Salon double - AUSTER, Paul http://salondouble.contemporain.info/taxonomy/term/498/0 fr De l’exploration à l’obsession http://salondouble.contemporain.info/lecture/de-l-exploration-a-l-obsession <div class="field field-type-nodereference field-field-auteurs"> <div class="field-items"> <div class="field-item odd"> <a href="/equipe/brousseau-simon">Brousseau, Simon</a> </div> </div> </div> <div class="field field-type-nodereference field-field-biblio"> <div class="field-items"> <div class="field-item odd"> <a href="/biblio/explorateurs-de-l-abime">Explorateurs de l’abîme</a> </div> </div> </div> <!--break--><!--break--><p align="justify" class="rteindent1"><em><span style="color: rgb(128, 128, 128);">Walter Benjamin disait que, de nos jours, la seule &oelig;uvre vraiment dot&eacute;e de sens &ndash; de sens critique &eacute;galement &ndash; devrait &ecirc;tre un collage de citations, de fragments, d&rsquo;&eacute;chos d&rsquo;autres &oelig;uvres. &Agrave; ce collage, j&rsquo;ai ajout&eacute;, au moment voulu, des phrases et des id&eacute;es relativement miennes et je me suis peu &agrave; peu construit un monde autonome, paradoxalement tr&egrave;s li&eacute; aux &eacute;chos d&rsquo;autres &oelig;uvres</span></em><span style="color: rgb(128, 128, 128);"><a href="#note1a">[1]</a></span><em><span style="color: rgb(128, 128, 128);">. </span></em></p> <p></p> <p align="justify">Les obs&eacute;d&eacute;s sont des &ecirc;tres fascinants, peut-&ecirc;tre parce qu&rsquo;ils savent accorder aux d&eacute;tails l&rsquo;attention d&eacute;mesur&eacute;e qu&rsquo;ils m&eacute;ritent. L&rsquo;&eacute;crivain barcelonais Enrique Vila-Matas questionne par l&rsquo;&eacute;criture depuis plus de trente ans ses obsessions litt&eacute;raires, imitant en cela les errances des habitants de la Biblioth&egrave;que de Babel, cet univers tout fait de livres. Les &eacute;crits de Vila-Matas ont ceci de particulier qu&rsquo;ils se construisent en puisant librement dans le vaste bassin de litt&eacute;rature qui les pr&eacute;c&egrave;de, faisant admirablement &eacute;cho &agrave; cette pens&eacute;e de Walter Benjamin qui veut que la citation soit la condition <em>sin qua non</em> de la cr&eacute;ation au tournant de la modernit&eacute;. Beaucoup plus pr&egrave;s de nous, William Marx fait un constat qu&rsquo;il faut entendre en gardant en t&ecirc;te l&rsquo;id&eacute;e de Benjamin lorsqu&rsquo;il parle, dans <em>L&rsquo;adieu &agrave; la litt&eacute;rature. Histoire d&rsquo;une d&eacute;valorisation. XVIII-XXe</em><a href="#note2a">[2]</a>, de cette impression qu&rsquo;auraient les &eacute;crivains contemporains &laquo;[...] d&rsquo;&ecirc;tre venu trop tard dans un monde o&ugrave; tout avait &eacute;t&eacute; &eacute;crit, et trop bien. [...] [&eacute;tant habit&eacute;s par] un sentiment tr&egrave;s conscient d&rsquo;apr&egrave;s-litt&eacute;rature.&raquo; (p. 25)&nbsp; C&rsquo;est en restant pr&egrave;s de ce regard critique sur la litt&eacute;rature contemporaine que j&rsquo;aimerais aborder le recueil <em>Explorateurs de l&rsquo;ab&icirc;me</em>, puisqu&rsquo;il me semble clair qu&rsquo;il s&rsquo;agit l&agrave; d&rsquo;un enjeu fondamental de l&rsquo;&eacute;criture vila-matienne. J&rsquo;aimerais montrer que ce &laquo;sentiment tr&egrave;s conscient d&rsquo;apr&egrave;s-litt&eacute;rature&raquo;, loin d&rsquo;emp&ecirc;cher l&rsquo;&eacute;criture, devient au contraire le moteur de la fiction qui se construit en dialoguant avec l&rsquo;Histoire litt&eacute;raire. Le deuxi&egrave;me texte du recueil, <em>Autre conte hassidique</em>, est important &agrave; cet &eacute;gard. Il s&rsquo;agit de la reproduction int&eacute;grale d&rsquo;un court texte de Franz Kafka intitul&eacute; <em>Le d&eacute;part</em>. &Agrave; la fin de celui-ci, un homme questionne le narrateur :<span style="color: rgb(128, 128, 128);"><br /> </span></p> <p align="justify" class="rteindent1"><span style="color: rgb(128, 128, 128);">&mdash;&nbsp;&nbsp; &nbsp;Tu connais donc ton but ? dit cet homme.