Hochelaga Imaginaire - Rue Hochelaga http://hochelagaimaginaire.ca/taxonomie-rue/rue-hochelaga fr De la poussière http://hochelagaimaginaire.ca/note-de-terrain/de-la-poussi%C3%A8re <div class="field field-name-field-auteur field-type-entityreference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Auteur·e·s:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/individu/prudhomme-rheault-lucas">Prud&#039;homme-Rheault, Lucas</a></div></div></div><div class="field field-name-body field-type-text-with-summary field-label-hidden"><div class="field-items"><div class="field-item even" property="content:encoded"><p align="right"> « Tout se réduit, en fait, à la peur de la mort. »</p> <p align="right">E.M. Cioran</p> <p align="right"><em>Sur les cimes du désespoir</em></p> <p> </p> <p><em>J’y suis retourné après cinq ans.</em></p> <p><em>C’était le 31 octobre, le soir. Un homme s’est approché de moi, a mis ses mains sur ma gorge, il a serré. Une femme a hurlé. Je me suis dégagé. J’ai arpenté le boulevard Pie-IX, désorienté, à la course, j’ai perdu le nord – je le suivais pourtant. J’ai traversé la rue Sherbrooke, n’y suis jamais revenu. </em></p> <p><em>J’ai la mémoire des pas. Les rues ont changé et pourtant mon corps s’oriente de lui-même. Je reviens pour teinter mon regard de nuances plus claires. Lorsque j’entends « Hochelaga » je vois du noir, une ombre…</em></p> <p><em>Je manque d’air. </em></p> <p align="center"> </p> <p style="text-align: justify;">Trouver une façon de disparaitre dans le décor; laisser le noir à la maison, porter le bleu, le gris, le vert passé, m’user d’avance, me rendre invisible : <em>me fondre dans les mouvements de la rue, </em>pour paraphraser les dires de Paul Auster. Afin de ne pas m’effondrer sous la peur de marcher là-bas, je m’imagine auteur, ou détective. <em>Marcher et écrire ne sont pas deux activités aisément compatibles, il est particulièrement difficile d’écrire sans regarder la page</em>; mais je ne peux pas m’arrêter, m’immobiliser, je dois marcher constamment, trouver une manière confortable d’écrire en mouvement, photographier à la course des images. <em>J’ai donc décidé de poser le cahier contre ma hanche droite un peu à la manière d’une palette de peintre.</em> Je revêts les mots d’Auster et m’engouffre dans cette partie interdite de ma ville : je passe la rue Sherbrooke, et descends vers le fleuve.</p> <p style="text-align: justify;"> </p> <p style="text-align: justify;">L’exercice est simple à première vue : flâner, écrire, saisir des parcelles d’Hochelaga. Et si j’ai décidé, d’entrée de jeu, de ne pas m’asseoir, j’ai changé – une fois sur place – les règles : tant que les mains ne me hantent pas, je peux m’arrêter.</p> <p style="text-align: justify;"> </p> <p style="text-align: justify;">Où que je sois je cherche l’église. Je regarde du haut des marches cette portion de la promenade où seulement quelques arbres poussent, bien enracinés dans l’asphalte de l’Est. Coin St-Germain et Ontario, trois femmes discutent; là où je suis je n’en vois qu’une. La vitrine du magasin sans adresse est bondée, un capharnaüm à l’image du quartier. L’ancien et le presque ancien – ou nouveau chic – coulent l’un dans l’autre. À quelques vitrines de là, un café-librairie. La terrasse est bondée de gens d’ailleurs – touristes du Plateau Mont-Royal – pour accentuer le contraste. Je suis moi aussi touriste dans ce nouvel Hochelaga; il est vrai que certaines choses ne changent pas, l’Église, le Salon de coiffure <em>Chantilly… </em>Une voix s’élève, elle vient de l’intérieur, une grosse femme mauve chante Janis Joplin. Deux jeunes femmes polonaises, tantôt assises sur le banc devant <em>L’idée Fixe, </em>se promènent vers l’ouest, juchées sur leurs talons hauts en résine blanche. Une porte apparaît, un couple en sort. Les trois femmes parlent toujours, l’une d’elles – la seule que je devine – ne cesse de tourner sa tête d’ouest en est. Mon regard glisse sur la vitrine d’à côté, le 3255, un ancien commerce dont je n’ai pas souvenir. L’espace est sans profondeur, la vitrine est bariolée de graffitis et... Une femme me déconcentre. Son regard vacant, la planche de bois immense qu’elle transporte, tout chez elle me force à la suivre des yeux; les deux Polonaises repassent. Je dois changer d’angle, rétrécir mon champ de vision, creuser les apparences. Les trois femmes ne parlent plus, elles se sont évaporées.</p> <p style="text-align: justify;"> </p> <p style="text-align: justify;">J’avance vers le lieu de la disparition. À mes pieds, les traces de la conversation : des mégots, des marques laissées par les chaises dessinées dans la poussière, des gouttes d’eau encore fraiches – possiblement du thé. Je regarde la vitrine; de petites affiches sont collées de l’intérieur, l’une d’elles m’apprend que certains produits sont « fait à la main par un artiste <em>sculteur </em>», alors qu’une autre raconte <em>Les promenades d’un artiste sculpteur. </em>Le sculteur et le sculpteur; juste au-dessous, une affichette annonçant une « bicyclette pour enfant presque neuf », pour enfant peu abimé. Une pancarte m’informe que le magasin est ouvert; une autre, posée sur le mur derrière, affiche « fermé ». Une vitrine pour un lieu approximatif, une boutique à deux portes, l’une close, l’autre affichant : « Danger, chien de garde, à vos risques ». Le non-lieu est sans adresse : « Pour plus d’information s’adresser au 3690 rue Ontario ». L’église d’en face s’y reflète comme sur un lac. Pour voir à l’intérieur, voir au-delà des mots, des affiches, de l’architecture romano-byzantine, je dois coller mon visage sur le verre éteint; enlever, du revers de la main, la couche de crasse. Une table, quatre chaises – empilées plus ou moins stratégiquement –, des fleurs de plastique, une lampe en céramique beige surmontée d’un abat-jour poussiéreux autrefois blanc. Le mur du fond est jaune moutarde, le plancher, lui, est bleu-gris. La lumière est presque absente, tout semble mort. Une couronne de gui est suspendue dans un coin; juste à côté, une grosse cloche rouge accrochée maladroitement à un ruban vert – probablement les vestiges d’un 24 décembre. Je fouille patiemment l’obscurité, des contours se dessinent. Une vieille étagère de presbytère perce la noirceur; derrière une de ses vitres, une ménagerie de verre et quelques petits livres, vraisemblablement du théâtre, peut-être du Tennessee Williams. Sur l’étagère du dessous, un gros bibelot mauve pastel en forme de main ou de corail, ce type de forme non indentifiable qu’on observe, enfant, pendant des heures chez sa grand-mère, et qui, le jour où elle nous le lègue, se retrouve à mille lieues au fond de la garde-robe, ou ici, derrière deux vitres, loin de la lumière. Juste à côté un trophée à vendre, si l’on en croit l’étiquette. Sur le mur, un cadre, un carré, dans un carré, dans un carré, derrière une vitre : Magritte peut-être… Puis un chapeau melon. Sur une petite table traîne un livre, Gabrielle Roy assurément, placé au centre du magasin comme une boîte en cristal remplie de pot-pourri. Le livre parfume l’endroit : <em>l’odeur de la pauvreté. </em></p> <p style="text-align: justify;"> </p> <p style="text-align: justify;">C’est ici que se sentent les contrastes. Entre un salon de coiffure miteux et un bureau de change : le café-librairie. La table est faite de vieux bois, une planche épaisse, vernie comme dans les boutiques de la<em> Main</em>, la nouvelle <em>Main.</em> Partout autour de moi, des livres : je respire. J’ai tourné le dos à l’église, un jeune homme regarde à gauche, puis derrière. Un couple observe les œuvres accrochées aux murs, un regard sans intention, il regarde pour regarder : « C’est beau, qu’est-ce que tu fais ce week-end? ». Une jeune femme vêtue d’une longue robe victorienne écrit à la plume dans un cahier <em>Moleskine</em>, une autre écrit dans un cahier <em>Clairefontaine</em>; partout autour de moi des femmes écrivent. Les bruits de crayons se superposent à ceux du piano désaccordé. Je vois, posé en évidence sur une tablette, un roman de Tremblay, le premier tome des <em>Chroniques du Plateau Mont-Royal</em> – collection Babel. Les auteurs me suivent, m’accompagnent, je ne suis pas seul. Le bruit de fin de journée s’installe, il est cinq heures; je pense aux trois femmes d’avant, je vois un chat noir au fond du café : il n’est pas d’ici.</p> <p style="text-align: justify;"> </p> <p style="text-align: justify;">Je traverse le parc Préfontaine et m’adonne à un exercice de mémoire. Ici, je me suis fait offrir de la poudre à treize ans. Je ne savais pas ce que c’était à l’époque, mais je me souviendrai toujours du visage de l’homme égaré. « De la poudre », je trouvais ça presque beau; se faire offrir de la poussière.  