Synopsis:
Au Cameroun, plusieurs personnes coupables de malversations financières font établir par leurs proches un faux certificat attestant de leur mort. C'est le cas de Daniel Aléga, coupable de détournements de deniers publics, qui mène incognito une vie baignée de luxe et de femmes, sous le faux nom grec de Akinopoulos, jusqu'à ce qu'on lui révèle que les fins limiers de la police ont retrouvé sa trace. À partir de ce moment, le sexagénaire milliardaire perd le sommeil pendant cinq jours. Avec cette perte de sommeil, Akinopoulos-Aléga perd du même coup sa mémoire au point de confondre sa femme avec une belle de nuit. Il pousse la confusion jusqu'à prendre le cambrioleur venu le dépouiller pour l'amant de sa femme, et lui-même devient par la circonstance le voleur… Le Don involontaire est une comédie de l'absurde qui traite pourtant d'une situation réelle dans notre société où les plus riches souffrent d'insomnie à vouloir absolument préserver leur richesse, tandis que les pauvres ne trouvent pas le sommeil à cause de leur ventre affamé. Adaptation cinématographique de la pièce de théâtre Le don du propriétaire du dramaturge camerounais Wakeu Fogaing.
Festivals:
- Pan-Africa International - Festival Vues d'Afrique| Montréal, Canada| 10-20 Avril 2008| www.vuesdafrique.org
Prix:
- Sélection Africa Numérique| Pan-Africa International - Festival Vues d'Afrique| Montréal, Canada| 10-20 Avril 2008.
- Vues d’Afrique| 2008.
Articles:
Et le 99ème jour… un don
Le don involontaire, de Serge Alain Noa (Cameroun)
Le réalisateur camerounais parle de la justice et des détournements des deniers publics en Afrique.
Serge Alain Noa est scénariste de son état. Depuis quelques temps, il se propose d'inonder le paysage cinématographique camerounais de sa vision de la société politique, culturel, économique. Il s'est mis à la réalisation des films mélodramatiques intrigants (C'est moi le père, Le cercle vicieux, sortis en 2004) dont le propos s'ancre dans le vif de l'actualité quotidienne. Même style, mêmes thèmes, même liberté. Il nous offre encore l'occasion de découvrir son dernier bébé, Le don involontaire, une fiction long métrage, adaptation cinématographique de la pièce de théâtre Le don du propriétaire* du dramaturge camerounais Wakeu Fogaing.
Le film se passe dans une ville africaine. Dans une rue, un individu, un homme mâture et volage, est traqué à travers l'objectif d'une caméra. Celle-ci le file. Le mate. Il multiplie les copines. Lui, c'est Daniel Alega, sexagénaire, agent de l'État véreux à la retraite, recherché par la justice de son pays. Il se cache depuis longtemps sous le pseudonyme de Akinopoulos.
Avec le fruit de sa sale besogne, il mène une seconde vie extrêmement confortable. Belles femmes, jolie maison, un mariage équilibré. Tout roule pour le meilleur jusqu'au jour où il reçoit un coup de fil fatal. Son identité, tant cachée, est révélée. Et il devra répondre de ses actes devant les services compétents. C'est le début des malheurs, une perte de sommeil durant cinq jours. Une vie se désagrège jusque dans les débris d'une vieille baraque dans un quartier populaire abandonnant femme, fortune aux mains des inconnus.
Comment vivre dans l'angoisse d'une justice dont on ne connaît ni le jour, ni l'heure et quand elle s'amènera ? Comment répondre une vie oubliée qui vous rattrape ? Comment accepter la suite forcément fatale qui s'en suivra ?
Dérision
Le spectateur est directement pris dans le feu de l'action. Une caméra subjective propose une série d'images dans la rue. Elle aligne des plans larges pour informer sur le genre de personnage à qui on a affaire. Elle tait les dialogues et laisse libre court aux images.
À l'intérieur, c'est plutôt un individu posé, docile aux élans sentimentaux paisibles quoi échange amoureusement avec sa tendre moitié. L'ensemble donne un tissu narratif surprenant. La trame du film laisse augurer que l'ère des grands comptes sonne toujours malgré les dispositions que l'on prend. Pour lire ce film, il faut s'attendre à trois temps fort : la raison, le délire et le rebondissement.
