La savante habite-t-elle le même monde que la poète? [1]
«Avec l’autre qu’humain. Penser, agir et écrire les coprésences» [3], j’ai été touché par la sincérité d’Alison Munson (géochimiste et professeur au département des sciences du bois et de la forêt de l’Université Laval), lorsqu’elle a avoué avoir développé, au fil des années, un certain «attachement» pour les milieux forestiers qu’elle étudie. Sortant de la bouche d’une scientifique, le mot n’est pas anodin. Dans le langage ordinaire, on parle d’attachement filial ou sentimental, sinon d’attachement à des valeurs ou des principes. «Être attaché», c’est éprouver de l’affection, ou un sentiment d’appartenance, vis-à-vis d’autrui. C’est tenir à l’autre, en pensée et en action. Cet attachement – je me suis demandé – l’invite-t-il, tout en maintenant son devoir d’objectivité, à imaginer que ses objets d’étude (les arbres d’une forêt) puissent aussi être un ensemble de sujets? Des sujets qui, eux aussi, sont attachés les uns aux autres; qui, comme nous, tiennent à certaines valeurs.