Puisqu’il est dit que<em> l’éternel dieu forma l’homme de la poussière de la terre, qu’il souffla dans ses narines un souffle de vie, et que l’homme devint un être vivant,</em> j’avais l’impression de me faire offrir les restes, ou la genèse d’un homme. Plus loin à gauche, derrière le conteneur à vidanges, j’ai vomi d’alcool pour la première fois. Je m’engage sur la rue Hochelaga, les souvenirs se bousculent : une sainte dorée, un geste violent, une bouche d’aération gigantesque sur laquelle j’aimais me coucher (le vent en sortait par grandes bourrasques du cœur de la ville). L’espace d’un instant l’odeur d’Hochelaga disparaissait, remplacée par celle du métro de Montréal. Je monte sur la bouche et marche sur la grille qui me sépare du vide, du noir. De là, je vois mon école secondaire, autrefois si sale de l’extérieur : les traces du lavage à pression, de l’effacement de la crasse – la poussière de ville –, du meurtre de l’histoire, sont encore visibles; les vitres sont nettes, impeccables : Le Vitrail a été nettoyé. Au coin de la rue Davidson, le petit restaurant de quartier a complètement disparu : les fenêtres n’y sont plus, la porte non plus (à moins que ma mémoire ne me fasse défaut), le briqueteur est passé. Je prends à gauche, dans la ruelle, toujours les mêmes maisons, la même automobile de collection turquoise; j’ai un frisson, c’est ici qu’un homme a posé la main sur une adolescente, mon amie, il y a huit ans. Je marche de ruelle en ruelle et j’arrive à la rue Adam. Je marche sur des pommes. Une femme, naturellement, passe à côté de moi. Je reviens sur mes pas, retrouve le Nord, et soudain : une école. Sans escalier, sans issue. J’imagine les enfants derrière les fenêtres barricadées, les écoles devraient être comme les églises, intouchables. Le soleil baisse. Je sens la mémoire des mains sur ma gorge. Je dois me remettre en route. Le cahier sur la hanche droite, je regarde devant, une fillette aux souliers rouges passe devant moi: « Suis toujours la route de briques grises », dit-elle. Le vent se lève, elle s’efface progressivement, retourne à la poussière d’où elle est née.</p> <p style="text-align: justify;"> </p> <p style="text-align: justify;">J’ai suivi la route de l’école sans fenêtre jusqu’à la grande place. Érigée au cœur du quartier Hochelaga, un village au sein d’un autre où les murs sont neufs et les fenêtres sont propres. Une ruelle bariolée de graffitis – un homme masqué avec une arme à feu tire des billets de banque sur le mot « Hochelaga » – borde la route de briques grises. Plus j’avance, plus les limites s’effacent; les gens changent, ne restent que des vestiges, quelques hommes égarés qui viennent de l’autre village, celui d’à côté : l’Hochelaga d’en bas – celui des pauvres – d’avant les nouveaux développements. L’architecture froide s’impose, même l’odeur d’Hochelaga ne s’aventure pas jusqu’ici, comme si elle savait qu’elle mourrait d’elle-même, qu’elle ne pourrait pas coller. Plus d’histoire, ou plutôt une nouvelle, construite sur un cimetière de pas à jamais recouverts. Au moment où je perds espoir, où je me vois grimper à la cime d’un arbre – voir l’église –  pour respirer à nouveau, une porte s’ouvre sur une ancienne fonderie transformée en lieux d’habitation; restent les murs, les rouages, les fondations; ruines commémoratives à l’image d’une époque révolue. Je retourne sur mes pas, désorienté par toutes ces lignes trop droites, trop propres, puis j’aperçois sur un mur un trait noir irrégulier qui, au fur et à mesure que je m’approche, forme des mots : « Aura fallu reste l’irréel à toujours ». Quelqu’un crie, je regarde à mes pieds, j’étais sorti du droit chemin. Un homme apparaît. Il tend une main vers moi. Je quitte les lieux.</p> <p style="text-align: justify;"> </p> <p style="text-align: justify;">Je reviens quelques jours après; j’ai décidé, cette fois, de porter le noir, d’assumer le regard des autres.  Mon cahier bien en évidence, je dépeins la place Valois : une fresque se dessine. Une femme danse sur un rythme qu’elle seule entend, un homme – parfaitement dessiné – pose fièrement sur la grande place, un pied sur un des blocs de marbre blanc, rappelant les chefs-d’œuvre de la sculpture : le <em>David </em>de la place Valois. Le chef-d’œuvre arrive directement du <em>Renaissance</em>; un sac accroché à son vélo – fidèle monture – le trahit. Il passe de bloc en bloc, réécrit inconsciemment l’histoire de la sculpture, du Kouros au Contrapposto. À quoi bon inventer des personnages?</p> <p style="text-align: justify;"> </p> <p style="text-align: justify;">Je quitte la grande place, marche quelques minutes, et m’engage sur la rue Dézéry; de balcon en balcon mon regard glisse, divague. Un morceau de parchemin gigantesque attire mon attention : « Là où le passé est au présent ». Sur le pas de la porte une chaise dorée sur laquelle une forme triangulaire, rappelant une pointe de flèche renversée, est gravée. Au centre du symbole : la lettre « P » en majuscule. Je monte les trois marches, parce que trois est un chiffre littéraire et que je n’ai pas pris la peine de compter, et m’engouffre dans le hall de l’appartement. Partout des centaines de costumes empilés les uns par-dessus les autres, j’ai peine à marcher. Une femme s’approche de moi et me donne une carte : « Tout n’est pas là, il manque beaucoup de choses! »… Il doit y avoir une convention dans le passé. Je croise mon regard dans le miroir, je passe de l’autre côté. Le « P » sur la chaise continue de me hanter, le mot « pléiade » surgit, comme pour donner plus de substance à l’entreprise, à la flânerie. Puis le mot « poussière » se dessine. Le vent se lève, le soleil tombe et, avec lui, les mots. La noirceur m’effraie, les mains, les griffes de l’homme du 31 octobre surgissent des profondeurs, je cours jusqu’au Square Dézéry. Le carré vient rétablir l’équilibre, une grande croix apparait peu à peu derrière les arbres : j’oublie les mains, la lettre… Dans la lumière du lampadaire, au milieu du carré, je vois David.</p> </div></div></div><div class="field field-name-field-taxo-rue field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Emplacement:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/boulevard-pie-ix" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Boulevard Pie-IX</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-d%C3%A9z%C3%A9ry" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Dézéry</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-ontario" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Ontario</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-st-germain" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue St-Germain</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/%C3%A9glise-nativit%C3%A9-de-la-sainte-vierge-dhochelaga" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Église Nativité-de-la-Sainte-Vierge-d&#039;Hochelaga</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/salon-de-coiffure-chantilly" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Salon de coiffure Chantilly</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/lid%C3%A9e-fixe" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">L&#039;Idée fixe</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/bobby-mcgee" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Bobby McGee</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-hochelaga" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Hochelaga</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-davidson" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Davidson</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/place-simon-valois" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Place Simon-Valois</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/square-d%C3%A9z%C3%A9ry" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Square Dézéry</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-sherbrooke" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Sherbrooke</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-generaux field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Mots-clés:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/mots-cl%C3%A9s-g%C3%A9n%C3%A9raux/paysage" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Paysage</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-madalite-parcours field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Modalités du parcours:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/modalit%C3%A9s-du-parcours/marche-et-fl%C3%A2nerie" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Marche et flânerie</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-reseaux field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Réseau:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/r%C3%A9seau/jour" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Jour</a></div><div class="field-item odd"><a href="/r%C3%A9seau/nuit" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Nuit</a></div><div class="field-item even"><a href="/r%C3%A9seau/ruelles" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Ruelles</a></div><div class="field-item odd"><a href="/r%C3%A9seau/rues" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rues</a></div></div></div> Tue, 15 Sep 2015 13:23:29 +0000 Hochelaga imaginaire 183 at http://hochelagaimaginaire.ca http://hochelagaimaginaire.ca/note-de-terrain/de-la-poussi%C3%A8re#comments Des confitures http://hochelagaimaginaire.ca/note-de-terrain/des-confitures <div class="field field-name-field-auteur field-type-entityreference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Auteur·e·s:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/individu/t%C3%A9treault-florence">Tétreault, Florence</a></div></div></div><div class="field field-name-body field-type-text-with-summary field-label-hidden"><div class="field-items"><div class="field-item even" property="content:encoded"><p style="text-align: right;">(Crédits photo: Marc-André Dupaul)</p> <p>       <br />Entre-t-on simplement dans Hochelaga par la porte papillon du métro Préfontaine?