Salon double - HAMEL, Jean-François http://salondouble.contemporain.info/taxonomy/term/514/0 fr L’écume du contemporain http://salondouble.contemporain.info/antichambre/l-ecume-du-contemporain <div class="field field-type-nodereference field-field-auteurs"> <div class="field-items"> <div class="field-item odd"> <a href="/equipe/gervais-bertrand">Gervais, Bertrand</a> </div> </div> </div> <div class="field field-type-text field-field-soustitre"> <div class="field-items"> <div class="field-item odd"> Réflexions sur le contemporain III </div> </div> </div> <!--break--><!--break--><p></p> <p class="MsoNormal" style="line-height: 150%;"><span lang="FR" style="">Le contemporain est un objet difficile &agrave; cerner. <o:p></o:p></span></p> <p>Ce n&rsquo;est pas un territoire, simple &agrave; circonscrire et &agrave; baliser, c&rsquo;est un temps, et plus pr&eacute;cis&eacute;ment le temps pr&eacute;sent. Or, le pr&eacute;sent, notre pr&eacute;sent, n&rsquo;est pas un temps homog&egrave;ne; il est fait de temporalit&eacute;s diff&eacute;rentes, de tensions multiples et de vecteurs pluriels. Pour Paul Zawadzki, &laquo;Les temps sociaux se structurent dans la multiplicit&eacute;, l&rsquo;h&eacute;t&eacute;rog&eacute;n&eacute;it&eacute; et la conflictualit&eacute;<a name="note1" href="#note1a">[1]</a>&raquo;. Et il a raison d&rsquo;affirmer que Chronos obs&egrave;de notre &eacute;poque. Nous ne sommes pas seulement dans le temps, nous sommes fascin&eacute;s par le temps et sa perception, par notre place dans le temps, par la place de notre temps dans l&rsquo;histoire humaine, par le jeu des temps qui se croisent et s&rsquo;interp&eacute;n&egrave;trent.</p> <p>Pour Jean-Fran&ccedil;ois Hamel, il est &eacute;vident que &laquo;&nbsp;Dans une m&ecirc;me &eacute;poque, tout n&rsquo;est pas imm&eacute;diatement pr&eacute;sent, il y a toujours aussi des fragments de pass&eacute; et d&rsquo;avenir qui coexistent et s&rsquo;amalgament dans des configurations toujours nouvelles. On est contemporain d&rsquo;une chose quand on est avec cette chose dans le m&ecirc;me temps, mais ce temps n&rsquo;est pas seulement le pr&eacute;sent&nbsp;: c&rsquo;est aussi un certain pass&eacute; et un certain avenir. On peut &ecirc;tre contemporain de ce qui a &eacute;t&eacute; et de ce qui sera en m&ecirc;me temps que contemporain de ce qui est. &Agrave; vrai dire, une &eacute;poque n&rsquo;est pas une r&eacute;alit&eacute; homog&egrave;ne&nbsp;: c&rsquo;est un rassemblement de fragments temporels h&eacute;t&eacute;rog&egrave;nes qui parfois s&rsquo;accordent de mani&egrave;re organique, parfois provoquent des anachronismes<a name="note2" href="#note2a">[2]</a>&raquo;.</p> <p>Notre relation au temps est faite d&rsquo;une n&eacute;gociation complexe, o&ugrave; ce que l&rsquo;on gagne d&rsquo;un c&ocirc;t&eacute;, on le perd syst&eacute;matiquement de l&rsquo;autre.<span lang="FR" style=""> Parfois, le pass&eacute; semble se faire de plus en plus lointain, et c&rsquo;est le futur qui pousse de tout son poids sur le pr&eacute;sent, orientant son d&eacute;veloppement. Les progr&egrave;s technologiques nous incitent &agrave; r&ecirc;ver de jours meilleurs, o&ugrave; tout sera r&eacute;solu, m&ecirc;me s&rsquo;il y a l&agrave; une utopie, un leurre dangereux. &Agrave; d&rsquo;autres moments, c&rsquo;est le pass&eacute; qui para&icirc;t s&rsquo;&eacute;terniser et qui ne desserre pas ses griffes sur le pr&eacute;sent, neutralisant le futur et l&rsquo;&eacute;loignant comme une aube impossible &agrave; rejoindre. La tradition fige les institutions et projette un monde qui ne parvient plus &agrave; se renouveler. Il arrive