Hochelaga Imaginaire - Rue Bercy http://hochelagaimaginaire.ca/taxonomie-rue/rue-bercy fr Hochelaga imaginaire http://hochelagaimaginaire.ca/note-de-terrain/hochelaga-imaginaire <div class="field field-name-field-auteur field-type-entityreference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Auteur·e·s:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/individu/gervais-bertrand">Gervais, Bertrand</a></div></div></div><div class="field field-name-body field-type-text-with-summary field-label-hidden"><div class="field-items"><div class="field-item even" property="content:encoded"><div style="text-align: right"> </div> <div style="text-align: right">Tout le monde finit toujours par revenir chez Tim Hortons.</div> <div style="text-align: right">Marjolaine  Deneault</div> <div style="text-align: right"> </div> <div> <div> <div>Je ne connais pas Hochelaga. </div> <div>Je ne connais rien d’Hochelaga. </div> <div>Je n’y ai jamais habité. </div> <div> </div> <div>J’y ai visité des amis. </div> <div>J’y ai mangé une poutine. </div> <div>Un club sandwich.</div> <div>Une pizza.</div> <div>Un cheeze burger.</div> <div>J’ai bu des bières au Atomic café.</div> </div> <div>Mangé des brownies chez Sandrine.</div> <div>Mais je n’ai pas mis les pieds dans son Tim Hortons. Quand je suis au Québec, j’évite le plus possible les Tim Hortons, ça n'a rien à voir avec de l’anti-canadianisme, c’est de l’anti-fastfood, pis une histoire de famille.</div> <div>Je n’y mets les pieds que sur la route, au moment de prendre de l’essence ou de m’arrêter pour une pause pipi. J’entre chez Tim Hortons, quand j’ai le choix entre McDonalds, Burger King, Poulet Frit Kentucky, Ming et Tim. Je prends un torsadé au miel avec un petit café bouillant, et je retourne docilement derrière le volant.</div> <div> <div>Mais à Hochelaga ou ailleurs à Montréal, non. Pas envie. Pas besoin. Je trouve les Tim Hortons déprimants, avec leurs tables en Formica et leur céramique de plancher de couleur crème anglaise. Pis l’odeur. L’odeur fade d’huile bon marché surchauffée et légèrement rance. L’odeur de la vieillesse et de l’attente. De ces attentes qui commencent quand on a oublié ce qui était absent. Une attente oubli, une attente désœuvrement, une attente Formica, faite de napkins tachées de gras et de crème au chocolat, d’assiettes en carton et de tasses en styrofoam aux rebords brisés.</div> <div> </div> <div> </div> <div style="text-align: center;">*</div> <div style="text-align: center;"> </div> <div> <div> <div> <div>Je ne connais pas Hochelaga. </div> <div>Je ne connais rien d’Hochelaga. </div> </div> <div>Je n’y ai jamais habité. </div> </div> <div> </div> <div>Mais, j’ai souvent attendu la 67 au métro Joliette, juste à côté du dépanneur. J’ai fait la queue comme tout le monde, attentif aux conversations, aux menus signes d’irritation. Les jeunes qui reviennent de l’école. Les femmes qui sortent des bureaux. Les hommes en bottes de travail. Pis moi, mon sac à dos entre les jambes, mes écouteurs aux oreilles, mes mains dans mes poches. J’ai toujours froid quand j’attends la 67 sur Hochelaga. Le vent arrive de l’ouest. J’enfonce mon chapeau, je serre les coudes, tout en grelottant.</div> <div> <div> </div> <div>Je suis descendu par erreur à Préfontaine. Et je me suis trompé de direction pour rejoindre la 67, marchant vers Frontenac plutôt que Joliette. Irrité par ma propre incurie. </div> </div> <div> </div> <div>J’ai marché sur Darling, sur Cuvillier, sur St-Germain, sur Aylwin, Adam et d’Orléans, avec Benoit, Marjolaine, Virginie, David et les autres. </div> <div> </div> <div>J’ai marché sur Hochelaga jusqu’à rejoindre la rue Bercy où habite un couple d’amis. Ils ont une cour arrière, un sous-sol, des murs recouverts de bois. Des polonais vivent dans la maison d'à côté, ou est-ce des ukrainiens? Je ne sais plus. Mais leur demeure est étrangement barricadée. Comme si la guerre n’avait jamais fini. Des caisses de bois dans la cour arrière, des vitres recouvertes de carton, des chaises pliantes aux coussins déchirés, des cages d’oiseaux abandonnées, et des chats, des chats, un peloton de chats miaulant et violents qui se battent jusque tard dans la nuit. </div> <div> <hr style="display:none;-evernote-encp-section-break:true;" /><p> </p> <p style="text-align: center;">*</p> <div> <div> <div>Je ne connais pas Hochelaga. </div> <div>Je ne connais rien d’Hochelaga. </div> </div> <div>Je n’y ai jamais habité. </div> <div> </div> </div> <div>Je viens de l’ouest de la ville, au