Salon double - DE CERTEAU, Michel http://salondouble.contemporain.info/taxonomy/term/472/0 fr Anatomie de l'inhabitable http://salondouble.contemporain.info/lecture/anatomie-de-linhabitable <div class="field field-type-nodereference field-field-auteurs"> <div class="field-items"> <div class="field-item odd"> <a href="/equipe/voyer-marie-helene">Voyer, Marie-Hélène</a> </div> </div> </div> <div class="field field-type-nodereference field-field-biblio"> <div class="field-items"> <div class="field-item odd"> <a href="/biblio/la-canicule-des-pauvres">La canicule des pauvres</a> </div> </div> </div> <!--break--><!--break--><p></p> <p class="MsoNormal"><em>La canicule des pauvres</em>, c&rsquo;est 26 personnages et 10 jours de chaleur insupportable r&eacute;partis sur pr&egrave;s de 150 chapitres. Avec ce roman de Jean-Simon DesRochers, le multiple et le discontinu appellent l&rsquo;&eacute;num&eacute;ration: dans le Galant, un immeuble moite et mis&eacute;rable du Quartier Latin de Montr&eacute;al, habitent Monique, une ex-prostitu&eacute;e adepte de chirurgies, Christian, son amant cleptomane, Zach, &eacute;tudiant en pharmacie et vendeur de drogue, Kaviak, le bouddhiste pornographe, Takao, le b&eacute;d&eacute;iste japonais, Marie-Laure, une pigiste coca&iuml;nomane ainsi que Lulu et son groupe de musique Claudette Abattage, dont les membres, tous s&eacute;ropositifs, m&egrave;nent une vie de d&eacute;prav&eacute;s. S&rsquo;ajoutent &agrave; cette faune bigarr&eacute;e d&rsquo;habitants paum&eacute;s une tueuse &agrave; gages et sa victime, un homme ravag&eacute; par des tumeurs au cerveau, de jeunes immigr&eacute;s colombiens, un vieil Am&eacute;ricain hant&eacute; par ses souvenirs, une dame qui meurt &agrave; petit feu devant sa t&eacute;l&eacute;vision et... un cadavre en d&eacute;composition.</p> <p><span style="color: rgb(128, 128, 128);"><strong>Le cabinet des curiosit&eacute;s</strong></span></p> <p class="MsoNormal">Une histoire des corps, ou plut&ocirc;t une topologie des corps, voil&agrave; ce que<em> La canicule des pauvres</em> propose. Une topologie des corps ordinaires, impurs, pass&eacute;s au crible d&rsquo;un regard p&eacute;n&eacute;trant. Ainsi, &laquo;L&rsquo;&eacute;veil de la femme plastique&raquo;, le premier chapitre du roman, pr&eacute;sente Monique, une ancienne prostitu&eacute;e fan&eacute;e dont le corps a &eacute;t&eacute; largement reconstruit, refa&ccedil;onn&eacute; par des chirurgies lui ayant sculpt&eacute; &laquo;un parfait cul de vierge&raquo; (p. 14), un cul anachronique, dont &laquo;la vue est toujours aussi &eacute;trange, un cul de vierge avec un vagin de putain quinquag&eacute;naire retrait&eacute;e.&raquo; (p. 14)&nbsp;&Agrave; ce corps qui rejette toute trace de son inscription dans le temps et dans la dur&eacute;e semble r&eacute;pondre celui d&rsquo;Henriette, se vautrant devant la t&eacute;l&eacute;, ravag&eacute; par un cancer en phase terminale: &laquo;[e]lle devra cracher. Un peu de sang et de tissu pulmonaire sont m&ecirc;l&eacute;s &agrave; sa salive &raquo; (p. 73). Henriette n&rsquo;est plus qu&rsquo;un corps mourant, un r&eacute;ceptacle amorphe de souffrances qui vit par procuration au gr&eacute; des &eacute;pisodes de son feuilleton <em>Les jours du temps qui passe</em>. &Agrave; l&rsquo;appartement 202, il y a le Marsouin qui, contrairement &agrave; Henriette, se refuse &agrave; attendre passivement la mort: &laquo;Le Marsouin avait grandi, puis grossi selon la conviction que &quot;la vie sert &agrave; pr&eacute;parer une mort honorable, une mort choisie&quot;.