Hochelaga Imaginaire - Rue Darling http://hochelagaimaginaire.ca/taxonomie-rue/rue-darling fr Surmonter l'édicule et descendre l'éthanol http://hochelagaimaginaire.ca/note-de-terrain/surmonter-l%C3%A9dicule-et-descendre-l%C3%A9thanol <div class="field field-name-field-auteur field-type-entityreference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Auteur·e·s:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/individu/fournier-virginie">Fournier, Virginie</a></div></div></div><div class="field field-name-body field-type-text-with-summary field-label-hidden"><div class="field-items"><div class="field-item even" property="content:encoded"><p>Point de rencontre à l’édicule, qu’ils ont dit.</p> <p>L’édicule, curieux toit bétonné. C’est ce qui protège les passants de la vue du Stade, que j’ai appris. Pie-IX s’est dressé devant nous et nous avons redressé le chemin. Heure prévue pour le coucher de soleil : 20h32 selon Météomédia. Ni trop tôt ni trop tard pour <em>stager</em> la déclinaison lumineuse, en capturer les derniers souffles, obtenir une série de moments reproductibles à l’infini. De lourds objectifs pour l’atteinte de formidables clichés.</p> <p align="right"><em>The world was on fire</em><br /><span style="line-height: 22.3999996185303px;">Et le Moe’s aussi</span></p> <p>Sherbrooke éjaculait une automobile à la fois; pas facile l’arrivée dans ce bas-monde en période conique. <em>Fuck</em> <em>toute</em>, ont brandi les campeurs pour commencer la fin de soirée. J’aurais voulu hurler avec eux mais le chemin s’est passé de moi trop vite.</p> <p align="right"><em>and no one could save me</em><br /><em style="line-height: 22.3999996185303px;">but you</em></p> <p>La Françoise de soirée descendait lentement dans les gorges de moins en moins sèches. Il y avait l’autre, assis dans un coin de la pièce, qui gardait sa casquette enfoncée jusqu’aux oreilles. Il emplissait ses membres du rythme des années 2000 et du goût de cinquante Labatt. Les mouvements frénétiques laissaient place à une douceur cadencée, tendance Isaak. Une sensualité faite <em>toune </em>qui roula d’une manière étrange ses épaules, ses hanches étroites, peut-être ses yeux aussi. D’hypnotiques gesticulations comme autant d’expériences psychédéliques que je n’ai pas vécues.</p> <p align="right"><em>In the day</em><br /><em style="line-height: 22.3999996185303px;">In the night</em><br /><em style="line-height: 22.3999996185303px;">Say it right</em><br /><em style="line-height: 22.3999996185303px;">Say it all</em></p> <p>Empêtrée, que je dirais de moi-même, j’avais attendu la noirceur et les points plasma fixes. Peut-être qu’un sens pourrait jaillir d’une lointaine boule de gaz qui implose… En relevant la tête, j’ai été aveuglée de souvenirs déambulatoires. Ils m’ont hérissée l’échine et j’ai laissé courir le frisson. Mes valoises allées et venues entre les ciseaux lancés au hasard, les chats timides et les paires parfaites, celles panoramiquement présentées avec La Ronde par-delà notre leste dame, ont macéré en un curieux cocktail. J’ai rajouté un peu d’éthanol, en distribution libre sur Préfontaine, et ai fait cul sec sur Moreau.</p> <p>Et glou Darling, que j’aurais voulu entendre.</p> </div></div></div><div class="field field-name-field-taxo-rue field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Emplacement:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-notre-dame" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Notre-Dame</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/m%C3%A9tro-pie-ix" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Métro Pie-IX</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-sherbrooke" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Sherbrooke</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/chez-fran%C3%A7oise" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Chez Françoise</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/restaurant-moes" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Restaurant Moe&#039;s</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-moreau" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Moreau</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-darling" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Darling</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-madalite-parcours field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Modalités du parcours:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/modalit%C3%A9s-du-parcours/marche-et-fl%C3%A2nerie" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Marche et flânerie</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-reseaux field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Réseau:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/r%C3%A9seau/nuit" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Nuit</a></div><div class="field-item odd"><a href="/r%C3%A9seau/ruelles" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Ruelles</a></div><div class="field-item even"><a href="/r%C3%A9seau/rues" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rues</a></div><div class="field-item odd"><a href="/r%C3%A9seau/trottoirs" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Trottoirs</a></div></div></div> Tue, 09 Jun 2015 17:06:02 +0000 Virginie Fournier 178 at http://hochelagaimaginaire.ca http://hochelagaimaginaire.ca/note-de-terrain/surmonter-l%C3%A9dicule-et-descendre-l%C3%A9thanol#comments Cahier Canada et cochonnet http://hochelagaimaginaire.ca/note-de-terrain/cahier-canada-et-cochonnet <div class="field field-name-field-auteur field-type-entityreference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Auteur·e·s:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/individu/bordeleau-benoit">Bordeleau, Benoit</a></div></div></div><div class="field field-name-body field-type-text-with-summary field-label-hidden"><div class="field-items"><div class="field-item even" property="content:encoded"><p>Une odeur d’herbe fraîchement coupée accompagne ta déambulation le long de la rue Notre-Dame. La femme qui conduit le tracteur, porte grande ouverte, accuse à peine ta présence. Ici, à quelques rues de l’appartement, les bandes d’asphalte et de verdure suffisent à te faire sentir ailleurs – tu veux dire : <em>loin</em>. Il aurait suffit du passage d’une outarde, au moment de fermer les yeux, pour te retrouver une vingtaine d’années plus tôt dans un champ – sur le <em>plate</em>. Il t’apparaît de plus en plus, à force de flâne, que tu rapproches des strates, des moments sis sur des plaques à la dérive, sans qu’elles n’arrivent à se toucher.</p> <p>Arrivé à l’angle de Davidson, des auto-patrouilles encadrent un homme gris et maigre. Tu remarques ses flasques le long de son corps, ses joues mouillées. Tu te souviens des malheurs qui font que l’on n’essuie plus les larmes. Ce n’est qu’un peu plus loin que tu vois un fouillis de métal tordu, de caoutchouc et de roues dentées. </p> <p> </p> <p align="center">*</p> <p align="center"> </p> <p><a href="https://bbordeleau.files.wordpress.com/2015/06/dsc_7114.jpg">Quatre tasses</a> culotées de marc de café sont posées sur le rebord d’une fenêtre, rue Sainte-Catherine. Si Walter Benjamin donnait à la ville les traits d’un paysage ou d’une chambre, pour le flâneur, il semble que lorsque ce dernier déambule dans les lieux de sa quotidienneté, la ville puisse prendre les airs d’un lave-vaisselle.</p> <p> </p> <p align="center">*</p> <p> </p> <p>Dans un cahier <em>Canada</em> imbibé d’eau, la mention « 6/10 ». L’attention du flâneur est observable à ses notes de passage.</p> <p> </p> <p align="center">*</p> <p align="center"> </p> <p>À quelques pas de la papeterie, tu aperçois sur une nuque un tatouage de veuve noire recouvrant un kyste.</p> <p align="center"> </p> <p align="center">*</p> <p> </p> <p>Au détour d’une ruelle, la mollesse du matelas – ponctué de taches brunâtres – contraste avec le ventre de bœuf rouge qui le surplombe. Ce n’est qu’après coup que tu remarques une masse sombre. <a href="https://bbordeleau.wordpress.com/2015/05/28/briques-minou-matelas/"><em>Briques, minou, matelas</em></a>, penses-tu, mais presque aussitôt le crâne de la bête te rappelle un personnage issu d’une toile de Füssli. Tu n’as de souvenir que le poids d’une tête entre tes doigts, la texture des os, de la peau et de la fourrure secouée d’un faible souffle. Des moustaches et l’émail d’une dent usée sur l’ongle de l’index.</p> <p> </p> <p align="center">*</p> <p align="center"> </p> <p>Rue Ontario, à l’angle de Cuvillier, une boîte de douze beignes accompagnent les mouvements saccadés d’un corps chétif – ne te reste en mémoire que des veines saillantes d’un avant-bras gauche et deux cuisses bleuies.</p> <p align="center"> </p> <p align="center">*</p> <p align="center"> </p> <p>Tu longes la cour de l’école Hochelaga et le flanc du parc éponyme. Des gamins de ta taille mais qui ont probablement le tiers de ton âge se disputent un ballon orange-sale. Un peu plus loin, on lit un Wallander sur son quadriporteur – en jetant de temps à autres un coup d’œil aux jointeux qui se passent la boucane sous le kiosque. Sur des terrains plus ou moins délimités, des punks jouent à la pétanque : ce doit être une manière de mettre en tension le cochonnet.</p> <p> </p> <p align="center">*</p> <p> </p> <p>À deux pas de la Flèche rouge, un type s’installe avec son banjo et ses cordes vocales – un mélange de Raine Maida et de Kurt Cobain dans le trémolo et le grain de la voix. Plus tu t’éloignes, plus la mélodie devient claire. <em>And you could have it all, my empire of dirt</em>…</p> <p> </p> <p align="center">*</p> <p align="center"> </p> <p>Les voyages de sable laissées sur le terrain de l’école Baril, ces dernières semaines, ont formé des plages provisoires le long des trottoirs de la rue <a href="https://bbordeleau.wordpress.com/2015/06/03/du-polissage/">Joliette</a>. La nuit venue, des pères et des mères venaient remplir des sacs de jute, accompagnés de leurs poupons. La logique te fait croire que le temps des rempotages arrive, mais tu sais qu’au fond, il n’est question, ici, que de voler un sac de sable pour parer aux inondations à venir – voler du temps et si possible le rivage d’une mémoire.