Hochelaga Imaginaire - Rue Davidson http://hochelagaimaginaire.ca/taxonomie-rue/rue-davidson fr De la poussière http://hochelagaimaginaire.ca/note-de-terrain/de-la-poussi%C3%A8re <div class="field field-name-field-auteur field-type-entityreference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Auteur·e·s:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/individu/prudhomme-rheault-lucas">Prud&#039;homme-Rheault, Lucas</a></div></div></div><div class="field field-name-body field-type-text-with-summary field-label-hidden"><div class="field-items"><div class="field-item even" property="content:encoded"><p align="right"> « Tout se réduit, en fait, à la peur de la mort. »</p> <p align="right">E.M. Cioran</p> <p align="right"><em>Sur les cimes du désespoir</em></p> <p> </p> <p><em>J’y suis retourné après cinq ans.</em></p> <p><em>C’était le 31 octobre, le soir. Un homme s’est approché de moi, a mis ses mains sur ma gorge, il a serré. Une femme a hurlé. Je me suis dégagé. J’ai arpenté le boulevard Pie-IX, désorienté, à la course, j’ai perdu le nord – je le suivais pourtant. J’ai traversé la rue Sherbrooke, n’y suis jamais revenu. </em></p> <p><em>J’ai la mémoire des pas. Les rues ont changé et pourtant mon corps s’oriente de lui-même. Je reviens pour teinter mon regard de nuances plus claires. Lorsque j’entends « Hochelaga » je vois du noir, une ombre…</em></p> <p><em>Je manque d’air. </em></p> <p align="center"> </p> <p style="text-align: justify;">Trouver une façon de disparaitre dans le décor; laisser le noir à la maison, porter le bleu, le gris, le vert passé, m’user d’avance, me rendre invisible : <em>me fondre dans les mouvements de la rue, </em>pour paraphraser les dires de Paul Auster. Afin de ne pas m’effondrer sous la peur de marcher là-bas, je m’imagine auteur, ou détective. <em>Marcher et écrire ne sont pas deux activités aisément compatibles, il est particulièrement difficile d’écrire sans regarder la page</em>; mais je ne peux pas m’arrêter, m’immobiliser, je dois marcher constamment, trouver une manière confortable d’écrire en mouvement, photographier à la course des images. <em>J’ai donc décidé de poser le cahier contre ma hanche droite un peu à la manière d’une palette de peintre.</em> Je revêts les mots d’Auster et m’engouffre dans cette partie interdite de ma ville : je passe la rue Sherbrooke, et descends vers le fleuve.</p> <p style="text-align: justify;"> </p> <p style="text-align: justify;">L’exercice est simple à première vue : flâner, écrire, saisir des parcelles d’Hochelaga. Et si j’ai décidé, d’entrée de jeu, de ne pas m’asseoir, j’ai changé – une fois sur place – les règles : tant que les mains ne me hantent pas, je peux m’arrêter.</p> <p style="text-align: justify;"> </p> <p style="text-align: justify;">Où que je sois je cherche l’église. Je regarde du haut des marches cette portion de la promenade où seulement quelques arbres poussent, bien enracinés dans l’asphalte de l’Est. Coin St-Germain et Ontario, trois femmes discutent; là où je suis je n’en vois qu’une. La vitrine du magasin sans adresse est bondée, un capharnaüm à l’image du quartier. L’ancien et le presque ancien – ou nouveau chic – coulent l’un dans l’autre. À quelques vitrines de là, un café-librairie. La terrasse est bondée de gens d’ailleurs – touristes du Plateau Mont-Royal – pour accentuer le contraste. Je suis moi aussi touriste dans ce nouvel Hochelaga; il est vrai que certaines choses ne changent pas, l’Église, le Salon de coiffure <em>Chantilly… </em>Une voix s’élève, elle vient de l’intérieur, une grosse femme mauve chante Janis Joplin. Deux jeunes femmes polonaises, tantôt assises sur le banc devant <em>L’idée Fixe, </em>se promènent vers l’ouest, juchées sur leurs talons hauts en résine blanche. Une porte apparaît, un couple en sort. Les trois femmes parlent toujours, l’une d’elles – la seule que je devine – ne cesse de tourner sa tête d’ouest en est. Mon regard glisse sur la vitrine d’à côté, le 3255, un ancien commerce dont je n’ai pas souvenir. L’espace est sans profondeur, la vitrine est bariolée de graffitis et... Une femme me déconcentre. Son regard vacant, la planche de bois immense qu’elle transporte, tout chez elle me force à la suivre des yeux; les deux Polonaises repassent. Je dois changer d’angle, rétrécir mon champ de vision, creuser les apparences. Les trois femmes ne parlent plus, elles se sont évaporées.