</p> <p>Sur une butte choisie, près de l'édicule. Je suis du regard les mouvements fous des passants qui s'éloignent jusqu'à les perdre de vue. Ils migrent, d'un endroit à l'autre, circulation pressée, <em>en direction de</em>.</p> <p>Je voudrais     attraper leurs courtes tangentes dans ma vie avec un filet à papillons. Comprendre ces battements de pieds qui les agitent. Saisir le but de leurs trajectoires dans ce parc aux milles sentiers dont aucun n'est droit.</p> <p>Je voudrais     les inviter dans le ventre sec de la pataugeoire à ma gauche pour un pique-nique en plein ciment, direct dans l'creux. On parlerait du goût du lunch et de la sécheresse autour. Celle qui rend aride le terrain de croquet et qui fait sécher la peinture sur les murs de l'édifice condamné.</p> <p>Et peut-être effleurerait-on d'une simple phrase le fleuve invisible.</p> <p>Je voudrais     étendre mon bras vers le skate park. Attraper ce garçon solitaire qui défie l'équilibre sur la demi-lune et le tenir en apesanteur une minute de plus pour lui donner un aperçu des vertus de l'espace et du rêve.</p> <p>Je voudrais     échanger avec les deux faux Columbos en trench-coat beige qui pique-niquent côte à côte sur les estrades du terrain de baseball. Rien ne bouge devant eux, sauf la porte grande ouverte qui grince en se balançant sur ses gonds.</p> <p>Je voudrais    fixer tenir attraper mais tout frétille autour pour mieux repartir      les gens quittent et passent dans l'espace  remplacés par d'autres et d'autres visages            s'amoncellent dans ma mémoire les gens les pieds les jambes     effluves qui m'arrivent      odeur de pain qui dore    vidanges entassées parfum d'une jolie femme     et puis disparues  évanouies<br />    comment saisir?</p> <p>Le grand vent se lève dans la grisaille de la pataugeoire vide. Dans chacun de ses souffles, il fait voltiger une facture jaune et blanche. Le papier s'agite au-dessus du sol, frétille entre les clôtures, se pose quelques secondes, puis reprend sa danse dans l'air.</p> <p>Je m'approche. M'accote sur un des sept bancs vides et sales qui contemplent la scène en silence.  Désire cueillir le papier fou, en faire quelque chose.</p> <p style="text-align: center;">*</p> <p style="text-align: justify;"><em>Ruelle Winnipeg</em> : des photos de l'autodrome sur la remise. Le coin des boys.    </p> <p><em>Lieu oublié</em> : une plante avec des feuilles en forme de nénuphar. Je rêve à des grenouilles de ruelle qui croassent quand la nuit vient.</p> <p><em>Ruelle Drouin</em> : quatre chaises en plastique penchées sur la table défraîchie pour que l'eau s'égoutte en cas de pluie.</p> <p style="text-align: center;">*</p> <p><em>Le vent dans les voiles du quartier ou les cordes à linge extraordinaires</em>.  <br />Ruelle Winnipeg. J'aperçois la plus haute exposition textile d'entre toutes. Un col roulé gris affronte seul les limites de la stratosphère du quartier. Il touche pratiquement l'église Nativité-de-la-Sainte-Vierge. Saint-Suaire d'Hochelaga aux prétentions de montgolfière? Ses manches courtes se fanent vers le bas, probablement fatiguées de lutter pour voler si haut. Au ras de la ruelle, des voix filtrent par les portes moustiquaires des appartements. Parlures rauques, traînantes, se racontant les petites gravités qui les maintiennent au sol. J'aimerais leur montrer le superbe de leur linge au vent.</p> <p style="text-align: center;">*</p> <p style="text-align: justify;">Il y a un siège, un luxe confortable dans les toilettes de la piscine Pierre-Lorange. Un divan gris une place à trois mètres des cabines. Il fait face au miroir. Qui s'y assoit pour regarder sa réflexion au milieu des toilettes? De qui faut-il espérer l'arrivée dans les chiottes de la piscine?  Pourquoi les gens ne se baignent-ils pas au lieu d'attendre?</p> <p style="text-align: center;">*</p> <p>L'autre jour, rue Hochelaga, une femme âgée portant un manteau turquoise vieilli m'a pointée du doigt en marmonnant quelque chose d'incompréhensible à sa dame de compagnie qui la soutenait pour la marche du jour. Nous nous sommes croisées sur le trottoir. En les dépassant j'ai entendu l'accompagnatrice lui répondre <em>oui hein, a ressemble à votre fille!</em> Je me demande combien de fausses filles elle a dans Hochelaga et si celle habillée en rouge faisant le guet au coin des rues Moreau et Ste-Catherine ou la plus zélée hélant les autos qui passent en face du square Dézéry partagent avec moi cette mère adoptive.</p> <p>J'avance dans le Montréal <em>chop suey</em> le souffle court et les bras tendus pour tout cueillir, tout ouvrir. Une publicité de bière : <em>soyez à la mauvaise place au bon moment</em>. J'arrive au coin où tout le monde peut être <em>Lucky</em> comme le dépanneur s'ils veulent payer le prix. Un coin beige, gris, mort. Constructions fades. Peu de verdure. Boîtes aux lettres bouchées. Qui vit là?  </p> <p><em>Ohé, la Catherine!</em> qu'ils crient de leurs autos. Ils n'habitent pas ici. Odeurs de levure. Noires nuits. Réservoirs d’ammoniaque à proximité. Ils n'habitent pas ici. C'est pas un quartier pour les enfants.</p> <p><em>Ohé, la Catherine!</em> Allez ouvre! Ouvre-toi Hochelaga la belle, l'aride, la fière, la courbée. Je pense aux fruits rouges du parc. À mon désir de voir en elle des canneberges de quartier. Je vois ces fausses filles abandonnées au macadam. Désire voir en elles autre chose que le Rouge Désir du coin. Allez ouvre, Hochelaga, ouvre.</p> <p>Je voudrais marcher sur Moreau comme j'avance sur Villeray mais toujours la jambe soudaine d'une Catherine glissée entre deux bétons m’attrape par le plexus.</p> <p>Jamais je n'ose regarder la propriétaire des jambes. Me concentre plutôt sur les structures oxydées du pont Jacques-Cartier au loin. Pense au fleuve invisible si près. Lis les annonces sur les poteaux. <em>Appel à témoin, n'hésitez pas à soulager votre conscience (avis de recherche)</em>.</p> <p>En tournant la tête pour esquiver la vue des autos qui démarrent dans un gras de moteur, je trouve un parapluie désaxé sur le trottoir. Il ne fonctionnait plus. On l'a laissé là<br /> </p> <p style="text-align: center;">*</p> <p>mais il y a aussi sur Moreau  six petites fleurs mauves qui me touchent inexplicablement</p> <p>*<br /> </p> <p>Suivez cette femme immédiatement! De son balcon, elle est en train de quitter le quartier. Étendue sur une chaise longue, elle lit en robe de chambre, accompagnée de ses oiseaux en cage. Dans quel univers est-elle pour ne pas entendre les klaxons et sirènes de la circulation?</p> <p style="text-align: center;">*</p> <p><em>Chaque fleur ou arbuste a été planté par un(e) élève. Cet aménagement est un reflet de la beauté des enfants et représente l'école Baril comme un lieu d'épanouissement.</em> D'aussi grandes ironies me donnent le frisson.</p> <p>L'édifice beige est impossible à atteindre. Allez ouvre! Placardé, grillagé. <em>Danger. Zone de démolition.</em> Les appartements d'en face sont silencieux. De l'un des balcons du deuxième étage pend un tricycle rose inanimé. En diagonale, on annonce un spectacle de lutte tous les samedis soirs à 19 heures. L'impression d'être devant l'école Baril comme devant le spectre de la lutte tous les jours.</p> <p>Les immeubles rouges autour du bâtiment désert comme un feu immense le long de la rue Drouin. La cour d'école est pleine d'amas. Terre, gravier, ciment, asphalte, déchets entassés. Amas de non-bruit. Des cris d'enfants absents qui ne résonnent pas contre les fondations de pierre du bâtiment, qui ne s'écorchent pas contre les autobus en fin d’après-midi.  Pas de verdure, de ballon. Rien. Tout est mort, ici.</p> <p><em>Pour les enfants du Laurier Palace, cherchez à l'école Baril.</em> Ils se sont déplacés dans l'Est pour jouer tout le jour entre les limites de la vieille clôture barrée. Présences invisibles entre les anneaux de basketball sans filet et l'asphalte déconstruite.  Se mouvant entre les émanations de l'air contaminé de l'établissement qui se mêlent au grand souffle du vent.  </p> <p>J'ai le souvenir jamais vécu d'une cage d'escalier remplie d'enfants empilés. Il se superpose comme une image récurrente à la vue du gouffre qu'est cette cour d'école vide.  </p> <p style="text-align: center;">*</p> <p>yeux barricadés comme les fenêtres de l'école       incapable de me débarrasser des enfants négligés qui s'amassent dans les coins de ma tête    ne vois rien d'autre que ce four <em>à vendre</em> rue Bourbonnière qui me fait venir en tête l'odeur du brûlé</p> <p style="text-align: center;">*</p> <p>La friperie Renaissance est un vrai carnaval. C'est la fête. On y trompe l'ennui ou la tristesse en se demandant si ce chandelier en plastique à ornement de fleurs hawaïennes ne pourrait pas donner un peu de chaleur au cœur.