aussi que le pass&eacute; et l&rsquo;avenir pressent fortement sur le pr&eacute;sent, ou alors se font tous les deux distants et inaccessibles, et le pr&eacute;sent entre dans une crise, o&ugrave; tout para&icirc;t boulonn&eacute;, o&ugrave; les horizons d&rsquo;attente se disloquent. Ce ne sont jamais que des perceptions, fond&eacute;es sur ces rapports imaginaires que nous entretenons avec le r&eacute;el, mais elles teintent la conception de notre propre temps. <br /> <o:p></o:p><br /> </span> D&rsquo;ailleurs, ce pr&eacute;sent, comment le construit-on? De haut en bas ou de bas en haut? Cette r&eacute;alit&eacute; qu&rsquo;est notre pr&eacute;sent se d&eacute;ploie-t-elle &agrave; partir de principes que les &eacute;v&eacute;nements du monde rendent manifestes, ou est-ce plut&ocirc;t que les &eacute;v&eacute;nements par le jeu des contingences cr&eacute;ent notre r&eacute;alit&eacute;&nbsp;? Celle-ci d&eacute;coule-t-elle d&rsquo;une vision du monde ou se construit-elle &agrave; partir des faits&nbsp;? <br /> <o:p><br /> </o:p> Quel que soit le mod&egrave;le impliqu&eacute;, le pr&eacute;sent se construit n&eacute;cessairement dans la relation du sujet au monde, et l&rsquo;imaginaire en est l&rsquo;interface par excellence. C&rsquo;est une interface extraordinairement complexe o&ugrave; de multiples vecteurs entrent en tension, o&ugrave; les liens entre attention, attente et m&eacute;moire se multiplient, constituant de la sorte un paysage d&rsquo;une grande complexit&eacute;. Le temps y appara&icirc;t soumis &agrave; de multiples situations de rupture, qui requi&egrave;rent des sutures que l&rsquo;imaginaire s&rsquo;empresse de pourvoir. Avant de passer &agrave; la question cruciale de la d&eacute;finition du contemporain comme v&eacute;ritable r&eacute;gime d&rsquo;historicit&eacute; (sujet d&rsquo;une prochaine r&eacute;flexion), il convient d&rsquo;examiner bri&egrave;vement la relation entre le contemporain et le pass&eacute;. <o:p><b><br /> </b></o:p></p> <p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center; line-height: 150%;"><span style="">*<o:p></o:p></span></p> <p>Dans sa <a href="http://salondouble.contemporain.info/antichambre/le-temps-interrompu">r&eacute;flexion sur le contemporain</a>, pr&eacute;sent&eacute;e sur&nbsp;<i style="">Salon double</i>, Ren&eacute; Audet&nbsp;propose que &laquo;<span style="">Le contemporain commence au point de rupture entre historicit&eacute; et actualit&eacute;&raquo;, et que </span><span style="">&nbsp;</span><span style="">&laquo;Le contemporain se situe hors de l'histoire, narrativement parlant&raquo; Arr&ecirc;tons-nous </span>quelque peu sur ces assertions, afin d&rsquo;en bien comprendre les tenants et aboutissants. <span style=""><o:p></o:p></span></p> <p>La premi&egrave;re de ces deux propositions stipule que c&rsquo;est l&rsquo;imm&eacute;diatet&eacute; du moment pr&eacute;sent, son &eacute;tonnant ach&egrave;vement (aussit&ocirc;t commenc&eacute;, aussit&ocirc;t termin&eacute;), de m&ecirc;me que son perp&eacute;tuel inach&egrave;vement (il rena&icirc;t au moment m&ecirc;me o&ugrave; il meurt), qui provoquent la rupture entre historicit&eacute; et actualit&eacute;. C&rsquo;est que l&rsquo;instant pr&eacute;sent est paradoxal&nbsp;: il s&rsquo;ach&egrave;ve dans le mouvement m&ecirc;me de son amorce. Il n&rsquo;a aucune densit&eacute;, c&rsquo;est une ligne verticale qui vient briser la ligne horizontale du temps. La rupture surgit dans la relation entre les deux plans. Mais la question de savoir o&ugrave; &laquo;conduit&raquo; la p&eacute;riode contemporaine est d&eacute;licate (Ren&eacute; Audet compl&egrave;te sa premi&egrave;re pr&eacute;misse en affirmant qu&rsquo;il &laquo;est facile de discuter de la p&eacute;riode contemporaine et de voir o&ugrave; elle conduit &mdash; pour l'instant, elle s'arr&ecirc;te l&agrave;, maintenant, au moment de la lecture de ce texte.