Nous avons pris le symbole de la pâquerette parce qu'elle n'a pas peur de pousser sous l'asphalte des monopoles, qu'elle se fait sa place." Il y a quelques années, Pascal Desroche quittait le comité d'organisation de la Fête de l'Internet (qui se déroule jusqu'au 27 mars, un peu partout en France) parce que "c'était devenu un vaste centre commercial". Il voulait plus de festivité, de convivialité et désirait aussi mettre en avant les logiciels libres.
Il y a six ans, Libre-en-fête recensait une vingtaine d'événements. Cette année, cette "manifestation festive nationale des logiciels libres et du partage des connaissances" arbore toujours sa pâquerette, mais dénombre un peu plus de 80 animations dans près de 40 villes, "sans sponsoring, juste parce qu'on a envie de faire les choses", tient à préciser Pascal Desroche.
Coordonnée par l'association April de défense et promotion des logiciels libres, Libre-en-fête repose essentiellement sur les groupes d'utilisateurs de logiciels libres (la France compterait une centaine de tels GULL), chargés d'organiser les animations. Sont ainsi répertoriées une Fête du logiciel libre en milieu rural à Steenwerck, dans le Nord-Pas-de-Calais, une exposition "Informatique : vive la liberté !" à la mairie du 13e à Paris (jusqu'au 10 avril), des projections et conférences-débats, des présentations d'artistes, musiques, jeux et littérature "libres"...
DES ENJEUX POLITIQUES
Ceux qui voudraient passer à la pratique pourront bénéficier des ateliers d'initiation aux logiciels de bureautique, sécurité, graphisme, photo et vidéo, ou amener leur PC à l'une des nombreuses"install party" où des utilisateurs plus aguerris les aideront à y installer un système d'exploitation GNU/Linux.
"Une copie légale – et complète – de ces logiciels, musiques ou vidéos sera même disponible pour peu qu'on apporte avec soi une clé USB ou éventuellement d'autres supports mémoire", précise le site de Libre-en- fête, pour qui cette manifestation permet également de "découvrir avec étonnement qu'il est légalement possible d'acquérir un ordinateur sans qu'il soit prééquipé d'un système d'exploitation et ainsi économiser quelques dizaines d'euros".
La pratique, surnommée "racketiciel" par ses détracteurs, consiste à vendre "de force" des logiciels préinstallés sur les ordinateurs disponibles dans le commerce, vente qui gonfle le prix de ces PC de 100 à 300 euros. Au-delà de Libre-en-fête, les défenseurs des logiciels libres sont confrontés à de multiples obstacles politiques et lobbys économiques.
Qu'il s'agisse de brevetabilité ou d'interopérabilité logicielle, ou encore des verrous numériques imposés par les DRM (pour "Digital Rights Management" ou "Dispositif de contrôle d'usage" insérés dans les CD et DVD disponibles dans le commerce), ils font l'objet d'un site à part entière, candidats.fr, lui aussi lancé par April, et qui répertorie les différentes propositions des candidats à la présidentielle 2007 en la matière.