Amour (écologique) [1]
Une partie de ce que nous entendons par ce mot – en disant par exemple « J’aime X » – pourrait être formulée comme suit : « Je me considère comme un système, quoi que cela puisse signifier, et j’accepte positivement le fait que j’en suis un, préférant l’être plutôt que de tomber en morceaux et mourir; et je considère la personne que j’aime comme un système; et je considère mon système et son système comme constituant ensemble un plus vaste système avec un certain degré de concordance en lui-même... »[1]
Je ne sais pas si les borrelia sont capables de trouver la sagesse d’« aimer » leur environnement. Peut-être que, comme moi, elles ne font qu’y vivre, sans s’imaginer qu’il arrive à cet environnement de réfléchir à elles, à la place qu’elles occupent en lui. Tout ce que je sais, c’est qu’à partir du moment où j’ai reconnu leur intelligence – le fait et la valeur mêmes leur vie –, elles se sont montrées de moins en moins nocives à l’endroit de mon corps. Et je me demande parfois ce que ce genre de disposition aimante pourrait engendrer, si on avait la sagesse de l’adopter, nous les humains. Mais cette fois à l’échelle de cette grande écosphère que d’aucuns appellent, sans doute pour apprendre à l’aimer : Gaïa.
[1] Mary Catherine Bateson, « Daddy, Can a Scientist Be Wise? », The American Journal of Semiotics, vol. 19, n o 1, 2003, p. 7. Je traduis.