Readonlymemories

« Le cinéma a été un élément décisif de la constitution de l'imaginaire au XXème siècle. Chacun d'entre nous, et de façon à chaque fois singulière, a rêvé sa vie tel un film, le film même de sa conscience. Cette imaginaire cinématographique trouve sa source dans un certain agencement entre le temps et l'espace. Ce dernier est recomposé par le flux temporel qui fait se rejoindre le mouvement de la caméra et le défilement du projecteur. Le spectateur voit des fragments d'espace à un moment donné, la caméra se déplace et dévoile d'autres fragments qui seront agencés les uns à côté des autres par le spectateur. Ainsi il imaginera un espace plus grand que l'espace montré dans le présent du film. Readonlymemories est une mise à plat de films connus ou inconnus. Nous avons tous vu l'immeuble de Fenêtre sur cour, la chambre de Dorothy dans Blue Velvet, les frères jumeaux de Faux-semblants, et pourtant jamais nous ne les avons vu [sic] à l'écran. » (http://incident.net/works/readonlymemories/index1.html) « READONLYMEMORIES est une recherche expérimentale sur les relations cinématographiques entre l'espace et le temps. Le livre de Bernard Stiegler La technique et le temps 3 nous a convaincu d'un changement épochal dans la répartition des catégories transcendantales de la perception. Le temps qui structurait traditionellement l'espace sous la forme d'une distance voit son avenir suspendu à une obsoléscence permanente qui obstrue l'histoire. De nouveaux objets narratifs, dont le jeu vidéo est emblématique, ne sont plus pensables temporellement mais spatialement. Le cinéma avait poussé à bout la logique du flux temporel que la photographie avait inauguré au XIXème siècle. Le cinéma constitue depuis une dizaine d'années un référent majeur dans le champ de l'art contemporain. Cette référence s'est développée selon plusieurs axes: le remontage-remixage de films afin d'en révéler les structures inapparentes (approche encyclopédique), l'analyse des principes de production, réalisation, diffusion (approche structurelle), l'intensification des clichés et normes (approche médiatique de type pop-art), la reprise de la question du récit (approche narrative, micro et inter-récits). Nous proposons de renverser ce rapport de référence et de déconstruire les structures transcendantales du cinématographe.Ces images que vous allez voir n'existent pas et pourtant nous les avons tous vus. Au cinéma, nous n'avons jamais à faire attention à ne pas perdre le fil du texte: il n'y a pas de texte. Ou s'il y en a, il entre en nous sans que nous ayons à venir le chercher. Il s'enlace à notre temps, il devient l'étoffe temporelle de ces quatre-vingt-dix minutes de conscience inconsciente qui caractérise l'être étrangement immobilisé par le mouvement qu'est le spectateur d'un film. Un film, comme une mélodie, est un flux: il se constitue dans son unité comme écoulement. Cet objet temporel, en tant que flux, coïncide avec le flux de la conscience dont il est l'objet – la conscience du spectateur. Il y a un mécanisme d'adoption complète du temps du film par le temps de la conscience qui, en tant qu'elle est elle-même un flux, se trouve captée et canalisée par le mouvement des images. Ce mouvement, investi par le désir d'histoires qui habite tout spectateur, libère les mouvements de conscience typiques de l'émotion cinématographique. Tout cela n'est possible que parce que la structure de la conscience est de part en part cinématographique, si l'on appelle cinématographique en général ce qui procède par montage d'objets temporels, c'est-à-dire d'objets constitués par leur mouvement. La caméra se déplace à droite, à gauche et dévoile l'espace. Il y a du hors-champ. Le temps, c'est-à dire le mouvement cinématographique, permet de schématiser ces fragments d'espace et de reconstituer un espace plus grand que jamais le spectateur ne voit en un seul moment. Il faut l'écoulement des 24 maintenants pour que l'imagination puisse se donner cette image et se répérer, créer une cartographie du film. Le cinéma priviégie le temps sur l'espace car l'espace est réduit à une distance à parcourir entre deux points. READONLYMEMORIES inversent cette hiérarchie et recompose l'espace cinématographique qui n'existe pas dans le maintenant du film et qui est pourtant le lieu de partage entre le cinéaste (le lieu de tournage comme référent) et les spectateurs (l'espace recomposé). En mettant à plat le temps, on reconstitue la continuité spatiale de l'espace en mettant bout à bout des fragments captés par la caméra. L'image n'est plus temporelle mais spatiale, le temps est rendu sensible par l'espace (de l'écran). Après cette première recomposition, les READONLYMEMORIES peuvent adopter des formes diverses selon les cas: support papier, vidéo, numérique, installation, etc. Les images seront réunies selon des problématiques précises. » (http://incident.net/works/readonlymemories/index1.html)

Biography

Chatonsky, Grégory

«Né à Paris. Lieu de résidence: Montréal et Paris. Grégory Chatonsky a étudié la philosophie à l'université de la Sorbonne et le multimédia aux Beaux-arts de Paris. Il a pris part à de nombreux projets solo et collectifs en France, Canada, États-Unis, Italie, Australie, Allemagne, Finlande, Espagne. Ses oeuvres ont été acquises par des institutions telles que la Maison européenne de la photograhie.

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