<br /> &mdash;&nbsp;&nbsp; &nbsp;Oui, r&eacute;pliquai-je, puisque je te l&rsquo;ai dit ; loin d&rsquo;ici, voil&agrave; mon but. (EA, p. 19)</span></p> <p align="justify">Il s&rsquo;agit ici de suivre Vila-Matas, explorateur qui marche lui-m&ecirc;me dans les traces de Kafka, en esp&eacute;rant pourvoir jeter un peu de lumi&egrave;re sur ce <em>loin d&rsquo;ici</em> et la signification particuli&egrave;re que l&rsquo;&eacute;crivain lui donne, faisant de cet <em>ailleurs</em> un espace d&rsquo;explorations litt&eacute;raires.</p> <p align="justify">Le recueil, qui contient dix-neuf textes, est revendiqu&eacute; par le narrateur de la premi&egrave;re nouvelle qui est intitul&eacute;e &laquo;Caf&eacute; Kubista&raquo;. Celui-ci donne le ton d&egrave;s les premi&egrave;res pages en partageant avec le lecteur sa conception de la litt&eacute;rature. Ces commentaires sont importants dans la mesure o&ugrave; ils font &eacute;cho &agrave; l&rsquo;ensemble des textes du recueil, lui assurant une certaine coh&eacute;rence th&eacute;matique :</p> <p align="justify" class="rteindent1"><span style="color: rgb(128, 128, 128);"> Je pense qu&rsquo;un livre na&icirc;t d&rsquo;une insatisfaction, d&rsquo;un vide, dont les p&eacute;rim&egrave;tres se r&eacute;v&egrave;lent au cours et &agrave; la fin du travail. L&rsquo;&eacute;crire, c&rsquo;est s&ucirc;rement remplir ce vide. Dans le livre que j&rsquo;ai termin&eacute; hier, tous les personnages finissent par &ecirc;tre des explorateurs de l&rsquo;ab&icirc;me ou plut&ocirc;t de son contenu. Ils enqu&ecirc;tent sur le n&eacute;ant et n&rsquo;arr&ecirc;tent que lorsqu&rsquo;ils tombent sur l&rsquo;un de ses &eacute;ventuels contenus, car il leur d&eacute;plairait sans doute d&rsquo;&ecirc;tre confondus avec des nihilistes. (EA, p. 9)</span></p> <p align="justify">Voil&agrave; qui est intriguant et qui m&eacute;rite r&eacute;flexion. Quel est ce vide, cette insatisfaction qui a rendu n&eacute;cessaire l&rsquo;&eacute;criture du livre que nous avons entre les mains ? Il y a certainement une tension, chez Vila-Matas, entre le monde r&eacute;el et celui des livres, ces derniers occupant toujours une place plus importante que le premier dans la construction du discours. C&rsquo;est-&agrave;-dire que cet &eacute;crivain r&eacute;pugne &agrave; parler du monde r&eacute;el, celui de ses contemporains qui, r&eacute;ciproquement, vivent comme si la litt&eacute;rature n&rsquo;existait pas. On voit ainsi se profiler chez lui une position esth&eacute;tique lourde de sens : l&rsquo;utilisation massive de la citation, le discours qui se nourrit presque exclusivement de litt&eacute;rature est un proc&eacute;d&eacute; discursif tout teint&eacute; d&rsquo;une id&eacute;ologie de la r&eacute;sistance. Si le monde ne veut plus de la litt&eacute;rature, nous dit Vila-Matas, et bien ma litt&eacute;rature ne veut pas davantage du monde.