</p> <p>J'entre dans cet espace avec l'arrivée d'une petite jupe rouge à pois noirs dans mon champ de vision. Elle est sur le dernier support au fond, près de la section des <em>pyjamas</em> où reposent d'anciennes parures de lit sales et jaunies. En prenant la jupe dans mes mains, je me demande si les vêtements d'Hochelaga autour de moi portent encore la trace des corps du quartier et quelles étaient leurs aventures.</p> <p>Il y a probablement ici une parure qui a servi pour un rendez-vous au Bar St-Vincent.</p> <p>Je me dis que je suis devant ces vêtements comme une observatrice des voiles fanées du quartier. Quelle magnificence ce serait que de les accrocher toutes sur une immense corde à linge le long d'Ontario. On y cacherait les nids de poules. Le vent soufflerait fort, condition principale à la navigation des plus grands voiliers. .</p> <p style="text-align: center;">*</p> <p>Sur une porte, l’insigne suivante: <em>Pas de circulaires. Que des lettres d'amour et des cartes postales.</em> Je leur écrirai bonjour, je vous offre les perles du champ de bataille Ontario par la poste, les é<em>tait fâchée cont' moé a brisé l'bycik à place</em>, l'image de champs de lavande affichée dans la vitrine du magasin de tissus Hajaly comme un rêve où s'enfuir et les odeurs périodiques d'urine sur l'artère commerciale. Je leur dirai: je vous envoie une carte postale d’où vous êtes, savez-vous c'est pas très exotique, mais ça fait du bien de prendre une autre place, n'importe où, par exemple, sur le Saint-Siège en location au salon de coiffure Bérard et d'observer la vie passer sous un angle différent. Que même si <em>Ô Shagg mon amour</em> en grosses lettres sur le mur de briques près de la place Valois rappelle vaguement Hiroshima, il y aura toujours un May West dans un panier à bicyclette pour trouver l'admirable à l'en dessous<a class="see-footnote" id="footnoteref1_quz5n0n" title="Jacques Brault. L'en dessous, l'admirable. Montréal, Presses de l'Université de Montréal, 1975, 51 p." href="#footnote1_quz5n0n">1</a>. Et, en post-scriptum, je leur offrirai les espaces vides à loué des Promenades Ontario comme un cadeau à remplir de poésie.</p> <ul class="footnotes"><li class="footnote" id="footnote1_quz5n0n"><a class="footnote-label" href="#footnoteref1_quz5n0n">1.</a> Jacques Brault. L'en dessous, l'admirable. Montréal, Presses de l'Université de Montréal, 1975, 51 p.</li> </ul></div></div></div><div class="field field-name-field-taxo-rue field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Emplacement:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/station-pr%C3%A9fontaine" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Station Préfontaine</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-moreau" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Moreau</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/parc-raymond-pr%C3%A9fontaine" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Parc Raymond-Préfontaine</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/ruelle-winnipeg" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Ruelle Winnipeg</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/ruelle-drouin" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Ruelle Drouin</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-hochelaga" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Hochelaga</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/piscine-pierre-lorange" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Piscine Pierre-Lorange</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-sainte-catherine" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Sainte-Catherine</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-adam" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Adam</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/%C3%A9cole-baril" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">École Baril</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-ontario" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Ontario</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/place-simon-valois" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Place Simon-Valois</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/laurier-palace" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Laurier Palace</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/friperie-renaissance" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Friperie Renaissance</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-madalite-parcours field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Modalités du parcours:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/modalit%C3%A9s-du-parcours/marche-et-fl%C3%A2nerie" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Marche et flânerie</a></div><div class="field-item odd"><a href="/modalit%C3%A9s-du-parcours/m%C3%A9tro" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Métro</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-reseaux field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Réseau:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/r%C3%A9seau/jour" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Jour</a></div><div class="field-item odd"><a href="/r%C3%A9seau/parcs-et-squares" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Parcs et squares</a></div><div class="field-item even"><a href="/r%C3%A9seau/ruelles" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Ruelles</a></div><div class="field-item odd"><a href="/r%C3%A9seau/rues" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rues</a></div></div></div> Thu, 05 Mar 2015 15:03:00 +0000 Hochelaga imaginaire 154 at http://hochelagaimaginaire.ca http://hochelagaimaginaire.ca/note-de-terrain/des-confitures#comments Étrange Hochelaga http://hochelagaimaginaire.ca/note-de-terrain/%C3%A9trange-hochelaga-0 <div class="field field-name-field-auteur field-type-entityreference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Auteur·e·s:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/individu/fournier-virginie">Fournier, Virginie</a></div></div></div><div class="field field-name-body field-type-text-with-summary field-label-hidden"><div class="field-items"><div class="field-item even" property="content:encoded"><p>Étrange, l’Hochelaga.</p> <p>Territoire débusqué au creux d’une pente, au moment où la vitesse à laquelle tournent les roues du vélo accélère, laissant de moins en moins de contrôle sur la direction - droit devant, vers le Sud, toujours plus au sud, toi qui viens du Nord, de beaucoup plus loin au nord.</p> <p>***</p> <p>Les rues défilent; Sherbrooke, Hochelaga, De Rouen, Ontario. Peu importe quel appartement tu as occupé, en quel territoire ennemi tu t’es tapie, tu ne t’éloignes jamais du métro, point lumineux qui te sert de phare. Parfois, quand tu marches, tu as encore l’impression d’être perdue même si tu refais toujours le même trajet.</p> <p>Tu débarques dans son royaume, déambule dans ses rues comme si elles t’appartenaient, alors que tu n’es qu’une étrangère en terrain inconnu. Tu marches dans Hochelaga comme on pénètre une forêt dangereuse; en prêtant attention aux dangers qui pourraient surgir, en allégeant le pas pour te fondre à la faune urbaine. Des ombres passent, défilent. Le lieu est impossible à saisir dans sa totalité. Ce n’est que par fragments épars que tu arrives à avancer, à t’enfoncer plus en avant dans ce territoire impénétrable <em>a priori</em>.</p> <p>***</p> <p>Étrange lieu poursuivi depuis la fin de tes shifts, à vélo, à pied, en métro. Course effrénée, jamais un simple retour, mais bien une arrivée dans une nouvelle patrie<em>.</em> Tu cherchais à le rejoindre quand tu t’essoufflais sur l’avenue du Parc. Il fallait parvenir à Rachel et après c’était mieux. Atteindre Aylwin et se laisser descendre, perdre le contrôle en cours de manœuvre mais s’enivrer, <em>s’enivrer</em> – le fond de l’air doux, chaud, <em>rassurant</em> ou encore la pluie, fine, un peu froide. Puis après, quand tu travaillais tout près de la tour de la SQ (hideuse). Tu marchais rapidement sur Fullum, attrapais Ontario, filais sur De Rouen dès que l’occasion se présentait - pas très loin d’Iberville. Presque instantanément tu sentais ce point chaud dans ta poitrine s’étendre jusqu’aux extrémités de tes membres.</p> <p>Étrange, l’hochelagaise.</p> <p>Tu es persuadée que c’est la nuit que le quartier t’offre le flanc, pourtant tu n’arrives qu’à en longer les frontières et les murs de briques. En fait, étrange que l’on te désigne ainsi; ton exotisme ordinaire ne trompe personne.<br /><em>Pourtant, je vois, j’entends, je ressens, j’y suis. </em></p> <p>Aujourd’hui, c’est depuis l’université que tu parviens à ton cher Hochelaga. Parfois seule, parfois en groupe bien équipé – chandail chaud, bons souliers, gourde remplie, appareil-photo de qualité, carnet clairefontaine – pour discerner, à travers un amoncèlement de discours, de formes, de cris, la forme hirsute que prend Hochelaga. <em>Je ne la distingue toujours pas mais elle me plaît quand même</em>. On pourrait vous prendre pour la Belle et la Bête, <em>mais on ne saurait pas à laquelle je corresponds</em>.