Salon double - Urbanité http://salondouble.contemporain.info/taxonomy/term/350/0 fr Québec taxidermiste http://salondouble.contemporain.info/lecture/quebec-taxidermiste <div class="field field-type-nodereference field-field-auteurs"> <div class="field-items"> <div class="field-item odd"> <a href="/equipe/asselin-viviane">Asselin, Viviane</a> </div> </div> </div> <div class="field field-type-nodereference field-field-biblio"> <div class="field-items"> <div class="field-item odd"> <a href="/biblio/quebec-ville-depressionniste">Québec, ville dépressionniste</a> </div> </div> </div> <!--break--><!--break--><p> &laquo;L&rsquo;art&egrave;re embl&eacute;matique de Qu&eacute;bec, la Grande All&eacute;e, sera le th&eacute;&acirc;tre des plus importantes d&eacute;molitions &agrave; survenir depuis les d&eacute;cennies 1960 et 1970. &Agrave; l&rsquo;&eacute;poque, les maisons victoriennes &agrave; c&ocirc;t&eacute; du parlement ont &eacute;t&eacute; ras&eacute;es et on a assist&eacute; &agrave; l&rsquo;&eacute;rection d&rsquo;&eacute;difices modernes mal aim&eacute;s tels le Complexe H et le Concorde<a name="note1" href="#note1a">[1]</a>&raquo;. La th&eacute;orie se confirme. La capitale nationale serait (devenue) <em>d&eacute;pressionniste</em>. C&rsquo;est-&agrave;-dire laide, monotone, instrumentalis&eacute;e, ennuyeuse, l&eacute;thargique, ali&eacute;nante, abrutissante: les adjectifs se multiplient pour montrer que Qu&eacute;bec &laquo;se tu[e] de l&rsquo;int&eacute;rieur&raquo; (<em>Qu&eacute;bec, ville d&eacute;pressionniste</em>, p.10). Le discours n&rsquo;est pas joyeux, mais la r&eacute;alit&eacute; l&rsquo;est encore moins: la population mondiale serait manipul&eacute;e par des instances sup&eacute;rieures &ndash;politiques, culturelles, sociales&ndash; qui contr&ocirc;leraient son intelligence en la maintenant sous le joug de la d&eacute;prime. Voil&agrave; en quels termes s&rsquo;exprime le collectif de La Conspiration d&eacute;pressionniste qui, mi-figue, mi-raisin, d&eacute;nonce l&rsquo;existence d&rsquo;un complot international dont Qu&eacute;bec ne serait qu&rsquo;une victime parmi d&rsquo;autres. R&eacute;pandre la mauvaise nouvelle constitue ainsi le cheval de bataille de ce groupe polyc&eacute;phale. &Agrave; coup d&rsquo;ironie, de critique, d&rsquo;imaginaire et d&rsquo;ind&eacute;cence qui n&rsquo;est pas sans rappeler la signature de <em>Charlie Hebdo</em>, il pourfend la b&ecirc;tise sous toutes ses formes, au premier plan dans une revue dont vient d&rsquo;&ecirc;tre tir&eacute;e une anthologie des cinq premiers num&eacute;ros (<em>La Conspiration d&eacute;pressionniste. Volumes I &agrave; V [2003-2008]</em>, Montr&eacute;al, Moult &eacute;ditions/Lux, 2009). Bien que sa lecture ne soit pas un pr&eacute;alable &agrave; l&rsquo;appr&eacute;ciation de <em>Qu&eacute;bec, ville d&eacute;pressionniste</em>, il reste qu&rsquo;elle permet de mieux saisir l&rsquo;esprit et la d&eacute;marche &agrave; la base de l&rsquo;ouvrage, lequel t&eacute;moigne par ailleurs de l&rsquo;&eacute;volution scripturale des membres depuis leurs d&eacute;buts en 2003.</p> <p><span style="color: rgb(128, 128, 128);"><strong>Qu&eacute;bec, je te chante</strong></span></p> <p>Retour sur 2008. La f&ecirc;te bat son plein &agrave; Qu&eacute;bec. Les c&eacute;l&eacute;brations du 400e anniversaire de la Vieille Capitale attirent les touristes par milliers, lesquels s&rsquo;&eacute;merveillent de la beaut&eacute; et du dynamisme d&rsquo;un tel berceau historique. L&rsquo;attachement et la fiert&eacute; des r&eacute;sidants pour leur milieu de vie se crient sur toutes les tribunes. Les acteurs de la sc&egrave;ne municipale travaillent &agrave; la promotion de ce lieu unique en Am&eacute;rique du Nord, insistant sur ses s&eacute;duisants atours. L&rsquo;heure est au plaisir, &agrave; l&rsquo;harmonie, aux congratulations: qu&rsquo;il fait bon vivre &agrave; Qu&eacute;bec!</p> <p>Seulement voil&agrave;: les r&eacute;jouissances favorisent l&rsquo;oubli, volontairement ou non. Les convictions d&rsquo;hier implosent au rythme des feux d&rsquo;artifice et des performances musicales.