</p> <p align="justify">Cette tension est d&rsquo;ailleurs &eacute;voqu&eacute;e dans la nouvelle &laquo; Sang et eau &raquo; qui se situe au d&eacute;but du recueil. Avec ironie, le narrateur raconte les difficult&eacute;s auxquelles il s&rsquo;est but&eacute; lors de l&rsquo;&eacute;criture du livre :</p> <p align="justify" class="rteindent1"><span style="color: rgb(128, 128, 128);"> Le tension la plus forte &eacute;tait provoqu&eacute;e par le dur effort &agrave; fournir pour raconter des histoires de personnes normales tout en luttant contre ma tendance &agrave; m&rsquo;amuser avec des textes m&eacute;talitt&eacute;raires : en d&eacute;finitive, il me fallait faire un gros effort pour raconter des histoires de la vie quotidienne avec mon sang et mon foie, comme l&rsquo;avaient exig&eacute; de moi mes contempteurs qui m&rsquo;avaient reproch&eacute; des exc&egrave;s m&eacute;talitt&eacute;raires et une &ldquo;absence absolue de sang, de vie, de r&eacute;alit&eacute;, d&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t pour l&rsquo;existence normale des gens normaux.&rdquo; (EA, p. 33)</span></p> <p align="justify">Si, dans ce passage, le personnage &eacute;crivain affirme sa volont&eacute; d&rsquo;&eacute;crire &agrave; propos de l&rsquo;existence normale des gens normaux, on se rend rapidement compte de la port&eacute;e ironique de ces propos. Tout se passe comme si l&rsquo;auteur voulait candidement satisfaire les attentes de ses critiques, mais le fait est qu&rsquo;il s&rsquo;agit au contraire, nous le verrons, de d&eacute;tourner ces attentes afin d&rsquo;explorer d&rsquo;autres avenues. Il est vrai que l&rsquo;on constate dans les <em>Explorateurs de l&rsquo;ab&icirc;me</em> un certain d&eacute;calage par rapport aux oeuvres ant&eacute;rieures de l&rsquo;auteur, dans la mesure o&ugrave; s&rsquo;y trouvent des nouvelles qui d&eacute;bordent du cadre strictement litt&eacute;raire auquel Vila-Matas nous a habitu&eacute;s. Cependant, c&rsquo;est &eacute;galement dans ces nouvelles qu&rsquo;on peut remarquer, non sans plaisir, l&rsquo;ampleur de l&rsquo;obsession litt&eacute;raire qui structure son &eacute;criture. C&rsquo;est-&agrave;-dire que cette volont&eacute; de raconter des histoires dont nous parle le narrateur n&rsquo;&eacute;chappe pas &agrave; son obsession litt&eacute;raire qui, comme un aimant, ram&egrave;ne les intrigues vers elle. La tentation d&rsquo;une &eacute;criture r&eacute;aliste du quotidien est &eacute;touff&eacute;e par les obsessions litt&eacute;raires.&nbsp; La nouvelle &laquo;Nino&raquo;, qui met en sc&egrave;ne un p&egrave;re cruel souhaitant la mort de son fils, est en ce sens exemplaire. On apprend d&rsquo;abord que Nino est un fils insupportable, notamment parce qu&rsquo;il a rejet&eacute; du revers de la main le souhait de son p&egrave;re qui voulait le faire architecte. En fait, Nino est un explorateur de l&rsquo;ab&icirc;me, un mystique qui recherche de par le monde ce qu&rsquo;il nomme <em>la v&eacute;rit&eacute;</em>. Il r&eacute;ussit &agrave; convaincre son p&egrave;re de gravir le volcan de Licancabur, situ&eacute; &agrave; la fronti&egrave;re entre le Chili et la Bolivie, parce qu&rsquo;il croit que c&rsquo;est dans le lac qui se trouve &agrave; son sommet qu&rsquo;il trouvera <em>la v&eacute;rit&eacute;</em>. &laquo;Nous d&eacute;couvrirons la v&eacute;rit&eacute; de l&rsquo;au-del&agrave;, me disait-il.