&raquo;). Doit-on dire que cette p&eacute;riode conduit au temps pr&eacute;sent ou, au contraire, qu&rsquo;elle en &eacute;mane ou en provient. La fl&egrave;che du temps est-elle dirig&eacute;e vers le temps pr&eacute;sent ou au contraire s&rsquo;en &eacute;loigne-t-elle?</p> <p>Cette premi&egrave;re assertion propose une dynamique pr&eacute;cise &agrave; trois termes&nbsp;: contemporain, histoire et actualit&eacute;, o&ugrave; les deuxi&egrave;me et troisi&egrave;me apparaissent comme des vecteurs en opposition. Le r&eacute;sultat de leur tension est d&rsquo;ailleurs pr&eacute;sent&eacute; comme &eacute;tant le <i style="">contemporain</i>.</p> <p>On remarque d&rsquo;embl&eacute;e le choix des mots de Ren&eacute; Audet. Pour lui, le contemporain ne commence pas au point de <i style="">r&eacute;union</i> de l&rsquo;historicit&eacute; et de l&rsquo;actualit&eacute;, mais de <i style="">rupture</i>. En quoi est-ce une rupture? Pourquoi n&rsquo;est-ce pas une simple jonction, une relation? Poser qu&rsquo;il y a rupture est s&ucirc;rement une fa&ccedil;on d&rsquo;expliciter la tension au c&oelig;ur de la d&eacute;finition m&ecirc;me du contemporain, de ce pr&eacute;sent qui est le n&ocirc;tre et qui ne se d&eacute;ploie pas sans ses zones de relations pr&eacute;caris&eacute;es. Le contemporain est au point de rupture, parce qu&rsquo;il est un temps en crise, un temps o&ugrave; les disjonctions se multiplient. Et c&rsquo;est un temps qui requiert une suture, ce que les repr&eacute;sentations culturelles permettent, ce que l&rsquo;imaginaire comme interface implique.</p> <p>Si l&rsquo;expression utilis&eacute;e avait &eacute;t&eacute; &laquo;&nbsp;jonction&nbsp;&raquo; plut&ocirc;t que &laquo;&nbsp;rupture&nbsp;&raquo;, l&rsquo;assertion de Ren&eacute; Audet aurait pr&eacute;suppos&eacute; que l&rsquo;histoire et l&rsquo;actuel sont faits pour &ecirc;tre joints, qu&rsquo;il y a l&agrave; une relation naturelle, ayant de fortes chances d&rsquo;&ecirc;tre ent&eacute;rin&eacute;e. Or, le choix du terme de rupture nous indique plut&ocirc;t qu&rsquo;il n&rsquo;y a rien de naturel entre les deux termes. Nous ne sommes pas dans une repr&eacute;sentation rassurante du temps, o&ugrave; les jonctions peuvent &ecirc;tre facilement actualis&eacute;es et repr&eacute;sent&eacute;es; nous sommes plut&ocirc;t confront&eacute;s &agrave; une conception vectorielle, o&ugrave; les relations entre pass&eacute; et futur cr&eacute;ent une tension.</p> <p>Par contre, s&rsquo;il n&rsquo;y a pas de jonction, la rupture n&rsquo;est pas non plus une pure b&eacute;ance. Le contemporain n&rsquo;est pas une masse de donn&eacute;es, d&rsquo;&eacute;v&eacute;nements et de situations &agrave; l&rsquo;&eacute;tat brut ou qui r&eacute;sistent &agrave; tout traitement. Pour exister, le contemporain se doit d&rsquo;&ecirc;tre s&eacute;miotis&eacute; par un sujet ou une communaut&eacute; interpr&eacute;tative, il se doit d&rsquo;&ecirc;tre int&eacute;gr&eacute; &agrave; un processus de description et de compr&eacute;hension. S&rsquo;il y a ruptures, &eacute;v&eacute;nements, modifications du cours des choses, ces faits doivent &ecirc;tre objets de perception, ils doivent &ecirc;tre interpr&eacute;t&eacute;s et soumis &agrave; un jeu d&rsquo;interpr&eacute;tants qui leur donnent sens et fonction. De cette fa&ccedil;on, la pr&eacute;misse de Ren&eacute; Audet peut &ecirc;tre reformul&eacute;e :&nbsp;<span style="">le contemporain commence au point de suture entre historicit&eacute; et actualit&eacute;. &nbsp;Et cette suture </span>est n&eacute;cessairement orient&eacute;e vers l&rsquo;un ou l&rsquo;autre des bornes du temps pr&eacute;sent, &agrave; savoir le pass&eacute; ou le futur.