</p> <p style="text-align: justify;"> </p> <p style="text-align: justify;">J’avance vers le lieu de la disparition. À mes pieds, les traces de la conversation : des mégots, des marques laissées par les chaises dessinées dans la poussière, des gouttes d’eau encore fraiches – possiblement du thé. Je regarde la vitrine; de petites affiches sont collées de l’intérieur, l’une d’elles m’apprend que certains produits sont « fait à la main par un artiste <em>sculteur </em>», alors qu’une autre raconte <em>Les promenades d’un artiste sculpteur. </em>Le sculteur et le sculpteur; juste au-dessous, une affichette annonçant une « bicyclette pour enfant presque neuf », pour enfant peu abimé. Une pancarte m’informe que le magasin est ouvert; une autre, posée sur le mur derrière, affiche « fermé ». Une vitrine pour un lieu approximatif, une boutique à deux portes, l’une close, l’autre affichant : « Danger, chien de garde, à vos risques ». Le non-lieu est sans adresse : « Pour plus d’information s’adresser au 3690 rue Ontario ». L’église d’en face s’y reflète comme sur un lac. Pour voir à l’intérieur, voir au-delà des mots, des affiches, de l’architecture romano-byzantine, je dois coller mon visage sur le verre éteint; enlever, du revers de la main, la couche de crasse. Une table, quatre chaises – empilées plus ou moins stratégiquement –, des fleurs de plastique, une lampe en céramique beige surmontée d’un abat-jour poussiéreux autrefois blanc. Le mur du fond est jaune moutarde, le plancher, lui, est bleu-gris. La lumière est presque absente, tout semble mort. Une couronne de gui est suspendue dans un coin; juste à côté, une grosse cloche rouge accrochée maladroitement à un ruban vert – probablement les vestiges d’un 24 décembre. Je fouille patiemment l’obscurité, des contours se dessinent. Une vieille étagère de presbytère perce la noirceur; derrière une de ses vitres, une ménagerie de verre et quelques petits livres, vraisemblablement du théâtre, peut-être du Tennessee Williams. Sur l’étagère du dessous, un gros bibelot mauve pastel en forme de main ou de corail, ce type de forme non indentifiable qu’on observe, enfant, pendant des heures chez sa grand-mère, et qui, le jour où elle nous le lègue, se retrouve à mille lieues au fond de la garde-robe, ou ici, derrière deux vitres, loin de la lumière. Juste à côté un trophée à vendre, si l’on en croit l’étiquette. Sur le mur, un cadre, un carré, dans un carré, dans un carré, derrière une vitre : Magritte peut-être… Puis un chapeau melon. Sur une petite table traîne un livre, Gabrielle Roy assurément, placé au centre du magasin comme une boîte en cristal remplie de pot-pourri. Le livre parfume l’endroit : <em>l’odeur de la pauvreté. </em></p> <p style="text-align: justify;"> </p> <p style="text-align: justify;">C’est ici que se sentent les contrastes. Entre un salon de coiffure miteux et un bureau de change : le café-librairie. La table est faite de vieux bois, une planche épaisse, vernie comme dans les boutiques de la<em> Main</em>, la nouvelle <em>Main.</em> Partout autour de moi, des livres : je respire. J’ai tourné le dos à l’église, un jeune homme regarde à gauche, puis derrière. Un couple observe les œuvres accrochées aux murs, un regard sans intention, il regarde pour regarder : « C’est beau, qu’est-ce que tu fais ce week-end? ». Une jeune femme vêtue d’une longue robe victorienne écrit à la plume dans un cahier <em>Moleskine</em>, une autre écrit dans un cahier <em>Clairefontaine</em>; partout autour de moi des femmes écrivent. Les bruits de crayons se superposent à ceux du piano désaccordé. Je vois, posé en évidence sur une tablette, un roman de Tremblay, le premier tome des <em>Chroniques du Plateau Mont-Royal</em> – collection Babel. Les auteurs me suivent, m’accompagnent, je ne suis pas seul. Le bruit de fin de journée s’installe, il est cinq heures; je pense aux trois femmes d’avant, je vois un chat noir au fond du café : il n’est pas d’ici.