Salon double - LEBOEUF, Gaétan http://salondouble.contemporain.info/taxonomy/term/344/0 fr Comment raconter une histoire simple autrement http://salondouble.contemporain.info/lecture/comment-raconter-une-histoire-simple-autrement <div class="field field-type-nodereference field-field-auteurs"> <div class="field-items"> <div class="field-item odd"> <a href="/equipe/landry-pierre-luc">Landry, Pierre-Luc </a> </div> </div> </div> <div class="field field-type-nodereference field-field-biblio"> <div class="field-items"> <div class="field-item odd"> <a href="/biblio/bebe-et-bien-d-autres-qui-s-evadent">Bébé et bien d’autres qui s’évadent</a> </div> </div> </div> <!--break--><!--break--><p class="rteindent2">&nbsp;</p> <p class="MsoNormal rteindent4" style="text-align: justify;"><span style="color: rgb(128, 128, 128);"><span>Il existe une co&iuml;ncidence curieuse entre les auteurs qui cultivent le surnaturel et ceux qui, dans l&rsquo;&oelig;uvre, s&rsquo;attachent particuli&egrave;rement au d&eacute;veloppement de l&rsquo;action, ou si l&rsquo;on veut, qui cherchent d&rsquo;abord &agrave; raconter des histoires. </span></span><span>&nbsp;<br /> </span><span style="color: rgb(128, 128, 128);"><span>Tzvetan Todorov, </span><em><span>Introduction &agrave; la litt&eacute;rature fantastique</span></em></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="color: rgb(0, 0, 0);"><span>&nbsp;</span></span><span>&nbsp;</span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="color: rgb(0, 0, 0);"><span> Le premier roman pour adultes de l&rsquo;auteur-compositeur-interpr&egrave;te et &eacute;crivain pour la jeunesse Ga&eacute;tan Leboeuf, B&eacute;b&eacute; et bien d&rsquo;autres qui s&rsquo;&eacute;vadent, raconte l&rsquo;histoire d&rsquo;Alice et de ses coll&egrave;gues du restaurant v&eacute;g&eacute;tarien o&ugrave; elle travaille, mais aussi celle de son f&oelig;tus, B&eacute;b&eacute; &laquo;avec un B majuscule&raquo; (p. 243), qu&rsquo;elle portera pendant trois ans avant qu&rsquo;il ne disparaisse, parce que &laquo;c&rsquo;est ainsi, c&rsquo;est tout&raquo; (p. 271). En deux ans de vie litt&eacute;raire, le roman aura fait couler bien peu d&rsquo;encre: quelques articles dans des quotidiens, une recension ici et l&agrave;, puis plus rien. Il faudrait s&rsquo;y int&eacute;resser davantage, le roman offrant en effet un bel exemple de r&eacute;alisme magique contemporain, puisque l&rsquo;univers de fiction mis en place permet la cohabitation non probl&eacute;matis&eacute;e de naturel et de surnaturel dans un m&ecirc;me r&eacute;cit. Le lecteur ne remet pas en question la grossesse anormalement longue du personnage principal et assiste &agrave; la dissolution du f&oelig;tus malgr&eacute; l&rsquo;&eacute;tranget&eacute; de la situation. Il importe d&rsquo;abord de s&rsquo;attarder &agrave; cette histoire particuli&egrave;re qui est racont&eacute;e dans B&eacute;b&eacute;&hellip;</span></span><span>&nbsp;</span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;">&nbsp;</p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="color: rgb(128, 128, 128);"><strong><span>&laquo;Aux racines de la sant&eacute;&raquo; comme microcosme du monde</span></strong></span><span>&nbsp;</span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="color: rgb(0, 0, 0);"><span> Alice se s&eacute;pare de Ren&eacute; sans lui annoncer qu&rsquo;elle est enceinte, puis trouve du travail dans un restaurant v&eacute;g&eacute;tarien pr&egrave;s de chez elle pour s&rsquo;occuper durant l&rsquo;&eacute;t&eacute;. Jusque l&agrave;, tout va bien, trop bien m&ecirc;me: quel est l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t de cette histoire que l&rsquo;on a lue mille fois d&eacute;j&agrave;? est en droit de se demander le lecteur. Il ne suffit par contre que d&rsquo;une