&nbsp; Aussi quelques voix discordantes d&eacute;noncent-elles alors l&rsquo;amn&eacute;sie, voire l&rsquo;ignorance qui menace les festivit&eacute;s. Si l&rsquo;essentiel des critiques s&rsquo;attaque aux d&eacute;tournements historiques et politiques<a name="note2" href="#note2a">[2]</a>, ce sont plut&ocirc;t les aberrations urbanistiques et culturelles qui soul&egrave;vent les passions chez la dizaine d&rsquo;auteurs de <em>Qu&eacute;bec, ville d&eacute;pressionniste</em>. Il faut croire que l&rsquo;indignation m&eacute;rite cette fois d&rsquo;y consacrer un livre, sans toutefois trahir le ton qui anime la revue <em>La Conspiration d&eacute;pressionniste</em>. Encore que, d&eacute;fiant une b&ecirc;te &agrave; ce point monstrueuse, les munitions paraissent choisies avec plus de soin, aussi bien sur le plan dialectique que litt&eacute;raire. </p> <p>En proposant dans l&rsquo;ensemble des recherches document&eacute;es et approfondies, l&rsquo;ouvrage &eacute;vite le d&eacute;faut majeur qui caract&eacute;rise souvent les entreprises de d&eacute;traction, celui d&rsquo;une faiblesse argumentative qui se r&eacute;sume &agrave; critiquer pour critiquer. Il ne s&rsquo;agit pas d&rsquo;un projet d&rsquo;une &eacute;lite intellectuelle qui mitraille tout ce qui g&eacute;n&egrave;re un succ&egrave;s populaire &ndash;du moins, pas seulement&ndash;; les auteurs l&eacute;gitiment notamment leur d&eacute;marche en construisant en partie leur r&eacute;flexion autour de rapports et de faits officiels. Non pas que l&rsquo;avis d&rsquo;experts soit indispensable au travail d&rsquo;opinion, mais le collectif pr&eacute;vient ainsi les reproches de l&eacute;g&egrave;ret&eacute;, de m&eacute;connaissance, voire d&rsquo;invention. Si leurs conclusions, tant&ocirc;t tranch&eacute;es au couteau, tant&ocirc;t r&eacute;ductrices, ne feront pas l&rsquo;unanimit&eacute;, elles encouragent n&eacute;anmoins &agrave; d&eacute;passer les lieux communs pour offrir une repr&eacute;sentation diff&eacute;rente de la capitale nationale. </p> <p>&Agrave; ce titre, le souci litt&eacute;raire dont t&eacute;moigne l&rsquo;entreprise participe largement de cette &laquo;r&eacute;&eacute;criture&raquo; du r&eacute;el et, par l&agrave; m&ecirc;me, inscrit l&rsquo;ouvrage dans une pratique typiquement contemporaine: celle d&rsquo;interroger les id&eacute;es re&ccedil;ues et de jouer sur les limites. Expressions color&eacute;es, mots et images d&eacute;tourn&eacute;s, savoirs t&eacute;lescop&eacute;s, associations inusit&eacute;es, digressions, ironie &agrave; peine voil&eacute;e, envol&eacute;es po&eacute;tiques, reprises parodiques, &eacute;chapp&eacute;es fictionnelles: voil&agrave; quelques-uns des moyens rh&eacute;toriques utilis&eacute;s qui, loin de l&rsquo;aridit&eacute; que trahissent g&eacute;n&eacute;ralement les raisonnements critiques, concourent &agrave; un assouplissement ou, plut&ocirc;t, &agrave; un &eacute;largissement des fronti&egrave;res d&rsquo;une r&eacute;alit&eacute; (jug&eacute;e) convenue. D&rsquo;une ville &laquo;botox&eacute;e&raquo; (p.122) &agrave; une ville &laquo;d&eacute;fortifi&eacute;e&raquo; (p.66), du &laquo;village de Nathalie&raquo; (p.84)&nbsp; &agrave; un &laquo;trou de beigne&raquo; (p.55) et &agrave; &laquo;une cr&egrave;che schlitte&raquo; (p.162), Qu&eacute;bec pr&eacute;sente un visage inaccoutum&eacute;. </p> <p> <span style="color: rgb(128, 128, 128);"><strong>Un </strong><em><strong>no man&rsquo;s land</strong></em></span></p> <div class="rteindent1"><span style="color: rgb(128, 128, 128);">Qu&eacute;bec a une histoire double. Peu de cit&eacute;s, comme cette capitale nationale, se pr&eacute;sentent au monde entier lustr&eacute;es, polies et radieuses, alors que dans leurs souterrains s&rsquo;entrecroisent l&rsquo;hypocrisie, la b&ecirc;tise et l&rsquo;arrogance des &eacute;lites municipales. Elle est l&rsquo;exemple par excellence d&rsquo;une ville qui s&rsquo;est d&eacute;velopp&eacute;e par l&rsquo;an&eacute;antissement syst&eacute;matique de son centre au profit de l&rsquo;horreur banlieusarde. Qu&eacute;bec d&eacute;p&eacute;rit ostensiblement sous sa mus&eacute;ification, son abandon &agrave; la sp&eacute;culation grossi&egrave;re, son conservatisme grandissant, son esprit policier et sa dissolution dans les oc&eacute;ans de p&eacute;riph&eacute;ries conformistes. Au fil du temps, cette ville est devenue d&eacute;pressionniste.