</p> <p>Étrange Hochelaga.</p> <p>Étrange, quand il quémande du jus d’orange puis disparaît. <em>Je suis revenue de la fruiterie, j’y avais acheté deux boîtes de jus, une pour toi, une pour moi, mais tu n’étais plus là. </em>Quand il fait la fête, danse avec passion dans les parcs avant de s’endormir, essoufflé, sous un banc. Quand dans l’asphalte on distingue des hiéroglyphes, <em>tu vois, sur Ontario, entre Bourbonnière et Chambly, ces dessins gravés,</em> des traces de vies anciennes, des tatouages incrustés dans son épiderme. Quand il s’exprime par messages codés, messages qui bordent les immeubles <em>et guident mes pas</em>.</p> <p>Quand il se met à parler dans la rue, à hurler après les passants. Quand il s’hérisse de condos, de propriétés avec de hautes clôtures. <em>Sur la rue Amyot, j’y ai vu </em><em>les barricades privées qui obscurcissaient le paysage bigarré. </em><br /> <br />Très étrange, quand il se coupe de son Saint-Laurent et se replie sur lui-même, abandonnant ses ambitions touristiques. On ne peut même pas apercevoir les feux d’artifices de l’Île Sainte-Hélène depuis les parcs qui s’agrippent à René-Lévesque<em>.</em><br />Oui, étrange quand il se construit un abri dans la forêt, qu’il la transforme en habitation, tu sais, <em>oui</em>, <em>juste à côté du viaduc De Rouen.</em> Tu imagines ses nuits, à regarder le ciel et à écouter grouiller la ville.</p> <p>Étrange que tu puisses penser être chez toi ici. <em>Étrange que son ambivalence plaise à la mienne. </em></p> </div></div></div><div class="field field-name-field-taxo-rue field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Emplacement:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-aylwin" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Aylwin</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-sherbrooke" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Sherbrooke</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-hochelaga" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Hochelaga</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-de-rouen" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue de Rouen</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-ontario" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Ontario</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/avenue-bourbonni%C3%A8re" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Avenue Bourbonnière</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-de-chambly" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue de Chambly</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-madalite-parcours field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Modalités du parcours:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/modalit%C3%A9s-du-parcours/marche-et-fl%C3%A2nerie" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Marche et flânerie</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-reseaux field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Réseau:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/r%C3%A9seau/parcs-et-squares" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Parcs et squares</a></div><div class="field-item odd"><a href="/r%C3%A9seau/ruelles" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Ruelles</a></div><div class="field-item even"><a href="/r%C3%A9seau/rues" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rues</a></div></div></div> Tue, 03 Mar 2015 20:48:16 +0000 Virginie Fournier 151 at http://hochelagaimaginaire.ca http://hochelagaimaginaire.ca/note-de-terrain/%C3%A9trange-hochelaga-0#comments Carnets d'exploration 1 & 2 http://hochelagaimaginaire.ca/note-de-terrain/carnets-dexploration-1-2 <div class="field field-name-field-auteur field-type-entityreference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Auteur·e·s:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/individu/domingue-simon">Domingue, Simon</a></div></div></div><div class="field field-name-body field-type-text-with-summary field-label-hidden"><div class="field-items"><div class="field-item even" property="content:encoded"><p>Cliquez sur la loupe du diaporama (à droite) pour lire le texte.</p> </div></div></div><div class="field field-name-field-taxo-rue field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Emplacement:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/parc-raymond-pr%C3%A9fontaine" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Parc Raymond-Préfontaine</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-d%C3%A9z%C3%A9ry" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Dézéry</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-hochelaga" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Hochelaga</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-de-rouen" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue de Rouen</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-ontario" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Ontario</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/parc-d%C3%A9z%C3%A9ry-pr%C3%A9fontaine" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Parc Dézéry-Préfontaine</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-adam" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Adam</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-joliette" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Joliette</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-aylwin" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Aylwin</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/%C3%A9glise-tr%C3%A8s-saint-r%C3%A9dempteur" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Église Très-Saint-Rédempteur</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-madalite-parcours field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Modalités du parcours:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/modalit%C3%A9s-du-parcours/marche-et-fl%C3%A2nerie" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Marche et flânerie</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-reseaux field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Réseau:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/r%C3%A9seau/jour" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Jour</a></div><div class="field-item odd"><a href="/r%C3%A9seau/parcs-et-squares" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Parcs et squares</a></div><div class="field-item even"><a href="/r%C3%A9seau/ruelles" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Ruelles</a></div><div class="field-item odd"><a href="/r%C3%A9seau/rues" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rues</a></div></div></div> Mon, 09 Feb 2015 14:34:48 +0000 Hochelaga imaginaire 140 at http://hochelagaimaginaire.ca http://hochelagaimaginaire.ca/note-de-terrain/carnets-dexploration-1-2#comments Maisonneuve de glace http://hochelagaimaginaire.ca/note-de-terrain/maisonneuve-de-glace <div class="field field-name-field-auteur field-type-entityreference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Auteur·e·s:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/individu/deneault-marjolaine">Deneault, Marjolaine</a></div></div></div><div class="field field-name-body field-type-text-with-summary field-label-hidden"><div class="field-items"><div class="field-item even" property="content:encoded"><p>Marcher vite pour ne pas que l’hiver me rattrape, les bouts de doigts gelés ne doivent pas se perdre dans le canal bouché par un sac de vidanges éventré. J’ai peur de la suite des choses, mais je continue d’avancer, quitte à tomber en cours de route. C’est inévitable, je suis maintenant, trop engagée dans la marche du quartier pour faire demi-tour.</p> <p>Aveuglée par le bleu hypocrite du ciel sans nuage, je traverse rapidement la rue Hochelaga. Des mirages d’automobiles en vue, j’ai une pensée pour le boulevard Taschereau. Hochelaga empoussiérée aujourd’hui, tu lui ressembles un peu. Tes envolées de lampadaires ne me convainquent pas.</p> <p>Je ne veux pas mourir sur toi, Hochelaga.</p> <p>Un miroir abandonné me projette le reflet d’une adolescence en voie de disparition. Des autocollants à moitié arrachés, des noms de groupes oubliés me rappellent que je t’ai souvent marché, Maisonneuve, comme une limite, comme un exotisme du métro Préfontaine. Tu me donnais l’impression d’être ailleurs dans ces moments où je m’imaginais fuguer sur les autoroutes sans fin des États-Unis, avec rien d’autre qu’un livre, un couteau et quelques dollars.</p> <p>Je n’ai pas froid, j’ai frette de ta stérilité, de ton béton qui craque sous le poids de tes condos en carton. Je veux gueuler le désert de ton étalement urbain, mais je n’y arrive pas, j’ai les cordes vocales mêlées dans la douce odeur de sécheuse qui réchauffe tes trottoirs. Maisonneuve, chez toi, tout est plus large et je cherche, quelque part dans tes ruelles, une fiction de sécurité directement tirée de mes souvenirs.  </p> <p>Je ne veux pas mourir sur toi, de Rouen.