&raquo; (EA, p. 48) Un peu plus tard, et c&rsquo;est ce qui m&rsquo;int&eacute;resse ici, cette qu&ecirc;te de v&eacute;rit&eacute; d&rsquo;abord d&eacute;&ccedil;ue le m&egrave;nera &agrave; s&rsquo;engager dans une aventure toute litt&eacute;raire, celle d&rsquo;explorer la for&ecirc;t amazonienne afin de suivre les traces de William S. Burroughs qui y a consomm&eacute; le Yag&eacute; afin de communiquer avec<em> le Grand &Ecirc;tre</em> :</p> <p align="justify" class="rteindent1"><span style="color: rgb(128, 128, 128);">[...] j&rsquo;ai enti&egrave;rement financ&eacute; son voyage dans la for&ecirc;t amazonienne de Colombie et du P&eacute;rou sur les traces de William S. Burroughs du temps o&ugrave; celui-ci cherchait &agrave; faire des exp&eacute;riences avec le Yag&eacute; ou l&rsquo;ayahuasca, une plante aux propri&eacute;t&eacute;s hallucinog&egrave;nes et t&eacute;l&eacute;pathiques mythiques permettant &ldquo;de se connecter aux rayons de pr&eacute;sences spectrales de nos morts et de commencer &agrave; voir ou &agrave; sentir ce qui, nous semble-t-il, pourrait &ecirc;tre le Grand &Ecirc;tre, quelque chose qui s&rsquo;approche de nous comme un grand vagin mouill&eacute; ou un grand trou noir divin &agrave; travers lequel nous nous penchons de fa&ccedil;on tr&egrave;s r&eacute;elle sur un myst&egrave;re arrivant jusqu&rsquo;&agrave; nous envelopp&eacute; dans des serpents de couleurs. (EA, p. 55)</span></p> <p align="justify">On voit dans ce passage &agrave; quel point la qu&ecirc;te de sens des explorateurs de l&rsquo;ab&icirc;me qui peuplent le recueil va toujours de pair avec l&rsquo;obsession litt&eacute;raire. Si bien qu&rsquo;&agrave; la lecture, ce qui appara&icirc;t important dans la d&eacute;marche de Nino n&rsquo;est pas tant l&rsquo;envie de consommer le Yag&eacute; que de marcher dans ce chemin ouvert par William Burroughs. Et les chemins emprunt&eacute;s par les autres explorateurs du recueil ne sont pas diff&eacute;rents. Si ceux-ci rejettent l&rsquo;existence des gens normaux, c&rsquo;est toujours au profit d&rsquo;une existence engag&eacute;e dans les avenues de la litt&eacute;rature et des arts. Le narrateur de la nouvelle &laquo;Vie de po&egrave;te&raquo; ne fait-il pas l&rsquo;&eacute;loge de cet oncle qui, dans sa jeunesse, lui a transmis la pr&eacute;cieuse pens&eacute;e de Rilke, donnant ainsi un sens &agrave; son existence qui, jusque-l&agrave;, en &eacute;tait d&eacute;pourvue ? &laquo;Les oeuvres d&rsquo;art, rares, donnent un contenu intellectuel au vide.&raquo; (EA, p. 214) De fait, ce livre de Vila-Matas m&rsquo;appara&icirc;t important dans la r&eacute;ponse en creux qu&rsquo;il donne &agrave; ces critiques qui reprochent &agrave; ses textes l&rsquo;absence de sang et de vie qu&rsquo;ils y remarquent. Les explorateurs de l&rsquo;ab&icirc;me, par leur existence en marge des trivialit&eacute;s quotidiennes, montrent bien que la fiction vila-matienne s&rsquo;organise autour de l&rsquo;id&eacute;e qu&rsquo;il est possible de trouver dans la litt&eacute;rature une certaine forme de vie sup&eacute;rieure &agrave; <em>la vraie vie</em>. Dans une nouvelle marquante intitul&eacute;e &laquo;Parce qu&rsquo;elle ne l&rsquo;a pas demand&eacute;&raquo;, le narrateur met en sc&egrave;ne sa relation avec l&rsquo;artiste fran&ccedil;aise Sophie Calle, c&eacute;l&egrave;bre pour ses romans muraux et pour ses tendances &agrave; m&ecirc;ler la r&eacute;alit&eacute; &agrave; la fiction<a href="#note3a">[3]</a>. Il affirmera lors d&rsquo;une discussion avec celle-ci une opinion qui, je crois, montre bien la hi&eacute;rarchie que Vila-Matas &eacute;tablit entre la vie et ses repr&eacute;sentations litt&eacute;raires : &laquo; [j]e lui ai simplement dit que, pour moi, la litt&eacute;rature serait toujours plus int&eacute;ressante que la fameuse vie. D&rsquo;abord parce que c&rsquo;est une activit&eacute; beaucoup plus &eacute;l&eacute;gante, ensuite parce qu&rsquo;elle m&rsquo;avait toujours sembl&eacute; une exp&eacute;rience plus intense. &raquo; (EA, p. 286)</p> <p