</p> </div></div></div><div class="field field-name-field-taxo-rue field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Emplacement:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-notre-dame" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Notre-Dame</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-sainte-catherine" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Sainte-Catherine</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-darling" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Darling</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-ontario" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Ontario</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-cuvillier" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Cuvillier</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/parc-hochelaga" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Parc Hochelaga</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/%C3%A9cole-baril" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">École Baril</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-adam" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Adam</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-joliette" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Joliette</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-generaux field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Mots-clés:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/mots-cl%C3%A9s-g%C3%A9n%C3%A9raux/paysage" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Paysage</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-madalite-parcours field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Modalités du parcours:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/modalit%C3%A9s-du-parcours/marche-et-fl%C3%A2nerie" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Marche et flânerie</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-reseaux field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Réseau:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/r%C3%A9seau/jour" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Jour</a></div><div class="field-item odd"><a href="/r%C3%A9seau/nuit" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Nuit</a></div><div class="field-item even"><a href="/r%C3%A9seau/parcs-et-squares" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Parcs et squares</a></div><div class="field-item odd"><a href="/r%C3%A9seau/ruelles" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Ruelles</a></div><div class="field-item even"><a href="/r%C3%A9seau/rues" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rues</a></div><div class="field-item odd"><a href="/r%C3%A9seau/trottoirs" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Trottoirs</a></div></div></div> Thu, 04 Jun 2015 15:47:07 +0000 Benoit Bordeleau 177 at http://hochelagaimaginaire.ca http://hochelagaimaginaire.ca/note-de-terrain/cahier-canada-et-cochonnet#comments Ex memoria http://hochelagaimaginaire.ca/note-de-terrain/ex-memoria <div class="field field-name-field-auteur field-type-entityreference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Auteur·e·s:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/individu/brunet-b%C3%A9langer-marie-%C3%A8ve">Brunet-Bélanger, Marie-Ève</a></div></div></div><div class="field field-name-body field-type-text-with-summary field-label-hidden"><div class="field-items"><div class="field-item even" property="content:encoded"><p align="right">(Crédits photo: Benoit Bordeleau)</p> <p align="right"> </p> <p align="right"><em>How happy is the </em><br /><em>blameless Vestal's lot! The world<br />forgetting, by the world forgot: </em><br /><em>Eternal  sunshine of the spotless mind!<br />Each</em><em> prayer accepted, and each wish resign'd</em></p> <p style="text-align: right;">- Alexander Pope</p> <p align="center" style="margin-left:36.0pt;"> </p> <p style="text-align: right;"><em>Blessed are the forgetful, for they get the better even of their blunders.</em></p> <p style="text-align: right;">- Nietzsche</p> <p align="right"> </p> <p style="text-align: justify;">Début d’automne qui se vit comme une fin; le ciel semble sur le point de se déverser. Le sol lui répond: miroir grisâtre. Le vent siffle, le son est étouffé par le lainage. À chaque coup de pédale, je m’approche de la ligne qui départage les quartiers. Je ne peux m’empêcher de me demander si l’environnement me signifiera que je suis de l’autre côté de Sherbrooke. Je n’y ai jamais porté attention. St-Germain et Rachel : le feu tourne au vert alors que je vire vers le sud. Dès que je franchis Sherbrooke, je prends de la vitesse; je suis entrainée de plus en plus vite. Les images se superposent : immeubles dangereusement inclinés, deux regards qui ne se reconnaissent plus, voitures immobiles, deux corps, bras ballants, nids de poule qui ponctuent la rue, coffret rouge qui creuse un fossé. Un accord plaqué sur les cordes de ma mémoire : une mélodie trop souvent jouée, des promesses abandonnées remplissant les fosses.</p> <p style="text-align: justify;">Je freine, Hochelaga se déploie devant moi. Le métro est sur ma droite, mais il ne s’imprime pas sur ma rétine. À sa place, il y a un étranger, je le dévisage, j’essaie de comprendre. La distance bien connue réactualisée à chaque fois. Une tranchée qui s’enfonce à chaque parole. L’envie de me boucher les oreilles et de fuir. Mes yeux se posent sur le boitier bleu; j’ai envie d’en oublier le contenu. Il n’y a plus de signifié; il s’est perdu dans les mensonges. Ce ne sont pas les voitures que j’entends, c’est l’écho de trois moments distincts. Ils se rejoignent et se répondent. Le présent vibre au son de deux passés communs, plus ou moins éloignés. <em>Les dendrites, la porte d’entrée du neurone, conduisent des courants électriques (ioniques) générés au niveau synaptique préférentiellement vers le </em><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/P%C3%A9ricaryon" title="Péricaryon"><em>soma</em></a><em>. </em>J’ai envie de remonter la pente et de fermer la porte. Je tourne mon guidon vers la droite, je franchis la barrière invisible pour me diriger vers le métro.</p> <p style="text-align: justify;"> </p> <p style="text-align: justify;"> </p> <p style="text-align: justify;">J’ai de la difficulté à trouver la bonne personne. À certains moments, <em>on </em>s’écrit sans difficulté en impliquant d'emblée la multitude. <em>On</em>, c’est deux personnes qui marchent ensemble, qui découvrent un nouveau quartier, une nouvelle façon de vivre et qui s’apprivoisent à travers les rues. <em>On</em> permet de revivre la liberté nouvellement acquise; le début de la <em>vraie</em> vie adulte. Surtout, <em>on</em> autorise la dissociation des souvenirs et des stimuli. <em>On </em>exclut la personne qui parle. Pourtant, sous cette dépersonnalisation, le <em>je</em> trouve sa place. <em>Je</em> sens l’odeur particulière du houblon; <em>je </em>vois les chemins qui se superposent, l’un dans le présent, l’autre dans le passé; <em>je </em>me rappelle. Il y a aussi le désir de raconter quelqu’un d’autre : de parler d’<em>elle</em>. <em>Elle</em> n’est pas réelle, ce n’est qu’une invention de l’esprit : une fiction. <em>Elle</em> flotte hors de la mémoire. <em>Elle</em> n’a pas de visage, pas de corps. <em>Elle</em> est née dans le quartier, son enfance s’est déroulée près de la rue Dézéry – Déziry, Désiré : désir d’inventer. Ou encore, <em>elle</em> a grandi en banlieue et a choisi de s’installer dans Hochelaga parce que son budget le lui permettait. <em>Elle</em> y a vécu avec des amies aussi novices qu’<em>elle</em> au coin de Darling – les trois darlings – et de Ste-Catherine. La mémoire rattrape la fiction; l’odeur, la pataugeoire désertée, le chemin sinueux jusqu’à la rue Dézéry activent les transmissions nerveuses. Sur le chemin d’asphalte se calque celui de la transmission synaptique. <em>Je </em>s’impose derrière <em>elle </em>: c’est la route qui mène au souvenir.</p> <p style="text-align: justify;"> </p> <p style="text-align: justify;"> </p> <p style="text-align: justify;">La première chose que je remarque, c’est l’odeur grasse du PFK qui ne quitte jamais les lieux. Odeur distincte, tous les <em>fastfoods</em> n’ont pas la même odeur. Je ne suis jamais allée manger dans ce restaurant. Depuis la sortie du burger dont les pains sont remplacés par deux morceaux de poulet frits, mon dédain a encore augmenté. Je me rapproche de la pataugeoire. Dans tous mes souvenirs, elle est vide. Je contemple la même pierre effritée, les mêmes clôtures où la rouille s’accumule, le même fond de béton beige écaillé. Le drain n’est qu’une bouche qui attend l’averse. L’arrière-plan aussi n’a pas bougé : le chalet de brique beige et jaune et la porte verte qui détonne résonnent dans le vide. Ce n’est pas l’endroit qui a changé, c’est moi. De mon poste d’observation, j’entends le roulis incessant des <em>skateboards </em>sur l’asphalte. Ici, le bruit est moins fort, plus subtil; les murs l’étouffent. J’ai l’impression que le crissement du gravier sous les roues ne s’est jamais arrêté. Il rythme le pas des marcheurs : monte à droite, descend à gauche, claquement sec sur le sol et ça recommence. Les passants suivent cette cadence; c’est le cœur du parc. Il peut respirer : roulement sur le côté gauche de la bande, c’est le sang qui entre par les veines pulmonaires. Retour vers le milieu de la piste, c’est le sang qui se déverse de l’oreillette vers le ventricule. Il passe par l’aorte pour retourner irriguer les muscles. Du côté droit de la bande, le sang entre par les veines caves; il coule de l’oreillette vers le ventricule pour ressortir par l’artère pulmonaire; il collecte l’oxygène. Je ne sens plus le PFK, j’entends de moins en moins ce qui se passe au <em>skatepark</em>. Le cerveau a une merveilleuse propriété qui empêche de devenir fou : l’habituation. Un stimulus trop souvent répété finit par disparaître de la conscience, il n’est plus enregistré parce que l’organisme est saturé. À rester assise, je m’habitue au lieu, je commence à en faire partie, c’est signe que je dois changer de place. Je me force à me lever, j’ai la tête lourde, les jambes molles, je suis entre deux – entre trois – ailleurs. On s’habitue à tout; c’est une question d’équilibre, d’homéostasie, de neurotransmetteurs.</p> <p style="text-align: justify;">J’avance sur le chemin fissuré; de l’herbe s’échappe des crevasses. L’opposition me frappe : le gris contre le vert. J’ai l’impression que tout est éphémère. Le parc Raymond-Préfontaine : à mesure que je m’éloigne des <em>skaters</em>, j’ai de la difficulté à croire qu’il s’agit d’un parc. C’est un lieu de passage obligé pour se rendre au métro. <em>Pour transférer l’information d’un point à l’autre de l’axone, il est nécessaire que le potentiel d’action s’y propage et dépolarise sa membrane. </em>C’est un corps divisé en deux par une large cicatrice fatiguée. Du moins, pour les quelques sections que je parcoure aujourd’hui. Les passants qui le matin se rendent au travail ou à l’école ne remarquent rien. Ils marchent d’un pas pressé en regardant droit devant eux, sans que le décor ne s’imprime sur leur rétine. Le soir, c’est la même chose. Le pas peut être plus las; les muscles sont imprégnés des fatigues de la journée. Ils avancent, aveugles. Combien de fois ai-je emprunté ce chemin sans jamais y porter attention? J’étais emportée du début à la fin, chaque pas m’entrainait vers le suivant. Je ne pourrais même pas le décrire de mémoire. Ce n’était qu’une étape nécessaire dans ma journée. Comme les inconnus que je croise, je participais de loin à cet univers, ne cherchant pas à y entrer. Aujourd’hui encore, je suis étrangère, passante essayant d’attraper des bribes de vies anonymes, ne réussissant qu’à entrevoir la mienne.