</p> <p>J’ai trop sur le coeur ton Québec Linge et une vieille histoire de famille. Des réminiscences des heures de guet passées sur un banc d’en face en espérant croiser le hasard d’une rencontre. Voir ma mère en vrai ailleurs que sur <a href="https://www.google.ca/maps/@45.544743,-73.541406,3a,15y,23.3h,106.69t/data=!3m4!1e1!3m2!1sp1p0Hqbn3R9MmM-MNM3-_w!2e0?hl=fr">Google Street View</a>. Je me demande quelle circulaire elle regarde, assise de travers devant le 1653 de Chambly. Le Windex est peut-être en spécial chez Jean Coutu.</p> <p>Heureusement, le marché Maisonneuve s’ouvre devant comme un refuge. La vie reprend ici avec les dizaines de tables presque toutes occupées. Plusieurs personnes seules devant des journaux ou des livres. Près de la fenêtre, une dame relativement âgée ne cesse de noircir des feuilles. Des conversations s’échangent, mais rien n’arrive distinctement à mon oreille. Rien à voir avec la promiscuité du Tim Hortons, rien à voir avec Hochelaga. Les personnages sont ici en veilleuse. J’ai l’impression que tout le monde n’est que de passage, mais peut-être que je n’arrive pas à comprendre le lieu.</p> <p>Je ne veux pas mourir sur toi, Maisonneuve.</p> <p>J’aimerais plutôt remonter à mes origines et essayer de comprendre. Aux premiers jours de l’été, Aird m’a accueillie en ouvrant ses grandes portes rouges sur moi. À partir de là, tout m’a échappé : Darling et ses lilas, les nuits de batailles sur Ontario, le son du train et du frottement de fer sur Dézéry, une voisine qui crie rue De Chambly, les engueulades qui réveillent de la rue Adam.</p> <p>Neige noire sur Notre-Dame, retour au présent. Même l’hiver et ses flocons de silence n’arrivent pas à apaiser le vacarme incessant du progrès en marche. Je, on ne veut pas mourir sur toi Notre-Dame avec ton horizon qui n’existe pas. Le quartier est plus grand que tout cela, son imaginaire me dépasse.</p> <p>Et je ne veux pas mourir avec toi, Hochelaga.</p> </div></div></div><div class="field field-name-field-taxo-rue field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Emplacement:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-hochelaga" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Hochelaga</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-de-rouen" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue de Rouen</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-de-chambly" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue de Chambly</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-d%C3%A9z%C3%A9ry" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Dézéry</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/jean-coutu" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Jean Coutu</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-adam" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Adam</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-notre-dame" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Notre-Dame</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-darling" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Darling</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/march%C3%A9-maisonneuve" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Marché Maisonneuve</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/tim-hortons" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Tim Hortons</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-generaux field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Mots-clés:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/mots-cl%C3%A9s-g%C3%A9n%C3%A9raux/paysage" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Paysage</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-madalite-parcours field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Modalités du parcours:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/modalit%C3%A9s-du-parcours/marche-et-fl%C3%A2nerie" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Marche et flânerie</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-reseaux field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Réseau:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/r%C3%A9seau/jour" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Jour</a></div><div class="field-item odd"><a href="/r%C3%A9seau/ruelles" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Ruelles</a></div><div class="field-item even"><a href="/r%C3%A9seau/rues" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rues</a></div></div></div> Tue, 27 Jan 2015 20:07:29 +0000 Marjolaine Deneault 130 at http://hochelagaimaginaire.ca http://hochelagaimaginaire.ca/note-de-terrain/maisonneuve-de-glace#comments Hochelag à matin http://hochelagaimaginaire.ca/note-de-terrain/hochelag-%C3%A0-matin <div class="field field-name-field-auteur field-type-entityreference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Auteur·e·s:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/individu/s%C3%A9nat-marion">Sénat, Marion</a></div></div></div><div class="field field-name-body field-type-text-with-summary field-label-hidden"><div class="field-items"><div class="field-item even" property="content:encoded"><p>Quand tu quittes Hochelaga, tu te mets en tête de tout r’monter, même si l’soleil s’est levé que d’un côté de la rue. C’est comme une grande migration à matin, une migration étrange, en plein hiver tout ce monde qui s’en va vers le Nord. C’est comme un grand départ pour faire le silence, pour laisser la matinée aux chats, au lent dérapage du soleil et à celles-ceux qui restent et qui sont tranquilles, enfin. Le crissement des bottes sur la neige, vu du haut de la rue Hochelaga on dirait presque une file d’alpinistes qui remontent de Chambly, une file qui chaloupe, qui zigzague pour éviter les plaques de givre, qui glisse et rattrape de justesse la seconde qui l’aurait fait valdinguer. Mais qui ralentit pas le pas, qui charge presque, habitée d’une mélodie qu’on n’entend pas. Un défilé où ça marche lentement aussi, pour sentir le froid, le matin, tenter de capter tout ce que l’aube pousse de secret dans le dos, ce qu’elle promet avec ses rayons qui étirent de grandes ombres sur la rue.</p> <p>Le reste s’éveille.</p> <p>Chez Lian, laverie rue Ontario, les chaises sont enchaînées, c’est tout propre y'a personne, y'a la radio, un petit écran qui montre ce que voient les caméras de surveillance, le monsieur de la radio qui parle tout seul, qui propose aux laveuses et à la machine, pour faire du change, d’appeler pour tenter de gagner un voyage d’une semaine dans le Sud. Et les paniers en plastique, prêts, bien alignés sur le bord des machines. Ils se regardent dans les hublots, en face, en plein dans le temps sans minutes de l’attente – ou avec beaucoup trop de minutes, à l’attend’ que ça arrive.</p> <p>Y'a pas de solitude sur la rue Ontario pourtant, y'a les chums qui sortent du Tim Hortons avec un café immense et une boîte sucrée et qui montent illico dans leur voiture pour crisser leur camp où on les appelle. Ya elle, pis elle qu’attendent devant des portes d’entrée. É r’gard’ passer l’monde, en en grillant une, pis deux, pis d’autres encore. É z'attendent les habitués, c’est comme si é vérifiaient qu’y passent à l’heure : la dame toute fripée avec son sac Dollarama, les ouvriers qui refont les canalisations, les types qui vont à la taverne à dix heures, ceux qui vont au Jean Coutu – tous bien peignés, ceux qui sentent le frais et ceux qui sentent la crasse. Ce matin y'a du soleil, ça circule, mais les jours où il neige, j’te parie mon chum, qu’elles continuent à r’garder depuis la f’nêtre au cas où passerait ce qu’elles ne savent pas qu’elles espèrent – au cas où ça se découvrirait d’un coup, sous le blanc, ce qui les sort dehors tous les jours à matin. Suprême, y'a aussi une chaise sur un balcon au dernier étage qui check ben ça, toute ça. Toute ces va-et-vient comme autant d’engrenages d’une grosse machine à fabriquer on ne sait quoi et d’où fusent parfois de petites escarbilles qui pètent, paf !, comme du bois de pin dans la cheminée.</p> <p>Y'a aussi les déneigeurs de trottoirs qui jasent devant la Nativité-de-la-Sainte-Vierge et qui m’demandent de prier pour eux, les caissières du Métro qui sont tannées et qui rigolent parce que l’absurdité vaut mieux en rire, des bouts de papiers qui s’envolent et tout ce qui est trop, qui me saute aux yeux et qui m’est invisible – et toutes les ruelles silencieuses où les chats font des traces de pas mais pas de bruit. De la trame des jours on ne voit que l’affleure – comme le rétro d’un van qui découvre d’un reflet le soleil, dans un banc d’neige.</p> <p>En face de la Nativité-de-la-Sainte-Vierge-d’Hochelaga, désormais ouverte seulement aux horaires de la messe, deux cabines Bell défilent le même message : « Veuillez décrocher… »</p> <p>Ça l’appelle. On ne dit pas qui est le « l’ ». Ça l’appelle c’est tout.