Submitted by Jean-Michel Ber... on
L'œuvre ST-Aime explore les impressions ressenties dans les lieux publics. Dans la banalité d'un trajet de métro, il suffit d'un accessoire, d'un parfum ou d'un regard pour se plonger dans des fantaisies. C'est ce que Guillaume Fecteau dépeint dans son œuvre littéraire scénarisée avec Twine1.
Les premières phrases du texte nous plongent rapidement dans le contexte du métro. On nous incite ensuite à choisir entre deux options de navigation: être un explorateur ou combattre des monstres. Suivre le chemin être un explorateur nous mène à l'histoire d'une aventure romantique imaginaire. Le lecteur, à travers les observations du narrateur, suit les pensées et les actions d'une personne dans le métro qui lit, séduit. On nous offre le choix de poursuivre certaines aventures, de les laisser aller, de chasser un inconnu ou de l'épier. L'œuvre nous permet aussi à quelques reprises de sculpter notre propre fantaisie, à travers celles du narrateur. On demande à l'internaute quel auteur devrait lire le coup de foudre momentané pour être aguiché: Emile Ajar, Kafka ou Agota Kristof? L'option combattre les monstres ramène l'internaute au filon être un explorateur. L'illusion d'une dualité de récits est alors effritée.
L'oeuvre est une fiction interactive qui se présente comme un texte à activer. Les paragraphes nous offrent des hyperliens pour explorer une romance superficielle et légère. À l'inverse de plusieurs fictions interactives à choix multiples, ST-Aime offre au lecteur ou à la lectrice l'option de revenir sur sa décision à l'aide d'une flèche gris pale dans la marge gauche de l'oeuvre. On peut aussi utiliser une autre flèche pour avancer sur le chemin auparavant parcouru.
La conclusion de l'œuvre est cyclique et l'internaute aboutit souvent sur la phrase: «J'en verrai sûrement d'autres demain». L'œuvre encouragee une lecture légère en écho aux observations passagères du narrateur. D'autres personnes reprendront le métro demain, peut-être seront-ils le fruit de fantasmes d'autres voyageurs. Enfin, l'internaute ne navigue pas dans ST-Aime pour haïr, croyons-nous, mais pour découvrir ce qui est beau dans l'autre et parfois, pour se laisser charmer.