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en défense des auteurs

Personnellement, je suis assez d'accord avec les points amenés dans l'article de Pierre-Luc et Geneviève. Je crois qu'il s'agit d'une analyse rigoureuse, détachée et documentée de phénomènes réels et vérifiables (même s'ils ne font pas justice à l'ensemble des pratiques et des expérimentations disponibles sur le web, bien sûr) qui ont lieu en ce moment sur la blogosphère, et non pas une charge pseudo-romantique et emballée sur ce que "devrait" être le blogue littéraire en tant que nouvel espace ou "refuge" pour la littérature de demain, whatever the fuck that means, quand ça, demain? En ce sens, il me semble beaucoup plus près d'une réflexion réelle et d'une mise à plat d'enjeux concrets que celui d'Amélie Paquet (ou des commentaires de Mrs Bon et Brousseau), qui, à force de chercher à déligitimer la légitimation et ses instances, à force d'enfiler les phrases ampoulées et les pseudo-logiques anti-commerciales, ne fait que noyer le débat dans une mare de romantisme mièvre. 

Ce texte a été écrit par deux personnes qui justement ont ou ont eu une pratique bloguesque dite littéraire et qui s'interrogent honnêtement sur ce que ça peut bien vouloir dire (du blogue de  critiques de lectures au journal de bord d'une ménopausée qui tripe sur Baudelaire, en passant par des trucs expérimentaux lus par une personne et demi). Ils ne prétendent pas que la blogosphère est un "endroit de froids calculs", ils disent seulement que, comme n'importe quel écrivain qui tente sa chance et cherche un minimum de reconnaissance (peu importe le contexte historico-médiatico-social), le blogueur utilise les moyens mis à sa dispositions, sans aucunement les révolutionner dans leur essence (en fait en les utilisant souvent de manière assez conservatrice... et si M Bon veut me pointer un super cool blogueur qui n'utilise ni blogger ni wordpress, qui a inventé sa propre plateforme, qui contôle ses codes html ou whatever et qui a le temps d'être un bon écrivain en même temps, parfait, on attend juste ça, j'imagine). Le commentaire et l'échange sont en effet les outils idéaux afin de "monter son réseau" et étendre son influence. D'ailleurs, M. Brousseau, qui nous recommande d'aller lire ALL WORK AND NO PLAY, devrait se souvenir à quel point la réflexion de ce blogueur est axée sur ces mêmes grandes questions très concrètes sur l'acte de bloguer: pourquoi je fais ça? quelles sont mes motivations égoïstes et/ou atruistes? vais-je ou non révéler mon identité? en quoi consiste le rapport entre le blogueur et son "lectorat"? qu'elles sont mes dernières statistiques sur G. Analytics et par extenstion pourquoi suis-je aussi obsédé par elles?

Les textes de ALL WORK AND NO PLAY sur les blogues sont intéressants justement parce qu'ils refusent d'entrer dans la fausse opposition entre légitimité du champ officiel et supposée fraîcheur et révolution des blogues: ils se situent sur un plan neutre qui est capable de juger des avantages personnels de bloguer sans encenser la pratique outre mesure.

Je suis entièrement d'accord avec la démarche des auteurs de ce texte alors qu'ils tentent de cerner un objet fuyant à partir de sa base plus "populaire" et non pas à partir de ses quelques manifestations extraordinaires. L'immense majorité des "blogues littéraires" existants ressemblent plus, dans la forme et dans le fond, aux "Aventures d'une secrétaire célibataire" qu'aux aphorismes de Chevillard. Demandez-le à Clarence L'inspecteur, ou à Simon Brousseau, ou à Pierre-Marc Drouin, ou à Mélanie Jannard, qui sont loin d'avoir l'envie, ou même le loisir, de bloquer les commentaires, les échanges et le besoin de reconnaissance et de légitimité, aussi restreint soit-il, qui viendrait accompagner un contrat d'édition en bonne et due forme, afin de tomber dans une réelle "pratique" fictionelle 2.0. D'autres part, tous ces auteurs ont compris depuis longtemps qu'écrire des niaiseries est "payant" en termes de visites et de feedback, et que jouer sur la vérité et la fiction est avantageux et gratifiant sur le web d'une manière bien différente et bien plus instantanée que l'usage traditionnel du pseudonyme.

Je ne connaissais aucun des trois exemples nommés par M. Bon (vases communicants, 807 et le convoi des glossolales), je suis donc allé vérifier et je constate, entre autres: 1-que les commentaires publiés sur 807 sont pour la plupart assez proches de ce que les auteurs décrivent ici: soit des insides jokes incompréhensibles pour le nouvel arrivant, soit de brèves appréciations pleines de superlatifs; 2-que du côté des glossolales, il n'y a aucun commentaire, ce qui peut fait croire que chacun y va de sa petite contribution et que personne de se lit entre eux; 3- qu'il n'y a eu aucun billet de publié sur les vases communicants depuis février dernier.

Je ne prétend pas que ce texte de Pierre-Luc et Geneviève soit parfait, mais il me semble beaucoup plus humble, considérant que les auteurs sont loin de parler "contre" eux-mêmes, mais bien à partir d'une expérience qui n'est ni simple à résumer ni simplement sujette à l'exaltation, que certaines réflexions et commentaires qui ont été publiés ici.

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