Le réalisateur installe son film à l'intérieur, dans un salon. Un plan large serpente la maisonnée en plongée et contre-plongée, avec au centre, le sexagénaire plein dans le pétrin. La caméra entame son mouvement pour exprimer l'enfermement, la restriction subite des libertés de son héros. Le retour en mémoire de toute une vie savamment avilie. C'est une figure propre et chère à Serge Alain Noa. Il aime donner du rebondissement à son écriture (référence à Dinka série télé proposée en 2004 sur le réseau CIRTEF). Chacun de ses personnages est une entité particulière et la construction de son jeu, porte une charge exemplaire à la trame. Ici, il prend son comédien principal (ici interprété par Charles Nyatte, un vieux briscard de la comédie camerounaise que l'on retrouve avec beaucoup de délectation vingt ans après sa révélation à l'écran à travers le téléfilm Japhet et Jinette de Daouda Mouchangou) se trouve bien dirigé au début et au centre de tout l'enjeu.
Il est filmé de très près avec une succession de plans sur son visage ressortant sa psychologie progressivement décadente.
Le réalisateur joue avec beaucoup de courts plans, de beaucoup de dialogues doublés d'humour. "(…) qui es-tu ? (S'adressant à son épouse) ma femme est plus belle. Prends ta femme et satisfait la. Il faut que je dorme (se couvrant les yeux avec du scotch)". Le personnage est au centre d'un délire. La paranoïa se fait drame. Le beau et élégant Daniel Alega, longtemps caché sous le pseudonyme de Akinopoulos est mis à découvert par les renseignements généraux. Il frôle l'excès mais y tombe difficilement. "Je suis Akinopoulos, (..) non Daniel Alega". Il s'enfle dans une crise d'identité à la recherche inlassable d'une issue à son problème. Une série de plans serrés sur son visage le mitraille dans un décor proposé par Saint-Père Abiassi, le chef décorateur, qui nous séduit franchement.
Parallèlement, son épouse Eléonore (une Toni Bath Atangana à la côte montante au Cameroun, devenue la fidèle des films du réalisateur, traîne toujours son même style de femme déshonorée - qui la fit découverte aux yeux du public dans Honneur de femmes, court métrage de Paul Kobhio - qui revient en victime d'amour et de la vie) est aux abois. Elle, aussi, multiplie les occasions de ramener son homme à la raison. Elle fréquente les marabouts spéculateurs. Pas de satisfaction. Décidément le pari du trouble psychologique est à fond pour son époux. De retour chez elle, tard dans la nuit, elle surprend l'apprenti voleur Bébé, en situation de sentinelle et le confond au nouveau veilleur de nuit récemment recruté par époux. L'intrigue est forte. La charge émotionnelle aussi.
Parallèlement, les échanges entre Daniel Alega et le chef cambrioleur recherché par la police se mélangent de confusions, de vérités et contrevérités. La totale, dans ses allégations Daniel Aléga, fait don de femme et fortune au cambrioleur impétueux (personnage porté par Gabriel Fomogne, comédien) serait l'amant de son épouse.
C'est là l'autre force du film. La femme, effondrée en voyant voler en éclats le peu de sentiment qui lui restait encore, finit par accepter la confusion en se mettant avec le cambrioleur. Elle et son nouvel époux précipitent Daniel Alega alias Akinopoulos dans une baraque. C'est le réalisme féminin. À son tour, le nouvel Daniel Alega va déménager ses parents de sa baraque pour le nouvel eldorado. Seulement, il sera stoppé net par l'interpellation, cette fois physique de la police pendant que le vrai Daniel Akinopoulos coule des jours paisibles dans son taudis. La dérision est forte. Le film ose et dose les suspens.
