Le numérique place le lecteur au coeur du poème

(Source: L'atelier)
Appliquées à l'art de la poésie, les technologies du numérique pourraient complètement modifier notre rapport à la lecture et à l'écriture. Le lecteur peut désormais prendre une part active dans des oeuvres jusqu'à présent figées.

L'ère numérique pourrait révolutionner la poésie et bouleverser notre façon d'appréhender cet art. C'est en tout cas le postulat de départ de Maria Engberg, chercheuse de l'université suédoise d'Uppsala, qui présentera une ambitieuse thèse autour de l'impact de l'informatique moderne sur notre rapport à la lecture et à l'écriture. Pour elle, la capacité des ordinateurs à combiner mots, images, mouvements et sons confère un nouveau rôle au lecteur, ajoutant une toute nouvelle dimension à l'art qu'est la poésie.

La poésie revisitée par l'informatique

"La façon dont la poésie numérique transforme le langage soulève de nombreuses questions et modifie nos conceptions traditionnelles de la littérature formées sur la base de livres imprimés", a déclaré la chercheuse scandinave. Basant ses recherches sur les oeuvres de trois poètes anglo-saxons, Maria Engberg a revisité ces poèmes à l'aide de procédés informatisés, puis les a mis à disposition via Internet ou sur support CD. Certaines de ces "réadaptations" présentaient des caractéristiques tridimensionnelles.

Une nouvelle expérience de lecture

Via des installations, des VR Cube, ces "cages" dans lesquelles des images en 3D sont diffusées sur chaque parois, et des environnements de réalité augmentée, les poèmes ont été soumis à un panel de lecteurs dont les réactions ont pu être analysées. "La lecture ne devient plus qu'une des manières d'appréhender un poème et le lecteur y prend désormais une part active. Mais le poème peut aussi supprimer cette possibilité, faisant du lecteur un simple observateur de la poésie numérique, qui, comme un film poétique, mêle les mots, les images, les sons et les mouvements dans un ensemble", a-t-elle expliqué. Les travaux de Maria Engberg seront présentés le 14 septembre devant un parterre d'auditeurs universitaires et de membres du Blekinge Institute of Technology.