<br /> (quatri&egrave;me de couverture).<br /> </span></div> <div> Se refusant toute censure et concession<a name="note3" href="#note3a">[3]</a>, les auteurs entendent d&eacute;boulonner les mythes qui ont contribu&eacute; au triomphe des c&eacute;l&eacute;brations du 400e anniversaire de Qu&eacute;bec. Ils se donnent pour mission de d&eacute;voiler les pathologies sociales occult&eacute;es, au moins en partie, par l&rsquo;obsession du divertissement. Ainsi des articles sur Saint-Roch (Catherine Ellyson) et sur le Vieux-Qu&eacute;bec (&Eacute;lisabeth C&ocirc;t&eacute;): sous pr&eacute;texte d&rsquo;attirer une manne touristique, ces secteurs ont souffert un<em> lifting</em> apparemment b&eacute;n&eacute;fique &ndash; au d&eacute;triment, pourtant, de leur charme d&rsquo;authenticit&eacute;. Ces deux textes mart&egrave;lent l&rsquo;empaillement urbain, la standardisation architecturale, l&rsquo;homog&eacute;n&eacute;it&eacute; de la &laquo;nouvelle client&egrave;le&raquo; de ces quartiers devenus des &laquo;d&eacute;cor[s] en carton-p&acirc;te absent[s] de vie r&eacute;elle&raquo; (p.110). &Agrave; cet &eacute;gard, Jasmin Miville-Allard accuse sans complaisance le maire Gilles Lamontagne (1965-1977) d&rsquo;&ecirc;tre le pionnier de la &laquo;destruction du patrimoine b&acirc;ti [et de] l&rsquo;atomisation des milieux de vie&raquo; (p.16). Il survole certaines r&eacute;alisations de cette p&eacute;riode, dont la &laquo;b&eacute;tonisation&raquo; de la rivi&egrave;re Saint-Charles et &laquo;la planification urbaine au service du roi-char&raquo; (p.34) qui, au nom d&rsquo;un progr&egrave;s discutable, ont charcut&eacute; le paysage de Qu&eacute;bec et ont failli aux besoins des gens qui y habitaient.</div> <div> Cela dit, si on peut au moins s&rsquo;estimer heureux que le centre-ville ait connu des temps plus cl&eacute;ments, notamment &agrave; l&rsquo;&eacute;poque o&ugrave; l&rsquo;Universit&eacute; Laval y si&eacute;geait avec dynamisme (Mathieu Gauthier), on s&rsquo;enorgueillira difficilement de l&rsquo;ind&eacute;crottable boulevard Hamel. Photographies &agrave; l&rsquo;appui &ndash; ici comme ailleurs dans l&rsquo;ouvrage &ndash;, Simon-Pierre Beaudet livre son parcours d&rsquo;une art&egrave;re transform&eacute;e en &laquo;mus&eacute;e et [en] d&eacute;potoir de tous les artefacts de la soci&eacute;t&eacute; de consommation am&eacute;ricaine, de son gaspillage d&rsquo;&eacute;nergie et d&lsquo;espace, pollu&eacute;[e] par le bruit et le gaz, d&eacute;figur&eacute;[e] par une architecte fonctionnelle et sans lendemain&raquo; (p.67). Avis&eacute;, il y voit la marque d&rsquo;une po&eacute;tique contemporaine, comparant le boulevard &agrave; un r&eacute;cit transperc&eacute; de fragments disparates qui en interrompent sans cesse le flux. Au final, Qu&eacute;bec est devenue la repr&eacute;sentation parfaite du carnavalesque &ndash; &agrave; d&eacute;faut d&rsquo;avoir un Carnaval digne de ce nom (Sandria P. Bouliane)&ndash;: grotesque, elle se travestit pour r&eacute;pondre aux int&eacute;r&ecirc;ts des gros portefeuilles.<br /> &nbsp;</div> <p> <span style="color: rgb(128, 128, 128);"><strong>Une litt&eacute;rature comme s&eacute;same des consciences</strong></span></p> <p>Parce que l&rsquo;ambition est claire &ndash; questionner les discours communs pour proposer une autre mani&egrave;re d&rsquo;envisager le monde &ndash;, la nuance manque parfois &agrave; l&rsquo;appel. D&rsquo;ailleurs, on peut se demander si l&rsquo;option du noir et blanc pour les photographies int&eacute;gr&eacute;es au livre n&rsquo;a pas &laquo;l&rsquo;avantage&raquo; d&rsquo;accentuer l&rsquo;aspect morbide de la capitale. Cela dit, la radicalit&eacute; fait partie de la strat&eacute;gie d&rsquo;ensemble, particuli&egrave;rement dans certains textes qui, jouant avec