nord de Côte-des-neiges en fait, du côté des Anglais et des nouveaux riches. </div> <div>J’ai bummé sur les tracks, celles au sud de Jean-Talon. J’ai acheté des pétards à mèche chez Beaucage. C’était étrange chez Beaucage, comme un magasin général en plein cœur de Montréal. Relents de <i>Mon oncle Antoine</i>. Des étagères de bébelles, des jeux pour enfants, des carabines, des appeaux, d'autres articles de chasse, des produits nettoyants, des feux d’artifices. Entrer dans le magasin, c’était reculer de trente ans. Le plancher de bois non vernis craquait. Les deux vieux derrière le comptoir fumaient leur cigare en servant les clients. Le bruit de la caisse enregistreuse résonnait dans tout le magasin.  </div> <div> <hr style="display:none;-evernote-encp-section-break:true;" /></div> <div>J’y étais entré la première fois avec mon père qui cherchait un tournevis à tête carrée. Il fumait des Rothmans King Size qu’il achetait en cartoon. Des paquets bleus et blancs, très chics. Très anglais. Très nous-sommes-arrivés-on-ne-peut-rien-nous-enlever-et-nous-adhérons-aux-valeurs-en-place.  </div> <div>Des Rothmans achetées chez Beaucage. Des cigarettes sèches et goudronnées.</div> <div>J’ai fumé ma première Rothmans au sous-sol, à côté du soupirail, envahi peu à peu d'une nausée verdâtre. J’en avais volé trois dans un paquet qui trainait sur la table à café. Je les avais mises dans un autre paquet jeté aux ordures, avec une boîte d’allumettes en partie vidée. </div> <div>J’ai fumé les deux autres avec Thibault sur les tracks derrière chez lui, le dos contre le mur de briques d'une usine désaffectée. </div> <div>J’ai fumé des Rothmans, pis après des Export A, des Players, des du Maurier, des Gitanes, et je me suis roulé des cigarettes avec du tabac Drum. Juste à écrire le nom, l’odeur du Drum me revient à l’esprit.</div> <div> </div> <div> </div> <div style="text-align: center;">*</div> <div> </div> <div> <div> <div>Je ne connais pas Hochelaga. </div> <div> <div>Je ne connais rien d’Hochelaga. </div> </div> <div>Je n’y ai jamais habité. </div> </div> <div> </div> <div>Mon père a longtemps trainé dans un Tim Hortons. Il était un de ces vieux qu’on y rencontre le matin après neuf heures, devant une tasse de café et une assiette vide. Quand il n’était pas chez Tim, il était au McDo. Il n’avait pas d’amis, mais des connaissances. Et ils lisaient ensemble le <i>Journal de Montréal</i>, commentaient l’actualité, se grattaient la tête, laissaient les heures s’écouler. Quand la faune du midi arrivait, il s’éclipsait, retournait dans son un et demi écouter les lignes ouvertes sur la bande AM. Tout le monde outré. Tout le monde tout le temps. </div> <div> <div>Quand je le cherchais, j’entrais dans le Tim, faisais le tour des tables, attendais quelques instants, puis repartais. Je passais ensuite au McDo, puis regardais sur les bancs publics avant de retourner à la maison. </div> <div>Ça me faisait rien de ne pas le voir, ce que j’aimais, c’était la possibilité de la rencontre: passer, saluer, repartir.  Pas de vraie conversation, juste une tape sur l’épaule, deux ou trois mots insignifiants, un sourire. On n’avait plus rien à se dire après tout ce qui s’était passé. Mais ça faisait du bien de juste vérifier qu’il était toujours en vie. </div> <hr style="display:none;-evernote-encp-section-break:true;" /><div> </div> <div>Mes déambulations dans Hochelaga me remettent dans cet état d’esprit.</div> </div> <div>C’est pas que je m’attends à le retrouver au coin d’une rue ou sur un banc – il est mort depuis longtemps et je ne l’ai jamais vu en spectre –, mais mes sorties dans les rues du quartier me ramènent à cet état de disponibilité.</div> <div>Tout devient possible.</div> <div>Je marche au présent, mais mon esprit explore les strates du passé. Mes pas me conduisent dans un lieu que je suis seul à connaître et que j'explore comme s’il s’agissait d’un palais de mémoire, d’un palais ramené à la lumière par mes pas, un à un. </div> <div> <div> </div> <div>Je ne connais pas Hochelaga.  </div> <div>Mais le quartier maintenant m'habite. </div> </div> </div> </div> </div> </div> </div> <p> </p> </div></div></div><div class="field field-name-field-taxo-rue field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Emplacement:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-ontario" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Ontario</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/chez-sandrine" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Chez Sandrine</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/tim-hortons" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Tim Hortons</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/atomic-caf%C3%A9" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Atomic Café</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-hochelaga" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Hochelaga</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/station-joliette" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Station Joliette</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/station-pr%C3%A9fontaine" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Station Préfontaine</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-darling" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Darling</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-cuvillier" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Cuvillier</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-saint-germain" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Saint-Germain</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-aylwin" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Aylwin</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-adam" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Adam</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/avenue-dorl%C3%A9ans" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Avenue d&#039;Orléans</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-bercy" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Bercy</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-generaux field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Mots-clés:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/mots-cl%C3%A9s-g%C3%A9n%C3%A9raux/urbanisme" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Urbanisme</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-madalite-parcours field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Modalités du parcours:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/modalit%C3%A9s-du-parcours/marche-et-fl%C3%A2nerie" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Marche et flânerie</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-reseaux field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Réseau:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/r%C3%A9seau/jour" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Jour</a></div><div class="field-item odd"><a href="/r%C3%A9seau/trottoirs" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Trottoirs</a></div></div></div> Thu, 22 Jan 2015 21:42:01 +0000 Bertrand Gervais 126 at http://hochelagaimaginaire.ca http://hochelagaimaginaire.ca/note-de-terrain/hochelaga-imaginaire#comments La vie secrète des événements http://hochelagaimaginaire.ca/note-de-terrain/la-vie-secr%C3%A8te-des-%C3%A9v%C3%A9nements <div class="field field-name-field-auteur field-type-entityreference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Auteur·e·s:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/individu/gervais-bertrand">Gervais, Bertrand</a></div></div></div><div class="field field-name-body field-type-text-with-summary field-label-hidden"><div class="field-items"><div class="field-item even" property="content:encoded"><div><span style="font-size:14px;"><strong><span style="font-family: Verdana;">1- Une rue, la nuit </span></strong></span></div> <div> </div> <div><span style="font-size:14px;"><span style="font-family: Verdana;">Nous marchions sur Sainte-Catherine, Vincent et moi, en route vers le Comptoir 21 qui sert les meilleurs <i>fish and chips</i> en ville, du moins de ce côté-ci de Saint-Laurent. Il faisait froid, très froid, sous les vingt degrés, avec un vent du nord-ouest, de ces vents d’hiver qu’il ne sert à rien de combattre. On s’emmitoufle, foulard noué autour du cou, tuque enfoncée jusqu’aux sourcils, et on marche les yeux baissés. </span></span></div> <div> </div> <div><span style="font-size:14px;"><span style="font-family: Verdana;">On s’était donné rendez-vous par texto quelques minutes plus tôt: Lunches-tu? Je suis à l’uni, je mangerais bien un <i>fish and chips</i>. / Je suis en rendez-vous. / Allo? / Allo! / Tu viens manger? / Ok. Je descends te chercher dans 5 min. / On se retrouve à la sortie Sainte-Catherine et Berri. / Ok à 12h55, je passe au p’tit coin et je descends. </span></span></div> <div> </div> <div><span style="font-size:14px;"><span