&raquo; (p. 117) Avec sa jambe gangren&eacute;e et son estomac ravag&eacute; par l&rsquo;alcool, le Marsouin pr&eacute;pare minutieusement son suicide, mettant d&rsquo;abord le point final au dernier carnet de ses &laquo;m&eacute;moires&raquo;: &laquo;[j]&rsquo;ai consomm&eacute; de l&rsquo;air, de l&rsquo;eau, de la viande et de la bi&egrave;re. Rien d&rsquo;autre. Parce que j&rsquo;en avais le droit. Si je n&rsquo;ai pas soign&eacute; mes maladies, c&rsquo;est par d&eacute;go&ucirc;t. Je ne m&eacute;rite pas de mourir naturellement parce que je n&rsquo;ai jamais v&eacute;cu naturellement.&raquo; (p. 118) On pourrait encore &eacute;voquer Marie-Laure, cette coca&iuml;nomane dont le corps d&eacute;joue tous les diagnostics: &laquo;Marie-Laure aime bien ce m&eacute;decin incapable, trop peu exp&eacute;riment&eacute; pour percevoir l&rsquo;origine r&eacute;elle de ses probl&egrave;mes [&hellip;]: son nez ravag&eacute;, ses crises d&rsquo;arthrite, une pression art&eacute;rielle plus haute que la moyenne, des gencives rong&eacute;es; sa d&eacute;pendance &agrave; la coca&iuml;ne depuis plus d&rsquo;un quart de si&egrave;cle&raquo; (p. 43). Et puis, il y a le corps condamn&eacute;, le corps en proie au verdict, &agrave; l&rsquo;imminence de sa finalit&eacute;, tel celui de Trevor Adamson dont &laquo;cinq tumeurs loge[nt] dans divers secteurs de son cerveau [&hellip;], leur emplacement ressembl[ant] &agrave; une constellation&raquo; (p. 296).</p> <p class="MsoNormal">Une succession de corps souffrants, rafistol&eacute;s, malades, infect&eacute;s, d&eacute;pendants, mourants&nbsp;: voil&agrave; le panorama auquel est confront&eacute; le lecteur de <em>La canicule des pauvres</em>. Des corps dystopiques, imparfaits, inhabitables, &agrave; l&rsquo;image de cet immeuble suffocant o&ugrave; ils vivotent, des corps contraignants &agrave; l&rsquo;instar de la description qu&rsquo;en livre Foucault: &laquo;[m]on corps, c&rsquo;est le contraire d&rsquo;une utopie [&hellip;], il est le lieu absolu, le petit fragment d&rsquo;espace avec lequel, au sens strict, je fais corps<strong><a name="_ftnref" title="" href="#_ftn2">[1]</a></strong>.&raquo; Et si <em>La canicule des pauvres</em> s&rsquo;employait, &agrave; sa mani&egrave;re, &agrave; r&eacute;investir les lieux du corps loin de ses utopies?&nbsp; Apr&egrave;s tout, l&rsquo;utopie, &laquo;c&rsquo;est un lieu hors de tous les lieux, mais c&rsquo;est un lieu o&ugrave; j&rsquo;aurai un corps sans corps, un corps qui sera beau, limpide, transparent, lumineux, v&eacute;loce, colossal dans sa puissance, infini dans sa dur&eacute;e, d&eacute;li&eacute;, invisible, prot&eacute;g&eacute;, toujours transfigur&eacute; [&hellip;] un corps incorporel<strong><a name="_ftnref" title="" href="#_ftn3">[2]</a></strong>.&raquo; <em>La canicule des pauvres</em> n&rsquo;a que faire de ces corps l&eacute;ch&eacute;s; &agrave; la perfection intouchable du corps utopique, il pr&eacute;f&egrave;re la densit&eacute; sans fard de l&rsquo;abject et les multiplicit&eacute;s sensitives qui en &eacute;manent.