virtuosit&eacute; de mauvaise foi, testent les limites du lecteur. Ainsi faut-il sans doute consid&eacute;rer l&rsquo;ouvrage: certes comme un document d&rsquo;information &ndash;&agrave; la qualit&eacute; variable, l&rsquo;argumentaire apparaissant &agrave; l&rsquo;occasion moins ramass&eacute;, plus herm&eacute;tique, voire carr&eacute;ment absent&ndash;, mais surtout comme un exercice litt&eacute;raire qui, d&eacute;crivant un &eacute;tat du monde, cherche &agrave; provoquer. La Conspiration d&eacute;pressionniste se pose volontiers comme un vigile de la pens&eacute;e. En ce sens, son travail est &agrave; rapprocher de celui de l&rsquo;Internationale situationniste, la charge r&eacute;volutionnaire en moins. Ce mouvement artistique et politique (1957-1972) militait pour une r&eacute;volution culturelle et une r&eacute;appropriation du r&eacute;el par la construction de situations nouvelles. Contre la soci&eacute;t&eacute; de consommation et de sa mise en spectacle, il pratiquait la d&eacute;rive et le d&eacute;tournement pour transformer l&rsquo;urbanisme et le quotidien. Surtout, il voyait en l&rsquo;art une richesse de d&eacute;passement susceptible de menacer les structures de la soci&eacute;t&eacute;<a name="note4" href="#note4a">[4]</a>. On retrouve pr&eacute;cis&eacute;ment l&agrave;, en germes, les motivations de <em>Qu&eacute;bec, ville d&eacute;pressionniste</em>: l&rsquo;art litt&eacute;raire, entre autres moyens, au service d&rsquo;une ouverture des consciences. Force est d&rsquo;avouer qu&rsquo;&agrave; l&rsquo;exception d&rsquo;un lectorat d&eacute;j&agrave; converti, plusieurs refuseront d&rsquo;&ecirc;tre &eacute;branl&eacute;s dans leurs convictions et, de ce fait, taxeront les membres du groupe de nihilisme. Pire: de d&eacute;pressionnisme.</p> <p><a name="note1a" href="#note1">1</a>&nbsp;Antoine Robitaille, &laquo;&Eacute;difices anciens dans le couloir de la mort&raquo;, <em>Le Devoir</em> (10 juillet 2009), p. A1.<br /> <a name="note2a" href="#note2">2&nbsp;</a>Parmi ces critiques, on consultera <em>Le blogue de Joseph Facal</em>,&nbsp; <a title="http://www.josephfacal.org/jai-honte" href="http://www.josephfacal.org/jai-honte">http://www.josephfacal.org/jai-honte</a> (consult&eacute; le 29 juin 2009); L&rsquo;action nationale, vol.XCVIII, nos9-10 (novembre-d&eacute;cembre 2008); Jacques Beaumier et Jean-Fran&ccedil;ois Vall&eacute;e [dir.], <em>Qu&eacute;bec 2008 : des c&eacute;l&eacute;brations 400 fois d&eacute;tourn&eacute;es de leur sens</em>, Qu&eacute;bec, &Eacute;ditions du Qu&eacute;b&eacute;cois, 2008.<br /> <a name="note3a" href="#note3">3&nbsp;</a>Jusqu&rsquo;&agrave; remercier &laquo;le Conseil des Arts du Canada, de la SODEC ainsi que le gouvernement du Qu&eacute;bec de ne [leur] avoir accord&eacute; aucune aide par l&rsquo;entremise d&rsquo;un quelconque programme bidon&raquo; [page de garde].<br /> <a name="note4a" href="#note4">4&nbsp;</a>Informations tir&eacute;es de En collaboration, &laquo;Situationnisme&raquo;, dans Jacques Demougin [dir.], <em>Dictionnaire historique, th&eacute;matique et technique des Litt&eacute;ratures. Litt&eacute;ratures fran&ccedil;aise et &eacute;trang&egrave;res. Anciennes et modernes</em>, vol. 2, Paris, Librairie Larousse, 1986, p. 1530.<br /> &nbsp; &nbsp;</p> http://salondouble.contemporain.info/lecture/quebec-taxidermiste#comments BEAUMIER, Jacques et VALLÉE, Jean-François COLLECTIF Culture populaire DEMOUGIN, Jacques Politique Québec Urbanité Collectif Wed, 15 Jul 2009 15:35:20 +0000 Viviane Asselin 136 at http://salondouble.contemporain.info Le Bonheur ou l'art de la perte http://salondouble.contemporain.info/lecture/le-bonheur-ou-lart-de-la-perte <div class="field field-type-nodereference field-field-auteurs"> <div class="field-items"> <div class="field-item odd"> <a href="/equipe/bordeleau-benoit">Bordeleau, Benoit </a> </div> </div> </div> <div class="field field-type-nodereference field-field-biblio"> <div class="field-items"> <div class="field-item odd"> <a href="/biblio/traces">Traces</a> </div> </div> </div> <!--break--><!