</p> <p>Il manque, on le voit maintenant, un terme &agrave; l&rsquo;assertion de Ren&eacute; Audet. Il n&rsquo;y est question que du pass&eacute; par le biais de l&rsquo;historicit&eacute;. Or, l&rsquo;actualit&eacute; du temps pr&eacute;sent ne peut &ecirc;tre appr&eacute;hend&eacute;e qu&rsquo;en fonction de ses deux bornes, l&rsquo;histoire ou le pass&eacute;, l&rsquo;avenir ou le futur. Il en va de notre fa&ccedil;on de comprendre comment nous construisons notre r&eacute;alit&eacute;. <span lang="FR" style="">Celle-ci d&eacute;coule-t-elle d&rsquo;une vision du monde, h&eacute;rit&eacute;e du pass&eacute;, ou se construit-elle &agrave; partir des faits qui t&eacute;moignent d&rsquo;une nouvelle situation?</span></p> <p> De la m&ecirc;me fa&ccedil;on, si<span style=""> &laquo;le contemporain se situe hors de l'histoire, narrativement parlant&raquo;, il se d&eacute;ploie tout de m&ecirc;me &agrave; la jonction du pass&eacute; et de l&rsquo;avenir, et il se manifeste par le biais d&rsquo;une mise en r&eacute;cit ou en discours. Il ne peut y avoir de contemporain sans une s&eacute;miotisation des donn&eacute;es du temps pr&eacute;sent, sans une construction de cette r&eacute;alit&eacute; qui nous sert d&rsquo;interface avec le monde. Il est essentiellement un objet de pens&eacute;e et, par la force des choses, il engage &agrave; une interpr&eacute;tation et &agrave; une projection. Il est un produit, le r&eacute;sultat du jeu d&rsquo;un ensemble de forces et de tensions. Le contemporain est, en tant que construction, ce qui permet de rattacher le pr&eacute;sent au pass&eacute;, maillon d&rsquo;une cha&icirc;ne qui se continue jusque dans l&rsquo;avenir.<span style="">&nbsp; </span>S&rsquo;il est hors de l&rsquo;histoire, il cherche pourtant &agrave; la r&eacute;int&eacute;grer, &agrave; en faire partie. Les productions culturelles actuelles permettent de donner &agrave; ce contemporain une identit&eacute;. Elles participent de son imaginaire, elles en sont une manifestation.<b style=""><o:p></o:p></b></span><b><br /> </b></p> <p align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center; line-height: 150%;"><span style="">*<o:p></o:p></span><span style=""><o:p>&nbsp;</o:p></span></p> <p>Le contemporain est l&rsquo;&eacute;cume de l&rsquo;actualit&eacute;. <br /> <o:p><br /> </o:p> Plus qu&rsquo;&agrave; Boris Vian, l&rsquo;expression fait r&eacute;f&eacute;rence &agrave; la figure que d&eacute;ploie<b style=""> </b>Peter Sloterdijk dans le troisi&egrave;me tome de ses sph&egrave;res, <i>&Eacute;cumes</i><a name="note3" href="#note3a">[3]</a>. L&rsquo;&eacute;cume, &laquo;cette liaison &eacute;ph&eacute;m&egrave;re de gaz et de liquides&raquo; (p. 24), lui permet de penser la complexit&eacute;, car chacune des bulles de l&rsquo;&eacute;cume, chacune des sph&egrave;res g&eacute;n&eacute;r&eacute;es par le m&eacute;lange de mol&eacute;cules liquides et gazeuses, repr&eacute;sente un &eacute;quilibre instable et &eacute;ph&eacute;m&egrave;re. L&rsquo;&eacute;cume, c&rsquo;est &laquo;presque rien, et pourtant&nbsp;: pas rien. Un quelque chose, et cependant&nbsp;: seulement un tissu form&eacute; d&rsquo;espaces creux et de parois tr&egrave;s subtiles. Une donn&eacute;e r&eacute;elle et pourtant&nbsp;: une entit&eacute; qui redoute le contact, qui s&rsquo;abandonne et &eacute;clate &agrave; la moindre tentative de s&rsquo;en emparer. C&rsquo;est l&rsquo;&eacute;cume telle qu&rsquo;elle se montre dans l&rsquo;exp&eacute;rience quotidienne.