Par Daniel Grenier1 (non vérifié), le 21 août 2011.
D'abord, je ne crois pas que le texte prétende que le commentaire prévaut à l'écriture du billet lui-même, ce serait absurde venant d'une blogueuse qui a elle-même bloqué l'accès aux commentaires. Ce que le commentaire fait, c'est rendre le billet de blogue automatiquement "vivant" et donc, spécifiquement, indubitablement, différent de l'entrée de journal intime ou de carnet de bord personnel. Et arrêtez de me dire que c'est la même affaire que les 3 millions de lettres qu'Appolinaire a écrit à ses amis entre deux calligrammes.
Les auteurs sont loin de dénigrer l'écriture blogesque en affirmant ceci, ils ne font qu'analyser (je me répète) un phénomène qui est vérifiable (en opérant une analogie qui n'est pas dénuée d'intérêt bien qu'elle n'amène pas grand-chose à mon avis), au lieu de prêter des intentions à un "genre" qui de toute façon est quasi-indéfinissable. Pense à Patty O'Green, par exemple, qui n'a pas du tout de pratique "littéraire" (elle a plutôt une vraie réflexion sur le web et ses potentialités) mais qui est probablement une des blogueuses les plus sympathiques et les plus intéressantes qu'il m'ait été donné de fréquenter dans le petit réseau qui s'est créé au fil des ans, autant dans ses billets (divinement "écrits", c'est ce qui est fascinant), que dans ses réactions à ceux des autres. Elle a toujours remis en question l'étiquette de "littéraire" et on la comprend: elle ne se sent pas concernée, ça l'emmerde à la limite. Je veux dire, moi-même est-ce que je fais de la littérature sur mon blogue? C'est quoi mon pourcentage? Et le tien? Et celui d'Amélie Panneton? C'est quoi le pourcentage de conneries qu'on écrit qui n'ont rien à voir les unes avec les autres? C'est toujours quand on se met à essayer de circonscrire quelque chose que ça nous file entre les doigts.
C'est pour ça, à mon sens, que PLL et GD font bien de rapprocher le blogue littéraire de son équivalent généraliste plutôt qu'expérimental (le genre je publie mon roman conceptuel au complet, ou mes poésies constructivistes, sans ouvrir les commentaires, et je brûle mon ordi à la fin, pour détruire les traces, en espérant que personne ne l'ai lu): ça recoupe bien plus de monde et ce monde-là est loin d'avoir opéré la coupure avec ces vieilleries que sont les livres et les éditeurs traditionnels. Et plus spécifiquement, pour ceux et celles qui ont des ambitions littéraires sérieuses, ça recoupe l'idée qu'un blogue, c'est plus souvent qu'autrement un "en attendant" ou un "au pire".
Désolé d'être si catégorique, mais je parle à travers mon expérience personnelle et mes conversations avec des blogueurs ayant atteints différents niveaux de "légitimation" officielle. Des conversations qui ont souvent eu lieu dans des échanges de commentaires où, il est vrai, parfois on se lâche lousse et on discute, mais habituellement une fois qu'on se "connaît" bien. Et du monde comme William Messier (deux livres publiés, blogage intermitent), Pierre-Marc Drouin (alias Luc-pierre, le parfait salaud, deux livres, blogage abandonné aux dernières nouvelles), Je-Me-Moi, de All Work And No play (plus profonde réflexion sur ces questions que j'ai lue, aucun livre publié mais des vélleités d'écriture de fiction), toi, Simon (aucun livre publié mais également des ambitions littéraires autres que ce blogue que tu délaisses lorsque tu te mets à écrire "sérieusement"), Tattoo (alias Danny Émond, retour au blogage dernièrement, aucune publication, mais un des blogueurs purement littéraires les plus lus à Montréal avant la fermeture du Repaire des Solitudes), etc. etc.