soixantaine de pages environ pour que le r&eacute;cit prenne ses aises: dans ce restaurant aux allures d&rsquo;Assembl&eacute;e g&eacute;n&eacute;rale des Nations Unies se forme une sorte de gouvernement avec Alice en t&ecirc;te &ndash; Alice que l&rsquo;on nomme Reine du Monde &ndash; et Ben, le propri&eacute;taire, que l&rsquo;on compare &agrave; Dieu. Mohi sera Premier ministre, Hok Shamsoul ministre des Affaires interculturelles, Zo&eacute; ministre des Loisirs, Oph&eacute;lia de la Propagande, on assigne Mendoza au minist&egrave;re de l&rsquo;Agriculture, Alvaro aux Approvisionnements (puis plus tard &agrave; la S&eacute;curit&eacute; publique), Solange aux Colonies, et ainsi de suite. &laquo;Aux racines de la sant&eacute;&raquo; &ndash; le nom du restaurant &ndash; fait figure de microcosme du monde, avec ses employ&eacute;s venus d&rsquo;un peu partout qui, en racontant leurs vies respectives, fabriquent en quelque sorte autant de sous-histoires qui ajoutent au r&eacute;alisme du cadre de r&eacute;f&eacute;rence principal et qui participent du mouvement vers le monde entam&eacute; par le roman. Alice cache bien sa grossesse, mais une fois le neuvi&egrave;me mois de gestation achev&eacute;, la rumeur ne peut &ecirc;tre contenue et tout le monde, sauf Ben, est mis au courant. B&eacute;b&eacute; commence &agrave; dessiner avec ses doigts dans le ventre de sa maman, puis apprend &agrave; &eacute;crire:</span></span></p> <p><span>&nbsp;</span></p> <p class="MsoNormal rteindent2" style="text-align: justify;"><span style="color: rgb(128, 128, 128);"><span>J&rsquo;ouvris le cahier que m&rsquo;avait donn&eacute; Hok. Je passais machinalement mon doigt sur mon ventre selon notre rituel nocturne. De la main droite, je tournai la premi&egrave;re page du manuscrit.</span></span><span>&nbsp;</span></p> <p class="MsoNormal rteindent2" style="text-align: justify;"><span style="color: rgb(128, 128, 128);"><span>&ldquo;Vichtrouknpash et le crapaud</span></span><span>&nbsp;</span></p> <p class="MsoNormal rteindent2" style="text-align: justify;"><span style="color: rgb(128, 128, 128);"><span>par Hok Shamsoul Mohammed, traduit de l&rsquo;anglais par Emma Nantel&rdquo;</span></span><span>&nbsp;</span></p> <p class="MsoNormal rteindent2" style="text-align: justify;"><span style="color: rgb(128, 128, 128);"><span>Joli titre&hellip; me dis-je. Je relus &agrave; voix haute: &ldquo;Vichtrouknpash et&hellip;&rdquo; Je m&rsquo;arr&ecirc;tai net et, effar&eacute;e, me redressai dans mon lit. Je lus de nouveau, en m&rsquo;attardant sur chaque mot. Puis la stup&eacute;faction fit place &agrave; l&rsquo;&eacute;merveillement: B&eacute;b&eacute;, avec une petite main novice et maladroite, &eacute;bauchait, &agrave; l&rsquo;envers de mon ventre, les lettres que je parcourais du regard! (p. 96)</span></span><span>&nbsp;</span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="color: rgb(0, 0, 0);"><span>&nbsp;</span></span><span>&nbsp;</span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="color: rgb(0, 0, 0);"><span>Il n&rsquo;en fallait pas moins pour que B&eacute;b&eacute; se construise une identit&eacute; qui lui est propre, demande &agrave; manger de la viande, refuse les &eacute;pices, apprenne &agrave; lire et &agrave; &eacute;crire pour communiquer avec le monde ext&eacute;rieur et parfasse son &eacute;ducation en s&rsquo;int&eacute;ressant aux romans historiques et au genre de l&rsquo;essai. Alice trouve sa condition bizarre, mais accepte sans ambages les invraisemblances empiriques qui ponctuent son quotidien et va m&ecirc;me jusqu&rsquo;&agrave; dire que &ccedil;a lui appara&icirc;t normal, finalement, toute cette histoire:</span></span></p> <p><span>&nbsp;</span></p> <p class="MsoNormal rteindent2" style="text-align: justify;"><span style="color: rgb(0, 0, 0);"><span> <span style="color: rgb(128, 128, 128);">L&rsquo;id&eacute;e d&rsquo;&ecirc;tre atteinte d&rsquo;une maladie d&eacute;g&eacute;n&eacute;rative du syst&egrave;me nerveux m&rsquo;avait d&eacute;moralis&eacute;e.