style="font-family: Verdana;">On marchait vers Amherst. Je voulais le taquiner sur sa nouvelle voiture, dont il devait prendre possession dans une semaine. Attends, m’a-t-il dit, il faut que je te raconte! Hier soir, il devait être une heure moins quart, on dormait pas encore. On était au lit et on entend un bruit, plus qu’un bruit, une série de chocs. Puis, ça se met crier. Je me lève. Par la porte, je vois une voiture en plein milieu de la rue, mais de travers. À 90 degrés. Je mets mon manteau et je sors. Une femme crie, un homme s'extrait de la voiture et s’enfuit. Comme ça. Sa voiture bloque la rue et sa portière est ouverte. On est en pleine pente entre Sherbrooke et Hochelaga, la voiture peut pas rester là. Je m’approche. Le moteur tourne toujours et tout le devant, côté passager, est démoli. Je regarde autour, et merde!, c'est un <i>hit and run</i>. Il a dû frapper quatre ou cinq voitures stationnées. Il y en a une dont tout le côté est tordu. De la ferraille. Les autres sont guère mieux. Les policiers arrivent. Je finis par comprendre que le conducteur avait fait un accident sur Sherbrooke et pris la première rue pour s’enfuir. Comme il conduisait une auto volée, il ne pouvait pas rester sur les lieux, alors il a pris notre rue dans le sens contraire, puis il a perdu le contrôle de son véhicule qui a frappé des voitures stationnées. Je suis sorti au moment où il retrouvait ses esprits, la femme devait avoir vu la scène en rentrant à la maison, elle a tenté de l’interpeller, il s’est montré violent avant de prendre la fuite. Et le plus incroyable, c’est que ma voiture était juste là. Il a frappé celles qui étaient en avant et d’autres qui se trouvaient derrière, mais il n’a pas touché à la mienne. Ou à peine, une légère égratignure au pare-choc et c’est tout. Tu te rends compte, les chances? Rien. Les autres sont bonnes pour des réparations majeures et la mienne en est sortie miraculeusement indemne. Je viens juste de la vendre pour acheter la nouvelle. J’ai été vraiment chanceux. </span></span></div> <div> </div> <div><span style="font-size:14px;"><font face="Verdana">Le hasard, le chaos, les lois de la complexité. Je venais de relire pour mon cours au bac <em>Vente à la criée du Lot 49</em></font> <font face="Verdana">de Thomas Pynchon, et j’avais encore en tête l’étonnante scène qui se déroule dans le hall de l’hôtel où Œdipa, l’héroïne, descend vers la fin du roman. C’est une convention de sourds-muets. Rien que ça. Quand elle revient à l’hôtel après vingt-quatre heures d’errance dans la baie de San Francisco, une proto-déambulation géopoétique où les hasards n’ont cessé de se multiplier, les sourds-muets dansent dans la salle de banquet, les uns le charleston, les autres le rock &amp; roll, la bossa nova, une valse, sans jamais jamais se toucher. Ils n’entendent rien, dansent dans le désordre et, pourtant, ils réussissent à s’éviter. Un sourd-muet entraîne même Œdipa dans sa danse et elle assiste médusée au spectacle des corps qui virevoltent et se désarticulent sans se frapper. Sans jamais se frapper.</font></span></div> <div> </div> <div><span style="font-size:14px;"><font face="Verdana">Ce que Vincent venait de me raconter était, de la même façon, un bel exemple de la vie secrète des événements. Quand on laisse aller le monde, au lieu de tenter de le contrôler, on assiste parfois à des spectacles inattendus, des micro-événements qui semblent montés à notre intention, des sourds-muets qui circulent comme des électrons, des voitures qui ressortent indemnes d’un accident, des portes qui se mettent à se répondre. C’est là où je voulais en venir. Les portes. Le jeu des portes qui se complètent au-delà de leur proximité. J’ai écouté Vincent me raconter son anecdote et je suis allé vivre la mienne. Rien d’important. Pas de tôle froissée ou de sang versé, un événement de rien du tout, à l’image de la vie elle-même.