Choralité
La dramaturgie du doute prend corps du récit. Le style du réalisateur participe d'une recherche contemporaine dans l'écriture africaine. La relation-situation-individu reflète exactement la condition des africains en cas d'angoisses. Un puissant flux verbal, un interminable monologue dans lequel l'interrogateur trouve lui-même des réponses. Le tout ressemble à une des problèmes au quelle le rythme des plans en légère lenteur parfois, a du mal à dire. Le don involontaire laisse trahir la choralité des langues africaines avec une bonne dose d'humour caustique. Celui qui le conduit à une perte de sentiment. Là, où toute situation et toute solution ne peuvent sortir que de la tête du mis en cause. À cela, notre héros finit par se défaire de son épouse au profit de l'autre Akinopoulos par simple de sa dérision.
De ce point de vue le scénario est proche de la dramaturgie de Big Shot ou Jaz du dramaturge ivoirien Koffi Kwahulé - où on assiste à un jet verbal à sens unique. Le héros joue un rôle complexe où il assume à la fois l'émetteur- le récepteur. Il s'interroge, se répond et se condamne. Tout le film se fait dans la tête. La dramaturgie s'étire entre le spectateur devenu acteur et le héros Akinopulos - et la dernière relation le spectateur- réalisateur grâce à un important flux d'images courts et le drame qui se présentent à ses yeux. Le film fait une très belle parallèle entre Akinopoulos et les prébendiers de l'économie africaine -qui traqué par la justice- optent pour un exil exactement comme Akinopoulos le fait en abandonnant ses biens et son épouse aux bandits impétueux tandis que lui-même se réfugie chez le bandit.
Le film s'enlise quelque peu sur ces plans qui veulent absolument illustrer la schizophrénie du gentleman déchu. Cependant, Le don involontaire demeure une lecture moderne et caustique, pleine dans l'actualité des sociétés urbaines africaines à l'ère des grandes mutations juridique, politique et économique.
Il se range dans le courant des jeunes cinéastes camerounais intéressait par le jeu et l'enjeu des sociétés urbaines en abordant la cause sociale et politique, comme ses compatriotes, Jean Pierre Bekolo (Les Saignantes, 2006), Cyrille Masso (Confidences, 2006) et Prince Dubois Onana (Sentence Criminelle, 2007).
On apprécie la composition du décor et les images particulièrement éblouissantes du film, ainsi que la maîtrise du casting et l'innovation du scénario. L'ensemble confirme la réflexivité du réalisateur qui déroule son talent un talent prometteur.
Martial Ebenezer Nguéa, 28 avril 2008. Lien URL : http://www.africine.org/?menu=art&no=7558, page consultée le 29 juillet 2012.
CRITIQUES
C'est l'histoire de Daniel Alega (Charles Nyate), coupable de détournement de deniers publics, qui vit luxueusement sous le faux nom d'Akinopoulos. Un jour, à la suite d'un coup de fil anonyme, il perd le sommeil. Comment peut-on vivre sans dormir ? Quelles en sont les conséquences ? Au travers de cette comédie dramatique, le jeune réalisateur camerounais explore un phénomène d'actualité, celui de ces escrocs à col blanc qui en mettent plein la vue à leurs concitoyens, jusqu'au jour où ils sont rattrapés par leur passé délinquant.
Le film de Serge Alain Noa s'ouvre sur des images prises par une caméra portée, et dont le tremblement prélude aux troubles intimes des individus aux comportements déviants tels que Daniel Alega. Un seul coup de fil, et leur monde bascule. Celui d'Alega se circonscrit à sa majestueuse demeure, où, à travers un long plan-séquence, se déroule l'essentiel du film. L'interminable prise de vue en plongée de la salle de séjour de ce pseudo riche en apprend suffisamment au spectateur sur l'abattement profond de cet homme aux dehors pourtant si flambards.
Un peu à l'image du Sourire du serpent, la dernière réalisation du cinéaste franco-guinéen Mama Kéita, Serge Alain Noa use de multiples symboles et plonge le spectateur dans un monde de huis clos. À ce niveau, Le don involontaire explore le phénomène du rêve. Ne fait-il pas un clin d'œil à la caméra, objet par excellence de fabrication de rêves ? "En plus, je suis dans un film. Monsieur est cinéaste, et il fait un film sur moi", se flatte Alega. Le huis clos, associé ici à la couleur rouge, ne dégage-t-il pas la symbolique du "retour vers soi et pour qui l'extérieur ne compte guère", comme l'écrit Jacques Lalonde dans son article intitulé "Introduction à la couleur" ? Et effectivement, Daniel Alega et son épouse (Toni Bath Atangana) sont vêtus de rouge, couleur de l'amour, mais aussi de la souffrance.