&nbsp;Le fait que ce n&rsquo;&eacute;tait &ldquo;que&rdquo; B&eacute;b&eacute; apprenant &agrave; voir et entendre &agrave; travers mes sens m&rsquo;enleva un r&eacute;el fardeau. Cela occulta, un certain temps, l&rsquo;&eacute;blouissante bizarrerie de ma condition. Quelle merveille! Quel fabuleux partage des ressources! Je me p&acirc;mais devant ce stup&eacute;fiant mode de communication, cette nouvelle proximit&eacute;, cette intimit&eacute; envo&ucirc;tante! [&hellip;]</span><br /> </span></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span>&nbsp;</span></p> <p class="MsoNormal rteindent2" style="text-align: justify;"><span style="color: rgb(0, 0, 0);"><span> <span style="color: rgb(128, 128, 128);">Pour dire vrai, j&rsquo;&eacute;tais subjugu&eacute;e depuis les toutes premi&egrave;res fois o&ugrave; B&eacute;b&eacute; s&rsquo;&eacute;tait manifest&eacute;. D&egrave;s l&rsquo;inauguration des coups de pieds, chaque &eacute;tape de son &eacute;volution m&rsquo;&eacute;tait apparue naturelle. (p. 105)<br /> </span><br /> </span></span></p> <p class="MsoNormal rteindent1" style="text-align: justify;"><span style="color: rgb(0, 0, 0);"><span> </span></span><span>&nbsp;</span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="color: rgb(0, 0, 0);"><span>Ce b&eacute;b&eacute; surdou&eacute; a par contre une faille: il rapetisse parce qu&rsquo;il ne mange pas assez de viande. Son r&eacute;tr&eacute;cissement commence par les jambes, puis les bras et le tronc, pour finir avec la t&ecirc;te, avant qu&rsquo;il ne disparaisse pour de bon apr&egrave;s avoir pass&eacute; trois ans dans le ventre de sa m&egrave;re. Entre temps, toutefois, il a le temps d&rsquo;apprendre ce qu&rsquo;est le temps, puis d&rsquo;inventer un langage chant&eacute; pour communiquer plus rapidement qu&rsquo;avec l&rsquo;&eacute;criture. Il tente aussi de r&eacute;soudre tous les probl&egrave;mes de l&rsquo;univers par le biais de la philosophie; il s&rsquo;int&eacute;resse notamment &agrave; la surabondance d&rsquo;information, aux manipulations g&eacute;n&eacute;tiques, &agrave; la bestialit&eacute; de l&rsquo;homme et aux probl&egrave;mes affectifs de sa m&egrave;re. &Agrave; travers tout cela, Alice apprend &agrave; faire le deuil de sa m&egrave;re et r&eacute;alise qu&rsquo;elle s&rsquo;ennuie de Ren&eacute;, avec qui elle a des contacts sporadiques par le biais d&rsquo;un blogue que celui-ci alimente et que les employ&eacute;s du restaurant suivent avec int&eacute;r&ecirc;t. Le r&eacute;cit se termine avec le d&eacute;part de B&eacute;b&eacute; et le changement de nom du restaurant: &laquo;Aux racines de la sant&eacute;&raquo; devient &laquo;La Gr&egrave;ve de la faim&raquo;, suite &agrave; une campagne instigu&eacute;e par Ren&eacute; contre la privatisation de l&rsquo;eau. On installe des gr&eacute;vistes un peu partout dans le restaurant et, au m&ecirc;me moment, Alice choisit d&rsquo;&eacute;crire le r&eacute;cit que le lecteur ach&egrave;ve, avant de retourner &agrave; l&rsquo;&eacute;cole et de retrouver Ren&eacute;.