--break--><p align="justify"><i>Avec La premi&egrave;re Gorg&eacute;e de bi&egrave;re et autres plaisirs minuscules</i>, Philippe Delerm entrait, en 1997, dans le cercle d&rsquo;une reconnaissance bien m&eacute;rit&eacute;e. Publiant depuis 1983 (<i>La Cinqui&egrave;me Saison</i>, &Eacute;ditions du Rocher), Delerm est surtout connu pour ses recueils de courts r&eacute;cits, mettant en lumi&egrave;re des moments de bonheur fragiles, des instantan&eacute;s du quotidien dont l&rsquo;adjectif et le verbe sont toujours pr&eacute;cis. Son tout dernier livre, intitul&eacute; <i>Traces </i>invite le lecteur &agrave; le suivre &agrave; travers ses fl&acirc;neries urbaines, comme ce f&ucirc;t le cas avec <i>Rouen</i> (Champ Vallon, 1993). Si <i>La Premi&egrave;re Gorg&eacute;e de bi&egrave;re</i> nous poussait dans les sentiers de la pl&eacute;nitude permettant de nous accrocher &agrave; une luminosit&eacute; propre &agrave; l&rsquo;enfance, le moteur de <i>Traces </i>se trouve plut&ocirc;t dans les petites disparitions qui pars&egrave;ment le parcours de l&rsquo;environnement urbain, des disparitions essentielles &agrave; la saisie du quotidien. Ces traces sont d&rsquo;ailleurs bien rendues par une cinquantaine de photographies prises par Martine Delerm. Le livre rassemble trente-quatre courts textes o&ugrave; l&rsquo;abondant usage du &laquo;on&raquo;, comme instance narrative, permet au lecteur de s&rsquo;identifier facilement aux sensations v&eacute;hicul&eacute;es&nbsp;&ndash;un sentiment d&rsquo;universalit&eacute;. Il ne sera pas question de cerne la totalit&eacute; des &eacute;l&eacute;ments trait&eacute;s dans <i>Traces, </i>mais d&rsquo;en soutirer quelques-uns permettant de saisir une mouvance litt&eacute;raire r&eacute;cente, soit le minimalisme positif tel que d&eacute;fini par R&eacute;mi Bertrand<a name="note1" href="#note1a"><strong>[1]</strong></a>. On verra d&rsquo;autre part comment <i>Traces</i> se d&eacute;marque l&eacute;g&egrave;rement de ce cadre pour int&eacute;grer des &eacute;l&eacute;ments plus pr&egrave;s de l&rsquo;actualit&eacute; en plus d&rsquo;inclure la violence du si&egrave;cle pass&eacute;.</p> <p> <span style="color: rgb(128, 128, 128);"><strong>&Eacute;crire le quotidien: une tension vers l'effacement</strong></span></p> <p align="justify">&laquo;Il ne doit pas &ecirc;tre loin. Mais il a momentan&eacute;ment abandonn&eacute; son radeau de survie, car&eacute;n&eacute; dans un renfoncement du mur, une porte condamn&eacute;e.&raquo; (p. 9) C&rsquo;est de cette fa&ccedil;on que d&eacute;bute le premier texte, intitul&eacute; <i>Coque &eacute;chou&eacute;e</i>. Le grand absent c&rsquo;est un itin&eacute;rant qui d&rsquo;habitude est plong&eacute; dans un livre et s&rsquo;interrompt pour discuter avec les passants. &laquo;Mais contempler cette couette ind&eacute;cise quand il a disparu c&rsquo;est plus fort, presque insoutenable.&raquo; (p. 10) L&rsquo;absence est ici fondatrice d&rsquo;une apparition au sein de la m&eacute;moire du narrateur &ndash; ce dernier &eacute;tant bien souvent une deuxi&egrave;me peau de Delerm lui-m&ecirc;me. Si on tombe ensuite dans un r&ecirc;ve d&rsquo;enfance o&ugrave; le narrateur se voyait comme un &laquo;grognard au bivouac&raquo;, ce n&rsquo;est que pour mieux avoir honte de ce contraste, c&rsquo;est aussi revenir &agrave; l&rsquo;&acirc;ge adulte, &agrave; la raison. &laquo;Devenir un adulte, pour le sujet delermien, est toujours un d&eacute;senchantement, analogue &agrave; celui qui &eacute;merge lors du passage de la fiction &agrave; la r&eacute;alit&eacute;<a name="note2" href="#note2a"><strong>[2]</strong></a>&raquo;, &eacute;crit R&eacute;mi Betrand dans <i>Philippe Delerm et le minimalisme positif. </i>C&rsquo;est que la fiction de Delerm nous a habitu&eacute;s &agrave; ces moments o&ugrave; il n&rsquo;y avait aucun jugement sur l&rsquo;&eacute;tat des choses, mais simplement une intensit&eacute; du moment v&eacute;hicul&eacute;e dans le texte&nbsp;: intensit&eacute; o&ugrave; le temps &eacute;tait aboli pour donner toute la libert&eacute; &agrave; la qualit&eacute; des choses.