Flux

Un art conceptuel
Exposition référente: 

Les questions de la temporalité (durée, déroulement) et de circulation sont inhérentes à la définition de flux : flux de données, flux de signaux, flux sonores, visuels, textuels. C’est la « rumeur » du Web que l’on tente ainsi de désigner, son grondement incessant, hors de toutes limitations d’accès. L’information y serait toujours accessible et se renouvellerait en continu. Si je devais  faire l’exercice difficile  de résumer le Web en deux concepts, je retiendrais certainement ceux de flux et de réseau, tous deux étant devenus rapidement des emblèmes  de notre rapport aux données disponibles sur Internet.

La notion de flux s’inscrit ici dans la lignée de  l’art conceptuel participant d’une vision tautologique de l’art et d’une esthétique de la postproduction, comme la désigne Nicolas Bourriaud dans son livre éponyme. Les pratiques artistiques du flux ont recours à des formes culturelles déjà produites et se présentent  comme génératrices d’activités plutôt que comme objets finis. Les oeuvres retenues pour cette rubrique ont donc comme point commun d’exposer, toujours dans la perspective de cette culture de l’activité, les limites et les mirages des concepts à la base des théories de l’hypermédia.

Pièces d'exposition associées: 
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Vidéos sélectionnées dans le répertoire: 

Ceux qui vont mourir / Those that will die (navigation filmée #1)

Ceux qui vont mourir / Those that will die (2006) de Gregory Chatonsky s’alimente du continuum des informations postées par les internautes sur des  sites comme Flickr, YouTube, et divers forums de discussions, qu’elle détourne afin de coupler des textes et des images à partir du principe surréaliste du hasard comme générateur d’affinités électives.  À quoi assistera le spectateur ? À un flot « infini » de paroles et de photographies qui font écho à cette rumeur incessante du Web, lequel créera parfois des superpositions intéressantes, parfois plus banales, mais surtout hors du contrôle et de l’intention de l’artiste et du spectateur.

We Feel Fine: An exploration of human emotion, in six movements (navigation filmée #1)

We Feel Fine: An exploration of human emotion, in six movements (2006) de Jonathan Harris et Sep Kamvar suit la même logique de collecte aléatoire en tirant de diverses sources, principalement de blogues, des phrases qui reprennent un même motif, le syntagme « I feel », en jouant principalement sur le détachement de la phrase de son contexte d’énonciation. Paradoxe intéressant de cette œuvre qui veut donner un portrait relativement représentatif, du moins par le nombre des entrées au sein desquelles les éléments seront puisés, des humeurs et émotions vécues sur la planète tout en effaçant les identités et les subjectivités.