</span></span></p> <p><span>&nbsp;</span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><strong><span style="color: rgb(128, 128, 128);"><span>Le surnaturel dans B&eacute;b&eacute;&hellip;</span></span></strong><span>&nbsp;</span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="color: rgb(0, 0, 0);"><span> Est surnaturel, par d&eacute;finition et par convention, un &eacute;v&eacute;nement ou un fait qui ne peut &ecirc;tre expliqu&eacute; par les lois de la nature, qui &eacute;chappe &agrave; l&rsquo;explication naturelle. Les occurrences du surnaturel sont nombreuses dans le r&eacute;cit de B&eacute;b&eacute; et bien d&rsquo;autres qui s&rsquo;&eacute;vadent: nous n&rsquo;avons qu&rsquo;&agrave; penser &agrave; la gestation anormalement longue de B&eacute;b&eacute;, &agrave; ses prouesses langagi&egrave;res, puis &agrave; son corps qui dispara&icirc;t petit &agrave; petit avant que lui-m&ecirc;me ne cesse d&rsquo;exister. Par contre, ici, l&rsquo;histoire naturelle et l&rsquo;histoire surnaturelle sont aussi importantes l&rsquo;une que l&rsquo;autre et sont trait&eacute;es de la m&ecirc;me fa&ccedil;on: Alice raconte son histoire, qui est constitu&eacute;e d&rsquo;un tas de choses, certaines normales par rapport &agrave; notre exp&eacute;rience commune de la r&eacute;alit&eacute;, certaines anormales ou plut&ocirc;t invraisemblables. L&rsquo;antinomie entre le naturel et le surnaturel est r&eacute;solue par la narration avant m&ecirc;me qu&rsquo;elle ne parvienne au lecteur, puisque les &eacute;v&eacute;nements surnaturels ne sont pas discut&eacute;s et sont pr&eacute;sent&eacute;s comme faisant partie de la r&eacute;alit&eacute; du monde de fiction mis en place dans le r&eacute;cit. La narration au &laquo;je&raquo; assum&eacute;e par Alice, le personnage principal du roman, ne module pas la valeur de r&eacute;alit&eacute; de ces &eacute;v&eacute;nements. Alice r&eacute;agit par le rire, l&rsquo;exaltation et l&rsquo;extase, par exemple (p. 71), &agrave; des incidents qui, ailleurs, pourraient susciter chez les personnages et chez le lecteur l&rsquo;h&eacute;sitation caract&eacute;ristique du fantastique comme l&rsquo;a d&eacute;fini Todorov dans son Introduction&hellip;: &laquo;&ldquo;J&rsquo;en vins presqu&rsquo;&agrave; croire&rdquo;: voil&agrave; la formule qui r&eacute;sume l&rsquo;esprit du fantastique. La foi absolue comme l&rsquo;incr&eacute;dulit&eacute; totale nous m&egrave;neraient hors du fantastique; c&rsquo;est l&rsquo;h&eacute;sitation qui lui donne vie.&raquo; (Todorov, p. 35) Cette r&eacute;solution par la narration du conflit de sens entre le naturel et le surnaturel est caract&eacute;ristique du r&eacute;alisme magique, mode narratif qui permet la cohabitation non probl&eacute;matis&eacute;e et non hi&eacute;rarchis&eacute;e de ces deux niveaux de r&eacute;alit&eacute; dans un m&ecirc;me texte. Si les personnages sont troubl&eacute;s parfois, ce n&rsquo;est pas n&eacute;cessairement pour des raisons attendues ou pr&eacute;visibles. Par exemple, Hok est perturb&eacute; lorsqu&rsquo;il apprend que B&eacute;b&eacute; n&rsquo;&eacute;crit plus mais chante plut&ocirc;t, pour des raisons toutefois diff&eacute;rentes de celles qui pourraient &ecirc;tre inf&eacute;r&eacute;es par le lecteur d&rsquo;un texte plus &laquo;conventionnel&raquo;:</span></span></p> <p><span>&nbsp;</span></p> <p class="MsoNormal rteindent2" style="text-align: justify;"><span style="color: rgb(128, 128, 128);"><span>Le passage de l&rsquo;&eacute;crit &agrave; l&rsquo;oral de B&eacute;b&eacute; avait troubl&eacute; Hok beaucoup plus que ce &agrave; quoi j&rsquo;aurais pu m&rsquo;attendre. Le pas ballot avait &eacute;t&eacute; sa principale motivation pour apprendre le fran&ccedil;ais, et maintenant qu&rsquo;il parvenait &agrave; une certaine fluidit&eacute; dans cette troisi&egrave;me langue, B&eacute;b&eacute; lui faisait faux bond. Je comprenais sa d&eacute;ception. (p. 224)</span></span><span>&nbsp;</span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="color: rgb(0, 0, 0);"><span>&nbsp;</span></span><span>&nbsp;</span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="color: rgb(0, 0, 0);"><span>Malgr&eacute; le cambouis terminologique utilis&eacute; pour d&eacute;crire le roman dans la critique imm&eacute;diate (Michel Lord parle d&rsquo;absurde et de fantastique dans le