(Un article de Bruno Icher paru dans Écrans.)
L’éditeur français annonce un plan de développement aujourd’hui à Montréal. Dont la création d’un pôle dédié au cinéma.
Assassin’s Creed - DR
Ubisoft met un pied dans le cinéma. Accompagné du premier ministre du Québec, Jean Charest, Yves Guillemot, le président, a annoncé aujourd’hui à Montréal, que l’éditeur français de jeux vidéo était sur le point de lancer un plan de croissance l’amenant à créer, d’ici 2013, un millier d’emplois sur le site de la cité numérique québécoise où le groupe possède déjà un de ses principaux studios (15 au total dans 11 pays) avec, à la clé, un investissement de près de 300 millions d’euros. La moitié pour l’activité jeu, qui ne cesse de prendre de l’ampleur et qui compte déjà 1 600 salariés sur les deux sites québécois, et l’autre pour un pôle cinéma. L’idée, du moins dans un premier temps, consiste à élargir l’activité de production d’images de synthèse afin de produire des courts métrages inspirés directement des univers des licences originales Ubisoft telles que Assassin’s Creed, premier projet annoncé par l’éditeur et dont le jeu sort cette année sur Xbox 360 et PS3. Ce court métrage de 8 minutes en annonce d’autres et il n’est pas bien difficile d’imaginer que Splinter Cell, Prince of Persia ou encore Rayman, cartons mondiaux ayant donné lieu à de multiples épisodes vidéoludiques, sont également dans la ligne de mire. Ces productions originales sont exclusivement destinées, dans un premier temps, à être diffusées par la Digital Distribution, via le Net.
L’expansion d’Ubisoft au Québec met également en relief le succès extraordinaire de la cité numérique de Montréal, structure d’accueil d’entreprises liées à l’industrie du jeu vidéo et aux nouvelles technologies, créée voici moins de dix ans et dont le statut fiscal très avantageux avec notamment un crédit d’impôt à la production ayant inspiré les parlementaires français, a attiré les principaux acteurs du jeu vidéo.
Cette annonce, plutôt spectaculaire en termes d’ambitions de développement, a également une portée symbolique de grande ampleur. Pour la première fois, un éditeur de jeu, qui plus est français, concrétise son intention de jouer un rôle important dans l’industrie « noble » de l’image par rapport à laquelle le jeu vidéo a toujours fait figure de parent pauvre. Il s’agit d’une conséquence finalement logique à l’accroissement constant du poids financier et culturel de l’industrie du jeu vidéo, depuis quelques années. Parallèlement, les implications de plus en plus importantes des professionnels de l’image (effets spéciaux mais aussi musiciens, scénaristes ou acteurs) dans ces deux industries plaident en faveur d’un regroupement des compétences. Il ne reste plus qu’à mesurer, dans les semaines ou mois à venir, si d’autres grands éditeurs, comme Electronic Arts ou Activision par exemple, sont prêts eux aussi de tenter l’aventure.