<br /> &nbsp;</p> <p align="justify">Le quotidien est toujours ce qui fuit et il ne peut-&ecirc;tre compris qu&rsquo;apr&egrave;s-coup. La compr&eacute;hension toutefois implique l&rsquo;entr&eacute;e dans l&rsquo;&acirc;ge adulte, dans le cercle du langage, impliquant du coup un &eacute;cart entre le senti et la transmission de la sensation, c&rsquo;est connu&nbsp;: pour l&rsquo;auteur, il s&rsquo;agit beaucoup moins de comprendre que de <i>regarder</i>. L&rsquo;&eacute;criture devient le lieu d&rsquo;une &laquo;traduction du quotidien<a name="note3" href="#note3a"><strong>[3]</strong></a>&raquo;, selon les mots de R&eacute;mi Bertrand. Toujours selon ce dernier, l&rsquo;amplification du r&eacute;el pose le risque de retomber dans la morne r&eacute;alit&eacute; lorsque vient le temps de la voir sous notre propre regard. Bertrand nous rappelle que &laquo;[l]e bonheur minimaliste est [&hellip;] inconcevable sans la connaissance de la finitude<a name="note4" href="#note4a"><strong>[4]</strong></a>&raquo;. Ce bonheur, c&rsquo;est la vie elle-m&ecirc;me en tant qu&rsquo;elle est v&eacute;cue, travers&eacute;e. Les travers&eacute;es, d&rsquo;autre part, laissent des marques, font entrevoir la fragilit&eacute; des choses.<span lang="FR-CA"><o:p><br /> </o:p></span></p> <p align="justify"><span lang="FR-CA">Ces fins quotidiennes sont d&rsquo;ailleurs repr&eacute;sent&eacute;es par la disparition de l&rsquo;humain au sein des objets. Prenons pour exemple cet extrait de <i>Nuage d&rsquo;avion&nbsp;</i>: </span></p> <p align="justify" class="rteindent1"><span style="color: rgb(128, 128, 128);">On peut distinguer si on le cherche vraiment le petit triangle &agrave; l&rsquo;avant, et c&rsquo;est &eacute;trange de penser que cette forme minuscule est &agrave; l&rsquo;origine de la branche neigeuse qui treillage l&rsquo;espace. Quant &agrave; imaginer des hommes install&eacute;s dans ce jouet, non. Pas m&ecirc;me l&rsquo;id&eacute;e d&rsquo;un trajet, d&rsquo;une destination. (p. <i>21</i>)</span></p> <p align="justify">Les passagers sont ici confondus &agrave; la mati&egrave;re et comme fig&eacute;s en elle. C&rsquo;est le texte lui-m&ecirc;me, les mots, plus pr&eacute;cis&eacute;ment, qui permettent la fusion entre corps, d&eacute;cor et pens&eacute;e. Un effacement de soi pour laisser place &agrave; l&rsquo;&eacute;tonnement que procure le monde. Ce devenir-chose est d&rsquo;ailleurs mis de l&rsquo;avant dans <i>Un peu de neige dans la cour, </i>o&ugrave; le narrateur &eacute;met des hypoth&egrave;ses sur ce que c&rsquo;est que d&rsquo;&ecirc;tre b&eacute;guine&nbsp;:</p> <p align="justify" class="rteindent1"><span style="color: rgb(128, 128, 128);">D&eacute;canter le monde jusqu'&agrave; n&rsquo;en garder qu&rsquo;une transparence &eacute;blouie. Se compter pour rien, pardonner &agrave; tous ceux qui se croient quelque chose. (p.<i> 39</i>)</span><o:p></o:p></p> <p align="justify">J&rsquo;avancerai ici l&rsquo;id&eacute;e d&rsquo;un <i>d&eacute;-corps</i> dans l&rsquo;intentionnalit&eacute; de l&rsquo;&eacute;criture delermienne. S&rsquo;il s&rsquo;agit de se compter pour rien, il reste qu&rsquo;on doit s&rsquo;inclure dans le calcul. C&rsquo;est &ecirc;tre comme en suspension ou, mieux encore, devenir cette lumi&egrave;re m&ecirc;me du quotidien, cette intensit&eacute; qui fait du moment une totalit&eacute;. Le texte devient la possibilit&eacute; de<i> mieux voir</i> le mat&eacute;riau du monde en l&rsquo;usant, en le fatiguant. Le texte deviendrait dans cette optique un tissu conjonctif, un <i>liant</i> et un <i>lisant </i>du monde. Ce <i>d&eacute;-corps, </i>n&rsquo;est-ce pas aussi une d&eacute;route, puisqu&rsquo;il n&rsquo;y a &laquo;[p]as m&ecirc;me l&rsquo;id&eacute;e d&rsquo;un trajet, d&rsquo;une destination&raquo;? Peut-&ecirc;tre y a-t-il un point de rencontre entre cette id&eacute;e et une soci&eacute;t&eacute; qui fait la promotion de la vitesse, de l&rsquo;efficacit&eacute; &agrave; tout prix. Ce <i>d&eacute;-corps </i>c&rsquo;est accepter de s&rsquo;abandonner aux lieux et entrer avec eux dans une enti&egrave;re complicit&eacute;, les faire participer &agrave; l&rsquo;espace de notre corps. Il s&rsquo;agit en m&ecirc;me temps de refuser l&rsquo;aseptisation grandissante des lieux publics, aseptisation qui emp&ecirc;che de sentir non seulement sa propre pr&eacute;sence, mais celle des autres comme le propose le texte <i>Blessures de table</i>.