Après avoir tout essayé (aussi bien la médication occidentale que indigène), Alega n'arrive pas à trouver le sommeil. Il ne peut donc pas rêver. Et on sait à quel point ce phénomène inhérent au sommeil est important dans la vie d'un individu ! On sait aussi que le rêve se déroule en soi, qu'il est intérieur, comme le huis clos dans lequel le réalisateur confine et ses protagonistes, et les spectateurs par le fait même. En choisissant de se couvrir les yeux, Alega se donne l'illusion de sommeil ("vous rêviez que vous dormiez"). Apparemment, "ça marche", se réjouit-il. En proie à des images confuses et incohérentes, il confond la réalité au rêve (le cambriolage de son domicile). En butte à un rêve éveillé, il multiplie les gaffes, et transforme les sentiments de sa femme en ressentiments.
Par ailleurs, le moment le plus propice au sommeil, donc au rêve étant la nuit, l'action du Don involontaire s'y déroule (intérieur nuit, dit-on au cinéma) avec un rendu appréciable des images, du fait de la maîtrise, sans doute, du jeu des lumières qui mettent en évidence les contrastes de cette séquence. A ce sujet, ne faut-il pas souligner, pour ne pas l'oublier, cette image de l'épouse d'Alega, rentrée d'une virée nocturne, habillée d'une longue robe de soirée violette, et filmée à côté du cambrioleur dans la salle de séjour ? Ce violet, autrement dit, ce rouge refroidi n'indique-t-il pas son état mélancolique qui s'accompagne de son besoin de tendresse ? Le cambrioleur (Gabriel Fomogne), tout de noir vêtu, non seulement est assimilable à une ombre, mais la couleur de sa tenue ne colporte-t-elle pas une symbolique faite d'antipathie, de négativité, d'erreur, de mal ? Tourné dans un décor et avec des accessoires rappelant les vidéos nigérianes, Le don involontaire semble en avoir été fortement influencé. Mais, techniquement, il se situe au-dessus de celles-ci. De plus, il a l'audace de se pencher sur un sujet qui sonde le for intérieur des individus, avec une approche dont l'originalité ne fait pas appel aux gros plans.
Jean-Marie Mollo Olinga, Exploration d'un rêve éveillé Le don involontaire, de Serge Alain Noa (Cameroun). Lien URL : http://www.africine.org/?menu=art&no=7612, page consultée le 11 mars 2012.
Entretiens:
- Serge Alain Noa : "Le cinéma est une affaire d'équipe. Il faut se donner la main si on veut faire de notre cinéma une industrie"
Interview de Serge Alain Noa
Né le 17 février 1971 à Akonolinga - Cameroun, Serge Alain Noa est formé à l'INA (Institut National de l'Audiovisuel (Paris). Il multiplie les stages d'écriture aussi bien comme formateur en écriture et réalisateur. Depuis 2004, il s'est lancé dans la carrière de producteur, scénariste et réalisateur, avec à son actif une série de films, court et moyens métrages. En novembre 2007, il signe son premier long métrage Le don involontaire, une adaptation cinématographique de la pièce de théâtre d'un dramaturge camerounais Wakeu Fogaing.
C'est plutôt intrigant "le don involontaire", comme titre de film qu'est-ce qui l'a motivé ?
Le titre de ce film est inspiré de ce que la nature même du don est volontaire… lorsqu'on donne c'est généralement en toute âme et conscience qu'on le fait. Mais du moment où on donne son bien alors qu'on se trouve dans un état second, dans une sorte d'inconscience, le don devient involontaire.
C'est une adaptation d'une pièce de théâtre camerounaise, Le Don du Propriétaire, qu'est-ce qu'il y a de différent dans l'adaptation cinématographique que vous proposez par rapport à la structure du dramaturge ?