</p> <p class="MsoNormal"><span style="color: rgb(128, 128, 128);"><strong>Exorciser l&rsquo;immonde</strong></span></p> <p>Loin des fictions identitaires exacerbant un &laquo;je&raquo; en proie aux tumultes d&rsquo;une identit&eacute; en construction, &agrave; des ann&eacute;es-lumi&egrave;re des fictions savantes et autres romans ludiques auxquels nous a habitu&eacute; la litt&eacute;rature des derni&egrave;res d&eacute;cennies, <em>La canicule des pauvres</em> trace une fresque quasi sociologique du malaise contemporain li&eacute; au spectacle du corps et &agrave; son irr&eacute;m&eacute;diable d&eacute;ch&eacute;ance. Avec des parties et des chapitres intitul&eacute;s &laquo;Retracer la semence&raquo;, &laquo;Se masturber en pleurant&raquo;, &laquo;Inventaire des corps en sueur&raquo; et &laquo;La richesse des odeurs pauvres&raquo;, c&rsquo;est le corps dans ce qu&rsquo;il a de plus organique &mdash;&laquo;architecture fantastique et ruin&eacute;e<strong><a name="_ftnref" title="" href="#_ftn4">[3]</a></strong>&raquo; &agrave; l&rsquo;image du Galant&mdash; qui nous est montr&eacute;: entrecroisements de pulsions, de boyaux, d&rsquo;odeurs et de fluides corporels. Tout se passe comme si le roman s&rsquo;inscrivait en &eacute;cho aux injonctions de Denis Vanier qui, dans la pr&eacute;face de son recueil <em>Une Inca sauvage comme le feu: po&egrave;mes biologiques</em>, affirmait:</p> <p class="MsoNormal rteindent1"><span style="color: rgb(128, 128, 128);">Il [&hellip;] faut tendre vers l&rsquo;in&eacute;narrable organique, exposer sa chute et ses lents d&eacute;p&ocirc;ts transparents dans le temps. [&hellip;] [L]e d&eacute;sespoir est une maladie dont il faut arch&eacute;typer et symboliser les d&eacute;chets, que les &eacute;tapes de cette indisposition soient repr&eacute;sent&eacute;es par images, d&eacute;finitions et traces</span><strong><a name="_ftnref" title="" href="#_ftn5">[4]</a></strong><span style="color: rgb(128, 128, 128);">.</span></p> <p class="MsoNormal">Arch&eacute;typer et symboliser les d&eacute;chets du d&eacute;sespoir, voil&agrave; peut-&ecirc;tre le pari de <em>La canicule des pauvres </em>qui exhibe sans concession les avatars du corps en perdition. Qu&rsquo;il s&rsquo;agisse d&rsquo;une vieillarde se crachant les poumons dans une lente agonie, de call-girls ob&egrave;ses et ravag&eacute;es par l&rsquo;herp&egrave;s (p. 355), ou encore d&rsquo;une jeune musicienne atteinte du sida&nbsp;et qui pense &laquo;&agrave; c[e] squelett[e] ambulan[t] aux l&egrave;vres d&eacute;shydrat&eacute;es, la peau constell&eacute;e de sarcomes [&hellip;]&raquo; qu&rsquo;elle risque de devenir (p. 378), tous ces corps se d&eacute;m&egrave;nent pour arracher &agrave; la vie encore quelques maigres lamp&eacute;es de sa mis&eacute;rable et substantifique moelle. Et quand rien de vivant ne subsiste dans le corps, c&rsquo;est encore ce dernier qui alimente &laquo;[l]e paradis des mouches&raquo; (p. 153), le grand banquet des larves: &laquo;[u]n thorax mauve, ballonn&eacute; par la putr&eacute;cine [&hellip;] Les yeux, l&rsquo;anus, l&rsquo;ur&egrave;tre, la bouche [&hellip;] tous les orifices ravag&eacute;s par des milliers de larves blanches qui grouillent et ondoient sans r&eacute;pit.&raquo; (p. 405)</p> <p><span style="color: rgb(128, 128, 128);"><strong>Trajectoires de l&rsquo;oeil</strong></span></p> <p class="MsoNormal">&Agrave; l&rsquo;image d&rsquo;un immeuble, le corps est travers&eacute; de seuils, orifices divers, lieux de transit, zones d&rsquo;interaction avec l&rsquo;en-dehors. De tous les seuils du corps, c&rsquo;est sans doute l&rsquo;&oelig;il qu&rsquo;on remarque le plus dans <em>La canicule des pauvres</em>. En t&eacute;moignent d&rsquo;abord les titres des diff&eacute;rents chapitres qui profilent, directement ou de mani&egrave;re d&eacute;tourn&eacute;e, diverses isotopies du regard: &laquo;L&rsquo;image