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Réponse à Daniel Grenier

Daniel, merci de prendre part à la discussion, ça permet sans doute de recentrer le débat comme le souhaite Pierre-Luc.

Je vais essayer d’être plus précis, moins romantico-révolutionnaire (!) dans ma réaction.

Ce qui m’agace avec le texte de Geneviève et Pierre-Luc, c’est qu’ils fassent du commentaire la spécificité du blogue littéraire : « C’est le commentaire, véritablement, qui fait le blogue. »

À la base, je pense que l’affirmation est fausse ; ce qui fonde le blogue, ce ne peut-être autre chose que l’écriture du billet. C’est le billet qui appelle les commentaires, après tout.

En lisant la réflexion proposée ici, on a l’impression de pouvoir dégager l’équation suivante : (1) C’est le commentaire qui fonde le blogue, (2) les commentaires donnent essentiellement lieu à des manoeuvres intéressées, qu’il s’agisse de lécher des culs ou encore de laisser sa carte de visite (idéalement, les deux en même temps !!!), donc (3) la blogosphère est d’abord et avant tout un lieu virtuel où se rencontrent des écrivains wanna-be assoiffés de reconnaissance.

En gros, ce qu’on retient, c’est que la blogosphère est régie par «un régime de complaisance et de politesse », témoigne d’une «forme de sociabilité privilégiant le consensus et le divertissement.» Pour ce qui est des textes, on apprend que les blogueurs «n’appellent pas à une évaluation esthétique de leurs écrits.»

Le portrait des commentaires qui est proposé est lui-même réducteur. Il n’est sans doute pas faux d’affirmer que les commentaires sont courts pour la plupart et expriment l’appréciation du lecteur. Est-ce que ça signifie qu’il s’agit d’une carte de visite, d’un geste nécessairement intéressé ? Encore une fois, j’ai du mal à le concevoir. On pourrait aussi penser que les lecteurs de blogues en lisent beaucoup et qu’ils n’ont tout simplement pas le temps ou l’envie de formuler des commentaires plus élaborés. Et pourtant, il arrive qu’on trouve des commentaires plus substantiels; ils donnent lieu à des discussions, et, d’une certaine façon, ce sont peut-être ces commentaires là, rares, qui font la beauté de la blogosphère. C’est arrivé sur ton blogue, sur le mien et sur bien d’autres.

J’ai beaucoup de mal à concevoir qu’on puisse tenir un blogue principalement par désir de reconnaissance. On écrit un blogue parce qu’on a le sentiment d’avoir quelque chose à dire, et le Web offre en ce sens une fenêtre unique. Je suis peut-être naïf, et peut-être aussi vis-je dans le déni, mais sérieusement, je me fiche pas mal de mon blogroll et des statistiques de fréquentation de mon blogue.

Puisqu’il a été question du texte d’Amélie Paquet, j’aimerais parler de son blogue. Déprime explosive existe depuis presque dix ans et son auteur y écrit de façon régulière. Si tu jettes un coup d’oeil aux dernières entrées, tu verras que, souvent, les textes n’engendrent aucun commentaire. Parfois, il y a un commentaire auquel l’auteur ne se donne même pas la peine de répondre. Déprime explosive représente ce versant «gratuit» de la blogosphère sur lequel j’insiste, cette pratique d’écriture qui se situe au-delà d’un simple désir de reconnaissance. Et on peut en dire tout autant de ALL WORK AND NO PLAY ! Tu as raison de souligner le caractère autoréflexif de ce blogue. Ce que je voulais signifier en le prenant pour exemple, c’est qu’il échappe à la logique économico-symbolique décrite par Pierre-Luc et Geneviève. On a affaire à un blogue dont les textes sont démesurément longs, un blogue qui engendre très peu de commentaires ! Son dernier texte, qui date d’il y a une semaine et qui fait près de 4000 mots, n’a pas encore été commenté. Et gageons que ça n’empêchera pas son auteur de continuer ! À l’inverse, il arrive qu’on commente longuement les textes de ALL WORK AND NO PLAY. Ça donne lieu à des échanges qui n’ont rien, mais absolument rien de la carte de visite...

Enfin, tu as raison de souligner qu’il s’agit de questions complexes. À mon avis, le texte de Pierre-Luc et Geneviève insiste tellement sur le capital symbolique en jeu qu’il en vient à oublier qu’on parle d’auteurs qui s’astreignent à une discipline quotidienne et qui témoignent d’un engagement réel dans une pratique qu’ils prennent au sérieux. À lire la réflexion proposée ici, on a l’impression, exagérons un peu, que la blogosphère est une parade de paons. Il y a sans doute  de cela, mais il y a bien plus.

PS : n’oubliez pas de cliquer sur mon nom, juste en haut. Ça vous mènera à mon blogue.



 

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