Effectivement Le Don Involontaire est une adaptation, je le reprécise, libre d'une pièce de théâtre camerounaise, Le Don du Propriétaire de Wakeu Fogaing. Ce qui est commun aux deux projets, c'est l'idée qu'un homme qui a perdu une bonne partie de ses facultés mentales sombre dans la confusion totale. Par contre la grosse différence réside dans ce qui s'est passé antérieurement pour plonger l'homme dans cette sorte d'amnésie et qu'on appelle au cinéma l'enjeu. Si une partie de personnages, en l'occurrence le propriétaire de la villa, Akinopoulos et sa jeune épouse Eléonore ont été maintenus au même titre que le voleur, il n'en demeure pas moins qu'il a fallu introduire une autre sous-intrigue pour faire évoluer l'histoire et qui est incarnée par le personnage de Bébé. Par ailleurs, les dialogues au théâtre ne sauraient être convaincants au cinéma, d'où l'énorme travail qui a été fait pour concevoir des dialogues adaptés au cinéma. Enfin, il y a le problème de la chute. Il fallait trouver une chute à l'enjeu énoncé au début du film. Voilà entre autres autant de différences qui existent entre la pièce de théâtre et le film qui y a été tiré. Bien évidemment il faut ajouter les différents décors qu'il a fallu recréer…
Vous abordez le problème de détournement des deniers publics et de la justice punitive, quel parallèle faites-vous avec l'actualité camerounaise ?
Vous n'êtes pas sans ignorer que les problèmes de la corruption et des détournements des deniers publics sont la gangrène qui mine la société camerounaise et africaine de l'heure. C'est un problème d'actualité et tous nous savons le combat acharné par exemple que mène l'État du Cameroun pour juguler ces fléaux. Le cinéma étant aussi un moyen de communication, j'ai choisi d'apporter ma part de pierre à l'édifice au travers du film Le Don Involontaire.
Dès lors quelle fonction veut occuper le cinéaste ?
Le cinéaste que je suis appartient à une société. Et chacun dans la société a une partition à jouer. Sans vouloir m'ériger en donneur de leçon, à travers Le Don Involontaire, j'ai présenté les faits tels que vécus quotidiennement dans nos pays africains, dans une comédie caustique, afin que chacun à son niveau en tire les conséquences…
Pour son interprétation, vous faites appel à Charles Nyatte, un vieux comédien qui a quitté les planches depuis une vingtaine d'années, son retour sur le plateau a été facile ?
D'abord, Monsieur Charles Nyatte n'a jamais quitté les planches. Un artiste ne quitte pas l'art. Il peut être à court d'inspiration ou de contrat (en ce qui concerne les comédiens), mais il reste et restera à jamais un artiste. Et pour preuve, le rôle de Akinopoulos a été interprété magistralement par Charles Nyatte, et je crois que personne d'autre ne l'aurait interprété mieux que lui. Est-ce que son retour sur le plateau a été facile, jugez-en vous-même par sa prestation…. ?
Face à la nouvelle vague des comédiens, quel était le climat ?
Dans une production, tous les comédiens ont leur place, pour peu que le rôle aille avec eux. Il y avait dans le film le rôle d'un sexagénaire et on ne peut pas prendre un jeune acteur pour l'incarner. Alors chacun a sa place dans une production. Pour confier un rôle à un comédien, il y a plusieurs paramètres qui sont pris en compte. Loin donc de penser qu'un autre peut vous chiper votre place… Conclusion, l'ambiance a été globalement détendue, hormis les début qui sont généralement difficile parce que les uns et les autres doivent se familiariser, quand on y ajoute le stress, allez-y savoir… Mais tout a été très vite maîtrisé et nous avons fait le film dans une ambiance conviviale.
Le film a bénéficié d'un soutien technique impressionnant, est-ce l'explication que le budget répondait massivement ?
Bien évidemment que nous avions un bon budget pour un film africain de court métrage (Environ 30 000 000 de francs Cfa), et l'argent étant été mis en place pour faire le film, il fallait justement que cela se ressente dans l'environnement et dans les matériels et techniciens employés sur le plateau…
Vous êtes scénariste, réalisateur, producteur. Est-ce par souci de porter seul le projet ou c'est le système de production en Afrique qui favorise cet état de fait ?