</p> </div></div></div><div class="field field-name-field-taxo-rue field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Emplacement:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/%C3%A9glise-nativit%C3%A9-de-la-sainte-vierge-dhochelaga" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Église Nativité-de-la-Sainte-Vierge-d&#039;Hochelaga</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-hochelaga" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Hochelaga</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-de-chambly" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue de Chambly</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-ontario" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Ontario</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/chez-lian" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Chez Lian</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/tim-hortons" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Tim Hortons</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/jean-coutu" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Jean Coutu</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/dollorama" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Dollorama</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-generaux field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Mots-clés:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/mots-cl%C3%A9s-g%C3%A9n%C3%A9raux/paysage" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Paysage</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-madalite-parcours field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Modalités du parcours:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/modalit%C3%A9s-du-parcours/marche-et-fl%C3%A2nerie" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Marche et flânerie</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-reseaux field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Réseau:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/r%C3%A9seau/jour" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Jour</a></div><div class="field-item odd"><a href="/r%C3%A9seau/ruelles" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Ruelles</a></div><div class="field-item even"><a href="/r%C3%A9seau/rues" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rues</a></div><div class="field-item odd"><a href="/r%C3%A9seau/trottoirs" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Trottoirs</a></div></div></div> Tue, 27 Jan 2015 15:50:45 +0000 Marion Sénat 128 at http://hochelagaimaginaire.ca http://hochelagaimaginaire.ca/note-de-terrain/hochelag-%C3%A0-matin#comments Extrait de «Mille regretz» http://hochelagaimaginaire.ca/note-de-terrain/extrait-de-%C2%ABmille-regretz%C2%BB <div class="field field-name-field-auteur field-type-entityreference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Auteur·e·s:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/individu/giasson-dulude-gabrielle">Giasson-Dulude, Gabrielle</a></div><div class="field-item odd"><a href="/individu/bourcier-hugo">Bourcier, Hugo</a></div><div class="field-item even"><a href="/individu/bordeleau-benoit">Bordeleau, Benoit</a></div></div></div><div class="field field-name-body field-type-text-with-summary field-label-hidden"><div class="field-items"><div class="field-item even" property="content:encoded"><p>Le 22 janvier dernier, Gabrielle, Hugo et moi (en sachant Myriam avec nous en pensées) nous retrouvions au 3971 Adam pour une première rencontre de <em>Black Label au bois dormant</em> - nom de groupe issu d'un reste de blague. Nous avions - et avons toujours - comme projet de bricoler des chansons (punk, country, etc.) avec ce que le quartier offre de tags, de graffitis et d'affiches.</p> <p>Lors de la session d'automne, Gabrielle, dans le cadre du groupe de recherche-création, avait lu des extraits de «Mille regretz». Nous lui avons proposé qu'elle en fasse la lecture; nous avons brodé autour. Voici ce que ça donne.</p> <p>Si vous avez des écouteurs à proximité, c'est le temps de les sortir! Le volume n'est pas au rendez-vous sur l'enregistrement.</p> <p> </p> <div class="dnd-atom-wrapper type-audio context-sdl_editor_representation"> <div class="dnd-drop-wrapper"><!-- scald=111:sdl_editor_representation --><div class='image'><object type="application/x-shockwave-flash" data="/sites/all/modules/ajout-nt2/scald/modules/providers/scald_audio/libraries/dewplayer/dewplayer-playlist.swf" width="200" height="20" id="dewplayer-111" name="dewplayer"> <param name="movie" value="/sites/all/modules/ajout-nt2/scald/modules/providers/scald_audio/libraries/dewplayer/dewplayer-playlist.swf" /> <param name="flashvars" value="mp3=http://hochelagaimaginaire.ca/sites/hochelaga-dev.aegirnt2.uqam.ca/files/atoms/audio/LECTURE_GABRIELLE.mp3" /> <param name="wmode" value="transparent" /> </object> </div><!-- END scald=111 --></div> <div class="dnd-legend-wrapper"> <div class="meta"> <!--copyright=111--><p>Extrait de «Mille regretz»<br />Texte: Gabrielle Giasson-Dulude<br />Guitares: Hugo Bourcier et Benoit Bordeleau.</p></div> </div> </div> <p> </p> </div></div></div><div class="field field-name-field-taxo-rue field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Emplacement:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-de-rouen" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue de Rouen</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/viaduc-de-rouen" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Viaduc de Rouen</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-hochelaga" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Hochelaga</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/taverne-morelli" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Taverne Morelli</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-ontario" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Ontario</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-pr%C3%A9fontaine" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Préfontaine</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-madalite-parcours field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Modalités du parcours:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/modalit%C3%A9s-du-parcours/marche-et-fl%C3%A2nerie" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Marche et flânerie</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-reseaux field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Réseau:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/r%C3%A9seau/ruelles" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Ruelles</a></div><div class="field-item odd"><a href="/r%C3%A9seau/rues" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rues</a></div></div></div> Sat, 24 Jan 2015 16:00:39 +0000 Hochelaga imaginaire 127 at http://hochelagaimaginaire.ca http://hochelagaimaginaire.ca/note-de-terrain/extrait-de-%C2%ABmille-regretz%C2%BB#comments Hochelaga imaginaire http://hochelagaimaginaire.ca/note-de-terrain/hochelaga-imaginaire <div class="field field-name-field-auteur field-type-entityreference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Auteur·e·s:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/individu/gervais-bertrand">Gervais, Bertrand</a></div></div></div><div class="field field-name-body field-type-text-with-summary field-label-hidden"><div class="field-items"><div class="field-item even" property="content:encoded"><div style="text-align: right"> </div> <div style="text-align: right">Tout le monde finit toujours par revenir chez Tim Hortons.</div> <div style="text-align: right">Marjolaine  Deneault</div> <div style="text-align: right"> </div> <div> <div> <div>Je ne connais pas Hochelaga. </div> <div>Je ne connais rien d’Hochelaga. </div> <div>Je n’y ai jamais habité. </div> <div> </div> <div>J’y ai visité des amis. </div> <div>J’y ai mangé une poutine. </div> <div>Un club sandwich.</div> <div>Une pizza.</div> <div>Un cheeze burger.</div> <div>J’ai bu des bières au Atomic café.</div> </div> <div>Mangé des brownies chez Sandrine.</div> <div>Mais je n’ai pas mis les pieds dans son Tim Hortons. Quand je suis au Québec, j’évite le plus possible les Tim Hortons, ça n'a rien à voir avec de l’anti-canadianisme, c’est de l’anti-fastfood, pis une histoire de famille.</div> <div>Je n’y mets les pieds que sur la route, au moment de prendre de l’essence ou de m’arrêter pour une pause pipi. J’entre chez Tim Hortons, quand j’ai le choix entre McDonalds, Burger King, Poulet Frit Kentucky, Ming et Tim. Je prends un torsadé au miel avec un petit café bouillant, et je retourne docilement derrière le volant.</div> <div> <div>Mais à Hochelaga ou ailleurs à Montréal, non. Pas envie. Pas besoin. Je trouve les Tim Hortons déprimants, avec leurs tables en Formica et leur céramique de plancher de couleur crème anglaise. Pis l’odeur. L’odeur fade d’huile bon marché surchauffée et légèrement rance. L’odeur de la vieillesse et de l’attente. De ces attentes qui commencent quand on a oublié ce qui était absent. Une attente oubli, une attente désœuvrement, une attente Formica, faite de napkins tachées de gras et de crème au chocolat, d’assiettes en carton et de tasses en styrofoam aux rebords brisés.