de l&rsquo;&oelig;il&raquo; (p. 303), &laquo;Les enfants aux yeux sales&raquo; (p. 378), &laquo;La mort se respire les yeux clos&raquo; (p. 422), &laquo;Cam&eacute;ra &agrave; l&rsquo;&eacute;paule&raquo; (p. 314), &laquo;Presque la lumi&egrave;re&raquo; (p. 370), etc. Chez les personnages, il y a bien s&ucirc;r l&rsquo;&oelig;il aveugle de Fanny qui &laquo;ne voit rien [&hellip;], [u]n rien sans d&eacute;finition, sans existence[,] [u]ne id&eacute;e qui d&eacute;plait aux voyants&raquo; (p. 43) puis, il y a l&rsquo;&oelig;il de vitre de Christian qui &laquo;affiche son unique &eacute;motion, une d&eacute;termination froide, l&rsquo;id&eacute;e d&rsquo;un regard vif, made in USA&raquo; (p. 15). On pourrait aussi &eacute;voquer Edward, cet Am&eacute;ricain m&eacute;lancolique dont les &laquo;paupi&egrave;res aux cils blancs tombent sur ses yeux comme un rideau devant la r&eacute;alit&eacute;&raquo; (p. 346), ou encore M&eacute;lina, dont les yeux sont d&eacute;taill&eacute;s par le narrateur avec une pr&eacute;cision d&rsquo;orf&egrave;vre:</p> <p class="MsoNormal rteindent1"><span style="color: rgb(128, 128, 128);">Un &oelig;il. Un iris marron serti d&rsquo;une couronne pourpre. Au centre, une pupille, compacte, noire. Le blanc de cet &oelig;il n&rsquo;a rien de pur. Outre les veines qui le l&eacute;zardent, une brume rouge&acirc;tre moire sa surface [&hellip;]. Une femme. Parce que la forme de cet &oelig;il sugg&egrave;re des courbes trop f&eacute;lines pour appartenir &agrave; un corps m&acirc;le. Autre indice: un crayon trace une ligne blanche sous la paupi&egrave;re inf&eacute;rieure. Voil&agrave; le deuxi&egrave;me &oelig;il qui appara&icirc;t, presque identique au premier, seuls les zigzags des veines gonfl&eacute;es diff&egrave;rent. Des cernes mal fard&eacute;s s&rsquo;additionnent au bas des paupi&egrave;res. (p.303)</span></p> <p class="MsoNormal">L&rsquo;&oelig;il exhib&eacute; et d&eacute;taill&eacute;, l&rsquo;&oelig;il cr&eacute;ateur, l&rsquo;&oelig;il aveugl&eacute; ou l&rsquo;&oelig;il trompeur, dans tous les cas, le regard semble l&rsquo;exutoire, le moyen tout d&eacute;sign&eacute; pour sublimer le r&eacute;el et outrepasser les contingences du corps et des lieux qu&rsquo;il habite: &laquo; [l]e myst&eacute;rieux &eacute;clat ne cesse d&rsquo;exciter [l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t de Jade]. Trop gros pour &ecirc;tre une &eacute;toile, trop petit pour &ecirc;tre la lune. Apr&egrave;s une minute d&rsquo;observation, [elle] se rend &agrave; l&rsquo;&eacute;vidence. Ce morceau de lumi&egrave;re, c&rsquo;est un avion qui refl&egrave;te le soleil, rien de plus.&raquo; (p. 21). Ainsi, m&ecirc;me si dans <em>La canicule des pauvres</em>, &laquo;[&hellip;] l&rsquo;&eacute;paisseur de l&rsquo;air d&eacute;forme ce qui est visible [&hellip;]&raquo; (p. 445), c&rsquo;est encore et toujours par la m&eacute;diation du regard que se r&eacute;concilient l&rsquo;espace et les corps, les espaces du corps. Ainsi, T, T, akao, le b&eacute;d&eacute;iste, croque sur le vif les corps des r&eacute;sidents du Galant et Kaviak, l&rsquo;esth&egrave;te pornographe, affine sa technique en cherchant &agrave; capter la lumi&egrave;re sur un melon, en &laquo;&eacute;limin[ant] les ombres potentielles [, en cr&eacute;ant] une lumi&egrave;re plane. [&hellip;] C&rsquo;est qu&rsquo;une question [&hellip;] de forme [,] d[e] corps lisses [&hellip;]&raquo; (p. 115).