Cela ne peut guère être par souci de porter le projet tout seul, loin de là. Dans Le Don Involontaire, je suis scénariste et réalisateur. Le producteur, qui est une femme, c'est Madame Elisabeth Kounou. Ceci dit, il est vrai que faire des films en Afrique avec le contexte socio-économique qui est le nôtre relève d'une véritable gageure, surtout que le cinéma n'est pas encore une industrie ici. On comprend pourquoi beaucoup de projets qui ne sont pas subventionnés sont gardés dans les placards même s'ils sont très bons, par manque de financement. Le cinéaste en Afrique est donc généralement, de la base de son projet à son aboutissement, voire à la distribution, au four et au moulin. Conséquence, on fait un seul projet tous les cinq ou sept ans. Ce qui est regrettable, parce que le cinéma est affaire d'équipe.
Le film est très engagé sur le plan social. En même temps, vous tentez des styles très propres pour évoquer ces situations. Comment doit-on comprendre ces options pour un créateur ?
C'est de l'art. L'art, une chose inexplicable. On le sent et on l'assume.
Le film est sorti en novembre 2007, quelle suite lui est réservée ?
En fait, le film est sorti en avant-Première au Centre Culturel Français de Yaoundé le 06 janvier 2008 et globalement les réactions ont été favorables. En attendant (faute de moyens) la grande campagne publicitaire qui sera faite pour les sorties en salles et dans l'arrière pays du film, je dois avouer que je suis satisfait du travail fait parce que le film est sélectionné en compétition officielle au Festival Vues d'Afrique à Montréal au CANADA qui se déroule du 10 au 20 avril 2008, de même que le film sera présent au Festival de Cannes en mai prochain dans la le pavillon cinémas du Sud, ce qui témoigne d'une carrière internationale du film prometteuse.
Il se murmure que la jeune maison de production VYNAVY Productions que vous représentez est campée sur plusieurs projets en ce moment. Lesquels ?
VYNAVY Productions voudrait se placer en pôle position des maisons de productions cinématographiques au dynamisme avoué au Cameroun. Nous avons des projets pour les mois à venir dont le premier est le tournage de mon prochain Long métrage intitulé ''MUNA NYUE''. Nous allons aussi produire le premier long-métrage de Augustine Fouda provisoirement intitulé ''MARIAMA'', il y a également la co-production du film ''RACINES PERDUES'' produit par Avit Nsongan Mandeng sous le label Bonifilms, et deux courts-métrages de jeunes réalisateurs.
C'est plutôt énorme pour une jeune maison de production, d'où vous viendront les moyens pour réaliser tous ces projets ?
C'est immense et onéreux, c'est vrai. Mais il faut déjà avant tout avoir de la volonté et une bonne dose de folie. Les moyens suivront.
Aujourd'hui, les réalisateurs et producteurs, du moins la jeune génération de cinéastes camerounais travaille davantage en commun. Est-ce la fin de l'aventure personnelle ?
Je dis et redis le cinéma est une affaire d'équipe. Il faut se donner la main si on veut faire de notre cinéma une industrie. On nous a longtemps laissé croire que l'individualisme au cinéma est source de préservation des acquis, mais moi je dis non. C'est absolument faux ! Les organismes de financement ne donnent pas de l'argent à la tête de l'individu, mais on finance les projets bien montés et qui ont un réel potentiel. Nous qui sommes de la nouvelle vague voulons rompre avec l'égoïsme dont nous avons été victimes face à nos aînés. Nous avons pour ambition de concurrencer les grandes nations du cinéma en Afrique comme le Burkina Faso, et ce n'est pas en y allant en rangs isolés que nous le ferons.
Votre prochain film MUNA NYUE sera-t-il toujours une adaptation ?
C'est une écriture originale que le public aura à découvrir. Je peux dire que c'est une histoire de banditisme en zone urbaine.
Propos recueillis par Martial E. Nguea. Lien URL : http://www.africine.org/?menu=art&no=7509