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L'erreur de ne pas tout dire

Cet article est certainement insuffisant. Il ne dit pas tout du phénomène des blogs de création littéraire, surtout pas de la littérature en contexte numérique. Il s'arrête sur un volet spécifique, qui est de voir dans les commentaires de blogs littéraires non pas un lieu de discussion (entendre : de critique entre pairs) mais plutôt un lieu de mise en lien, d'établissement de connivence, de représentation de soi. Ce qui est courant dans les blogs réflexifs ou scientifiques (des échanges critiques basés sur une dialectique ouverte) est montré ici comme peu commun du côté littéraire.

Et puis alors ? Jeter un regard sur une dimension spécifique d'un phénomène plutôt que de tenir un propos trop général est à mon sens un signe de prudence et de respect pour son objet. Nulle attaque perceptible contre la littérarité ou la nature spécifiquement numérique des blogs. Simplement un regard sur la légitimité qui se dessine dans une communauté (elle est une notion de base en sociologie, et n'est pas pour autant un signe de décrépitude de la blogosphère).

Évidemment, l'antéchronologie des entrées publiées, son rythme, les jeux de rappel, la bataille contre la fosse à bitume du temps qui passe... toutes des questions poétiques qui restent sans réponse. Idem pour la question de la lecture de blog à blog (ou plutôt : de l'écho d'un blog sur un autre) n'est pas prise en charge — ce qui aurait pu être passionnant, mais étourdissant à traiter, on en conviendra. Les « réseaux sociaux » ne sont pas étudiés non plus (mais sont-ils vraiment plus le lieu d'une réception argumentée ? pas sûr...). Le corpus est établi de façon très ouverte (place, oui, à la piétaille blogueuse, parce qu'elle forme une des limites de ce champ), avec des effets de déformation inévitable sur certains secteurs de la blogosphère. PLL et GD ne font pas de cet article un manifeste depuis leur propre pratique, préférant une distance critique sur un phénomène qu'ils ont observé ; ce n'était pas leur objectif et probablement pas le lieu (puisqu'ils portaient leur chapeau de lecteurs, oui, universitaires — dommage que ce soit une tare). Ils ont commis le péché, véniel, de ne pas dire clairement tout ce qu'ils n'ont pas abordé... Commun dans un contexte où les réflexions s'établissent peu à peu.

Simplement une traversée de la question de la socialité. D'autres viendront pour discuter, poursuivre ou reprendre le travail ici proposé. Eux-mêmes reviendront sûrement pour discuter de propositions singulières, de sites stimulants, de phénomènes en porte-à-faux. La positivité du phénomène pourra être abordée de front. Soyons patients et poursuivons les échanges...

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