Youtube Theory
L´univers vertigineux et virtuellement infini de YouTube, dont le Big Bang remonte à février 2005, est désormais un des faits de civilisation majeurs de ce début de millénaire. Avec 60 heures de nouvelles vidéos publiées chaque minute et huit cent milliards de visiteurs uniques par mois (qui y passent en moyenne quinze minutes par jour), il constitue le troisième site le plus visité d´Internet, après Google et Facebook.
Héritière tout à la fois du vidéoclip, des home movies et du spot publicitaire qu´elle intègre en une synthèse protéiforme, l´esthétique du clip YouTube installe un rythme boulimique de consommation qui redéfinit notre rapport au récit et à l'image, ingurgités tous deux en des temps record avant d´être substitués par des nouveaux contenus surgis des multiples fenêtres qui entourent, tentatrices, toute capsule publiée dans le site.
Véritable invitation à la dérive labyrinthique dans une digression illimitée sous le signe de la surprise et la défamiliarisation permanentes, la mosaïque YouTube plonge le spectateur dans un polycentrisme nouveau où il est désormais le centre ex-centré de sa propre perception. C´est là où ce site hypermédiatique, qui est en passe de devenir une Gestalt à part entière, montre de façon éclatante tout ce qui le distingue des projets épistémologiques du passé.
Or, malgré l´importance cruciale de ce nouveau territoire culturel YouTube reste une véritable terra incognita dans les études académiques. C´est donc à l´émergence d´une véritable branche de médiologie culturaliste que la « YouTube Theory » voudrait modestement appeler".