</p> <p> <span style="color: rgb(128, 128, 128);"><strong>Un ton sur ton</strong></span></p> <p align="justify">Ce <i>d&eacute;-corps</i> on le retrouve aussi chez Delerm dans <i>Le pull d&rsquo;automne</i>, un r&eacute;cit de <i>La Premi&egrave;re Gorg&eacute;e de bi&egrave;re&nbsp;</i>: &laquo;Un pull tr&egrave;s grand&nbsp;: le corps va s&rsquo;abolir, on sera la saison. Un pull en creux d&rsquo;&eacute;paule en esp&eacute;rant&hellip; M&ecirc;me pour soi, c&rsquo;est bon, cette fa&ccedil;on de jouer la fin des choses ton sur ton.<a name="note5" href="#note5a"><strong>[5]</strong></a>&raquo; Dans <i>Escargots</i>, Francis Ponge d&eacute;finissait ce ton sur ton ainsi&nbsp;: &laquo;un &eacute;l&eacute;ment passif, un &eacute;l&eacute;ment actif, le passif baignant &agrave; la fois et nourrissant l&rsquo;actif<a name="note6" href="#note6a"><strong>[6]</strong></a>&raquo;. Ce proc&eacute;d&eacute; a pour effet, dans <i>Souvenez-vous</i>, d&rsquo;activer la m&eacute;moire involontaire chez le sujet qui sera surpris par un imp&eacute;ratif de m&eacute;moire qui n&rsquo;est plus seulement individuelle, mais aussi culturelle, comme en t&eacute;moigne cet extrait&nbsp;:</p> <p align="justify" class="rteindent1"><span style="color: rgb(128, 128, 128);">Et tout d&rsquo;un coup, contre le mur&hellip; Juste un nombre d&rsquo;enfants morts. Une date. Rien &agrave; consommer, aucun march&eacute;, aucun commerce. Alors notre capacit&eacute; &agrave; sentir la Shoah s&rsquo;&eacute;veille, s&rsquo;extirpe de cette gangue naus&eacute;euse de produits manufactur&eacute;s o&ugrave; elle perd chaque jour de sa force. Un ordre. Souvenez-vous. L&rsquo;imp&eacute;ratif nous saisit de plein fouet, aux angles droits de la plaque grav&eacute;e. Dans l&rsquo;&eacute;cole, &ccedil;a doit &ecirc;tre la r&eacute;cr&eacute;, on entend une rumeur derri&egrave;re les murs, une bouff&eacute;e de vie, de joie, qui souligne si bien l&rsquo;&eacute;tendue du silence. (p.<i> 76</i>)</span><o:p></o:p></p> <p align="justify">Dans le texte <i>Grande section</i>, c&rsquo;est la situation des sans-papiers qui est abord&eacute;e. C&rsquo;est par un acte de r&eacute;appropriation de la rue, tracts et affiches au menu, qu&rsquo;on veut reprendre une situation en mains. L&rsquo;acte semble vain&nbsp;: &laquo;Et combien de milliers de papiers pour esp&eacute;rer sauver un sans-papiers?&raquo; (p.<i> 126</i>) Mais peut-&ecirc;tre s&rsquo;agit-il de laisser possible l&rsquo;espoir d&rsquo;une justice sociale? En effet, Delerm offre moins des solutions aux probl&egrave;mes sociaux qu&rsquo;une constatation de ceux-ci&nbsp;: il se pose &agrave; nouveau en situation de spectateur, mais tout juste ce qu&rsquo;il faut pour laisser l&rsquo;impression au lecteur que le narrateur pourrait agir sur les &eacute;v&eacute;nements. C&rsquo;est le chemin parcouru qui importe, mais qu&rsquo;arrive-t-il lorsqu&rsquo;on ne sait pas &ndash;ou que l&rsquo;on ne veut pas savoir!&ndash; o&ugrave; le chemin nous m&egrave;ne? Nous retrouvons de nouveau cette id&eacute;e de d&eacute;route soulev&eacute;e pr&eacute;c&eacute;demment.</p> <p> <span style="color: rgb(128, 128, 128);"><strong>Nostalgie des rapports &agrave; l'ancienne</strong></span></p> <p align="justify">Il y a une nostalgie &eacute;vidente, dans l&rsquo;&eacute;criture de Delerm, d&rsquo;un temps o&ugrave; la lenteur et les contacts humains se faisaient par autre chose que l&rsquo;interm&eacute;diaire des t&eacute;l&eacute;phones portables et d&rsquo;Internet. D&eacute;j&agrave; dans <i>La Sieste assassin&eacute;e</i>, il &eacute;crivait ceci &agrave; propos des utilisateurs de cellulaires&nbsp;: &laquo;&nbsp;Mais il y a cet air un peu pench&eacute;, qui navigue sur les trottoirs en solitudes parall&egrave;les. Comme si on &eacute;tait tous exil&eacute;s de l&rsquo;enfance, un peu perdus.