance similaire. Mais là, la marde est pognée. Pas besoin de dessin pour savoir que l’ambiance n’est pas aux histoires d’amour et aux beaux compliments. La serveuse a hâte de finir son <em>shift</em>, les choses ne roulent pas à sa manière. Les clients s’impatientent; les hangover veulent ingérer la sainte graisse regénératrice, les téteux de café veulent un <em>refill</em>. Ça doit faire deux mille cinq cents fois qu’elle fait l’allée-retour entre sa caisse et les banquettes du restaurant depuis qu’elle a ouvert à sept heures du matin. Elle doit rêver au moment où elle va pouvoir enfin s’asseoir sur son Lazy-Boy, en enlevant doucement ses souliers, la télé ouverte pour masquer le silence ambiant.</p> <p><strong>7. La Place Valois</strong></p> <p>Sur la Place Valois, une cicatrice de pavés a remplacé le ballast de la grande track qui fendait le quartier en deux où passait la ligne du <em>Chateauguay &amp; Northern Railway Company</em>. Nouveau centre d’une revitalisation qui explose doucement, place publique en devenir côtoyant le bourgeon commercial de la renaissance du phoenix hochelagais, il s’agit également d’une aventure en zone défavorisée pour Laurendeau, Boutros, Pratte et Samcon, les redéveloppeurs d’expérience urbaine avec des prix inférieurs à la moyenne. Valois-sur-le-Parc ou <em>Boxing Day</em> du logement de la demande vive, son épicentre coeur-de-pierre rêvé par le gratin du quartier passe doucement, lentement, d’un miniputt de garnotte à un réservoir habitable pour un village qui se cherche et essaie de se retrouver quelque part sur Ontario.</p> <p><strong>8. La Pataterie</strong></p> <p>À La Pataterie, on se retrouve aussi. On peut prendre ce qu’on veut parce que c’est le premier du mois après tout, mais beaucoup sont seuls devant un café dans un verre en styromousse ou devant une patate sel-ketchup-vinaigre. Si pour les consommateurs, tout doit être « simple et frais » comme le stipule la devise du restaurant, pour les travailleurs, c’est plutôt simple et morne. Dans ce temple où l’application du taylorisme donne naissance à des chef-d’oeuvres de <em>hot-doïlle</em> et de <em>cheese-bacon</em>, la calleuse de commandes parle dans le vide, la laveuse de table repasse pour la vingtième fois par-dessus le travail déjà fait et le flipeux de boulettes parle tout seul, le regard vide.</p> <p>J’ai croisé Hochelaga dans le Parc Préfontaine, au Bowling Darling, au Davidson Lunch, dans la Plaza Ontario, au Tim Hortons, à la Belle Province, sur la Place Valois et à la Pataterie.</p> <p>J’ai croisé Hochelaga à l’intérieur des conversations entendues, des mots criés, des voix chuchotées, dans les photos prises sur le vif et les images d’archives.</p> <p>Mais j’ai surtout croisé Hochelaga dans ma mémoire.</p> </div></div></div><div class="field field-name-field-taxo-rue field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Emplacement:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/restaurant-davidson" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Restaurant Davidson</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-ontario" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Ontario</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-davidson" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Davidson</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/parc-pr%C3%A9fontaine" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Parc Préfontaine</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/bowling-darling" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Bowling Darling</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/plaza-ontario" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Plaza Ontario</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/tim-hortons" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Tim Hortons</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/la-belle-province" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">La Belle Province</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-aylwin" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Aylwin</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-de-chambly" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue de Chambly</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/place-simon-valois" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Place Simon-Valois</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/la-pataterie" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">La