</div> <div> </div> <div> </div> <div style="text-align: center;">*</div> <div style="text-align: center;"> </div> <div> <div> <div> <div>Je ne connais pas Hochelaga. </div> <div>Je ne connais rien d’Hochelaga. </div> </div> <div>Je n’y ai jamais habité. </div> </div> <div> </div> <div>Mais, j’ai souvent attendu la 67 au métro Joliette, juste à côté du dépanneur. J’ai fait la queue comme tout le monde, attentif aux conversations, aux menus signes d’irritation. Les jeunes qui reviennent de l’école. Les femmes qui sortent des bureaux. Les hommes en bottes de travail. Pis moi, mon sac à dos entre les jambes, mes écouteurs aux oreilles, mes mains dans mes poches. J’ai toujours froid quand j’attends la 67 sur Hochelaga. Le vent arrive de l’ouest. J’enfonce mon chapeau, je serre les coudes, tout en grelottant.</div> <div> <div> </div> <div>Je suis descendu par erreur à Préfontaine. Et je me suis trompé de direction pour rejoindre la 67, marchant vers Frontenac plutôt que Joliette. Irrité par ma propre incurie. </div> </div> <div> </div> <div>J’ai marché sur Darling, sur Cuvillier, sur St-Germain, sur Aylwin, Adam et d’Orléans, avec Benoit, Marjolaine, Virginie, David et les autres. </div> <div> </div> <div>J’ai marché sur Hochelaga jusqu’à rejoindre la rue Bercy où habite un couple d’amis. Ils ont une cour arrière, un sous-sol, des murs recouverts de bois. Des polonais vivent dans la maison d'à côté, ou est-ce des ukrainiens? Je ne sais plus. Mais leur demeure est étrangement barricadée. Comme si la guerre n’avait jamais fini. Des caisses de bois dans la cour arrière, des vitres recouvertes de carton, des chaises pliantes aux coussins déchirés, des cages d’oiseaux abandonnées, et des chats, des chats, un peloton de chats miaulant et violents qui se battent jusque tard dans la nuit. </div> <div> <hr style="display:none;-evernote-encp-section-break:true;" /><p> </p> <p style="text-align: center;">*</p> <div> <div> <div>Je ne connais pas Hochelaga. </div> <div>Je ne connais rien d’Hochelaga. </div> </div> <div>Je n’y ai jamais habité. </div> <div> </div> </div> <div>Je viens de l’ouest de la ville, au nord de Côte-des-neiges en fait, du côté des Anglais et des nouveaux riches. </div> <div>J’ai bummé sur les tracks, celles au sud de Jean-Talon. J’ai acheté des pétards à mèche chez Beaucage. C’était étrange chez Beaucage, comme un magasin général en plein cœur de Montréal. Relents de <i>Mon oncle Antoine</i>. Des étagères de bébelles, des jeux pour enfants, des carabines, des appeaux, d'autres articles de chasse, des produits nettoyants, des feux d’artifices. Entrer dans le magasin, c’était reculer de trente ans. Le plancher de bois non vernis craquait. Les deux vieux derrière le comptoir fumaient leur cigare en servant les clients. Le bruit de la caisse enregistreuse résonnait dans tout le magasin.  </div> <div> <hr style="display:none;-evernote-encp-section-break:true;" /></div> <div>J’y étais entré la première fois avec mon père qui cherchait un tournevis à tête carrée. Il fumait des Rothmans King Size qu’il achetait en cartoon. Des paquets bleus et blancs, très chics. Très anglais. Très nous-sommes-arrivés-on-ne-peut-rien-nous-enlever-et-nous-adhérons-aux-valeurs-en-place.  </div> <div>Des Rothmans achetées chez Beaucage. Des cigarettes sèches et goudronnées.</div> <div>J’ai fumé ma première Rothmans au sous-sol, à côté du soupirail, envahi peu à peu d'une nausée verdâtre. J’en avais volé trois dans un paquet qui trainait sur la table à café. Je les avais mises dans un autre paquet jeté aux ordures, avec une boîte d’allumettes en partie vidée. </div> <div>J’ai fumé les deux autres avec Thibault sur les tracks derrière chez lui, le dos contre le mur de briques d'une usine désaffectée. </div> <div>J’ai fumé des Rothmans, pis après des Export A, des Players, des du Maurier, des Gitanes, et je me suis roulé des cigarettes avec du tabac Drum. Juste à écrire le nom, l’odeur du Drum me revient à l’esprit.</div> <div> </div> <div> </div> <div style="text-align: center;">*</div> <div> </div> <div> <div> <div>Je ne connais pas Hochelaga. </div> <div> <div>Je ne connais rien d’Hochelaga. </div> </div> <div>Je n’y ai jamais habité. </div> </div> <div> </div> <div>Mon père a longtemps trainé dans un Tim Hortons. Il était un de ces vieux qu’on y rencontre le matin après neuf heures, devant une tasse de café et une assiette vide. Quand il n’était pas chez Tim, il était au McDo. Il n’avait pas d’amis, mais des connaissances. Et ils lisaient ensemble le <i>Journal de Montréal</i>, commentaient l’actualité, se grattaient la tête, laissaient les heures s’écouler. Quand la faune du midi arrivait, il s’éclipsait, retournait dans son un et demi écouter les lignes ouvertes sur la bande AM. Tout le monde outré. Tout le monde tout le temps. </div> <div> <div>Quand je le cherchais, j’entrais dans le Tim, faisais le tour des tables, attendais quelques instants, puis repartais. Je passais ensuite au McDo, puis regardais sur les bancs publics avant de retourner à la maison. </div> <div>Ça me faisait rien de ne pas le voir, ce que j’aimais, c’était la possibilité de la rencontre: passer, saluer, repartir.  Pas de vraie conversation, juste une tape sur l’épaule, deux ou trois mots insignifiants, un sourire. On n’avait plus rien à se dire après tout ce qui s’était passé. Mais ça faisait du bien de juste vérifier qu’il était toujours en vie. </div> <hr style="display:none;-evernote-encp-section-break:true;" /><div> </div> <div>Mes déambulations dans Hochelaga me remettent dans cet état d’esprit.</div> </div> <div>C’est pas que je m’attends à le retrouver au coin d’une rue ou sur un banc – il est mort depuis longtemps et je ne l’ai jamais vu en spectre –, mais mes sorties dans les rues du quartier me ramènent à cet état de disponibilité.</div> <div>Tout devient possible.</div> <div>Je marche au présent, mais mon esprit explore les strates du passé. Mes pas me conduisent dans un lieu que je suis seul à connaître et que j'explore comme s’il s’agissait d’un palais de mémoire, d’un palais ramené à la lumière par mes pas, un à un. </div> <div> <div> </div> <div>Je ne connais pas Hochelaga.  </div> <div>Mais le quartier maintenant m'habite. </div> </div> </div> </div> </div> </div> </div> <p> </p> </div></div></div><div class="field field-name-field-taxo-rue field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Emplacement:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-ontario" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Ontario</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/chez-sandrine" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Chez Sandrine</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/tim-hortons" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Tim Hortons</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/atomic-caf%C3%A9" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Atomic Café</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-hochelaga" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Hochelaga</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/station-joliette" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Station Joliette</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/station-pr%C3%A9fontaine" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Station Préfontaine</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-darling" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Darling</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-cuvillier" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Cuvillier</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-saint-germain" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Saint-Germain</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-aylwin" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Aylwin</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-adam" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Adam</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/avenue-dorl%C3%A9ans" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Avenue d&#039;Orléans</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-bercy" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Bercy</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-generaux field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Mots-clés:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/mots-cl%C3%A9s-g%C3%A9n%C3%A9raux/urbanisme" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Urbanisme</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-madalite-parcours field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Modalités du parcours:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/modalit%C3%A9s-du-parcours/marche-et-fl%C3%A2nerie" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Marche et flânerie</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-reseaux field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Réseau:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/r%C3%A9seau/jour" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Jour</a></div><div class="field-item odd"><a href="/r%C3%A9seau/trottoirs" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Trottoirs</a></div></div></div> Thu, 22 Jan 2015 21:42:01 +0000 Bertrand Gervais 126 at http://hochelagaimaginaire.ca http://hochelagaimaginaire.ca/note-de-terrain/hochelaga-imaginaire#comments