Ensuite, ce n'est peut-être pas naïf de croire que chacun d'entre nous qui bloguons de façon régulière le faisons avant tout parce qu'on a quelque chose à dire et non pas pour avoir du feedback, mais c'est certainement reposer la grande question de la création en général: pourquoi et surtout pour qui écrit-on ce qu'on croit tellement avoir à dire, Simon? Je veux dire, en bout de ligne, et c'est là la spécificité irrémédiable du blogue et des réseaux sociaux: l'interaction immédiate, rapide, avec une communauté de lecteurs/auteurs qui, comme PLL et GD le disent, n'ont pas d'autorité les uns sur les autres et donc, préférant ne pas se juger, laissent des traces sur des espaces qui leur semblent appartenir à un esprit semblable au leur, afin d'avoir l'impression de participer à quelque chose de plus grand que leur propre page wordpress ou blogger. Bien sûr qu'on aime tous l'écriture, la démarche, la littérature, bien sûr qu'on prend tous cela au sérieux, mais c'est justement cette logique inverse qui m'énerve dans cette argumentation, cette logique qui prétendrait que de chercher à se créer un lectorat ne fait pas partie de la game de "se prendre au sérieux" dans notre écriture, que ça ne participerait que d'une navrable logique marchande. Fuck off. Tout le monde veut être lu, en bout de ligne, même ceux qui ne sont pas obsédés par leurs statistiques, pas parce qu'ils ont un blogue, mais parce qu'ils sont des écrivains. Ce qui les définit en tant que blogueurs, ce n'est pas d'écrire du fragment ou du 4000 mots, c'est le pouvoir (dont ils se prévalent ou non) d'interagir pratiquement en tant réel sur ce petit champ littéraire qui se crée simultanément. Ça revient à ce que disait D. Maingueneau, que j'avais cité longuement dans un vieux billet, les écrivains blogueurs sont aussi et surtout des lecteurs et c'est ainsi que l'autorité traditionnelle est chamboulée.
Eille, ça s'en vient le fun icitte. On continue-tu sur Facebook?
Réponse à Simon Brousseau
D'abord, je ne crois pas que le texte prétende que le commentaire prévaut à l'écriture du billet lui-même, ce serait absurde venant d'une blogueuse qui a elle-même bloqué l'accès aux commentaires. Ce que le commentaire fait, c'est rendre le billet de blogue automatiquement "vivant" et donc, spécifiquement, indubitablement, différent de l'entrée de journal intime ou de carnet de bord personnel. Et arrêtez de me dire que c'est la même affaire que les 3 millions de lettres qu'Appolinaire a écrit à ses amis entre deux calligrammes.
Les auteurs sont loin de dénigrer l'écriture blogesque en affirmant ceci, ils ne font qu'analyser (je me répète) un phénomène qui est vérifiable (en opérant une analogie qui n'est pas dénuée d'intérêt bien qu'elle n'amène pas grand-chose à mon avis), au lieu de prêter des intentions à un "genre" qui de toute façon est quasi-indéfinissable. Pense à Patty O'Green, par exemple, qui n'a pas du tout de pratique "littéraire" (elle a plutôt une vraie réflexion sur le web et ses potentialités) mais qui est probablement une des blogueuses les plus sympathiques et les plus intéressantes qu'il m'ait été donné de fréquenter dans le petit réseau qui s'est créé au fil des ans, autant dans ses billets (divinement "écrits", c'est ce qui est fascinant), que dans ses réactions à ceux des autres. Elle a toujours remis en question l'étiquette de "littéraire" et on la comprend: elle ne se sent pas concernée, ça l'emmerde à la limite. Je veux dire, moi-même est-ce que je fais de la littérature sur mon blogue? C'est quoi mon pourcentage? Et le tien? Et celui d'Amélie Panneton? C'est quoi le pourcentage de conneries qu'on écrit qui n'ont rien à voir les unes avec les autres? C'est toujours quand on se met à essayer de circonscrire quelque chose que ça nous file entre les doigts.