Pataterie</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-madalite-parcours field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Modalités du parcours:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/modalit%C3%A9s-du-parcours/marche-et-fl%C3%A2nerie" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Marche et flânerie</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-reseaux field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Réseau:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/r%C3%A9seau/caf%C3%A9s" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Cafés</a></div><div class="field-item odd"><a href="/r%C3%A9seau/parcs-et-squares" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Parcs et squares</a></div><div class="field-item even"><a href="/r%C3%A9seau/ruelles" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Ruelles</a></div><div class="field-item odd"><a href="/r%C3%A9seau/rues" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rues</a></div></div></div> Wed, 10 Dec 2014 05:00:00 +0000 Marjolaine Deneault 96 at http://hochelagaimaginaire.ca http://hochelagaimaginaire.ca/note-de-terrain/croiser-hochelaga#comments Le temps d'un Grand (2 sucres, 2 laits) http://hochelagaimaginaire.ca/note-de-terrain/le-temps-dun-grand-2-sucres-2-laits <div class="field field-name-field-auteur field-type-entityreference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Auteur·e·s:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/individu/deneault-marjolaine">Deneault, Marjolaine</a></div></div></div><div class="field field-name-body field-type-text-with-summary field-label-hidden"><div class="field-items"><div class="field-item even" property="content:encoded"><p> </p> <p style="margin-top: 1.5em; margin-right: 0px; margin-bottom: 1.5em; margin-left: 0px; padding-top: 0px; padding-right: 0px; padding-bottom: 0px; padding-left: 0px; line-height: 17px; text-align: justify; ">Revenir au Tim Hortons pour une troisième fois, m’y accrocher toujours les pieds. Réaliser que contrairement aux cafés que je préfère, où les lattés sont bons et l’atmosphère tranquille, c’est ici que se croise la vie du quartier. Rentrer dans son âme comme avant.</p> <p style="margin-top: 1.5em; margin-right: 0px; margin-bottom: 1.5em; margin-left: 0px; padding-top: 0px; padding-right: 0px; padding-bottom: 0px; padding-left: 0px; line-height: 17px; text-align: justify; ">------</p> <p style="margin-top: 1.5em; margin-right: 0px; margin-bottom: 1.5em; margin-left: 0px; padding-top: 0px; padding-right: 0px; padding-bottom: 0px; padding-left: 0px; line-height: 17px; text-align: justify; ">L’endroit n’existe pas depuis longtemps, mais il transpire l’authenticité : c’est bien connu, tout le monde fini par atterrir, un jour ou l’autre, chez Tim Hortons. Quand j’étais jeune, le Tim Hortons le plus proche, c’était celui l’autre bord du viaduc, en face du Sexe Mania. Y’en avait pas dans Hochelaga. À la place de l’emplacement actuel, y’avait un espèce de bazar de lumière et de plastique. Pis après, un magasin d’électroménagers usagés pas cher. Pis après, plus rien. Juste de grandes lettres fluos un peu partout sur la vitrine pour rappeler son existence passée.</p> <p style="margin-top: 1.5em; margin-right: 0px; margin-bottom: 1.5em; margin-left: 0px; padding-top: 0px; padding-right: 0px; padding-bottom: 0px; padding-left: 0px; line-height: 17px; text-align: justify; ">On allait chez Dunkin Donuts à la place, en face du Jean Coutu sur Ontario. Les beignes étaient vraiment meilleurs et ça faisait moins loin pour prendre un café. Mon grand-père préférait aller au Valentine au coin de la rue Joliette. Les autres traînaient à La Québécoise, Au Davidson Lunch, à La Pataterie, Au Roi d’Ontario, à La Belle Place, Chez Clo et partout ailleurs où le café était beau, bon pis pas cher. Surtout pas cher.</p> <p style="margin-top: 1.5em; margin-right: 0px; margin-bottom: 1.5em; margin-left: 0px; padding-top: 0px; padding-right: 0px; padding-bottom: 0px; padding-left: 0px; line-height: 17px; text-align: justify; ">Après la fermeture de quelques-unes de ces institutions, l’arrivée du Tim Hortons dans Hochelaga a fait le bonheur des flâneurs quotidiens en quête d’un endroit où se poser et étirer « un grand café 2 sucres, 2 laits ». Jeunes, vieux, pauvres et riches, tout le monde va et vient chez Tim Hortons.