</p> <p style="text-align: justify;"> </p> <p style="text-align: justify;">Je traverse le parc Préfontaine et m’adonne à un exercice de mémoire. Ici, je me suis fait offrir de la poudre à treize ans. Je ne savais pas ce que c’était à l’époque, mais je me souviendrai toujours du visage de l’homme égaré. « De la poudre », je trouvais ça presque beau; se faire offrir de la poussière.  Puisqu’il est dit que<em> l’éternel dieu forma l’homme de la poussière de la terre, qu’il souffla dans ses narines un souffle de vie, et que l’homme devint un être vivant,</em> j’avais l’impression de me faire offrir les restes, ou la genèse d’un homme. Plus loin à gauche, derrière le conteneur à vidanges, j’ai vomi d’alcool pour la première fois. Je m’engage sur la rue Hochelaga, les souvenirs se bousculent : une sainte dorée, un geste violent, une bouche d’aération gigantesque sur laquelle j’aimais me coucher (le vent en sortait par grandes bourrasques du cœur de la ville). L’espace d’un instant l’odeur d’Hochelaga disparaissait, remplacée par celle du métro de Montréal. Je monte sur la bouche et marche sur la grille qui me sépare du vide, du noir. De là, je vois mon école secondaire, autrefois si sale de l’extérieur : les traces du lavage à pression, de l’effacement de la crasse – la poussière de ville –, du meurtre de l’histoire, sont encore visibles; les vitres sont nettes, impeccables : Le Vitrail a été nettoyé. Au coin de la rue Davidson, le petit restaurant de quartier a complètement disparu : les fenêtres n’y sont plus, la porte non plus (à moins que ma mémoire ne me fasse défaut), le briqueteur est passé. Je prends à gauche, dans la ruelle, toujours les mêmes maisons, la même automobile de collection turquoise; j’ai un frisson, c’est ici qu’un homme a posé la main sur une adolescente, mon amie, il y a huit ans. Je marche de ruelle en ruelle et j’arrive à la rue Adam. Je marche sur des pommes. Une femme, naturellement, passe à côté de moi. Je reviens sur mes pas, retrouve le Nord, et soudain : une école. Sans escalier, sans issue. J’imagine les enfants derrière les fenêtres barricadées, les écoles devraient être comme les églises, intouchables. Le soleil baisse. Je sens la mémoire des mains sur ma gorge. Je dois me remettre en route. Le cahier sur la hanche droite, je regarde devant, une fillette aux souliers rouges passe devant moi: « Suis toujours la route de briques grises », dit-elle. Le vent se lève, elle s’efface progressivement, retourne à la poussière d’où elle est née.</p> <p style="text-align: justify;"> </p> <p style="text-align: justify;">J’ai suivi la route de l’école sans fenêtre jusqu’à la grande place. Érigée au cœur du quartier Hochelaga, un village au sein d’un autre où les murs sont neufs et les fenêtres sont propres. Une ruelle bariolée de graffitis – un homme masqué avec une arme à feu tire des billets de banque sur le mot « Hochelaga » – borde la route de briques grises. Plus j’avance, plus les limites s’effacent; les gens changent, ne restent que des vestiges, quelques hommes égarés qui viennent de l’autre village, celui d’à côté : l’Hochelaga d’en bas – celui des pauvres – d’avant les nouveaux développements. L’architecture froide s’impose, même l’odeur d’Hochelaga ne s’aventure pas jusqu’ici, comme si elle savait qu’elle mourrait d’elle-même, qu’elle ne pourrait pas coller. Plus d’histoire, ou plutôt une nouvelle, construite sur un cimetière de pas à jamais recouverts. Au moment où je perds espoir, où je me vois grimper à la cime d’un arbre – voir l’église –  pour respirer à nouveau, une porte s’ouvre sur une ancienne fonderie transformée en lieux d’habitation; restent les murs, les rouages, les fondations; ruines commémoratives à l’image d’une époque révolue. Je retourne sur mes pas, désorienté par toutes ces lignes trop droites, trop propres, puis j’aperçois sur un mur un trait noir irrégulier qui, au fur et à mesure que je m’approche, forme des mots : « Aura fallu reste l’irréel à toujours ». Quelqu’un crie, je regarde à mes pieds, j’étais sorti du droit chemin. Un homme apparaît. Il tend une main vers moi. Je quitte les lieux.</p> <p style="text-align: justify;"> </p> <p style="text-align: justify;">Je reviens quelques jours après; j’ai décidé, cette fois, de porter le noir, d’assumer le regard des autres.  