align="justify">De fait, c&rsquo;est &agrave; une exp&eacute;rience litt&eacute;raire des plus intenses que Vila-Matas nous convie avec ses <em>Explorateurs de l&rsquo;ab&icirc;me</em>. On le comprend mieux, le <em>loin d&rsquo;ici</em> kafka&iuml;en agit sur la logique du recueil comme une invitation &agrave; explorer la litt&eacute;rature et ses ab&icirc;mes, loin du r&eacute;alisme qui aurait fait la joie des critiques mentionn&eacute;s au d&eacute;but du recueil. Il semble que la po&eacute;tique vila-matienne d&eacute;coule directement de ce sentiment que &laquo;tout a &eacute;t&eacute; &eacute;crit, et trop bien&raquo; &eacute;voqu&eacute; par William Marx. Si tous les sujets ont &eacute;t&eacute; &eacute;puis&eacute;s par la litt&eacute;rature, il ne reste plus qu&rsquo;&agrave; parler de cette derni&egrave;re<a href="#note4a">[4]</a>. Il s&rsquo;agit pour nous d&rsquo;accepter humblement cette mise &agrave; mal du r&eacute;alisme et de <em>la fameuse vie</em> afin de pouvoir, le temps d&rsquo;un livre, s&rsquo;ab&icirc;mer dans le sens vertigineux de la Lettre. </p> <p><a name="note1a" href="#note1">1</a> Enrique Vila-Matas, <em>Le mal de Montano</em>, Paris, Christian Bourgois &Eacute;diteur (Coll. Domaine &eacute;tranger), 2003, p. 151. [Traduit de l&rsquo;espagnol par Andr&eacute; Gabastou.]<br /> <a name="note2a" href="#note2">2</a> William Marx, <em>L&rsquo;adieu &agrave; la litt&eacute;rature. Histoire d&rsquo;une d&eacute;valorisation. XVIIIe-XXe.</em>, Paris, Les &Eacute;ditions de Minuit, 2005, 232 p.<br /> <a name="note3a" href="#note3">3</a> On apprend notamment dans Double-jeux que Sophie Calle a propos&eacute; &agrave; Paul Auster d&rsquo;&eacute;crire un texte de fiction qu&rsquo;elle pourrait ensuite vivre durant un an comme s&rsquo;il s&rsquo;agissait d&rsquo;une prescription : &laquo;Puisque, dans L&eacute;viathan, Paul Auster m&rsquo;a prise comme sujet, j&rsquo;ai imagin&eacute; d&rsquo;inverser les r&ocirc;les, en le prenant comme auteur de mes actes. Je lui ai demand&eacute; d&rsquo;inventer un personnage de fiction auquel je m&rsquo;efforcerais de ressembler : j&rsquo;ai en quelque sorte offert &agrave; Paul Auster de faire de moi ce qu&rsquo;il voulait et ce, pendant une p&eacute;riode d&rsquo;un an maximum. Il objecta qu&rsquo;il ne souhaitait pas assumer la responsabilit&eacute; de ce qui pourrait advenir alors que j&rsquo;ob&eacute;irais au sc&eacute;nario qu&rsquo;il avait cr&eacute;&eacute; pour moi.&raquo; (DJ, p. 3)&nbsp;Pour en savoir davantage &agrave; ce sujet, consulter : Sophie Calle, <em>Doubles-jeux (livre 1). De l&rsquo;ob&eacute;issance</em>, Paris, Actes Sud, 1998.<br /> <a name="note4a" href="#note4">4</a> Il faut noter que le silence litt&eacute;raire est un th&egrave;me majeur chez Vila-Matas. <em>Bartleby et compagnie</em> est un livre consacr&eacute; aux &eacute;crivains qui ont v&eacute;cu, &agrave; un moment ou l&rsquo;autre de leur carri&egrave;re litt&eacute;raire, un silence plus ou moins prolong&eacute;. De la m&ecirc;me mani&egrave;re, <em>Docteur Pasavento</em> est l&rsquo;histoire d&rsquo;un &eacute;crivain habit&eacute; par une forte volont&eacute; de dispara&icirc;tre et qui s&rsquo;efforce &agrave; vivre &agrave; la mani&egrave;re Robert Walser.<br /> &nbsp;</p> http://salondouble.contemporain.info/lecture/de-l-exploration-a-l-obsession#comments AUSTER, Paul CALLE, Sophie Espagne Fiction Filiation Intertextualité MARX, William Obsession Représentation VILA-MATAS, Enrique Nouvelles Thu, 05 Mar 2009 16:25:00 +0000 Simon Brousseau 73 at http://salondouble.contemporain.info