La principale banque de l’univers virtuel Second Life, Ginko, a dû fermer boutique le 8 août, incapable de faire face aux retraits de liquidités exigés par ses clients.
Le crédit des avatars, 190 millions de Linden Dollars, a été entièrement converti en obligations cotées sur le World Stock Exchange, la bourse de Second Life. A leur cours actuel, les clients ont perdu les trois quarts de leurs économies. Soit 700 000 vrais dollars partis en fumée, quand même.
A lire les déclarations de Ginko, ces obligations ne reposent sur aucun actif. Pour Jiri Kautsky, analyste chez UniCredit, elles ne valent guère plus que le papier (virtuel) dont elles sont faites. Vu la réputation de l’émetteur, les titres devraient avoir une rentabilité exceptionnelle pour attirer les investisseurs. Tout ce que Ginko n’est plus en mesure d’offrir.
La raison de ce désastre tient dans la nature même des activités de la banque. Ginko proposait à ses clients des retours supérieurs à 100%. Comparez avec le taux de votre Codevi et vous flairerez l’arnaque. Le système, totalement illégal, fonctionnait comme une chaîne de Ponzi, où les retours sont garantis par les mises de fonds des clients suivants.
Or une panique provoquée par l’interdiction des casinos, début août, a rompu cette belle mécanique. Résultat: la banque ne dispose pas d’assez de cash pour rembourser les derniers arrivés.
L’économie de Second Life ne s’est pas écroulée pour autant. Le taux de change entre monnaies réelles et virtuelles reste stable, montrant que les utilisateurs gardent confiance dans le Linden Dollar.
Les avatars ont réagi en mettant sur pied la Second Life Exchange Commission, une sorte d’Autorité des marchés financiers. Mais les crimes sérieux, tels l’arnaque de Ginko, relèvent de la police.
Soumis à la loi américaine, Second Life fait déjà l’objet de plusieurs enquêtes du FBI. Qui doit payer les fonctionnaires de police sur un territoire virtuel? Si Linden Lab, l’éditeur de Second Life, doit installer sa propre milice, sa rentabilité va en prendre un coup. Au moment où l’engouement pour la plate-forme commence à retomber, les lendemains virtuels risquent de ne pas chanter.