Mon cahier bien en évidence, je dépeins la place Valois : une fresque se dessine. Une femme danse sur un rythme qu’elle seule entend, un homme – parfaitement dessiné – pose fièrement sur la grande place, un pied sur un des blocs de marbre blanc, rappelant les chefs-d’œuvre de la sculpture : le <em>David </em>de la place Valois. Le chef-d’œuvre arrive directement du <em>Renaissance</em>; un sac accroché à son vélo – fidèle monture – le trahit. Il passe de bloc en bloc, réécrit inconsciemment l’histoire de la sculpture, du Kouros au Contrapposto. À quoi bon inventer des personnages?</p> <p style="text-align: justify;"> </p> <p style="text-align: justify;">Je quitte la grande place, marche quelques minutes, et m’engage sur la rue Dézéry; de balcon en balcon mon regard glisse, divague. Un morceau de parchemin gigantesque attire mon attention : « Là où le passé est au présent ». Sur le pas de la porte une chaise dorée sur laquelle une forme triangulaire, rappelant une pointe de flèche renversée, est gravée. Au centre du symbole : la lettre « P » en majuscule. Je monte les trois marches, parce que trois est un chiffre littéraire et que je n’ai pas pris la peine de compter, et m’engouffre dans le hall de l’appartement. Partout des centaines de costumes empilés les uns par-dessus les autres, j’ai peine à marcher. Une femme s’approche de moi et me donne une carte : « Tout n’est pas là, il manque beaucoup de choses! »… Il doit y avoir une convention dans le passé. Je croise mon regard dans le miroir, je passe de l’autre côté. Le « P » sur la chaise continue de me hanter, le mot « pléiade » surgit, comme pour donner plus de substance à l’entreprise, à la flânerie. Puis le mot « poussière » se dessine. Le vent se lève, le soleil tombe et, avec lui, les mots. La noirceur m’effraie, les mains, les griffes de l’homme du 31 octobre surgissent des profondeurs, je cours jusqu’au Square Dézéry. Le carré vient rétablir l’équilibre, une grande croix apparait peu à peu derrière les arbres : j’oublie les mains, la lettre… Dans la lumière du lampadaire, au milieu du carré, je vois David.</p> </div></div></div><div class="field field-name-field-taxo-rue field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Emplacement:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/boulevard-pie-ix" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Boulevard Pie-IX</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-d%C3%A9z%C3%A9ry" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Dézéry</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-ontario" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Ontario</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-st-germain" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label 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hypocondrie</em></strong></p> <p>Le <em>Restaurant Davidson</em><br />et ses allures de pneumonie,<br />complètement vide<br />parce que pogner la grippe<br />c’est pas le trip de personne.<br />J’aurais bien commandé<br />des «natchos»,<br />mais la serveuse<br />est en mode soupe Lipton.</p> <p> </p> <p><strong><em>Ketchup mayo chou</em></strong></p> <p>Restaurant <em>La Québécoise </em>:<br />Hot-dog, poutine, coke<br />et une boîte d’«objects perdus»<br />qui ne seront jamais réclamés.</p> <p>Des murs tapissés<br />de posters de la Grèce<br />et d’une tapisserie à rayures<br />jaunie par la graisse.</p> <p>Restaurant <em>La Québécoise </em>:<br />là où l’air climatisé<br />fait partie du projet<br />de marketing.<br />De grosses lettres jaunes<br />pour attirer le monde qui crève<br />dans leurs saunas hochelagais.