</p> <p style="text-align: justify;">Aujourd'hui, les modules pour enfants sont vides, abandonnés. Le bleu et le rouge des structures attirent mon attention. Dans l’air gris, ils ont l’air essoufflé : un cœur qui n’est plus capable d’oxygéner le sang vicié. L’air manque, les poumons se remplissent de monoxyde de carbone, la fin est proche. Je souris devant les canards en plastique, les mêmes que dans mon enfance. C’était dans un autre parc, dans une autre ville, mais il y a des images qui ne s’oublient pas. La beauté d’un parc réside dans le mélange des gens qui s’y rassemblent. Les frontières s’abaissent, la soudaine proximité pousse les gens à s’ouvrir aux autres, surtout chez les plus jeunes. Deux enfants d’environ six ans, manteau sur le dos, essaient de conquérir l’espace, sans y parvenir. La solitude du lieu les a contaminés, ils sont silencieux. C’est étrange. Habituellement, à cet âge courent, ils sautent et hurlent. Leurs éclats de rire devraient emplir le parc, envahir chaque espace de tranquillité et faire grincer des dents les gens qui sont venus lire en paix. Je les regarde à la dérobée, l’un souffle des bulles de savon; elles sont emportées par le vent. Son regard, comme le mien, les suit. Elles vont lui échapper. Pour le garçon, ce n’est pas un problème, il en souffle des nouvelles. Je suis essoufflée à l’idée de devoir faire plus de bulles, mon cœur n’est plus assez solide. J’aimerais tendre la main et essayer d'en attraper une sans la faire éclater et l’enfermer dans un nouveau coffret.</p> <p style="text-align: justify;">Le deuxième enfant ne cherche pas à interagir avec le premier; il reste dans son coin et ne porte même pas intérêt aux bulles. Ce sont deux étrangers. Deux enfants qui agissent déjà en adulte : ils ne font pas de bruit et ne se parlent pas. Les gouffres ont déjà commencé à se forer. Une femme, environ le même âge que moi, ses cheveux blonds en queue de cheval, a transformé ce lieu en salle d’exercice. Elle utilise les barreaux où, petite fille, j’avais l’habitude de jouer ou de me percher, pour faire des <em>chin up</em>. Je les compte avec elle, par habitude: 12-13-14-15. Elle retombe au sol et court autour des installations. Après quelques tours, elle revient vers le module et commence une nouvelle série : 1-2-3… Ma respiration s’harmonise à ses mouvements : flexion des biceps, j’expire, extension, j’inspire. Elle reprend sa course et je la perds de vue. Les enfants sont toujours silencieux. Ils s’approchent du banc où discutent deux adultes. Ces derniers ne leur accordent pas d’attention. Les deux garçons restent tout près. Mon cœur se serre, j’aimerais faire des bulles avec eux.</p> <p style="text-align: justify;"> </p> <p style="text-align: justify;"> </p> <p style="text-align: justify;">Dans la ruelle, le réseau d’escaliers en colimaçons m’évoque une carte postale de Montréal. C’est un décor propre à la métropole. Lorsque je suis arrivée dans Hochelaga, j’ai été à la fois soulagée et déçue de ne pas avoir ces escaliers sur mon immeuble. Soulagée puisque je ne risquais pas de me casser une jambe une journée de tempête et déçue parce que je me sentais encore banlieusarde, loin des risques urbains, de l’imaginaire montréalais : escaliers-escargots et triplex aux briques rouges. En ce mardi après-midi, la ruelle est vide. Pourtant, j’entends des voix qui s’échappent des maisons. Elles sont cachées par la végétation dense, elles paraissent lointaines; je n’arrive pas à savoir s’il s’agit de la télévision, de la radio ou des murmures de chair et d’os. Ce sont des bruits indistincts.</p> <p style="text-align: justify;">Le grincement des cordes à linge, lui, est reconnaissable. Au fond de la ruelle, droit devant moi, l’Église de la Nativité-de-la-Sainte-Vierge me nargue. Fièrement, elle brandit à sa gauche son clocher surmonté d’une croix. Elle se moque bien des cordes à linge et des arbres qui bariolent sa devanture; elle crève le paysage : pierre grise et cuivre oxydé sur un ciel bleu sans nuages. <em>Les terminaisons axonales ou les boutons terminaux sont le site où l’axone entre en contact avec d’autres neurones (ou d’autres cellules) et leur transmet l’information. </em>Une autre superposition : je m’avance jusqu’au seuil de la porte et tire sur la poignée pour m'apercevoir que Dieu aussi prend des journées de congé. Nous nous étions dit que nous y retournerions, que nous verrions les vitraux de l’intérieur. Puis le  temps  a passé et ce n’est jamais arrivé. Aujourd’hui, je n’ose pas retenter l’expérience. Je préfère passer du côté où le présent rattrape le passé sous la forme d’une affichette blanche parsemée de papillons roses : <em>Répit-Providence</em>. Il y a cinq ans, je ne l’ai jamais remarquée. Sur la rue Dézéry, l’odeur particulière du quartier s’affirme. À la fois sucrée et alcoolisée, elle me fait, comme autrefois, retrousser les narines. J’aurais envie d’enfouir mon visage dans mon foulard pour sentir mon parfum, mais avec la chaleur, je ne le porte pas. J’essaie de supporter les effluves de daiquiri qui a mal tourné, sachant que je vais m’habituer. La journée ressemble à une autre : nous étions deux et nous avions profité du soleil automnal et d’un reste de chaleur pour effectuer une reconnaissance du quartier. En passant la rue Adam, l’odeur nous avait frappés. C’était il y a longtemps. Plusieurs mois plus tard, il en avait découvert la provenance et me l’avait partagé dans un bar du village, autour d’une sangria fraîche.</p> <p style="text-align: justify;"> </p> <p style="text-align: justify;"> </p> <p style="text-align: justify;">Sur la rue Dézéry, je décide de tourner vers l’est et de suivre ce que je nomme une fausse ruelle. Fausse parce qu’il ne s’agit pas de l’arrière d’immeubles. Au contraire, il s’agit d’un espace aménagé exprès pour les marcheurs. Les voitures ne peuvent pas s’y aventurer, c’est trop étroit. Il s’agit d’un passage reliant les rues Dézéry, Saint-Germain, Winnipeg et Darling. Une artère bien droite, parsemée d’arbres et de bancs. Je m’assois sur le bout des fesses. Le bois gras est recouvert d’écriture au crayon-feutre. À rester immobile, je commence à avoir froid. Je me lève, réactivant ma circulation. Dans le parc Hochelaga, l’odeur a disparu ou alors je me suis désensibilisée. Au loin, j’entends le bruit des voitures qui circulent sur Ontario. Le parc, bien que bondé de gens, est plus tranquille : le bruissement des feuilles dans les arbres et le clapotis de l’eau dans la fontaine sont audibles. J’entends des éclats de voix, les rires, des jappements et le bruit des chaussures qui martèlent le sol. Mon regard se pose sur un coin de gazon un peu en retrait, près de la clôture qui longe la rue Darling. Je devais lire à l’extérieur – allongée dans l’herbe, le nez près du sol et le soleil qui me chauffait le dos – pour pouvoir sentir les effluves de terre chauffée, les relents d’humidité et le gazon fraîchement coupé. Toute cette nature se mélangeait aux pages, aux mots pour former la trame de l’interdit. Le Paradou. <em>Il n’y avait, sous le plafond bleu, que le parfum étouffant des fleurs. Et il semblait que ce parfum ne fût autre que l’odeur d’amour ancien dont l’alcôve était</em><em> toujours restée tiède, une odeur grandie, centuplée, devenue si forte, qu’elle soufflait l’asphyxie.</em> Un autre jour, le bruit des cloches enseveli par le moteur des voitures filant sur la promenade me rappelle l’histoire d’Albine et de Serge, écho de mon histoire.</p> <p style="text-align: justify;">Je contemple le temps, vieillie par tous les souvenirs qui ne cessent de remonter. Le parc a de multiples visages – ceux des passants. Près de moi, un homme âgé se repose sur un banc. Son regard flâne comme le mien. Plus loin, ce que j’imagine être une famille joue à la pétanque. Les âges se mélangent en une fresque multigénérationnelle. Je les entends rire. Encore plus loin, je devine l’espace réservé aux enfants. Les couleurs vives des modules attirent mon attention. Ils doivent être une dizaine à les parcourir. Leurs cris aigus se rendent jusqu’à moi. Au centre, sous le gazebo, un groupe d’adolescent discute. Ils ont la nonchalance propre à leur âge. Avant, j’amenais ma chatte avec moi pour qu’elle prenne l’air. Les gens étaient intrigués, ils venaient me parler, la flatter. Elle devenait nerveuse, il fallait rentrer. <em>La synapse représente une zone de jonction spécialisée, située à l’endroit où la terminaison d’un axone entre en contact avec un autre neurone ou un autre type de cellule. Il s’agit de l’espace dans lequel les neurotransmetteurs sont libérés.</em> Deux bancs sont occupés, non pas par des personnes, mais par des dessins au plomb et des lettres de couleurs. Le « O » jaune côtoie un « T » bleu. Ils auraient davantage leur place dans une salle de classe. À leur gauche, une bouche grise sourit timidement, à moins que ce ne soit la courbure normale qui donne cette impression. La lèvre supérieure me semble découpée au couteau; elle est carrée, presque plate. La lèvre inférieure, au contraire, est arrondie. Je détourne le regard. À l’intersection d’Adam et de Darling, j’ai envie de fuir hors de ma mémoire. J’avance.</p> <p style="text-align: justify;"> </p> <p style="text-align: justify;"> </p> <p style="text-align: justify;">La façade se ressemble, la brique est restée rouge, mais elle semble plus lisse, moins usée. Une image de seringues remplies de Botox me traverse l’esprit. La porte a été changée; une large fenêtre encadrée de noir remplace celle blanc sale, qui ne se refermait jamais complètement. Derrière, l’escalier construit dans une matière grise, synthétique, artificielle. Dans la vitre, je vois mon reflet. Je me demande si moi aussi j’ai l’air refaite ou si j’ai l’air vieille alors que la bâtisse a droit à un deuxième souffle. Je me demande qui me reconnaîtrait, après tout, je ne suis marquée d’aucun numéro civique.</p> <p style="text-align: justify;">1435. Le numéro civique est inscrit sur une belle plaque de métal noir. Il s’harmonise avec la porte. Les chiffres aussi sont noirs. Pour les faire ressortir, ils sont entourés de petits carrés blancs. Le contraste moderne et épuré. Rajeunir la bâtisse avec une nouvelle brique, d’un rouge plus soutenu, avec le blanc éclatant et le noir charbonneux. Tout est propre. Même la fenêtre. Elle reflète à la perfection les voitures qui sont stationnées le long de la rue: une de ces voitures plus imposantes de marque Nissan. Le modèle pour les gens qui aiment la ville et ces rues asphaltées, mais aussi la campagne avec ses chemins boueux. J’ai envie de tourner la poignée, de gravir les marches et d’ouvrir la porte pour voir ce qui a changé. L’espace d’un instant, je reverrais les murs terracotta et la toilette qui fait face à l’entrée. Ma main reste en l’air. En reculant de quelques pas, je vois les trois fenêtres qui percent le mur. Dans celle de droite, il n’y a plus de rideaux orange. Il n’y a probablement plus rien. Les arbres font de l’ombre sur la devanture, en étendant le bras, il me serait possible de toucher leurs feuilles.