C'est pour ça, à mon sens, que PLL et GD font bien de rapprocher le blogue littéraire de son équivalent généraliste plutôt qu'expérimental (le genre je publie mon roman conceptuel au complet, ou mes poésies constructivistes, sans ouvrir les commentaires, et je brûle mon ordi à la fin, pour détruire les traces, en espérant que personne ne l'ai lu): ça recoupe bien plus de monde et ce monde-là est loin d'avoir opéré la coupure avec ces vieilleries que sont les livres et les éditeurs traditionnels. Et plus spécifiquement, pour ceux et celles qui ont des ambitions littéraires sérieuses, ça recoupe l'idée qu'un blogue, c'est plus souvent qu'autrement un "en attendant" ou un "au pire".
Désolé d'être si catégorique, mais je parle à travers mon expérience personnelle et mes conversations avec des blogueurs ayant atteints différents niveaux de "légitimation" officielle. Des conversations qui ont souvent eu lieu dans des échanges de commentaires où, il est vrai, parfois on se lâche lousse et on discute, mais habituellement une fois qu'on se "connaît" bien. Et du monde comme William Messier (deux livres publiés, blogage intermitent), Pierre-Marc Drouin (alias Luc-pierre, le parfait salaud, deux livres, blogage abandonné aux dernières nouvelles), Je-Me-Moi, de All Work And No play (plus profonde réflexion sur ces questions que j'ai lue, aucun livre publié mais des vélleités d'écriture de fiction), toi, Simon (aucun livre publié mais également des ambitions littéraires autres que ce blogue que tu délaisses lorsque tu te mets à écrire "sérieusement"), Tattoo (alias Danny Émond, retour au blogage dernièrement, aucune publication, mais un des blogueurs purement littéraires les plus lus à Montréal avant la fermeture du Repaire des Solitudes), etc. etc.
Ensuite, ce n'est peut-être pas naïf de croire que chacun d'entre nous qui bloguons de façon régulière le faisons avant tout parce qu'on a quelque chose à dire et non pas pour avoir du feedback, mais c'est certainement reposer la grande question de la création en général: pourquoi et surtout pour qui écrit-on ce qu'on croit tellement avoir à dire, Simon? Je veux dire, en bout de ligne, et c'est là la spécificité irrémédiable du blogue et des réseaux sociaux: l'interaction immédiate, rapide, avec une communauté de lecteurs/auteurs qui, comme PLL et GD le disent, n'ont pas d'autorité les uns sur les autres et donc, préférant ne pas se juger, laissent des traces sur des espaces qui leur semblent appartenir à un esprit semblable au leur, afin d'avoir l'impression de participer à quelque chose de plus grand que leur propre page wordpress ou blogger. Bien sûr qu'on aime tous l'écriture, la démarche, la littérature, bien sûr qu'on prend tous cela au sérieux, mais c'est justement cette logique inverse qui m'énerve dans cette argumentation, cette logique qui prétendrait que de chercher à se créer un lectorat ne fait pas partie de la game de "se prendre au sérieux" dans notre écriture, que ça ne participerait que d'une navrable logique marchande. Fuck off. Tout le monde veut être lu, en bout de ligne, même ceux qui ne sont pas obsédés par leurs statistiques, pas parce qu'ils ont un blogue, mais parce qu'ils sont des écrivains. Ce qui les définit en tant que blogueurs, ce n'est pas d'écrire du fragment ou du 4000 mots, c'est le pouvoir (dont ils se prévalent ou non) d'interagir pratiquement en tant réel sur ce petit champ littéraire qui se crée simultanément. Ça revient à ce que disait D. Maingueneau, que j'avais cité longuement dans un vieux billet, les écrivains blogueurs sont aussi et surtout des lecteurs et c'est ainsi que l'autorité traditionnelle est chamboulée.
Eille, ça s'en vient le fun icitte. On continue-tu sur Facebook?