</p> <p> </p> </div></div></div><div class="field field-name-field-taxo-rue field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Emplacement:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-ontario" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Ontario</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-aylwin" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Aylwin</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-davidson" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Davidson</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/restaurant-davidson" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Restaurant Davidson</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/la-qu%C3%A9b%C3%A9coise" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">La Québécoise</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-generaux field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Mots-clés:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/mots-cl%C3%A9s-g%C3%A9n%C3%A9raux/urbanisme" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Urbanisme</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-madalite-parcours field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Modalités du parcours:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/modalit%C3%A9s-du-parcours/marche-et-fl%C3%A2nerie" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Marche et flânerie</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-reseaux field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Réseau:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/r%C3%A9seau/jour" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Jour</a></div><div class="field-item odd"><a href="/r%C3%A9seau/rues" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rues</a></div></div></div> Mon, 16 Mar 2015 19:12:57 +0000 Krystel Bertrand 160 at http://hochelagaimaginaire.ca http://hochelagaimaginaire.ca/note-de-terrain/hochelaga-quand-je-te-mange#comments Croiser Hochelaga http://hochelagaimaginaire.ca/note-de-terrain/croiser-hochelaga <div class="field field-name-field-auteur field-type-entityreference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Auteur·e·s:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/individu/deneault-marjolaine">Deneault, Marjolaine</a></div></div></div><div class="field field-name-body field-type-text-with-summary field-label-hidden"><div class="field-items"><div class="field-item even" property="content:encoded"><p> </p> <div class="dnd-atom-wrapper type-audio context-sdl_editor_representation"> <div class="dnd-drop-wrapper"><!-- scald=98:sdl_editor_representation --><div class='image'><object type="application/x-shockwave-flash" data="/sites/all/modules/ajout-nt2/scald/modules/providers/scald_audio/libraries/dewplayer/dewplayer-playlist.swf" width="200" height="20" id="dewplayer-98" name="dewplayer"> <param name="movie" value="/sites/all/modules/ajout-nt2/scald/modules/providers/scald_audio/libraries/dewplayer/dewplayer-playlist.swf" /> <param name="flashvars" value="mp3=http://hochelagaimaginaire.ca/sites/hochelaga-dev.aegirnt2.uqam.ca/files/atoms/audio/marjolainedeneault_audio2.mp3" /> <param name="wmode" value="transparent" /> </object> </div><!-- END scald=98 --></div> <div class="dnd-legend-wrapper"> <div class="meta"> <!--copyright=98--><p>marjolainedeneault_audio2.mp3, by Marjolaine Deneault</p> <!--END copyright=98--></div> </div> </div> <p><strong>1. Parc Préfontaine</strong></p> <p>Il y a au moins un million cent soixante et onze mille trois cent cinquante-cinq personnes qui te traverse, ô Parc Préfontaine, pour entrer dans tes profondeurs par la bouche chaude de ta station et de ton édicule futuriste d’un autre temps. Si certains t’empruntent pour te quitter, d’autres te roulent dessus, sur les <em>setups homemades</em> de ton <em>skate park</em> en sortant leurs <em>best tricks</em> de compétition pour les après-midi de mongol. D’autres te foulent avec des vieilles <em>mitts</em> de baseball tout en courant après une balle et en pilant dans le lac derrière le marbre qui n’arrive pas à disparaître depuis la dernière pluie. Des chiens te pissent dessus et les enfants tombent sur ton asphalte en s'éraflant les genoux.</p> <p><strong>2. Bowling Darling</strong></p> <p>Dans l’antre des boules qui roulent du Bowling Darling, la paix règne, contrebalançant les « ostis de tabarnak » des gars chauds du Davidson et des Patriotes. Ici, on y va de grâce et d’huile de poignet pour accomplir la valse des abats et des réserves et on souhaite entendre son nom au micro pour applaudir sa partie parfaite. On y rencontre les vieux <em>chums</em> de longue date, les <em>kids</em> de la Maison des Jeunes, les pères et leurs enfants à la semaine partagée, les couples d’adolescents qui se <em>frenchent</em> en attendant que le temps passe. Mais on y rencontre surtout son propre reflet dans le cirage des allées quand on se penche trop près du sol pour enligner son coup. Vaut mieux regarder drette devant.  </p> <p><strong>3. Davidson Lunch</strong></p> <p>En sortant sur le trottoir, en profiter pour arrêter prendre un <em>break</em> en passant la porte grande ouverte du Davidson Lunch. Croiser le regard de Diane la serveuse et se recentrer un peu dans ses souvenirs. S’en remettre entièrement à cette experte du pain quotidien et de la soupe du jour, du café toujours servi au bon moment et du verre d’eau toujours plein. Être attentif aux modes d’usage du lieu qu’elle nous enseigne sans le vouloir dans la manière qu’elle dirige son pas décidé vers les tables pour nous suggérer le bien vivre, le bien-être et le bien manger. Sourire à cette rassembleuse de parcelles de tous les jours et quitter en réalisant qu’on ne connaît plus les habitudes de cet endroit pourtant si familier.<br /> </p> <p><strong>4. Plaza Ontario</strong></p> <p>La grande échelle d’enseignes au coin Aylwin et Ontario attire le regard en fendant l’horizon. En elle se charge le souvenir de la Plaza Ontario, l’ancien centre commercial de l’artère qui rassemblait les preneurs de café perpétuels et les âmes solitaires en quête d’une bribe de conversation. Illuminant les environs, il s’agit toujours d’un point de repère pour le camelot de <em>l’Itinéraire</em> qui essaie de capter des regards à la sortie du Jean Coutu ou le quêteux du moment qui demande « un p’tit deux piastres pour manger ».  Le Dollarama ne fournit pas, même si une autre succursale existe quelques coins de rue plus à l’Est. Le mercredi, il ferme à 19h pour accommoder la clientèle.</p> <p><strong>5. Tim Hortons</strong></p> <p>S’accrocher les pieds au Tim Hortons, coin De Chambly, pour y croiser la vie du quartier. C’est bien connu, jeunes, vieux, pauvres ou riches, tout le monde va et vient chez Tim Hortons. Après la fermeture de quelques-unes des institutions de la rue Ontario, l’arrivée d’une succursale de la célèbre chaîne a fait le bonheur des flâneurs quotidiens souhaitant étirer « un grand café 2 sucres 2 laits ». Mais ici, le quartier est tissé serré avec ses habitués et leurs habitudes. On sent que si on dépasse le temps réglementaire pour engloutir un beigne et un café, les regards se font de plus en plus lourds. On se sent envahi puisqu’ils sont tous là, autour, en attente d’exister.  </p> <p><strong>6. La Belle Province</strong></p> <p>Quelques coins de rue plus loin, La Belle Province offre, habituellement, une ambiance similaire. Mais là, la marde est pognée. Pas besoin de dessin pour savoir que l’ambiance n’est pas aux histoires d’amour et aux beaux compliments. La serveuse a hâte de finir son <em>shift</em>, les choses ne roulent pas à sa manière. Les clients s’impatientent; les hangover veulent ingérer la sainte graisse regénératrice, les téteux de café veulent un <em>refill</em>. Ça doit faire deux mille cinq cents fois qu’elle fait l’allée-retour entre sa caisse et les banquettes du restaurant depuis qu’elle a ouvert à sept heures du matin. Elle doit rêver au moment où elle va pouvoir enfin s’asseoir sur son Lazy-Boy, en enlevant doucement ses souliers, la télé ouverte pour masquer le silence ambiant.</p> <p><strong>7. La Place Valois</strong></p> <p>Sur la Place Valois, une cicatrice de pavés a remplacé le ballast de la grande track qui fendait le quartier en deux où passait la ligne du <em>Chateauguay &amp; Northern Railway Company</em>. Nouveau centre d’une revitalisation qui explose doucement, place publique en devenir côtoyant le bourgeon commercial de la renaissance du phoenix hochelagais, il s’agit également d’une aventure en zone défavorisée pour Laurendeau, Boutros, Pratte et Samcon, les redéveloppeurs d’expérience urbaine avec des prix inférieurs à la moyenne. Valois-sur-le-Parc ou <em>Boxing Day</em> du logement de la demande vive, son épicentre coeur-de-pierre rêvé par le gratin du quartier passe doucement, lentement, d’un miniputt de garnotte à un réservoir habitable pour un village qui se cherche et essaie de se retrouver quelque part sur Ontario.