</p> <p style="text-align: justify;">La cour fait écho au-devant : beaucoup de choses ont changé. La galerie miteuse avec sa peinture gris-bleu écaillée n’existe plus. À la place, un élégant garde-corps en fer noir a été érigé. Le plancher aussi a dû être changé. Un cabanon est en train de se faire construire. Il est encore en contre-plaqué, signe que le travail est loin d’être achevé. <em>La dépolarisation de la membrane provoque l’ouverture des canaux calciques. Les ions Ca<sup>2+</sup> vont pénétrer dans la terminaison axonique, augmentant la concentration interne du calcium: signal pour que les vésicules synaptiques libèrent le neurotransmetteur. </em>Les anciens occupants ont dû partir. J’imagine mal l’ancien voisin accueillir ses prostituées et leurs clients dans ce nouvel environnement. La famille dysfonctionnelle qui brisait sa vaisselle hors des heures de repas ne trouve pas plus sa place dans ce nouveau décor. J’ai l’impression qu’on a essayé de se débarrasser de la « racaille ». Seul l’appartement du bas est resté identique : il est vide. J’ai le souvenir d’une nuit passée sur le trottoir, ma chatte enfermée dans une cage prêtée par une voisine à qui je n’avais jamais parlé.  En pleine nuit, on m’avait réveillée; il y avait le feu à côté. Le bruit des sirènes, la lumière des gyrophares et la fatigue se mélangeaient à une pointe de découragement. Les pompiers avaient défoncé la porte du premier pour constater qu’il était vide. Dès le lendemain, la rumeur d’un incendie criminel avait circulé : l’argent des assurances. Je secoue la tête; le soleil contraste avec la nuit. À la place de la vieille <em>Accent</em>, une <em>Mini Cooper</em>, tout ce qu’il y a de plus neuf, est stationnée. Elle s’harmonise avec le nouvel immeuble.</p> <p style="text-align: justify;">Pourtant, en face, l’ancien existe encore. Les bâtiments carrés sont délavés. Le béton devenu gris pâle suite aux hivers enneigés et aux étés ensoleillés côtoie la brique effritée : blanches, grises, noires, jaunâtres, brunâtres, l’impression d’une courtepointe tressée serrée. Les mêmes vieilles portes de garage couvertes de tags narguent la nouvelle brique uniforme. Celle qu’on voyait le mieux de la cuisine est multicolore. Les nombreux dessins qui ont été tracés se sont superposés. Les plus anciens sont effacés, mais on voit encore la couleur utilisée. Du vert et du bleu qui aujourd’hui forment un enchevêtrement turquoise, des cercles rouges, une touche d’orange. Et sur le dessus, des lèvres grossièrement formées, au contour rouge. L’intérieur n’est pas rempli. Ce <em>pattern</em> se répète à plusieurs endroits, entre autres, sur la clôture en bois qui ne sert à rien. Elle est déposée sur celle en grillage. La polyphonie des voix urbaines qui s’entrelacent crie son message : <em>I was here!</em></p> <p style="text-align: justify;"> </p> <p style="text-align: justify;"> </p> <p style="text-align: justify;">Je remonte Darling vers Ontario. À l’intersection, la caisse Desjardins, où de multiples chèques de paie ont été déposés, n’existe plus; le local est à vendre ou à louer. En face, <em>l’Idée-Fixe</em> est identique. On y vend toujours des jeux vidéo ou de la pornographie. Le néon <em>XXX</em> est allumé, comme dans mes souvenirs. Il faut bien que certains repères restent. Je continue à marcher sur Ontario vers l’est. Je reconnais certaines boutiques; d’autres ont été remplacées. Le visage de la rue a changé, tout en restant le même. Les vitrines sont <em>cheaps </em>: la lingerie bas de gamme côtoie les fourre-tout – de l’électronique, de la vaisselle et des jouets pour enfants. La <em>Lunetterie Milot</em> est le reflet de la chic Masson avec ses boutiques de vêtements québécois pour tout âge et ses restaurants aux saveurs d’ailleurs. Devant les avions de papier – cliché de la rentrée –, le présent rattrape de nouveau le passé. Plus j’approche de la Place Simon-Valois, plus la promenade prend les airs de sa jumelle. Les devantures se sont refait une beauté. Je m’arrête devant <em>Fruits du jour</em>. Du côté sud de la rue, je constate la transformation : l’étalage vert et l’auvent rayé ont disparu. L’intérieur aussi semble remis à neuf; il est plus aéré. J’entends l’accent italien, mais je ne reconnais aucun visage. <em>Les neurotransmetteurs agissent sur le neurone postsynaptique en se fixant à des milliers de récepteurs. La fixation du neurotransmetteur agit comme une clé dans une serrure. Il permet la transmission du message chimique. </em>Et moi?</p> <p style="text-align: justify;"> </p> <p style="text-align: justify;"> </p> <p style="text-align: justify;">J’escalade Bourbonnière : Rouen, Hochelaga, Pierre-de-Coubertin, Sherbrooke. Je quitte H.-M. et ses deux cents portes comme je l’ai fait il y a cinq ans. Le premier juillet au matin, nous avons rempli le camion de déménagement. L’appartement était déjà au trois quarts vide. J’ai jeté un dernier regard aux murs, à la rue et au building. Je suis partie sans me retourner.</p> <p style="text-align: justify;">L’année et demie habitée à Verdun est floue. Une tentative d’oublier les déceptions, de trouver la bonne personne. Verdun s’oppose à Hochelaga : colocation difficile contre les trois darlings, secte religieuse les dimanches matin à l’opposé des condoms utilisés sur le parvis, propriétaire envahissant au rez-de-chaussée en contrepartie de celui impossible à rejoindre, sans adresse. L’été, mon refuge était le bord de l’eau. J’y allais inlassablement pour lire, pour étudier, pour travailler. L’hiver, j’endurais. Puis il a fallu partir en hâte. C’était en mars, il y avait de la neige et de la gadoue partout. Les pieds mouillés, on continuait à transporter les boîtes.</p> <p style="text-align: justify;">À NDG, je croyais avoir réussi à remplir les trous, à retrouver le chemin. Le coin était miteux, il n’y avait pas de prostitués ou de <em>dealer</em> comme dans la ruelle près de Darling, mais la pauvreté immigrante et anglophone transparaissait. Au début, ce n’était pas grave, il y avait une sorte de chaleur. Puis les murs sont devenus hostiles; ils rappelaient trop de souvenirs. Ils se teintaient de la couleur du mensonge. Plus le temps avançait, plus le passé se noircissait. Le boîtier bleu était bien caché, mais ça ne suffisait pas. L’impression d’étouffer.</p> <p style="text-align: justify;">Comme à Verdun : il fallait partir, il fallait tout recommencer et oublier. Faire en sorte que la mémoire ne puisse pas être réactivée. <em>Le neurotransmetteur doit être éliminé de l’espace synaptique pour rendre à nouveau possible la communication. La repolarisation de la membrane provoque la fermeture de canaux Ca<sup>2+</sup> qui sont le signal pour arrêter la libération du neurotransmetteur</em>. Dans le présent, je laisse <em>Hochelag</em> derrière moi; je me fuis : éliminer les nombreux <em>triggers</em>. Quartier après quartier, j’essaie de m’éviter : j’aimerais tuer ma mémoire et oublier. Rosemont, c’est le nouveau départ, loin des déceptions. C’est le travail, c’est l’impression d’être utile et de pouvoir changer les choses. C’est le mouvement. Je débarre la porte du 3875. Les murs ressemblent un peu à ceux de NDG, sans l’odeur de curry. Je pousse la porte du #5. L’odeur de pluie vivifiante se diffuse dans l’appartement, ça me ramène au présent : les nouvelles couleurs, les nouveaux meubles, les nouveaux effluves. Aseptiser l’environnement de tout déclencheur, de tous stimuli : retrouver le calme. <em>Permettre le retour à l’homéostasie</em>.</p> <p> </p> <p> </p> </div></div></div><div class="field field-name-field-taxo-rue field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Emplacement:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-rachel" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Rachel</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-saint-germain" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Saint-Germain</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-sherbrooke" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Sherbrooke</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-sainte-catherine" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Sainte-Catherine</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-d%C3%A9z%C3%A9ry" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Dézéry</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-darling" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Darling</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/parc-raymond-pr%C3%A9fontaine" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Parc Raymond-Préfontaine</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/%C3%A9glise-nativit%C3%A9-de-la-sainte-vierge-dhochelaga" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Église Nativité-de-la-Sainte-Vierge-d&#039;Hochelaga</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-adam" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Adam</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/ruelle-winnipeg" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Ruelle Winnipeg</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/avenue-bourbonni%C3%A8re" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Avenue Bourbonnière</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-de-rouen" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue de Rouen</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-ontario" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Ontario</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/avenue-pierre-de-coubertin" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Avenue Pierre-de-Coubertin</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-generaux field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Mots-clés:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/mots-cl%C3%A9s-g%C3%A9n%C3%A9raux/paysage" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Paysage</a></div><div class="field-item odd"><a href="/mots-cl%C3%A9s-g%C3%A9n%C3%A9raux/urbanisme" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Urbanisme</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-madalite-parcours field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Modalités du parcours:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/modalit%C3%A9s-du-parcours/marche-et-fl%C3%A2nerie" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Marche et flânerie</a></div><div class="field-item odd"><a