Le speed show - rancard express avec une œuvre Web

«Speed Show Vol. 4 Super Niche», organisé par Aram Bartholl le 27 octobre 2010 à New York.

Qu’est-ce qu’un speed show? Il ne s’agit non pas de la dernière course automobile ou d’un nouveau salon commercial, mais plutôt d’un nouveau genre d’exposition conçu tout spécialement pour l’art hypermédiatique. Eh oui, dans un contexte où les technologies de l’information et de la communication influencent de plus en plus notre perception de l’attente [1], l’art Web se dote lui aussi de son «speed dating», sous la forme d'expositions d’œuvres en ligne qui ne durent que quelques heures. Encore plus original est le fait qu’elles n’ont pas lieu dans un musée, une galerie ou un centre d’artistes, mais bien dans un café Internet.

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Le concept est relativement simple: comme pour toute bonne exposition, un ou plusieurs commissaires font une sélection d’œuvres hypermédiatiques suivant un thème donné. Il faut par la suite mettre la main sur un café Internet qui veut bien louer tous ses ordinateurs pour l’expérience, et qui possède de plus une bonne quantité d’ordinateurs à jour, afin de pouvoir naviguer dans les œuvres sans problèmes techniques. Un peu de publicité, un programme expliquant le speed show aux visiteurs potentiels, et le tour est joué!

L'idée originale est créditée à l'artiste allemand Aram Bartholl. En 2010, il organisa par lui-même plusieurs speed shows et décida finalement de créer le site www.speedshow.net, où il énonce les règles de base du speed show, afin de populariser ce genre d'événements et l'art hypermédiatique en général. Le site permet également de recenser et de documenter les expositions de ce genre tenues autour du globe. À ce jour, le site dénombre 24 speed shows ayant eu lieu depuis juin 2010.

Il s’agit aussi d’une manière très efficace pour un artiste hypermédiatique de se faire connaître, car le speed show ne nécessite pas de trouver un lieu d’exposition reconnu, mais tout simplement de louer un café Internet pour quelques heures. Un excellent exemple est celui d’Evan Roth, dont le speed show solo, qu'il organisa en juillet 2011 à New York, fut l'objet d'un reportage de la BBC [2].

Cela donne également un bon coup de pouce aux cafés Internet qui subissent depuis quelques années une perte d’achalandage due à l’explosion des réseaux sans fil et des téléphones intelligents. Ces endroits ont le potentiel de devenir des lieux privilégiés de promotion d’œuvres et d'événements hypermédiatiques dans un avenir proche.

Malgré l’effervescence de la scène numérique et hypermédiatique à Montréal, aucun speed show n’a encore eu lieu dans la métropole, ni ailleurs au Québec. Peut-être le premier exposera-t-il les œuvres publiées par bleuOrange, qui sait!

[1] Voir l'ouvrage de Nicole Aubert, Le culte de l’urgence: la société malade du temps (Flammarion, 2003), et celui de Stephen C. Seow, Designing and Engineering Time: The Psychology of Time Perception in Software (Addison-Wesley, 2008).

[2] Matt Danzico (07/2011) «Hacker artist takes over internet cafe for speed show», BBC News. En ligne: http://www.bbc.co.uk/news/world-us-canada-14336082 (consulté le 10 janvier 2012).