Synopsis:
Hachemi et son ami Farfat le rebelle font partie d’un petit groupe de jeunes gens désemparés. Le mariage contraint de Hachemi est vécu comme un brusque retour sur soi d’où surgissent les souvenirs pénibles et refoulés de leur enfance, traumatismes qu’ils traînent encore dans leur longue adolescence. Tous deux ont été violés par le contremaître, Ameur, alors qu’enfants de dix ans, ils travaillaient dans l’atelier d’ébénisterie. Hachemi fuit la maison familiale où s’organise la cérémonie. Le vieux Levy, un juif plein de tolérance et de tendresse, n’arrive pas à lui apaiser le cœur en lui rappelant avec son luth la chanson de son enfance. Les issues se ferment autour du jeune homme. C’est un monde secret, caché de la société arabe qui glorifie la puissance de l’homme, sa virilité, qui éclate dans l’impossible mariage forcé de Hachemi, l’adolescent devenu homme. Son père le châtie corporellement, sa mère essaie l’exorcisme. Le vieux Levy meurt dans l’indifférence. Touil, le forgeron, déterminé à aider ses amis, croit trouver la solution dans leur initiation et organise une sorte de répétition de nuit de noces chez la vieille Sejra, une rescapée du « bon vieux temps », solitaire et oubliée. Mais cela ne fait qu’exacerber les sentiments de rancune des deux jeunes qui vont abattre Ameur d’un coup de couteau dans le bas-ventre.
Festivals:
- Festival du film gay et lesbien de Saint-Etienne| 2011
- Festival international du film d’Amour de Mons| 2008
- Festival de Cannes| 1986
Prix:
- Black Movie| Genève| 1995
- Charybde d’or| Taormina| 1986
- Palmier d’argent - Prix d’interprétation| Valencia| 1986
- Tanit d’or - Prix d’interprétation| Carthage| 1986
Articles:
- BOUQUET, Stéphane, « L’homme de cendres », Cahiers du cinéma, no478, avril 1994, p. 76.
- DEMARINIS, G., « L’homme de cendres », Cineforum, no418, juin-juillet 1986, p. 31-32.
- LANG, Robert & BEN MOUSSA, Maher, « Choosing to be not a man: Masculine Anxiety in Nouri Bouzid’s Rih Essed/Man of Ashes », Masculinity: bodies, movies, culture, Edit. Peter LEHMAN, New York, Routledge, 2001, p. 81-94.
- MARTIN, Marcel, « L’homme de cendres », Revue du cinéma, no418, juillet-août 1986, p. 19-20.
- POUILLAUDE, Jean Luc, « L’homme de cendres », POSITIF, no305-306, juillet-août 1986, p. 38-39.
- PROLONGEAU, Hubert, « L’homme de cendres », POSITIF, no399, mai 1994, p. 52-53.
- STOLLERY, Martin, « Masculinities, Generations, and Cultural Transformation in Contemporary Tunisian Cinema », Screen, vol. 42, no1, printemps, 2001, p. 49-63.
Critiques :
- « Inhabituel dans le cinéma arabe, le traitement des corps. Omniprésents, mais pudiquement caressés par la caméra de Nouri Bouzid, ils donnent à son film une modernité qui rend encore plus implacable la tradition. » La Tribune Desfossés - 23 février 1994.
- « Maintenant on comprend mieux pourquoi Nouri Bouzid (Bezness, Les sabots en or), qui a connu les prisons de Bourguiba, a eu maille à partir avec la censure. Les intégristes ont dénigré le film avec virulence... L’Homme de cendres n’est autre qu’un réquisitoire impitoyable contre la morale qui mène les destinées de son pays. Une morale dont le film montre qu’elle se fonde sur la frustration sexuelle. L’intelligence, et la force, du réalisateur est d’avoir attaqué celle-ci par son versant masculin. Avec le déboulement du mâle, c’est tout un monde qui s’écroule. » Télérama - 24 août 1994.
- « Ce film a fait scandale puis un triomphe, chez lui, en Tunisie, pour s’être confronté à tous les tabous. Huit ans après sa réalisation, il est enfin montré en France. [...] Il affronte d’emblée un thème dérangeant, l’homosexualité masculine, qui plus est dans un univers populaire et musulman, celui des artisans de la vieille ville de Sfax. » Le Monde - 17 février 1994.
- « Dans le monde arabe explique Nouri Bouzid, les choses qui amènent une nouveauté ne sont pas acceptées très facilement. Le film apportait des nouveautés sur cette jeunesse, violée par la structure patriarcale, violée sexuellement aussi. Je parle de ma jeunesse. Maintenant il y a plus de liberté en Tunisie dans les rapports entre les hommes et les femmes. En l’absence de femme, les rapports sont, de prostitution, avec des enfants, ou d’homosexualité. Mais l’homosexualité est vécue différemment chez nous. Il y a une nette distinction entre celui qui joue le rôle de l'homme et celui qui joue le rôle de la femme. Cela se retrouve même dans le langage quotidien. On peut se vanter d'avoir couché avec quelqu'un pour se vanter de l'avoir dominé. » Nouri Bouzid - Le Quotidien - 16 février 1994.
Périodiques:
- Le Nouvel observateur, 3 mars 1994.
- Télérama, 23 février 1994.
- Le Monde, 17 février 1994.
- Le Canard enchaîné, 16 février 1994.
- Le Quotidien de Paris, 16 février 1994.
- Libération, 15 mai 1986.
- Le Matin, 15 mai 1986.
Entretiens:
- HURST, Heike, « Rencontre avec Nouri Bouzid », Jeune Cinéma, septembre, 2004, 59-60.