href="/modalit%C3%A9s-du-parcours/v%C3%A9lo" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Vélo</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-reseaux field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Réseau:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/r%C3%A9seau/jour" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Jour</a></div><div class="field-item odd"><a href="/r%C3%A9seau/parcs-et-squares" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Parcs et squares</a></div><div class="field-item even"><a href="/r%C3%A9seau/ruelles" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Ruelles</a></div><div class="field-item odd"><a href="/r%C3%A9seau/rues" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rues</a></div></div></div> Mon, 09 Mar 2015 15:00:49 +0000 Marie-Ève Brunet-Bélanger 156 at http://hochelagaimaginaire.ca http://hochelagaimaginaire.ca/note-de-terrain/ex-memoria#comments Effluves http://hochelagaimaginaire.ca/note-de-terrain/effluves <div class="field field-name-field-auteur field-type-entityreference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Auteur·e·s:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/individu/marcil-bergeron-myriam">Marcil-Bergeron, Myriam</a></div></div></div><div class="field field-name-body field-type-text-with-summary field-label-hidden"><div class="field-items"><div class="field-item even" property="content:encoded"><p style="text-align: justify;">De bon matin soufflaient des bourrasques de levure sur la rue de Rouen. Sans la voir, je devinais la boulangerie Au pain doré, cachée de l’autre côté du parc Préfontaine et de la rue Moreau.</p> <p style="text-align: justify;">*</p> <p style="text-align: justify;">En sortant de l’édicule sud de la station Préfontaine, je suis happée par une odeur caramélisée, du sucre en train de bouillir, de coller au fond d’une casserole. Des brioches à la cannelle en train de dorer? Ces effluves sucrées ont de quoi surprendre, car entre 17h et 19h, c’est souvent la friture du Poulet frit Kentucky ou de la rôtisserie Au Coq qui domine. Le lendemain, des cartons graisseux et éventrés débordent des deux poubelles plantées sur le bord de l’allée, non loin de l’édicule. Les mouettes guettent les restes, tout près de la poignée de graines que quelqu’un dépose presque chaque jour pour les pigeons.</p> <p style="text-align: justify;">Je m’habitue à l’odeur sucrée, le choc s’estompe peu à peu. Les pas s’enchaînent l’un derrière l’autre, légers. La lueur des lampadaires se blottit confortablement sur la neige du parc, comme dans un tas de plumes. Tout semble sommeiller, même s’il est encore tôt pour croire à la nuit. Malgré tout elle s’approche, s’étend tranquillement sur le quartier. Dans le terrain de baseball, un homme lance un bâton à son chien qui s’élance, presque au ralenti. Je pense à ce conte de Karen Blixen où, après le festin de Babette, tout le village de Berlewaag retrouve une légèreté qu’il avait depuis longtemps oubliée.</p> <p style="text-align: justify;">*</p> <p style="text-align: justify;">Un ciel aussi floconneux mériterait quelques photos. Je me rappelle qu’il y a bien longtemps que l’appareil est resté dans un tiroir, quelque part dans mon bureau. Je traverse Dézéry et m’engage dans la ruelle Winnipeg. Les nuages s’émiettent et se déposent sur les toits. Je marche dans une ornière et après quelques pas, une moitié de conversation grandit derrière moi, un homme dialogue avec son cellulaire. Après avoir traversé Saint-Germain, il s’éloigne vers le nord. Du coin de l’œil, je remarque les enseignes du restaurant Tex-Mex, dont les néons semblent grésiller à travers tout le blanc. Dans ce tronçon de la ruelle Winnipeg, il n’y a plus d’ornière, toute la largeur asphaltée a été aplanie par une déneigeuse. Quelques-unes des fenêtres de l’immeuble à logements sur ma droite projettent un peu de jaune ou de bleu à travers les rideaux de cuisine, mettent en évidence une énigme que je n’ai pas résolue: la paire de bottes déposées au pied du poteau téléphonique a disparu. L’une avait été mise là durant l’été, puis l’autre l’avait rejointe au début de l’automne. Elles étaient restées au garde-à-vous jusqu’à tout récemment. Enfin, je crois. Je traverse Darling et oblique à travers le stationnement du garage Autopro.</p> <p style="text-align: justify;">Je tâtonne dans l’obscurité pour trouver l’appareil-photo. Malgré les miettes de nuages qui tombent sur le plancher, je me dirige vers la porte du balcon, histoire de croquer un peu de cette neige. Mais j’ai beau appuyer sur le <em>on</em> de l’appareil, rien à faire: le séjour dans le tiroir a épuisé la batterie.</p> <p style="text-align: justify;">J’allume la lampe, et, installée près du <a href="https://bbordeleau.wordpress.com/2014/08/18/le-balcon/">balcon, lieu de toutes les indiscrétions du quartier</a>, je fouille dans des notes prises cet automne.</p> <p style="text-align: justify;">«Au coin de Darling, je remarque que je n’ai encore jamais emprunté la ruelle Winnipeg en direction ouest. (Benoit aurait sans doute une explication là-dessus!) Jusqu’à maintenant, elle a toujours été synonyme, du moins le tronçon entre Dézéry et Darling, de raccourci vers la maison, au retour du boulot. Pour la première fois, je me rends vers le parc en passant par la ruelle. La masse de l’aréna Francis-Bouillon saute aux yeux, bloque tout horizon. Le regard doit grimper le long des escaliers à colimaçon, un peu plus haut, s’accrocher aux cordes à linge, à leurs voiles toutes déployées.»</p> <p style="text-align: justify;">Une sirène de camion de pompiers perce le silence ouaté, un vrombissement fait trembler la rue, avant de s’estomper presque aussitôt. De l’autre côté de la vitre, le vent charrie les nuages de poudrerie.</p> </div></div></div><div class="field field-name-field-taxo-rue field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Emplacement:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/parc-raymond-pr%C3%A9fontaine" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Parc Raymond-Préfontaine</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-moreau" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Moreau</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/station-pr%C3%A9fontaine" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Station Préfontaine</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-d%C3%A9z%C3%A9ry" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Dézéry</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/ruelle-winnipeg" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Ruelle Winnipeg</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-darling" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Darling</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-saint-germain" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Saint-Germain</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-madalite-parcours field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Modalités du parcours:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/modalit%C3%A9s-du-parcours/marche-et-fl%C3%A2nerie" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Marche et flânerie</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-reseaux field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Réseau:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/r%C3%A9seau/parcs-et-squares" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Parcs et squares</a></div><div class="field-item odd"><a href="/r%C3%A9seau/ruelles" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Ruelles</a></div></div></div> Sat, 28 Feb 2015 16:16:48 +0000 Myriam Marcil-Bergeron 150 at http://hochelagaimaginaire.ca http://hochelagaimaginaire.ca/note-de-terrain/effluves#comments Dentellières http://hochelagaimaginaire.ca/note-de-terrain/dentelli%C3%A8res <div class="field field-name-field-auteur field-type-entityreference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Auteur·e·s:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/individu/brunet-villeneuve-camille">Brunet-Villeneuve, Camille</a></div></div></div><div class="field field-name-body field-type-text-with-summary field-label-hidden"><div class="field-items"><div class="field-item even" property="content:encoded"><p align="right">(Crédits photo: Benoit Bordeleau)</p> <p align="right"> </p> <p align="right"> </p> <p align="right">Qui sont Emma et Stela?</p> <p> </p> <p> </p> <p style="text-align: justify;">Il est jeune, habillé tout en noir. J'essaie de faire émerger tous les détails, retour à la surface. Skinny jeans, souliers ou bottes? Je ne sais déjà plus. Dans la chaleur du café j'oublie presque tout. Le blouson, derrière, dans le bas du dos : un triangle de petites billes de métal. Pointues ou pas? Un motif, au-dessus du triangle de pics, de <em>studs</em>, un oiseau, peut-être un aigle? En cuir évidemment – le blouson – et en métal argenté, le reste. Un téléphone dans la poche arrière gauche, de travers. Une envie de le suivre, immédiate et impérative : il traverse la rue, me frôle l'épaule en me dépassant. Les cheveux mi-longs sur le côté et devant, plus courts sur la nuque, en pointe. Je m'envole derrière lui les yeux fixés sur sa fesse gauche.</p> <p align="right">Il entre.</p> <p> </p> <p style="text-align: justify;">Le bois de la porte de l'église me gratte le dos des petites échardes en pointillé, à relier – ou pas – à la pince à épiler, sors-les de moi sors-les de ma peau c'est horrible cette sensation de pincement de râclement. Une image : muette comme le corbeau. Pourtant les corbeaux croassent, et leur croassement est aussi horrible que ces échardes imaginaires qui maintenant me traversent le dos. Devant, un salon de coiffure. Deux petites grassouillettes jasent, calées dans le creux qui sépare le salon de la boutique d'à côté. Une sorte d'alcôve – profane – un vestibule extérieur, mince espace de transition entre le trottoir et l'intérieur des commerces; le salon, la brocante. Octobre nous régale de sa chaleur… Elles peuvent encore en profiter, l'une avec son chien blanc l'autre avec sa cigarette.</p> <p> </p> <p style="text-align: justify;">Les deux portes en écho, deux portes de bois sculpté; une énorme une petite, une foncée une pâle. M'asseoir sur tous les parvis de toutes les églises et écrire ce que je vois devant, comme autant de portes qui s'ouvrent sur des lieux différents, non, la même porte, la même porte regardant en même temps tous ces lieux possibles.</p> <p style="text-align: justify;">           </p> <p style="text-align: justify;">Le soleil dans les yeux la maison bleue s'avance, plus que les autres, on dirait qu'elle va sortir, se décoincer, aller se promener elle aussi, pour chercher une autre place une meilleure place, sur cette rue ou une autre, plus jolie, avec plus de fleurs. Une femme aux pantalons fleuris se promène à vélo, des écouteurs en collier. J'avais les mêmes, quand mon grand-père m'a offert mon premier <em>Walkman</em> à cassettes; jaune et noir, et collé dessus un coeur rose à paillettes.