
Le panopticon un modèle d'architecture carcérale imaginé par Jeremy Bentham à la fin du dix-huitième siècle, illustre de manière éloquente le fantasme de puissance lié au pouvoir du regard, le pouvoir de celui qui surveille sans être vu, occupant une position privilégiée, autant hiérarchique que physique. Ce dispositif de contrôle qui frappe l’imaginaire trouvera ses extensions dans les caméras de surveillance, lesquelles inquièteront par leur omniprésence et ce malgré le fait qu'elles sont souvent présentées comme dispositifs de sécurité.
L’observatoire Web accorde ainsi un pouvoir au regard, que je tenterai ici de détacher quelque peu de la rhétorique de la coercition pour le faire basculer vers un fantasme d'ubiquité, la curiosité d'occuper à la fois plusieurs espaces et de pouvoir penser le regard au-delà de son positionnement géographique et d’autres contraintes d'ordre physique. C'est ainsi que sont comprises ces fantaisies panoptiques élaborées par les artistes, des fantaisies qui permettraient un regard plus libre, plus étendu, plus global. Un regard qui s'élabore à partir d'un observatoire (la webcaméra ou les systèmes de positionnement géographique) comme point de vue privilégié, voire même idéal, du monde. Une utopie du regard global, qui fait de notre monde un petit monde devenu facile à saisir autant dans sa globalité que dans ses détails.
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Template Cinema (navigation filmée #1)
Template Cinema de Thomson et Craighead présente un panorama virtuel (dont le cœur panoptique est occupé par l’internaute) constitué de séquences filmées par des Webcaméras dans des contextes urbain et naturel défiant toutes limitations géographiques. Les images et sons, relevant d’une esthétique volontairement «low-tech», sont diffusés en continu à partir de données préexistantes sur le Web. Présentée dans un premier temps comme une installation en galerie, l’œuvre est en ligne depuis 2004.
Surveillance (navigation filmée #1)
Surveillance, de Sylvain Vriens, donne l'impression à l'internaute d'épier un homme dans sa maison par l'entremise de séquences vidéo qu'il active et qui apparaissent sous forme de fenêtres intempestives. C’est le dispositif même de surveillance, ainsi que le rappelle le titre, qui est le véritable objet de cette représentation et non le sujet regardé, duquel il y a relativement peu à voir.
nocinema (navigation filmée #1)
Nocinema de Jérome Joy (1999) propose, dans un renversement intéressant, le flux, la composition sonore et la programmation comme cinéma à distance. Reprenant à son profit la phrase «Tout ce qui bouge sur un écran est du cinéma» de Jean Renoir, l’œuvre fait du Web un «anti cinéma», ou «cinéma improbable» selon Joy, qui reprend, en les actualisant par des stratégies de remixage, d’innombrables données diffusées en continu par diverses Webcaméras placées un peu partout sur la planète.