</p> <p style="margin-top: 1.5em; margin-right: 0px; margin-bottom: 1.5em; margin-left: 0px; padding-top: 0px; padding-right: 0px; padding-bottom: 0px; padding-left: 0px; line-height: 17px; text-align: justify; ">C’est donc là que je reviens, en quête d’histoires et de vies inconnues qui me permettraient de « faire lien » avec ces dizaines de clichés d’objets et de déchets que je ne cesse de récolter à chacune de mes visites.</p> <p style="margin-top: 1.5em; margin-right: 0px; margin-bottom: 1.5em; margin-left: 0px; padding-top: 0px; padding-right: 0px; padding-bottom: 0px; padding-left: 0px; line-height: 17px; text-align: justify; ">-------</p> <p style="margin-top: 1.5em; margin-right: 0px; margin-bottom: 1.5em; margin-left: 0px; padding-top: 0px; padding-right: 0px; padding-bottom: 0px; padding-left: 0px; line-height: 17px; text-align: justify; ">Aujourd’hui, je suis sur une scène. 9 tables sont devant moi et une sur mon côté gauche, où il y a quelques secondes, une transaction semblait se dérouler.</p> <p style="margin-top: 1.5em; margin-right: 0px; margin-bottom: 1.5em; margin-left: 0px; padding-top: 0px; padding-right: 0px; padding-bottom: 0px; padding-left: 0px; line-height: 17px; text-align: justify; ">J’y ai reconnu ce gars que je voyais constamment sur la rue Ontario près du Jean-Coutu et qui quêtait « un p’tit 2 piastres pour manger ». Il se faisait insistant et si on passait devant lui sans lui porter attention, il nous interceptait. Si on lui donnait rien, il nous envoyait chier tout simplement. Il traîne désormais ses pieds près de l’UQÀM, dans le métro à la sortie des cours. Mais ce matin, il n’avait rien d’un traîneur et sa voix était remplie de conviction.</p> <p style="margin-top: 1.5em; margin-right: 0px; margin-bottom: 1.5em; margin-left: 0px; padding-top: 0px; padding-right: 0px; padding-bottom: 0px; padding-left: 0px; line-height: 17px; text-align: justify; ">Il était accompagné d’un gars dans la trentaine. Un manteau trop grand, mais les poches pleines de mystères. Un tatoo de guerre sur la main, probablement fait au crayon Bic. Une chaîne en argent, épaisse, lourde. Une casquette des Canadiens. Un dealer probablement.</p> <p style="margin-top: 1.5em; margin-right: 0px; margin-bottom: 1.5em; margin-left: 0px; padding-top: 0px; padding-right: 0px; padding-bottom: 0px; padding-left: 0px; line-height: 17px; text-align: justify; ">En face de moi, un homme à l’air singulier qui cherche tout le monde du regard. Alors que les deux dealers à ma gauche désertent tranquillement leur table, il me fixe et profite de mes yeux qui divaguent pour m’aborder. Il me parle de mon ordinateur sur lequel je continue de taper frénétiquement. Je ne comprends pas trop, le fait répéter et il me parle toujours très vite, avec des mots à moitié mâchés. Le laisse parler. Me dit que son chum de gars avait trouvé une batterie neuve qui pourrait fitter dans mon ordinateur. Mais lui avait un Acer, pas pentoute comme moi. De toute façon, la batterie, il l’a donnée à une fille dans un autre café. Me dit que ça vaut au moins 60$, lui répond que c’est probablement plus. Me dit que c’est ben moins cher quand on fait comme son gars, pis qu’on magasine sur Internet. Lui souhaite bonne journée tandis qu’il déserte également.</p> <p style="margin-top: 1.5em; margin-right: 0px; margin-bottom: 1.5em; margin-left: 0px; padding-top: 0px; padding-right: 0px; padding-bottom: 0px; padding-left: 0px; line-height: 17px; text-align: justify; ">C’est au tour d’un joli couple de personnes âgées de m’aborder. Me parle encore de mon ordinateur. L’homme me demande si c’est lourd à transporter. Lui donne pour qu’il le pèse, lui explique qu’il existe des modèles plus léger encore. Sa femme inquiète dit que c’est bien beau, mais que ça prend Internet pour utiliser ça. Mais son mari n’est pas inquiet lui. C’est pas cher Internet pis avec La Source, ils vont pouvoir avoir un deal. Leur souhaite bonne journée.</p> <p style="margin-top: 1.5em; margin-right: 0px; margin-bottom: 1.5em; margin-left: 0px; padding-top: 0px; padding-right: 0px; padding-bottom: 0px; padding-left: 0px; line-height: 17px; text-align: justify; ">Me sentir imposteur. Un ordinateur comme le mien, ça fitte bien avec un beau latté avec d’la mousse en coeur. Dans un décor épuré, avec d’la musique indie. Avec des images douces esthétisées, avec un barista à la dernière mode. Dans un Tim Horton d’Hochelaga, c’est toujours un peu plus suspect.