</p> <p> </p> <p style="text-align: justify;">Trois objets abandonnés dans la ruelle, deux ensemble et un tout seul, mais tous de la même couleur, turquoise. Ici les gens portent beaucoup de noir mais ils jettent des divans turquoises en simili-velours. Deux divans identiques, sauf pour un coussin déplacé. Plus loin, un sac de couchage. Seul. Si je le touchais je constaterais peut-être sa tiédeur. Celle d'un corps inconnu, qu'il serait intéressant de chercher, de poursuivre dans les ruelles avoisinantes. Dans les parcs aux multiples coins d'ombre. Tiédeur d'un corps endolori de n'avoir pas assez dormi, étendu sur la noirceur de l'asphalte inhospitalier.</p> <p align="right"> </p> <p align="right">Une moto pétarade, ça m'agace un peu, ça me plaît vaguement.</p> <p align="right">Une abeille, encore.</p> <p>             </p> <p style="text-align: justify;">Le mythe d'Hochelaga entretient ma crainte, la crainte de m'y promener, filtre le regard que je pose sur les gens. Je vois des trios d'hommes en noir au bord des clôtures et des stationnements, derrière les commerces, et je leur trouve un air un peu louche. Au même moment, dans la chaleur du café elle glisse dans sa robe à fleurs vintage. Avec les plus belles bottes de l'univers, on aurait tué pour ces bottes. Le piano ouvert, des petites filles jouent, timidement, le son les émerveille j'ai fait ça avec mes doigts. J'approche, enviant la facilité avec laquelle elles s'approprient l'instrument. Clavier de plastique. Je voudrais que la promenade suffise à mon estomac creux, criard qui m'ennuie. Je déteste le pianotage, sauf celui des enfants sincères.</p> <p>           </p> <p style="text-align: justify;">Elles sont trois. Peut-être qu'elles reviendront demain. Le débardeur jaune sur la chemise blanche à manches courtes, les cheveux longs et blancs ramenés en queue de cheval, rare parure des mamies. Ne pas oublier les mots simples, en déposer un peu partout, comme ça. La porte, les portes, face à face. Un lieu commun qui donnerait sur tous les autres. Et on ne saurait plus où je serais. Des carnets de voyage à relire : c'est loin de chez moi que j'apprends à flâner.</p> <p style="text-align: justify;"> </p> <p style="text-align: justify;">J'ai toujours pensé que « Stela » s'écrivait avec deux « L » : Stella. Que ça venait des étoiles espagnoles, <em>estrellas</em>. Le problème : la prononciation n'est plus la même, les deux « L » accrochés entraînent la production d'un son particulier... Comment traduire en mots ce mouvement de langue – le bout dans le vide, les côtés contre les dents, en haut, puis l'affaissement contrôlé, assumé, jusqu'au centre de la bouche. Dans la ruelle, sous la porte de garage qui ne mène nulle part, je rêvasse. Couleur des yeux de Stela, empreinte d'un sourire dans la peinture noire du graffiti.</p> <p style="text-align: justify;"> </p> <p style="text-align: justify;">Le salon de coiffure Chantilly. Comme la crème, et quoi d'autre? Probablement un nom de ville, quelque part. <em>Je pars en vacances, à Chantilly.</em> Je ne saisis pas les mots, seulement le grain de leurs voix, tricotées. Nasillardes, plutôt graves. Étudier les fréquences, en parallèle avec un t-shirt léopard. J'ai confondu les motifs, la mamie à la couette, je rectifie avant qu'elle ne disparaisse dans le dépanneur, engouffrée. Un chandail jaune à pois, aux manches plus pâles, faites dans un tissu différent, comme une chemise qui dépasserait en-dessous. Sauf que tout est cousu ensemble, j'en suis presque sûre, même d'aussi loin. La dame au léopard reste seule, le menton dans les mains, et je ne vois pas ses yeux.</p> <p style="text-align: justify;"> </p> <p style="text-align: justify;">De drôles de boîtes à lettres, pas trop à leur place sur une planche, à côté du grillage qui encercle le chantier. Il faut bien que les gens puissent venir chercher leur courrier. Alors voilà, six boîtes à lettres attendent la fin des travaux pour trouver leur place définitive. Le soleil part je pars aussi, avec dans la tête six lettres d'amour en construction. Six raisons romantiques pour revenir me promener, un jour de pluie.</p> <p style="text-align: justify;"> </p> <p style="text-align: justify;">Les petits parcs aux murets de brique en demi-cercles. La rondeur, invitante. L'itinéraire d'une promenade repose souvent sur des détails; une envie de suivre une courbe, de passer devant un magnolia en fleurs. La rigidité d'un angle droit m'aurait fait poursuivre mon chemin, assurément. Sur fond orangé, des mains manucurées – vernis rose fluo – tiennent un message : <em>Dénonce tes aggresseurs</em>. Quelque chose dans l'orthographe me dérange, je suis titillée par ces deux « g », trop confortables, douillets. Une habitude, depuis que je suis petite; plutôt un jeu. Écrire, pour voir. Pour la certitude.</p> <p> </p> <p><em>Agresseur</em></p> <p><em>Aggresseur</em></p> <p> </p> <p style="text-align: justify;">Comme un poème. Je vérifierai dans le dictionnaire, de retour à la maison. Au chaud dans ma chambre je confirmerai hors de tout doute que le mot « agresseur » ne prend qu'un « g ».</p> <p style="text-align: justify;"> </p> <p style="text-align: justify;">Sur la rue Préfontaine, entre Ontario et Adam, l'arbre aux quatre nids. Ses branches nues. La glace sur les trottoirs, recouverte par la neige, véritable piège du marcheur, du coureur sans crampons. Je voudrais savoir à partir de quelle froideur mes doigts complètement gourds seraient incapables d'écrire, quelle température, exactement. Encore un peu de lumière, la magnifique, de fin de journée. La noirceur tombe comme la guillotine, et l'écriture comme un couteau. Tous ces oiseaux sont voisins. L'arbre, avec ses branches crochues, bras de vieillard maigre et malade, la peau sèche, translucide, les veines apparentes. La fragilité d'un état, l'équilibre à bout de souffle. Un nid au bout d'une branche tranquillement se remplira de neige, et se dissoudra, d'une tempête à l'autre, dans l'attente d'un printemps que les oiseaux rêvent déjà.</p> <p style="text-align: justify;"> </p> <p style="text-align: justify;">Je flâne dans cette écriture et je constate avec émerveillement – et regret – qu'elle m'est aussi étrangère que vous.</p> <p style="margin-left:25.5pt;">     </p> <p style="margin-left:25.5pt;"> </p> <p style="margin-left: 120px; text-align: justify;">Désespérément. Le ciel bleu les nuages tellement fins, ouvrage de dames, d'une délicatesse à fondre entre les doigts. Une teinte de lilas, et de rose très pâle, pour celles qui savent regarder à travers le blanc. Je suis troublée par la pensée de cette résidente en médecine retrouvée morte dans sa voiture le dix-sept novembre dernier. Fait d'hiver. « Émily, en vain » : le premier article que j'ai lu. La photo d'une inconnue, jeune médecin ou infirmière, adossée au mur de l'hôpital, la tête dans les mains, le visage brouillé. J'ai peur de ce que je pourrais lire dans ces yeux, s'ils m'étaient accessibles. Je me dis que je ne devrais pas l'écrire, Émily, que tout ça n'a aucun rapport avec Hochelaga. Et puis je ne suis plus d'accord, là, tout de suite. Le dernier mot posé sur la page, je ne suis plus d'accord du tout. Je marche dans Hochelaga; j'investis un espace avec mon corps, et depuis la lecture de cet article Émily occupe un grand espace dans ce corps. Et puis ça a rapport avec tout la vie de cette femme, et par extension, sa mort. La beauté des nuages dentelle – lilas – que j'arriverais sans doute à effleurer, si j'apprenais, patiemment, à m'étirer jusqu'au bout du froid.</p> <p> </p> <p>           </p> <p style="text-align: justify;">Sur le sable de la ruelle la neige est douce, pas de glace dessous. Mes pieds peuvent relâcher leur vigilance. Ils ont l'habitude des débuts d'hiver… L'apparition de la glace sur les trottoirs. Démarche secrète, dont les subtilités sont maîtrisées seulement par les habitants des pays nordiques. Le pied appréhende de façon radicalement différente son contact avec le sol, il se fait plus léger, moins sûr de lui; les muscles des jambes, à l'affût du moindre dérapage, les bras prêts à sauver la mise en cas de chute. Le corps en alerte. Le sable de la ruelle, reposant. Sa texture granuleuse sous les bottes. Fantasme de gougounes, de plage blanche et chaude. La lumière tombe, les lampadaires brillent depuis un moment déjà, en parallèle avec la Darling.</p> <p> </p> <p style="text-align: justify;">Toutes les femmes que je vois passer portent de lourds sacs, au moins un dans chaque main, parfois un de plus sur le dos – sans compter la sacoche, en tissu ou en cuir, rayée, à pois violets; à ponpons de fourrure, véritable, synthétique ou recyclée. L'une d'entre elles me sourit, toute perdue dans son manteau bourgogne trop ample. Elle ne porte pas de gants, et j'imagine les marques blanches à l'intérieur de ses phalanges, dessinées par les nombreux sacs de plastique accrochés à ses doigts. Possible liste d'épicerie :</p> <p> </p> <p align="center">Poireaux</p> <p align="center">Pommes de terre</p> <p align="center">Tomates en dés</p> <p align="center">Beurre d'arachide</p> <p align="center">Café</p> <p align="center">Bananes</p> <p align="center"> </p> <p style="text-align: justify;">Anne lui aurait donné un nom poétique et interminable, c'est certain. <em>La ruelle aux lampadaires… </em>Trop descriptif, pas assez évocateur. <em>Le chemin des étoiles…</em> Trop prévisible, trop court, trop quétaine. <em>La petite route aux lunes électriques… </em>Acceptable, anachronique? Ces lampadaires, on pourrait observer les mêmes, ou presque, autour d'une grande place à Paris, ou Barcelone – la <em>Plaza Reial</em> – ou Cracovie. Dans les marchés de fleurs. Villes distinguées. L'impression de voir le chemin que j'ai choisi entre tous les autres, un peu au hasard, éclairé par des sculptures longilignes, gracieuses. Lieu de déambulation tranquille. Lampadaires girafe à deux têtes. Ici ou au milieu du désert, la même surprise.</p> <p> </p> <p style="text-align: justify;">Une cour arrière, remplie de grosses bûches rondes. Un petit tas encore, dans la ruelle; un homme et ses deux filles cordent du bois. Six cent trente-quatre kilomètres nord-ouest et dix-huit ans d'intervalle, un père et ses enfants – une fille, un garçon. Les quatre enfants bien emmitouflés. La ruelle saupoudrée; devant l'immense garage, une montagne de neige. Avec un râteau, la plus grande ramasse les bouts d'écorce, les brindilles orphelines. Le garçon place les bûches sur les bras tendus de sa sœur, lorsqu'elle dit <em>stop</em>, lui, déjà prêt à attraper la prochaine, interrompt son mouvement. Elle entre dans le garage, dépose chaque bûche dans un creux qui semble l'attendre. Maintenir l'équilibre, éviter l'effondrement en empilant tout d'un côté plus que de l'autre. Derrière le tas de bois qui prend toute la place, à travers la porte patio, un sapin décoré, déjà. Des boucles et des guirlandes dorées. Dans la maison maman prépare la soupe. C'est la tradition : quand nous rentrons, mon frère et moi, avec nos ventres gargouillant; les cheveux ébouriffés et les yeux pétillants, elle nous sert de la <em>Lipton</em> poulet et nouilles – délice rarissime du jour à corder le bois – dans de grosses tasses, vieilles comme une grand-mère. Nous buvons le bouillon, à petites gorgées, gardant le meilleur pour la fin. J'espère silencieusement que la famille de la ruelle Darling est rassemblée, autour du premier feu de novembre, savourant dans le silence qui suit l'effort un chocolat chaud onctueux et parfumé.