</p> <p><strong>8. La Pataterie</strong></p> <p>À La Pataterie, on se retrouve aussi. On peut prendre ce qu’on veut parce que c’est le premier du mois après tout, mais beaucoup sont seuls devant un café dans un verre en styromousse ou devant une patate sel-ketchup-vinaigre. Si pour les consommateurs, tout doit être « simple et frais » comme le stipule la devise du restaurant, pour les travailleurs, c’est plutôt simple et morne. Dans ce temple où l’application du taylorisme donne naissance à des chef-d’oeuvres de <em>hot-doïlle</em> et de <em>cheese-bacon</em>, la calleuse de commandes parle dans le vide, la laveuse de table repasse pour la vingtième fois par-dessus le travail déjà fait et le flipeux de boulettes parle tout seul, le regard vide.</p> <p>J’ai croisé Hochelaga dans le Parc Préfontaine, au Bowling Darling, au Davidson Lunch, dans la Plaza Ontario, au Tim Hortons, à la Belle Province, sur la Place Valois et à la Pataterie.</p> <p>J’ai croisé Hochelaga à l’intérieur des conversations entendues, des mots criés, des voix chuchotées, dans les photos prises sur le vif et les images d’archives.</p> <p>Mais j’ai surtout croisé Hochelaga dans ma mémoire.</p> </div></div></div><div class="field field-name-field-taxo-rue field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Emplacement:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/restaurant-davidson" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Restaurant Davidson</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-ontario" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Ontario</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-davidson" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Davidson</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/parc-pr%C3%A9fontaine" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Parc Préfontaine</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/bowling-darling" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Bowling Darling</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/plaza-ontario" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Plaza Ontario</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/tim-hortons" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Tim Hortons</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/la-belle-province" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">La Belle Province</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-aylwin" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Aylwin</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-de-chambly" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue de Chambly</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/place-simon-valois" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Place Simon-Valois</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/la-pataterie" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">La Pataterie</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-madalite-parcours field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Modalités du parcours:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/modalit%C3%A9s-du-parcours/marche-et-fl%C3%A2nerie" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Marche et flânerie</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-reseaux field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Réseau:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/r%C3%A9seau/caf%C3%A9s" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Cafés</a></div><div class="field-item odd"><a href="/r%C3%A9seau/parcs-et-squares" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Parcs et squares</a></div><div class="field-item even"><a href="/r%C3%A9seau/ruelles" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Ruelles</a></div><div class="field-item odd"><a href="/r%C3%A9seau/rues" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rues</a></div></div></div> Wed, 10 Dec 2014 05:00:00 +0000 Marjolaine Deneault 96 at http://hochelagaimaginaire.ca http://hochelagaimaginaire.ca/note-de-terrain/croiser-hochelaga#comments