<a name="note7" href="#note7a"><strong>[7]</strong></a>&raquo; Dans <i>Traces</i>, un texte intitul&eacute; <i>Le bon r&eacute;seau</i> nous donne &agrave; lire ceci&nbsp;: &laquo;Ils n&rsquo;ont m&ecirc;me pas besoin de passer des SMS, de s&rsquo;enfoncer dans la technologie. Leurs rapports sont encore &agrave; l&rsquo;ancienne, des rapports de quartier, de pr&eacute;sence physique, des rapports d&rsquo;habitude.&raquo; (p. 91) Il y a ici d&eacute;sir de sortir d&rsquo;un temps rapide pour entrer dans un temps o&ugrave; la lenteur et m&ecirc;me la paresse, si on a lu <i>Mister Mouse</i>, sont ma&icirc;tres. Par ces chemins dont on ne veut savoir la destination et qui font incursion dans presque tous les livres de l&rsquo;auteur, il y a le d&eacute;sir de sortir de la fonctionnalit&eacute; de plus en plus poignante du monde moderne. Delerm offre &agrave; son lecteur un art de vivre au quotidien, celui-ci ayant pour principale caract&eacute;ristique d&rsquo;&ecirc;tre fuyant. C&rsquo;est constamment vivre sous le joug de l&rsquo;oubli, n&eacute;cessaire mais angoissant.</p> <p align="justify"><em>Stylet d&rsquo;angoisse</em><span lang="FR-CA">, texte concluant <i>Traces</i>, pose comme d&eacute;cor un mur qui change constamment sous les attaques d&rsquo;un graphomane. Les derni&egrave;res phrases vont comme suit&nbsp;:&nbsp;</span></p> <p align="justify" class="rteindent1"><span style="color: rgb(128, 128, 128);">C&rsquo;&eacute;tait une autre fa&ccedil;on de se cogner contre les murs [en y gravant des mots], contre le monde, cette mani&egrave;re de s&rsquo;inscrire, de vouloir &eacute;chapper &agrave; la surface, &agrave; l&rsquo;effacement. Inqui&eacute;tante aussi, car apr&egrave;s tout le stylet obstin&eacute; des graphomanes n&rsquo;est que la m&eacute;taphore de tous ceux qui &eacute;crivent. Entre les livres et les murs, diff&eacute;remment dilu&eacute;e, c&rsquo;est l&rsquo;angoisse qui m&egrave;ne. Il n&rsquo;y a pas de cr&eacute;ation paisible.</span><o:p></o:p></p> <p align="justify">Aucune cr&eacute;ation paisible, certes, car les mots m&ecirc;me grav&eacute;s finissent par dispara&icirc;tre. Avec <i>Traces</i>, il semble qu&rsquo;une conscience encore plus importante de l&rsquo;impermanence se fait porteuse des mots, toujours bien fil&eacute;s, de Philippe Delerm. &laquo;&Agrave; chaque risque le bonheur est l&agrave;<a name="note9" href="#note8a"><strong>[8]</strong></a>&raquo;, &eacute;crivait-il dans <i>Fragiles. </i>Vivre le bonheur, de nos jours, c&rsquo;est &ecirc;tre conscient d&rsquo;une perte &eacute;ventuelle qui nous guette&nbsp;: il faut opter pour le risque.<span> </span></p> <p> <a name="note1a" href="#note1"> 1</a> R&eacute;mi Bertrand,<em>&nbsp;Philippe Delerm et le minimalisme positif</em>, Monaco, &Eacute;ditions du Rocher, 2005, 235 p.<br /> <a name="note2a" href="#note2"> 2</a> <em>Ibid</em>., p. 144.<br /> <a name="note3a" href="#note3"> 3</a> <em>Ibid</em>., p. 42.<br /> <a name="note4a" href="#note4"> 4</a> <em>Ibid.,</em> p. 152<br /> <a name="note5a" href="#note5"> 5</a> Philippe Delerm, <em>La Premi&egrave;re gorg&eacute;e de bi&egrave;re et autres plaisirs minuscules</em>, Paris, Gallimard, coll. &laquo;L&rsquo;Arpenteur&raquo;, 1997, p. 58.<br /> <a name="note6a" href="#note6"> 6</a> Francis Ponge, <em>Le Parti pris des chose </em>pr&eacute;c&eacute;d&eacute; de <em>Douze petits &eacute;crits </em>et suivi de <em>Pro&ecirc;mes</em>, Paris, Gallimard, 1948, p. 51. <br /> <a name="note7a" href="#note7"> 7</a> Philippe Delerm, <em>L</em><em>a Sieste assassin&eacute;e</em>, Paris, Gallimard, coll. &laquo;L&rsquo;Arpenteur&raquo;, 2001, p. 16.<br /> <a name="note8a" href="#note9"> 8</a> Philippe Delerm, Martine Delerm (aquarelles), <em>Fragiles</em>, Paris, &Eacute;ditions du Seuil, coll. &laquo;Points&raquo;, Paris, 2001, p. 30.</p> <p></p> http://salondouble.contemporain.info/lecture/le-bonheur-ou-lart-de-la-perte#comments BERTRAND, Rémi DELERM, Martine DELERM, Philippe Flânerie France PONGE, Francis Quotidien Réalisme Urbanité Récit(s) Mon, 22 Dec 2008 11:25:00 +0000 Benoit Bordeleau 47 at http://salondouble.contemporain.info