</p> <p> </p> <p> </p> <p style="margin-left: 127.55pt; text-align: justify;">Un drôle de bout de rue devant l'église. Pour se stationner? Pour les mariages, les funérailles. Ça prend de la place un corbillard, ça bloque la circulation. D'où le bout de rue. Elles ont l'air tellement bien, les trois placoteuses. Heureuses, simplement, d'être là. Revenons-y, à ces femmes qui parlent, revenons-y sans cesse. Elles semblent avoir tant à dire.</p> <p style="margin-left:127.55pt;"> </p> <p style="margin-left:127.55pt;"> </p> </div></div></div><div class="field field-name-field-taxo-rue field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Emplacement:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-ontario" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Ontario</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-adam" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Adam</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-darling" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Darling</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-pr%C3%A9fontaine" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Préfontaine</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/salon-de-coiffure-chantilly" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Salon de coiffure Chantilly</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-madalite-parcours field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Modalités du parcours:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/modalit%C3%A9s-du-parcours/marche-et-fl%C3%A2nerie" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Marche et flânerie</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-reseaux field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Réseau:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/r%C3%A9seau/caf%C3%A9s" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Cafés</a></div><div class="field-item odd"><a href="/r%C3%A9seau/jour" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Jour</a></div><div class="field-item even"><a href="/r%C3%A9seau/ruelles" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Ruelles</a></div><div class="field-item odd"><a href="/r%C3%A9seau/rues" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rues</a></div></div></div> Tue, 10 Feb 2015 17:57:51 +0000 Camille Brunet-Villeneuve 144 at http://hochelagaimaginaire.ca http://hochelagaimaginaire.ca/note-de-terrain/dentelli%C3%A8res#comments Maisonneuve de glace http://hochelagaimaginaire.ca/note-de-terrain/maisonneuve-de-glace <div class="field field-name-field-auteur field-type-entityreference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Auteur·e·s:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/individu/deneault-marjolaine">Deneault, Marjolaine</a></div></div></div><div class="field field-name-body field-type-text-with-summary field-label-hidden"><div class="field-items"><div class="field-item even" property="content:encoded"><p>Marcher vite pour ne pas que l’hiver me rattrape, les bouts de doigts gelés ne doivent pas se perdre dans le canal bouché par un sac de vidanges éventré. J’ai peur de la suite des choses, mais je continue d’avancer, quitte à tomber en cours de route. C’est inévitable, je suis maintenant, trop engagée dans la marche du quartier pour faire demi-tour.</p> <p>Aveuglée par le bleu hypocrite du ciel sans nuage, je traverse rapidement la rue Hochelaga. Des mirages d’automobiles en vue, j’ai une pensée pour le boulevard Taschereau. Hochelaga empoussiérée aujourd’hui, tu lui ressembles un peu. Tes envolées de lampadaires ne me convainquent pas.</p> <p>Je ne veux pas mourir sur toi, Hochelaga.</p> <p>Un miroir abandonné me projette le reflet d’une adolescence en voie de disparition. Des autocollants à moitié arrachés, des noms de groupes oubliés me rappellent que je t’ai souvent marché, Maisonneuve, comme une limite, comme un exotisme du métro Préfontaine. Tu me donnais l’impression d’être ailleurs dans ces moments où je m’imaginais fuguer sur les autoroutes sans fin des États-Unis, avec rien d’autre qu’un livre, un couteau et quelques dollars.</p> <p>Je n’ai pas froid, j’ai frette de ta stérilité, de ton béton qui craque sous le poids de tes condos en carton. Je veux gueuler le désert de ton étalement urbain, mais je n’y arrive pas, j’ai les cordes vocales mêlées dans la douce odeur de sécheuse qui réchauffe tes trottoirs. Maisonneuve, chez toi, tout est plus large et je cherche, quelque part dans tes ruelles, une fiction de sécurité directement tirée de mes souvenirs.  </p> <p>Je ne veux pas mourir sur toi, de Rouen.</p> <p>J’ai trop sur le coeur ton Québec Linge et une vieille histoire de famille. Des réminiscences des heures de guet passées sur un banc d’en face en espérant croiser le hasard d’une rencontre. Voir ma mère en vrai ailleurs que sur <a href="https://www.google.ca/maps/@45.544743,-73.541406,3a,15y,23.3h,106.69t/data=!3m4!1e1!3m2!1sp1p0Hqbn3R9MmM-MNM3-_w!2e0?hl=fr">Google Street View</a>. Je me demande quelle circulaire elle regarde, assise de travers devant le 1653 de Chambly. Le Windex est peut-être en spécial chez Jean Coutu.</p> <p>Heureusement, le marché Maisonneuve s’ouvre devant comme un refuge. La vie reprend ici avec les dizaines de tables presque toutes occupées. Plusieurs personnes seules devant des journaux ou des livres. Près de la fenêtre, une dame relativement âgée ne cesse de noircir des feuilles. Des conversations s’échangent, mais rien n’arrive distinctement à mon oreille. Rien à voir avec la promiscuité du Tim Hortons, rien à voir avec Hochelaga. Les personnages sont ici en veilleuse. J’ai l’impression que tout le monde n’est que de passage, mais peut-être que je n’arrive pas à comprendre le lieu.</p> <p>Je ne veux pas mourir sur toi, Maisonneuve.</p> <p>J’aimerais plutôt remonter à mes origines et essayer de comprendre. Aux premiers jours de l’été, Aird m’a accueillie en ouvrant ses grandes portes rouges sur moi. À partir de là, tout m’a échappé : Darling et ses lilas, les nuits de batailles sur Ontario, le son du train et du frottement de fer sur Dézéry, une voisine qui crie rue De Chambly, les engueulades qui réveillent de la rue Adam.</p> <p>Neige noire sur Notre-Dame, retour au présent. Même l’hiver et ses flocons de silence n’arrivent pas à apaiser le vacarme incessant du progrès en marche. Je, on ne veut pas mourir sur toi Notre-Dame avec ton horizon qui n’existe pas. Le quartier est plus grand que tout cela, son imaginaire me dépasse.</p> <p>Et je ne veux pas mourir avec toi, Hochelaga.</p> </div></div></div><div class="field field-name-field-taxo-rue field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Emplacement:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-hochelaga" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Hochelaga</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-de-rouen" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue de Rouen</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-de-chambly" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue de Chambly</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-d%C3%A9z%C3%A9ry" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Dézéry</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/jean-coutu" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Jean Coutu</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-adam" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Adam</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-notre-dame" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Notre-Dame</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-darling" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Darling</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/march%C3%A9-maisonneuve" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Marché Maisonneuve</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/tim-hortons" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Tim Hortons</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-generaux field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Mots-clés:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/mots-cl%C3%A9s-g%C3%A9n%C3%A9raux/paysage" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Paysage</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-madalite-parcours field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Modalités du parcours:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/modalit%C3%A9s-du-parcours/marche-et-fl%C3%A2nerie" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Marche et flânerie</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-reseaux field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Réseau:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/r%C3%A9seau/jour" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Jour</a></div><div class="field-item odd"><a href="/r%C3%A9seau/ruelles" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Ruelles</a></div><div class="field-item even"><a href="/r%C3%A9seau/rues" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rues</a></div></div></div> Tue, 27 Jan 2015 20:07:29 +0000 Marjolaine Deneault 130 at http://hochelagaimaginaire.ca http://hochelagaimaginaire.ca/note-de-terrain/maisonneuve-de-glace#comments Hochelaga imaginaire http://hochelagaimaginaire.ca/note-de-terrain/hochelaga-imaginaire <div class="field field-name-field-auteur field-type-entityreference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Auteur·e·s:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/individu/gervais-bertrand">Gervais, Bertrand</a></div></div></div><div class="field field-name-body field-type-text-with-summary field-label-hidden"><div class="field-items"><div class="field-item even" property="content:encoded"><div style="text-align: right"> </div> <div style="text-align: right">Tout le monde finit toujours par revenir chez Tim Hortons.</div> <div style="text-align: right">Marjolaine  Deneault</div> <div style="text-align: right"> </div> <div> <div> <div>Je ne connais pas Hochelaga. </div> <div>Je ne connais rien d’Hochelaga. </div> <div>Je n’y ai jamais habité. </div> <div> </div> <div>J’y ai visité des amis. </div> <div>J’y ai mangé une poutine. </div> <div>Un club sandwich.