</font></span></div> <div style="text-align: center"> </div> <div><span style="font-size:14px;"><strong><span style="font-family: Verdana;">2- Les portes</span></strong></span></div> <div> </div> <div><span style="font-size:14px;"><span style="font-family: Verdana;">On a mangé notre <i>fish and chips</i> au comptoir. Les plats étaient servis dans des paniers en plastique recouverts d’un papier ciré à damier vert et blanc, comme dans mon enfance. On a vidé nos assiettes en discutant de tout et de rien. </span></span></div> <div> </div> <div><span style="font-size:14px;"><span style="font-family: Verdana;">Vincent devait partir, une réunion l’attendait, je suis resté quelques instants de plus, à boire mon café. Le resto était désert. La serveuse faisait sa caisse, le cuisinier nettoyait ses grilles. J’ai commandé une <i>cheesecake</i> framboise et chocolat. C’était lourd, mais réconfortant. J’ai sorti mon iPad et, comme je le fais souvent avant de partir en déambulation, je me suis mis à écrire, histoire de me rendre disponible, de m’ouvrir à l’espace et au musement. C’est une des étapes de ma préparation à une sortie, je médite sur mes projets d’écriture, sur mes propres modalités d’insertion dans un lieu que je ne connais guère. </span></span></div> <div> </div> <div><span style="font-size:14px;"><span style="font-family: Verdana;">"Une étrange géographie imaginaire, ai-je écrit, se déploie au fur et à mesure que je flâne dans Hochelaga. Sous les rues du quartier, à la manière d’un palimpseste, se profilent les rues d'un autre quartier, Centre-Sud. Je n’y ai jamais habité, mais c'était le quartier de mon père, lorsqu'il était enfant et il a continué à le fréquenter parce son commerce s'y trouvait, commerce hérité de son propre père, Gervais Express Limité de père en fils. Sur leurs traces, j'ai sillonné les rues de Centre-Sud dans les années 70 quand je travaillais sur les camions de la compagnie au mois de mai. Les familles sur le BS avaient le droit de déménager une fois aux cinq ans aux frais de l’état, et les gens ne se gênaient pas pour le faire. On appelait ça: "changer le mal de place". Une famille pouvait, par exemple, partir d’un troisième étage miteux sur Parthenais pour aller dans un autre troisième étage tout aussi crasseux sur Alexandre-de-Sève. Troquer Wolfe pour Montcalm, Plessis pour Panet. Passer du nord d’Ontario au sud de Sainte-Catherine. Les familles moins chanceuses étaient évincées ou perdaient au jeu de la chaise musicale et devaient laisser leurs meubles et affaires sur le trottoir, entassés pêle-mêle. Dans les camions, on parcourait le quartier à ramasser des ménages et à les déposer quelques rues plus loin. Les électroménagers étaient graisseux, les armoires, poussiéreuses, et les vêtements, jetés dans des sacs à ordure déjà déchirés. Après quelques années, je connaissais le quartier par cœur. </span></span></div> <div> </div> <div><span style="font-size:14px;"><span style="font-family: Verdana;">Déambuler maintenant dans Hochelaga, dans ce quartier qui ressemble à mon souvenir de Centre-Sud, me conduit à écraser l’un sur l’autre ces lieux, le passé et le présent,  l’imaginaire et l'actuel. Je fais se croiser les lignes, celles de mes souvenirs, fantasques et associatives, celles de mes pérégrinations, impulsives et circulaires." </span></span></div> <div> </div> <div><span style="font-size:14px;"><font face="Verdana">J’ai déposé mon iPad, payé l’addition, enfilé mon survêtement, mon manteau et mes gants et je suis sorti affronter le froid. À marcher vers l’est, j’étais chanceux, j’avais le vent dans le dos, mais le froid restait intense. J’ai quitté Centre-Sud, passant sous le pont Jacques-Cartier et j’ai pénétré dans ce <em>no man’s land</em> qui s’étend à ses pieds. </font></span></div> <div> </div> <div><span style="font-size:14px;"><span style="font-family: Verdana;">Mon premier moment géopoétique, mon deuxième si on compte l’anecdote de Vincent, est survenu peu de temps après, quand j’ai repéré une superbe porte bleue, finement travaillée par le temps et les intempéries. Une porte poussiéreuse, à la peinture écaillée d’un bleu légèrement délavé, qui devait donner sur un escalier sombre et étroit. J’ai toujours aimé photographier les portes, je le fais depuis des années. Je pourrais même en faire un livre, si ça n’avait été fait mille fois. J’ai sorti mon iPhone et, malgré mes doigts engourdis, j’ai pris un cliché. La photo était mal cadrée, mais le bleu ressortait bien et la vieille boîte à lettres donnait à l’ensemble un air démodé. Il était facile d’imaginer une vie derrière cette porte, des générations de locataires, de plus en plus excentriques comme le quartier se dégradait, des cris, des pleurs, des mots de bienvenue aussi. </span></span></div> <div> </div> <div><span style="font-size:14px;"><span style="font-family: Verdana;">Je suis reparti, heureux de ma découverte. Un porte de plus à ajouter à ma collection. J’avais aussi le sentiment que ma déambulation venait vraiment de commencer. Je n’étais plus un simple badaud caché dans son manteau, mais un flâneur attentif au texte de la ville.  </span></span></div> <div><span style="font-size:14px;"><span style="font-family: Verdana;"> </span></span></div> <div><span style="font-size:14px;"><span style="font-family: Verdana;">Je ne sais trop quoi dire de ma déambulation de l’après-midi. J’ai suivi Sainte-Catherine jusqu'après Bercy. Je suis allé explorer les dessous du viaduc, prenant quelques photos des graffitis qui ornent les poutres de ciment. J’ai été tenté de franchir la clôture et de rejoindre les rails, mais j’ai rebroussé chemin. Le froid rend craintif. J’ai ensuite franchi le viaduc, sans m’arrêter sauf pour un rapide cliché des wagons immobilisés sur les rails. De retour sur la terre ferme, j’ai pris à gauche sur Préfontaine, puis à droite sur Adam et à gauche sur Saint-Germain. Je laissais mes pas me guider, ou est-ce plutôt le vent, toujours vigoureux, je ne sais plus. À cette température, on n’explore pas un quartier, on expérimente le froid: les effets du froid sur le corps, les contrecoups du froid sur les appareils électroniques, la morsure du froid sur les joues et le front, son impact sur les neurones. </span></span></div> <div> </div> <div><span style="font-size:14px;"><span style="font-family: Verdana;">J’ai aperçu du coin de l’œil des drapeaux de prières tibétains, des fenêtres brisées, des chaises berçantes recouvertes de neige, une école dont toutes les ouvertures, portes et fenêtres, ont été placardées, une marionnette sortie à l’Halloween et oubliée là, dans le froid et la neige, une vieille télévision jetée aux ordures, des sommiers, trois sommiers en fait, défoncés, un double et deux simples, comme si le lundi était la journée des sommiers vétustes, des sommiers sans matelas. J’ai assisté à des mouvements aléatoires et désordonnés. Des rues traversées à toute allure. Des dames glisser sur les trottoirs glacés. J’ai remarqué une voiture le capot ouvert, le moteur sûrement noyé, des bicyclettes attachées à des grilles et à des arbres, rouillées et inutilisables. Sur une porte, j’ai lu un ordre de cesser les travaux. Plus loin, ce fut un avis de transformation d’un immeuble à logements en une copropriété indivise. Des graffitis contre le capitalisme sauvage. Des petites annonces agrafées à des poteaux de téléphone. Un chat perdu. Des locaux vides. Des baies vitrées vandalisés. Des commerces abandonnés. </span></span></div> <div> </div> <div><span style="font-size:14px;"><span style="font-family: Verdana;">Il y a toujours, dans le quartier, un chat qui est perdu. Pas perdu en soi, mais perdu pour son propriétaire qui placarde ses affiches sur des poteaux. </span></span></div> <div><span style="font-size:14px;"><span style="font-family: Verdana;">Pendant trente minutes, j’ai combattu une envie de pisser, diffuse dans les premiers temps, puis de plus en plus intense et qui a fini par occuper toutes mes pensées. Mon café au Comptoir 21. Un café filtre noir. Et un <i>refill</i>. Quelle idée avant de partir en déambulation! Persistante, lancinante, pénible. Non, tu ne feras pas pipi dans la ruelle; non, tu ne feras pas pipi contre le mur de l’usine, derrière le banc de neige non plus, contre le poteau de téléphone, derrière le camion, à côté de la poubelle, dans le petit parc. Mais où donc vais-je pouvoir faire pipi? Non, pas derrière l’église. Une église quand même, n’y pense même pas. Il a fallu que j’arrive au Salon de quilles Darling sur Ontario pour que je puisse enfin penser à autre chose. Les dames âgées qui attendaient leur tour assises sur des chaises d’église en plastique m’ont à peine dévisagé quand je suis passé. Je savais où se trouvaient les toilettes, j’ai eu l’air d’un gars de la place. </span></span></div> <div> </div> <div><span style="font-size:14px;"><span style="font-family: Verdana;">Et je n’ai rien écrit, tout ce temps, parce qu'il faisait trop froid. J’ai utilisé plutôt le logiciel de prise de note de mon téléphone intelligent. On presse longuement sur le bouton central, on demande de «rédiger une note» et SIRI, c’est comme ça qu’elle s’appelle, répond «Que voulez-vous prendre en note? » Et la dictée se transforme presque miraculeusement en texte. Je dis presque parce que les ratées sont nombreuses.