Constatant le désordre terminologique et la postérité peu enviable qui entoure le film interactif, Perron se propose d'étudier le phénomène sérieusement. Pour ce faire, il centre son propos sur la jouabilité, et de surcroît sur les types de joueurs convoqués par différents films interactifs. À partir de la distinction cailloisienne entre ludus et paidia (game et play), Perron entreprend sa catégorisation des attitudes adoptées par le joueur. Le film-jeu (versant vidéoludique du cinéma interactif) convoque, selon l'auteur, une attitude de gamer, fondée notamment sur le respect de règles clairement établies. Le film interactif, notamment Tender Loving Care qu'il analyse plus en détail, susciterait quant à lui une attitude de player, un désir d'expérimentation provoqué par la nature tacite des régles qui gouvernent l'intervention du joueur. L'auteur postule enfin une troisième attitude, celle du gameplayer : à partir des procédures intégrées à un univers virtuel, ce dernier invente et renouvelle ses propres objectifs.