Depuis presque cinq ans, je publie des textes dans un blogue. Mais est-ce bien un blogue littéraire? Blogue est de l’anglais Web log. C’est par définition un journal de bord, une construction autobiographique et chronologique. Lorsque j’utilise un outil d’édition de blogue pour publier des textes, c’est d’abord pour des raisons pratiques. L’aspect autobiographique et chronologique ne m’intéresse pas (ou très peu), pas plus que la possibilité d’entrer en dialogue avec mes lecteurs (j’ai quand même activé les commentaires dans mon blogue un peu par curiosité). Cet outil est pour moi l’équivalent d’un rouleau de papier d’une longueur infinie que j’aurais inséré dans une imprimante à matrice (à l’époque de Kerouac, j’aurais dit dans une machine à écrire) et qui me permet d’écrire librement, quand ça me tente, en sachant qu’il y aura toujours du papier blanc devant. Chaque texte publié est une réponse au défi de cette page blanche d’une longueur infinie; en même temps, sachant la page infiniment longue, j’ai parfaitement conscience qu’il n’y a pas de but, que je n’en verrai pas la fin, que l’entreprise est parfaitement futile. Mais je continue d’écrire. Parce que le procédé permet surtout à mes écrits d’apparaître en ligne. J’écris en public, espérant rejoindre des lecteurs.
Disons que ce que je fais est un blogue littéraire. La lecture de votre article cadre parfaitement dans mes réflexions actuelles sur le choix de livrer des textes dans le Web ou d’essayer de les faire publier par les canaux traditionnels. Or, malgré toutes ses qualités, il ne faut pas perdre de vue que le blogueprésente les inconvénients de l’autoédition. À mon avis, l’édition traditionnelle permet trois choses que l’autoédition dans le Web en général et le blogage littéraire en particulier ne permettent pas :
La validation du travail par un tiers. Ne serait-ce que pour le strict minimum que représente une bonne révision du texte, le travail d’un éditeur a son importance, non?
Le rôle de passeur. L’éditeur a une notoriété, un lectorat, il a constitué avec le temps des canaux de distributions pour les œuvres qu’il publie. L’éditeur a un rôle important à jouer pour amener un livre dans les mains de lecteurs. (Quelle honte! Je parle de marketing! Mais n’écrit-on pas pour être lu?)
La capacité d’une œuvre à exister dans le continuum historique culturel national. Il n’existe actuellement aucun mécanisme permettant à l’édition électronique, que ce soit dans le Web ou en livre électronique, d’être répertorié dans les archives nationales. C’est bien sûr éminemment dramatique, à l’heure où l’édition entre inévitablement dans l’ère du numérique. Pour le moment, seul un bon vieux livre permet d’assurer qu’une œuvre passe à la postérité.
Bref, tout en alimentant mon blogue (et mes fils Twitter @machinaecrire et @nanopoesie) de mes écrits, je n’en continuerai pas moins à essayer de trouver un éditeur aux romans que je m’astreins à écrire en cachette. Mais qui sait? Peut-être vais-je finir par me lasser d’envoyer des manuscrits et abandonnerai-je alors aussi ces romans dans le Web?
To blog or not to blog?
Depuis presque cinq ans, je publie des textes dans un blogue. Mais est-ce bien un blogue littéraire? Blogue est de l’anglais Web log. C’est par définition un journal de bord, une construction autobiographique et chronologique. Lorsque j’utilise un outil d’édition de blogue pour publier des textes, c’est d’abord pour des raisons pratiques. L’aspect autobiographique et chronologique ne m’intéresse pas (ou très peu), pas plus que la possibilité d’entrer en dialogue avec mes lecteurs (j’ai quand même activé les commentaires dans mon blogue un peu par curiosité). Cet outil est pour moi l’équivalent d’un rouleau de papier d’une longueur infinie que j’aurais inséré dans une imprimante à matrice (à l’époque de Kerouac, j’aurais dit dans une machine à écrire) et qui me permet d’écrire librement, quand ça me tente, en sachant qu’il y aura toujours du papier blanc devant. Chaque texte publié est une réponse au défi de cette page blanche d’une longueur infinie; en même temps, sachant la page infiniment longue, j’ai parfaitement conscience qu’il n’y a pas de but, que je n’en verrai pas la fin, que l’entreprise est parfaitement futile. Mais je continue d’écrire. Parce que le procédé permet surtout à mes écrits d’apparaître en ligne. J’écris en public, espérant rejoindre des lecteurs.
Disons que ce que je fais est un blogue littéraire. La lecture de votre article cadre parfaitement dans mes réflexions actuelles sur le choix de livrer des textes dans le Web ou d’essayer de les faire publier par les canaux traditionnels. Or, malgré toutes ses qualités, il ne faut pas perdre de vue que le blogue présente les inconvénients de l’autoédition. À mon avis, l’édition traditionnelle permet trois choses que l’autoédition dans le Web en général et le blogage littéraire en particulier ne permettent pas :
Bref, tout en alimentant mon blogue (et mes fils Twitter @machinaecrire et @nanopoesie) de mes écrits, je n’en continuerai pas moins à essayer de trouver un éditeur aux romans que je m’astreins à écrire en cachette. Mais qui sait? Peut-être vais-je finir par me lasser d’envoyer des manuscrits et abandonnerai-je alors aussi ces romans dans le Web?