University of Toronto Quarterly, Suzanne Gigu&egrave;re de fantastique dans Le Devoir et Marie Claude Fortin d&rsquo;onirique (!) dans La Presse), il me semble que le roman r&eacute;pond aux trois crit&egrave;res du r&eacute;alisme magique tels qu&rsquo;&eacute;tablis par Amaryll Beatrice Chandy dans un ouvrage important</span></span><span><span style="color: rgb(0, 0, 0);"><a href="#note1">[1]</a></span><span style="color: rgb(0, 0, 0);">. Le surnaturel dans le texte ne doit pas &ecirc;tre pr&eacute;sent&eacute; comme probl&eacute;matique, la contradiction ou l&rsquo;opposition entre le naturel et le surnaturel doit &ecirc;tre r&eacute;solue dans la fiction et il ne doit pas y avoir de jugement par rapport &agrave; la v&eacute;racit&eacute; des &eacute;v&eacute;nements dans la fiction, les deux niveaux de r&eacute;alit&eacute; n&rsquo;&eacute;tant pas hi&eacute;rarchis&eacute;s. Il apert donc que B&eacute;b&eacute; et bien d&rsquo;autres qui s&rsquo;&eacute;vadent est un bel exemple d&rsquo;une utilisation contemporaine du r&eacute;alisme magique, ce qui lui assure une place de choix dans l&rsquo;&eacute;clatement des genres qui caract&eacute;rise, entre autres, la litt&eacute;rature contemporaine, tant qu&eacute;b&eacute;coise qu&rsquo;universelle. Le r&eacute;alisme magique propose une vision du monde insolite et une vision de la litt&eacute;rature qui ne se confortent pas dans des avenues clich&eacute;es ou attendues, mais bien plut&ocirc;t dans des paradigmes singuliers et transgressifs qui permettent de raconter autrement. Vincent Jouve affirme &agrave; propos dans un article sur &laquo;Les m&eacute;tamorphoses de la litt&eacute;rature narrative</span><span style="color: rgb(0, 0, 0);"><a name="noteB" href="#note2">[2]</a>&nbsp;que &laquo;[c]ontester le r&eacute;cit, c&rsquo;est [&hellip;] fragiliser la repr&eacute;sentation qu&rsquo;il v&eacute;hicule et refuser les codes qui ne sont pas seulement esth&eacute;tiques. Ce qu&rsquo;il s&rsquo;agit de d&eacute;noncer, c&rsquo;est la participation-ali&eacute;nation d&rsquo;un lecteur spontan&eacute;ment conduit &agrave; voir, dans le roman, un miroir du r&eacute;el.&raquo; (p. 155) La cohabitation non-<span>probl&eacute;matis&eacute;e</span> de naturel et de surnaturel dans un m&ecirc;me texte admise par le r&eacute;alisme magique participe de cette contestation, puisqu&rsquo;elle permet de raconter autrement, en questionnant le r&eacute;el et les modalit&eacute;s de sa pr&eacute;sence dans le roman. Ainsi, le roman de Ga&eacute;tan Leboeuf&nbsp;questionne par le biais du r&eacute;alisme magique, d&rsquo;une certaine fa&ccedil;on, l&rsquo;illusion r&eacute;f&eacute;rentielle ch&egrave;re au roman.</span></span></p> <div> <div><span style="color: rgb(0, 0, 0);"> <p></p></span></div> <div id="ftn1"> <p><span style="color: rgb(0, 0, 0);"><span class="Marquenotebasde"><span><a name="note1" href="#noteA">[1]</a></span></span><span> Amaryll Beatrice Chanady, </span><em>Magical Realism and the Fantastic&nbsp;: Resolved Versus Unresolved Antinomy</em>, New York &amp; London, Garland Publishing Inc., 1985.<br /> <a name="note2" href="#noteB"><span class="Marquenotebasde"><span>[2]</span></span></a><span> </span><span>Vincent Jouve, &laquo;Les m&eacute;tamorphoses de la lecture narrative&raquo;, dans <em>Prot&eacute;e</em></span><span>, vol. 34, no 2-3, automne-hiver 2006, p. 153-161.</span></span></p> </div> <div id="ftn2"> <p>&nbsp;</p> </div> </div> <div> <div id="ftn1">&nbsp;</div> </div> http://salondouble.contemporain.info/lecture/comment-raconter-une-histoire-simple-autrement#comments Fiction JOUVE, Vincent LEBOEUF, Gaétan Littérature fantastique Québec Réalisme magique Représentation TODOROV, Tzvetan Roman Mon, 03 Aug 2009 12:34:09 +0000 Pierre-Luc Landry 144 at http://salondouble.contemporain.info