</div> <div>Une pizza.</div> <div>Un cheeze burger.</div> <div>J’ai bu des bières au Atomic café.</div> </div> <div>Mangé des brownies chez Sandrine.</div> <div>Mais je n’ai pas mis les pieds dans son Tim Hortons. Quand je suis au Québec, j’évite le plus possible les Tim Hortons, ça n'a rien à voir avec de l’anti-canadianisme, c’est de l’anti-fastfood, pis une histoire de famille.</div> <div>Je n’y mets les pieds que sur la route, au moment de prendre de l’essence ou de m’arrêter pour une pause pipi. J’entre chez Tim Hortons, quand j’ai le choix entre McDonalds, Burger King, Poulet Frit Kentucky, Ming et Tim. Je prends un torsadé au miel avec un petit café bouillant, et je retourne docilement derrière le volant.</div> <div> <div>Mais à Hochelaga ou ailleurs à Montréal, non. Pas envie. Pas besoin. Je trouve les Tim Hortons déprimants, avec leurs tables en Formica et leur céramique de plancher de couleur crème anglaise. Pis l’odeur. L’odeur fade d’huile bon marché surchauffée et légèrement rance. L’odeur de la vieillesse et de l’attente. De ces attentes qui commencent quand on a oublié ce qui était absent. Une attente oubli, une attente désœuvrement, une attente Formica, faite de napkins tachées de gras et de crème au chocolat, d’assiettes en carton et de tasses en styrofoam aux rebords brisés.</div> <div> </div> <div> </div> <div style="text-align: center;">*</div> <div style="text-align: center;"> </div> <div> <div> <div> <div>Je ne connais pas Hochelaga. </div> <div>Je ne connais rien d’Hochelaga. </div> </div> <div>Je n’y ai jamais habité. </div> </div> <div> </div> <div>Mais, j’ai souvent attendu la 67 au métro Joliette, juste à côté du dépanneur. J’ai fait la queue comme tout le monde, attentif aux conversations, aux menus signes d’irritation. Les jeunes qui reviennent de l’école. Les femmes qui sortent des bureaux. Les hommes en bottes de travail. Pis moi, mon sac à dos entre les jambes, mes écouteurs aux oreilles, mes mains dans mes poches. J’ai toujours froid quand j’attends la 67 sur Hochelaga. Le vent arrive de l’ouest. J’enfonce mon chapeau, je serre les coudes, tout en grelottant.</div> <div> <div> </div> <div>Je suis descendu par erreur à Préfontaine. Et je me suis trompé de direction pour rejoindre la 67, marchant vers Frontenac plutôt que Joliette. Irrité par ma propre incurie. </div> </div> <div> </div> <div>J’ai marché sur Darling, sur Cuvillier, sur St-Germain, sur Aylwin, Adam et d’Orléans, avec Benoit, Marjolaine, Virginie, David et les autres. </div> <div> </div> <div>J’ai marché sur Hochelaga jusqu’à rejoindre la rue Bercy où habite un couple d’amis. Ils ont une cour arrière, un sous-sol, des murs recouverts de bois. Des polonais vivent dans la maison d'à côté, ou est-ce des ukrainiens? Je ne sais plus. Mais leur demeure est étrangement barricadée. Comme si la guerre n’avait jamais fini. Des caisses de bois dans la cour arrière, des vitres recouvertes de carton, des chaises pliantes aux coussins déchirés, des cages d’oiseaux abandonnées, et des chats, des chats, un peloton de chats miaulant et violents qui se battent jusque tard dans la nuit. </div> <div> <hr style="display:none;-evernote-encp-section-break:true;" /><p> </p> <p style="text-align: center;">*</p> <div> <div> <div>Je ne connais pas Hochelaga. </div> <div>Je ne connais rien d’Hochelaga. </div> </div> <div>Je n’y ai jamais habité. </div> <div> </div> </div> <div>Je viens de l’ouest de la ville, au nord de Côte-des-neiges en fait, du côté des Anglais et des nouveaux riches. </div> <div>J’ai bummé sur les tracks, celles au sud de Jean-Talon. J’ai acheté des pétards à mèche chez Beaucage. C’était étrange chez Beaucage, comme un magasin général en plein cœur de Montréal. Relents de <i>Mon oncle Antoine</i>. Des étagères de bébelles, des jeux pour enfants, des carabines, des appeaux, d'autres articles de chasse, des produits nettoyants, des feux d’artifices. Entrer dans le magasin, c’était reculer de trente ans. Le plancher de bois non vernis craquait. Les deux vieux derrière le comptoir fumaient leur cigare en servant les clients. Le bruit de la caisse enregistreuse résonnait dans tout le magasin.  </div> <div> <hr style="display:none;-evernote-encp-section-break:true;" /></div> <div>J’y étais entré la première fois avec mon père qui cherchait un tournevis à tête carrée. Il fumait des Rothmans King Size qu’il achetait en cartoon. Des paquets bleus et blancs, très chics. Très anglais. Très nous-sommes-arrivés-on-ne-peut-rien-nous-enlever-et-nous-adhérons-aux-valeurs-en-place.  </div> <div>Des Rothmans achetées chez Beaucage. Des cigarettes sèches et goudronnées.</div> <div>J’ai fumé ma première Rothmans au sous-sol, à côté du soupirail, envahi peu à peu d'une nausée verdâtre. J’en avais volé trois dans un paquet qui trainait sur la table à café. Je les avais mises dans un autre paquet jeté aux ordures, avec une boîte d’allumettes en partie vidée. </div> <div>J’ai fumé les deux autres avec Thibault sur les tracks derrière chez lui, le dos contre le mur de briques d'une usine désaffectée. </div> <div>J’ai fumé des Rothmans, pis après des Export A, des Players, des du Maurier, des Gitanes, et je me suis roulé des cigarettes avec du tabac Drum. Juste à écrire le nom, l’odeur du Drum me revient à l’esprit.</div> <div> </div> <div> </div> <div style="text-align: center;">*</div> <div> </div> <div> <div> <div>Je ne connais pas Hochelaga. </div> <div> <div>Je ne connais rien d’Hochelaga. </div> </div> <div>Je n’y ai jamais habité. </div> </div> <div> </div> <div>Mon père a longtemps trainé dans un Tim Hortons. Il était un de ces vieux qu’on y rencontre le matin après neuf heures, devant une tasse de café et une assiette vide. Quand il n’était pas chez Tim, il était au McDo. Il n’avait pas d’amis, mais des connaissances. Et ils lisaient ensemble le <i>Journal de Montréal</i>, commentaient l’actualité, se grattaient la tête, laissaient les heures s’écouler. Quand la faune du midi arrivait, il s’éclipsait, retournait dans son un et demi écouter les lignes ouvertes sur la bande AM. Tout le monde outré. Tout le monde tout le temps. </div> <div> <div>Quand je le cherchais, j’entrais dans le Tim, faisais le tour des tables, attendais quelques instants, puis repartais. Je passais ensuite au McDo, puis regardais sur les bancs publics avant de retourner à la maison. </div> <div>Ça me faisait rien de ne pas le voir, ce que j’aimais, c’était la possibilité de la rencontre: passer, saluer, repartir.  Pas de vraie conversation, juste une tape sur l’épaule, deux ou trois mots insignifiants, un sourire. On n’avait plus rien à se dire après tout ce qui s’était passé. Mais ça faisait du bien de juste vérifier qu’il était toujours en vie. </div> <hr style="display:none;-evernote-encp-section-break:true;" /><div> </div> <div>Mes déambulations dans Hochelaga me remettent dans cet état d’esprit.</div> </div> <div>C’est pas que je m’attends à le retrouver au coin d’une rue ou sur un banc – il est mort depuis longtemps et je ne l’ai jamais vu en spectre –, mais mes sorties dans les rues du quartier me ramènent à cet état de disponibilité.</div> <div>Tout devient possible.</div> <div>Je marche au présent, mais mon esprit explore les strates du passé. Mes pas me conduisent dans un lieu que je suis seul à connaître et que j'explore comme s’il s’agissait d’un palais de mémoire, d’un palais ramené à la lumière par mes pas, un à un. </div> <div> <div> </div> <div>Je ne connais pas Hochelaga.  </div> <div>Mais le quartier maintenant m'habite. </div> </div> </div> </div> </div> </div> </div> <p> </p> </div></div></div><div class="field field-name-field-taxo-rue field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Emplacement:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-ontario" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Ontario</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/chez-sandrine" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Chez Sandrine</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/tim-hortons" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Tim Hortons</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/atomic-caf%C3%A9" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Atomic Café</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-hochelaga" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Hochelaga</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/station-joliette" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Station Joliette</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/station-pr%C3%A9fontaine" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Station Préfontaine</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-darling" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Darling</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-cuvillier" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Cuvillier</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-saint-germain" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Saint-Germain</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-aylwin" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Aylwin</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-adam" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Adam</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/avenue-dorl%C3%A9ans" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Avenue d&#039;Orléans</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-bercy" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Bercy</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-generaux field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Mots-clés:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/mots-cl%C3%A9s-g%C3%A9n%C3%A9raux/urbanisme" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Urbanisme</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-madalite-parcours field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Modalités du parcours:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/modalit%C3%A9s-du-parcours/marche-et-fl%C3%A2nerie" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Marche et flânerie</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-reseaux field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Réseau:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/r%C3%A9seau/jour" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Jour</a></div><div class="field-item odd"><a href="/r%C3%A9seau/trottoirs" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Trottoirs</a></div></div></div> Thu, 22 Jan 2015 21:42:01 +0000 Bertrand Gervais 126 at http://hochelagaimaginaire.ca http://hochelagaimaginaire.ca/note-de-terrain/hochelaga-imaginaire#comments