</p> <p class="MsoNormal">Dans le banal comme dans l&rsquo;abject, l&rsquo;&oelig;il transforme et sublime le r&eacute;el; &agrave; la mani&egrave;re d&rsquo;un &eacute;cran de cin&eacute;ma ou d&rsquo;une interface, l&rsquo;&oelig;il est encore le meilleur moyen de transcender les limitations du corps. Comme l&rsquo;explique Michel de Certeau dans <em>l&rsquo;Invention du quotidien,</em> la trajectoire de l&rsquo;&oelig;il, son activit&eacute; liseuse est &agrave; l&rsquo;origine d&rsquo;une production silencieuse, d&rsquo;une inventivit&eacute;. L&rsquo;&oelig;il braconne ainsi le r&eacute;el et le d&eacute;tourne par mille ruses. De la m&ecirc;me mani&egrave;re, gr&acirc;ce &agrave; l&rsquo;&oelig;il, le lecteur &laquo;[&hellip;]braconne [le texte,] il y est transport&eacute;, il s&rsquo;y fait pluriel comme des bruits de corps [&hellip;].&nbsp; Le lisible se change en m&eacute;morable [&hellip;]. Cette mutation rend le texte habitable &agrave; la mani&egrave;re d&rsquo;un appartement lou&eacute;. Elle transforme la propri&eacute;t&eacute; de l&rsquo;autre en lieu emprunt&eacute;, un moment, par un passant<b><a href="#_ftn6">[5]</a></b>.&raquo; Par cette r&eacute;habilitation du corps imparfait, par la mise en relief de ses puantes avanies, de ses multiples traumas et de ses moindres affects, <em>La canicule des pauvres</em> propose un regard singulier sur les notions d&rsquo;esth&eacute;tisme, de marge et de d&eacute;viance. Utilisant l&rsquo;abject et l&rsquo;impur comme moteur de l&rsquo;&eacute;criture, ce roman construit une logique de la sensation au plus pr&egrave;s des corps en m&ecirc;me temps qu&rsquo;une parole qui s&rsquo;efface au profit de la chair, d&rsquo;o&ugrave;, paradoxalement, elle puisse son souffle.</p> <p>&nbsp;<a name="_ftn1" title="" href="#_ftnref"></a></p> <p><a name="_ftn2" title="" href="#_ftnref"></a><a name="_ftn2" title="" href="#_ftnref"></a><a name="_ftn2" title="" href="#_ftnref"><strong>1</strong></a>&nbsp;Michel Foucault, &laquo;Le corps utopique&raquo;,<em> Le Corps Utopique - Les H&eacute;t&eacute;rotopies, </em>F&eacute;camp, Nouvelles &eacute;ditions lignes, 2009, p. 9.</p> <p class="MsoFootnoteText"><a name="_ftn3" title="" href="#_ftnref"></a><a name="_ftn3" title="" href="#_ftnref"><strong>2</strong></a>&nbsp;Michel Foucault, &laquo;Le corps utopique&raquo;, <em>ibid</em>., p. 10.</p> <p class="MsoFootnoteText"><a name="_ftn4" title="" href="#_ftnref"></a><a name="_ftn4" title="" href="#_ftnref"><strong>3</strong></a>&nbsp;Michel Foucault, &laquo;Le corps utopique&raquo;, <em>ibid</em>., p. 14.</p> <p class="MsoNormal"><a name="_ftn5" title="" href="#_ftnref"></a><a name="_ftn5" title="" href="#_ftnref"><strong>4</strong></a>&nbsp;Denis Vanier, &laquo;Pr&eacute;face&raquo;, <em>Une Inca sauvage comme le feu: po&egrave;mes biologiqu</em><em>es</em>, Qu&eacute;bec, &Eacute;ditions de la Huit (Contemporains), 1992, p. 10.</p> <p class="MsoNormal"><a name="_ftn6" title="" href="#_ftnref"><strong>5</strong></a>&nbsp;Michel de Certeau, &laquo;Pr&eacute;sentation g&eacute;n&eacute;rale&raquo;,&nbsp; <em>L&rsquo;invention du quotidien 1. Arts de faire</em>,&nbsp; &eacute;d. &eacute;tablie et pr&eacute;sent&eacute;e par Luce Giard, Paris, Gallimard (Folio Essais),1990, p. XLIX.</p> <p class="MsoFootnoteText">&nbsp;</p> http://salondouble.contemporain.info/lecture/anatomie-de-linhabitable#comments DE CERTEAU, Michel DESROCHERS, Jean-Simon Dystopie FOUCAULT, Michel Québec Utopie/dystopie VANIER, Denis Roman Tue, 16 Feb 2010 15:14:35 +0000 Marie-Hélène Voyer 213 at http://salondouble.contemporain.info