&raquo; (p. 23)</p> <p>Le contemporain est une telle &eacute;cume g&eacute;n&eacute;r&eacute;e par la rencontre du pr&eacute;sent et de ses temps limitrophes. Il est produit par l&rsquo;union de l&rsquo;actuel, cette masse fluide dont les vagues nous emportent sans coup f&eacute;rir, et de cet &eacute;tonnant m&eacute;lange de potentialit&eacute;s que repr&eacute;sente le futur et de r&eacute;manences d&rsquo;un pass&eacute; qui s&rsquo;accroche encore. Il est difficile &agrave; manipuler, parce que &eacute;ph&eacute;m&egrave;re, n&rsquo;existant r&eacute;ellement que le temps que dure le pr&eacute;sent.</p> <p>Le contemporain, comme l&rsquo;&eacute;cume, n&rsquo;existe par contre que s&rsquo;il y a vie, c&rsquo;est-&agrave;-dire dynamisme, agitation, mouvement, r&eacute;action, forces contradictoires&hellip; &laquo;&nbsp;D&egrave;s que cesse l&rsquo;agitation du m&eacute;lange, celle qui assure l&rsquo;acheminement d&rsquo;air dans le liquide, la majest&eacute; de l&rsquo;&eacute;cume retombe rapidement sur elle-m&ecirc;me.&nbsp;&raquo; (p. 24) Le contemporain ne s&rsquo;impose &agrave; notre esprit que parce que l&rsquo;agitation du temps pr&eacute;sent en commande la saisie.</p> <p>L&rsquo;&eacute;cume a trop souvent servi de &laquo;m&eacute;taphore &agrave; l&rsquo;inessentiel et &agrave; l&lsquo;intenable. [&hellip;] &Ccedil;a enfle, &ccedil;a fermente, &ccedil;a tremble, &ccedil;a explose. Que reste-t-il?&raquo; (p. 24) Pourtant, le contemporain le dit bien&nbsp;: l&rsquo;&eacute;cume est le signe de l&rsquo;agitation du monde, le r&eacute;sultat des m&eacute;langes et des tensions qui fondent notre r&eacute;alit&eacute;. L&rsquo;&eacute;cume est un langage et il parle des forces qui en provoquent l&rsquo;apparition. Essayer d&rsquo;en rendre compte ne peut proc&eacute;der que par un &laquo;proc&eacute;d&eacute; global d&rsquo;admission du fortuit, du momentan&eacute;, du vague, de l&rsquo;&eacute;ph&eacute;m&egrave;re et de l&rsquo;atmosph&eacute;rique &ndash;&nbsp;un proc&eacute;d&eacute; auquel participe les arts, les th&eacute;ories et les formes de vie, chacun avec ses propres types d&rsquo;engagement.&raquo; (p. 30) En rendre compte ne peut proc&eacute;der que par une th&eacute;orisation de l&rsquo;imaginaire qui seul permet de consid&eacute;rer le rapport au monde comme une interface, et les diverses production culturelles comme des manifestations de son action n&eacute;cessairement polymorphe.</p> <p>Le contemporain est un pr&eacute;cipit&eacute;. D&rsquo;o&ugrave; peut-&ecirc;tre l&rsquo;illusion que notre modernit&eacute; s&rsquo;y pr&eacute;cipite, fascin&eacute;e par sa propre image.</p> <p><a name="note1a" href="#note1">1</a>&nbsp;<span lang="FR">Paul&nbsp;</span>Zawadzki,&nbsp;&laquo;&nbsp;Les &eacute;quivoques du pr&eacute;sentisme&nbsp;&raquo;,&nbsp;<i>Esprit</i>, juin 2008, p. 114.<br /> <a name="note2a" href="#note2">2</a> Tir&eacute; d'un texte pour le&nbsp;s&eacute;minaire &laquo;&nbsp;Construction du contemporain&nbsp;&raquo;, UQAM, automne 2006.<br /> <a name="note3a" href="#note3">3</a> Peter&nbsp;Sloterdijk, <em>&Eacute;cumes</em>,&nbsp;Paris, Hachette, 2005, [2003]. </p> http://salondouble.contemporain.info/antichambre/l-ecume-du-contemporain#comments AUDET, René Contemporain HAMEL, Jean-François Philosophie SLOTERDIJK, Peter Temps ZAWADZKI, Paul Écrits théoriques Mon, 14 Sep 2009 12:51:55 +0000 Bertrand Gervais 158 at http://salondouble.contemporain.info