Ce commentaire est fort intéressant et m'invite à adresser une «lacune» de la lecture que j'ai proposée, si on veut. Je n'ai en effet peut-être pas insisté assez sur les oeuvres contemporaines retenues par Begbeider. C'est la façon dont j'ai choisi de présenter son palmarès qui laisse croire qu'il n'accorde pas autant d'attention aux auteurs vivants, pour reprendre ses termes, alors que plus de la moitié (près de 60%) des bouquins mentionnés dans son top 100 ont été écrits et publiés après 1980.
Pour satisfaire la curiosité des lecteurs de Salon double qui n'auraient pas le livre sous la main, je reproduis ici la liste des dix «préférés» de Beigbeder avec leur date de parution. Je commenterai ensuite.
1. American Psycho de Bret Easton Ellis (1991)
2. L'année de l'amour de Paul Nizon (1981)
3. Paludes d'André Gide (1895)
4. L'humeur vagabonde d'Antoine Blondin (1955)
5. Bright Lights, Big City de Jay McInerney (1984)
6. Les Contrerimes de Paul-Jean Toulet (1921)
7. L'Attrape-Coeurs de J.D. Salinger (1951)
8. Plateforme de Michel Houellebecq (2001)
9. Les Choses de George Perec (1965)
10. La Fêlure de Francis Scott Fitzgerald (1936)
Il y a donc quatre de ces titres qui sont spécifiquement contemporains, notamment les numéros un et deux du palmarès. Je ne veux pas prêter d'intentions à Beigbeder mais je crois que, malgré ce que le «Making of» en préface laisse penser, l'objectif de ce palmarès n'était pas tant de réfléchir ou de méditer sur la littérature contemporaine, mais bien plutôt, comme l'annonce le titre programmatif, de faire un bilan du XXe siècle littéraire. J'ai l'impression que ceci explique cela, c'est-à-dire que ce programme réflexif n'incluant pas d'observation particulière de la «condition contemporaine», l'auteur s'en est tenu à une présentation sommaire de ses cent livres préférés.
Je crois avoir bien montré qu'il y a derrière ce palmarès une cartographie du siècle, une historicisation de la littérature du XXe qui se manifeste par le choix de moments forts — un début et une fin — représentés par des bouquins en particulier. Néanmoins, Beigbeder ne réfléchit pas davantage aux questions propres à l'époque contemporaine. Il proclame une littérature du XXIe siècle, annoncée par Breat Easton Ellis, placée sous le signe du trash, de l'hystérie, mais sans en dire davantage. Peut-être que d'ici dix ans il nous offrira un nouveau palmarès qui sera, cette fois, consacré aux oeuvres phares de notre époque plus strictement contemporaine, cette ère nouvelle, post-apocalyptique!
Après l'apocalypse
Ce commentaire est fort intéressant et m'invite à adresser une «lacune» de la lecture que j'ai proposée, si on veut. Je n'ai en effet peut-être pas insisté assez sur les oeuvres contemporaines retenues par Begbeider. C'est la façon dont j'ai choisi de présenter son palmarès qui laisse croire qu'il n'accorde pas autant d'attention aux auteurs vivants, pour reprendre ses termes, alors que plus de la moitié (près de 60%) des bouquins mentionnés dans son top 100 ont été écrits et publiés après 1980.
Pour satisfaire la curiosité des lecteurs de Salon double qui n'auraient pas le livre sous la main, je reproduis ici la liste des dix «préférés» de Beigbeder avec leur date de parution. Je commenterai ensuite.
1. American Psycho de Bret Easton Ellis (1991)
2. L'année de l'amour de Paul Nizon (1981)
3. Paludes d'André Gide (1895)
4. L'humeur vagabonde d'Antoine Blondin (1955)
5. Bright Lights, Big City de Jay McInerney (1984)
6. Les Contrerimes de Paul-Jean Toulet (1921)
7. L'Attrape-Coeurs de J.D. Salinger (1951)
8. Plateforme de Michel Houellebecq (2001)
9. Les Choses de George Perec (1965)
10. La Fêlure de Francis Scott Fitzgerald (1936)
Il y a donc quatre de ces titres qui sont spécifiquement contemporains, notamment les numéros un et deux du palmarès. Je ne veux pas prêter d'intentions à Beigbeder mais je crois que, malgré ce que le «Making of» en préface laisse penser, l'objectif de ce palmarès n'était pas tant de réfléchir ou de méditer sur la littérature contemporaine, mais bien plutôt, comme l'annonce le titre programmatif, de faire un bilan du XXe siècle littéraire. J'ai l'impression que ceci explique cela, c'est-à-dire que ce programme réflexif n'incluant pas d'observation particulière de la «condition contemporaine», l'auteur s'en est tenu à une présentation sommaire de ses cent livres préférés.
Je crois avoir bien montré qu'il y a derrière ce palmarès une cartographie du siècle, une historicisation de la littérature du XXe qui se manifeste par le choix de moments forts — un début et une fin — représentés par des bouquins en particulier. Néanmoins, Beigbeder ne réfléchit pas davantage aux questions propres à l'époque contemporaine. Il proclame une littérature du XXIe siècle, annoncée par Breat Easton Ellis, placée sous le signe du trash, de l'hystérie, mais sans en dire davantage. Peut-être que d'ici dix ans il nous offrira un nouveau palmarès qui sera, cette fois, consacré aux oeuvres phares de notre époque plus strictement contemporaine, cette ère nouvelle, post-apocalyptique!