La post-apocalypse rend amorphe

Référence bibliographique: 
Chicoutimi, La Peuplade, 2011
120 pages.

Échine et sa mère sont forcés de quitter leur île natale, avalée par l'océan, et trouvent refuge dans une contrée dont ils ne connaîtront que le Quai 31. Le nouvel arrivant devra se résoudre, comme premier emploi, à faire la traque des chats errants. Il rencontrera Pinoche, sordide individu dont les pratiques scientifiques sont un amalgame entre chirurgie et alchimisme, et essaiera de trouver refuge auprès de Chirma, mais Échine découvrira que même les deux pieds posés sur un quai, il s'abîme dans un naufrage personnel, une lente et irréversible noyade réservée aux infortunés immigrants.

Quai 31 est une novella qui trouve un juste milieu entre le récit de science-fiction et d’imaginaire de la fin, où s’entremêlent des thèmes comme l’immigration, l’intolérance raciale, la lutte des classes, les modifications génétiques et le mal de vivre. En laissant deviner l’univers diégétique plutôt que de le détailler d’entrée de jeu, Drouin titille la curiosité sans assommer le lecteur. Les réseaux symboliques sont d'une netteté  rendue possible par l'atteinte d'un bel équilibre entre le grossier et l'exagérément subtil. Le narrateur, coi et amorphe, est peu engageant et engagé mais il se livre suffisamment pour que l’on ressente clairement la voix qui porte son écriture, bien que la respiration propulsant son souffle est moribonde (ce qui est conséquent avec le récit).