</p> <p style="margin-top: 1.5em; margin-right: 0px; margin-bottom: 1.5em; margin-left: 0px; padding-top: 0px; padding-right: 0px; padding-bottom: 0px; padding-left: 0px; line-height: 17px; text-align: justify; ">Mais je continue. Je suis loin d’être la seule devant un écran. Il y a cet adolescent à casquette qui me lâche des regards une fois de temps en temps. On dirait qu’il attend quelqu’un, mais il ne mange rien, ne boit rien. Il joue à son jeu vidéo et il fait le tour de son univers avec ses yeux.</p> <p style="margin-top: 1.5em; margin-right: 0px; margin-bottom: 1.5em; margin-left: 0px; padding-top: 0px; padding-right: 0px; padding-bottom: 0px; padding-left: 0px; line-height: 17px; text-align: justify; ">Il y a ces deux jeunes filles qui regardent frénétiquement leurs petits écrans. Assises une en face de l’autre, elles ne se parlent pas. Mais elle partage tout de même le moment en buvant du froid et du chaud chacune de leur côté. Regard sur l’écran qui défile, regard dehors.</p> <p style="margin-top: 1.5em; margin-right: 0px; margin-bottom: 1.5em; margin-left: 0px; padding-top: 0px; padding-right: 0px; padding-bottom: 0px; padding-left: 0px; line-height: 17px; text-align: justify; ">En face, un couple près de la vitrine. Des habitués. La femme se ronge discrètement les ongles, ne parle pas beaucoup. Elle regarde la rue Ontario et elle dit qu’il y a trop de monde, trop de monde qui marche partout, trop de chars, trop de toute. Son mari ne répond pas, lance un sourire à leur voisin de table, un autre habitué, le genre qui parle de tout et de n’importe quoi. Elle s’appelle Sylvie. Pis elle connait un chanteur gay.</p> <p style="margin-top: 1.5em; margin-right: 0px; margin-bottom: 1.5em; margin-left: 0px; padding-top: 0px; padding-right: 0px; padding-bottom: 0px; padding-left: 0px; line-height: 17px; text-align: justify; ">Lui il parle fort, comme s’il parle pour tout le monde. Il dit que le Centre-Ville, c’est ben pire. « Ste-Catherine Ouest, hiver comme été, ça roule, hé, ça roule, tu devrais voir ça ! ». C’est vrai que ça peut être exotique Ste-Catherine Ouest. Ça l’a déjà été pour moi pis ça doit toujours l’être pour mon père qui voulait jamais traverser Saint-Laurent sinon il se sentait mal à l’aise, peur de perdre ses repères.</p> <p style="margin-top: 1.5em; margin-right: 0px; margin-bottom: 1.5em; margin-left: 0px; padding-top: 0px; padding-right: 0px; padding-bottom: 0px; padding-left: 0px; line-height: 17px; text-align: justify; ">Big arrive, lui je le connais. Il est toujours bronzé, été comme hiver. Piercing au sourcil. Lui, il les connaît les vraies affaires.</p> <p style="margin-top: 1.5em; margin-right: 0px; margin-bottom: 1.5em; margin-left: 0px; padding-top: 0px; padding-right: 0px; padding-bottom: 0px; padding-left: 0px; line-height: 17px; text-align: justify; ">Me sentir envahie, ils sont tout autour de moi et ils attendent d’exister. Je me sens surveillée. Je range mes choses et je sors discrètement.</p> <p style="margin-top: 1.5em; margin-right: 0px; margin-bottom: 1.5em; margin-left: 0px; padding-top: 0px; padding-right: 0px; padding-bottom: 0px; padding-left: 0px; line-height: 17px; text-align: justify; ">Tout le monde finit toujours par revenir chez Tim Hortons.</p> <div class="field field-type-nodereference field-field-flanerie" style="padding-top: 10px; padding-right: 0px; padding-bottom: 10px; padding-left: 0px; "> </div> </div></div></div><div class="field field-name-field-taxo-rue field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Emplacement:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/tim-hortons" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Tim Hortons</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-ontario" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Ontario</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-de-chambly" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue de Chambly</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-madalite-parcours field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Modalités du parcours:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/modalit%C3%A9s-du-parcours/marche-et-fl%C3%A2nerie" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Marche et flânerie</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-reseaux field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Réseau:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/r%C3%A9seau/caf%C3%A9s" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Cafés</a></div></div></div> Sun, 16 Nov 2014 05:00:00 +0000 Marjolaine Deneault 94 at http://hochelagaimaginaire.ca http://hochelagaimaginaire.ca/note-de-terrain/le-temps-dun-grand-2-sucres-2-laits#comments