</span></span></div> <div> </div> <div><span style="font-size:14px;"><span style="font-family: Verdana;">"<span style="color: rgb(0, 0, 0); font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; letter-spacing: normal; text-align: start; text-indent: 0px; text-transform: none; white-space: normal; word-spacing: 0px; float: none;">Ce que j'apprécie le plus de mes grandes données du lundi après-midi Nanche Lagotte c'est le fait que je te déteste toi décrocher complètement de mon horaire pour pouvoir me libérer alors entre le trop-plein d'activités tout à coup je me mets à avoir droit à une Flandry moment béni malgré le très grand froid de la journée." </span></span></span></div> <div> </div> <div><span style="font-size:14px;"><span style="font-family: Verdana;">Sûrement l’impact du froid sur les circuits électroniques. </span></span></div> <div> </div> <div><span style="font-size:14px;"><span style="font-family: Verdana;">J’ai monté et descendu quelques rues, de Sainte-Catherine à Hochelaga, à la recherche de détails intéressants. Mais il n’y avait rien de très sexy. Les gens étaient encabanés, les enfants, toujours à l’école, et les ados se cachaient pour fumer. Il n’y avait que des passants pressés de retourner à la maison et des techniciens dans des camionnettes.</span></span></div> <div> </div> <div><span style="font-size:14px;"><span style="font-family: Verdana;">Sur Joliette pourtant, juste en retrait de Sainte-Catherine, j’ai fini par découvrir un magnifique tas d’objets délaissés. On aurait dit le contenu complet d’un trois et demi, appareils électroménagers exclus. Déménagement subit? Rupture tumultueuse? Éviction? Il y avait des chaises, des tiroirs de commode, des meubles éventrés, des sacs noirs et des sacs roses, une imprimante, un traîneau en mousse, un pot de mayonnaise et, sur le coup j’ai été intrigué, mais oui deux cadres en carton, des passe-partout blancs enchâssant des photos reproduites sur du papier de mauvaise qualité. J’ai pris une photographie du tas, en pensant aux camions de mon père, et me suis emparé de ces deux cadres de fortune. Je les ai transportés un peu plus loin dans la ruelle, les ai déposés sur la neige pour quelques clichés, puis ai retiré les photos des passe-partout et me suis sauvé, les deux clichés enroulés et coincés dans mon sac à dos. </span></span></div> <div> </div> <div><span style="font-size:14px;"><span style="font-family: Verdana;">Il était temps que je rejoigne l'Atomic Café sur Ontario où nous nous étions donné rendez-vous. Marjolaine et Marion étaient déjà attablées. Les deux seules du groupe en fait. Les autres ne s’étaient pas pointé le bout du nez. Trop froid peut-être. Mes lunettes étaient embuées, mes mains, frigorifiées. J’ai pris un autre café, plus par réflexe qu’autre chose, et je me suis assis. Nous avons échangé sur nos parcours respectifs. Sur le froid, sur la lumière, sur la difficulté d’explorer quand la température glaciale réduit les déplacements au strict minimum et tronque les perspectives. Denise est arrivée par la suite. Toute en noir, sauf pour ses joues rouges. J’ai montré mes deux photos, comme un gamin fier de son dernier mauvais coup, et c’est là que la coïncidence m'est apparue avec toute sa force. C’étaient des photos de portes! Deux photos de portes, des reproductions de clichés d’un photographe britannique, un dénommé Joseph Eta. <em>London Doors I</em> et <em>London Doors II</em> de Joseph Eta, imprimés aux États-Unis, Félix Rosentiel’s Widow and Son limited. Des portes très classiques, l’une ornée de pierres peintes en blanc et dessinant un soleil enfantin, l’autre surplombée d’un toit comme s’il s’agissait d’un temple grec. </span></span></div> <div> </div> <div><span style="font-size:14px;"><font face="Verdana">Des portes. Des portes anglaises en plein Hochelaga. Qui met des portes sur ses murs? Quelqu’un qui rêve d’une vraie maison? Ou qui veut toujours avoir une porte de sortie à sa portée? Imaginaire, évidemment. </font></span></div> <div> </div> <div><span style="font-size:14px;"><span style="font-family: Verdana;">C’était presque miraculeux comme hasard. Ma randonnée qui avait commencé avec une photo de porte, prise un peu au hasard, parce qu’il fallait bien commencer quelque part et que les portes font de merveilleuses entrées en matière, se terminait sur des photos de portes. D'une porte dans Centre-Sud à des clichés de portes dans Hochelaga, le trajet était complet. Le palimpseste reprenait ses droits, réunissant deux quartiers séparés par des décennies de vie.   </span></span></div> <div> </div> <div><span style="font-size:14px;"><span style="font-family: Verdana;">Plus tard, de retour à l'appartement, en faisant des recherches sur Internet, j'ai réalisé, légèrement dépité, que les deux photos de portes avaient été achetées chez Ikea. Elles se vendaient en séries de trois avec leur passe-partout. <i>Bild Fjällsta</i>, 14$ pour un set. C’étaient des photos sans valeur, achetées dans une grande surface, de la culture préfabriquée, raisons pour lesquelles évidemment elles avaient été abandonnées sur le bord de la rue. </span></span></div> <div> </div> <div><span style="font-size:14px;"><span style="font-family: Verdana;">Elles sentaient la fumée de cigarette et l’humidité.</span></span></div> <div> </div> <div><span style="font-size:14px;"><span style="font-family: Verdana;">Ma déception a été de courte durée, car je me suis rendu compte qu'il en manquait une. La troisième. Ce n’était pas un hasard. C’est moi qui l’avais. Moi qui l’avais prise au 2393, rue Sainte-Catherine. La troisième porte de l’ensemble, c’était tout simplement la mienne. Ma déambulation n'avait servi qu’à ça: compléter un parcours dont j’avais choisi sans le savoir les bornes. Ma longue marche dans le froid et mes souvenirs animés par un subtil jeu d’écrans et de réflexions avait servi à redonner à un ensemble sa totalité. Elle avait reconstitué une triade. Et ce faisant, elle avait jeté un pont entre deux univers, entre deux histoires, mais à rebours, dans le sens contraire du temps, le présent rejoignant le passé pour le dévoiler miraculeusement indemne. Sans une égratignure, ou à peine. </span></span></div> <div> </div> <div><span style="font-size:14px;"><span style="font-family: Verdana;">C’est quand on s’y attend le moins que le monde se rappelle à nous dans sa complexité. La vie secrète des événements, ce n’est pas une voiture qui en emboutit une demi-douzaine sur une rue en plein milieu de la nuit, c’est sa propre voiture qui en ressort sans égratignure; et c’est une photo de porte prise spontanément à laquelle répondent deux heures plus tard des photos de portes abandonnées au coin d’une ruelle. </span></span></div> </div></div></div><div class="field field-name-field-taxo-rue field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Emplacement:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-joliette" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Joliette</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-pr%C3%A9fontaine" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Préfontaine</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-bercy" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Bercy</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-saint-germain" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Saint-Germain</a></div><div class="field-item even"><a href="/taxonomie-rue/rue-sainte-catherine" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Sainte-Catherine</a></div><div class="field-item odd"><a href="/taxonomie-rue/rue-ontario" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rue Ontario</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-generaux field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Mots-clés:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/mots-cl%C3%A9s-g%C3%A9n%C3%A9raux/paysage" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Paysage</a></div><div class="field-item odd"><a href="/mots-cl%C3%A9s-g%C3%A9n%C3%A9raux/urbanisme" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Urbanisme</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-madalite-parcours field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Modalités du parcours:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/modalit%C3%A9s-du-parcours/marche-et-fl%C3%A2nerie" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Marche et flânerie</a></div></div></div><div class="field field-name-field-motscles-reseaux field-type-taxonomy-term-reference field-label-inline clearfix"><div class="field-label">Réseau:&nbsp;</div><div class="field-items"><div class="field-item even"><a href="/r%C3%A9seau/caf%C3%A9s" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Cafés</a></div><div class="field-item odd"><a href="/r%C3%A9seau/jour" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Jour</a></div><div class="field-item even"><a href="/r%C3%A9seau/rues" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Rues</a></div><div class="field-item odd"><a href="/r%C3%A9seau/trottoirs" typeof="skos:Concept" property="rdfs:label skos:prefLabel" datatype="">Trottoirs</a></div></div></div> Fri, 20 Feb 2015 11:11:00 +0000 Bertrand Gervais 146 at http://hochelagaimaginaire.ca http://hochelagaimaginaire.ca/note-de-terrain/la-vie-secr%C3%A8te-des-%C3%A9v%C3%A9nements#comments