Les experts d’aujourd’hui sur Twitter: Follow the Foodies !

Ce ne sont pas seulement les chefs connus, les restaurateurs branchés ou les experts gastronomiques qui peuvent  avoir leur moment de gloire lorsqu’ils parlent de bouffe. En effet, la montée des réseaux sociaux, dont l’expansion de Twitter, a permis de faire connaître des milliers de gens qui, même s’ ils n’ont jamais possédé leur propre restaurant, ni  fait de la cuisine leur métier, ni même fait des études dans le domaine, ont su se démarquer comme autorité crédible en la matière, du moins auprès de milliers d’autres internautes, devenant ainsi du jour au lendemain des célébrités!

Le phénomène des foodies comme on les appelle, qui donnent leur point de vue ou leurs recettes principalement sur Twitter et sur les blogues, est intéressant car même les chefs-propriétaires de restaurants les considèrent. L’autre jour j’étais en compagnie du chef Giovanni Apollo du Groupe Apollo et il me disait ceci : « Tu sais je porte beaucoup plus attention à une critique d’un foodie sur son blogue ou qui publie régulièrement ses critiques sur Twitter. Le critique du journal est forcé d’écrire une chronique quotidienne ou hebdomadaire. Il doit aussi exagérer, faire monter la sauce, pour faire vendre plus d’exemplaires de la publication. J’en connais qui sont désabusés ou frustrés, et cela transparaît dans leurs critiques de restaurants, au grand dam des restaurateurs visés; tandis que, généralement, un foodie, lui,  a à cœur le respect de la nourriture et fait souvent cela pour le plaisir, sans être payé en retour; quand il visite un restaurant il est incognito, donc il peut faire une critique plus objective. Pour nous, c’est bien de pouvoir savoir si nos employés ont été à la hauteur ou si nos plats ont la cote. »  Bien sûr, les chefs savent séparer l’ivraie du bon grain en n’écoutant que ceux qui semblent avoir une certaine influence sur les réseaux sociaux.

Lorsqu’on navigue sur la twittosphère et qu’on tape le mot clé : « @foodie », on est étonné du nombre de gens (des nobodys ) qui s’improvisent journalistes gastronomiques : « Best burgers in LA », « The foodie’s guide to Sin City. Highlighting what to #eat + #drink in Vegas ». Les foodies ont tellement envahi Twitter en nous recommandant le meilleur « mac & cheese », en nous commentant le dernier épisode de Iron Chef ou en y allant de leur recommandation  pour leur restaurant du moment, que nous confondons littéralement l’expert et l’amateur.

 Twitter est devenu LA source d’information pour trouver des renseignements pertinents et originaux sur le merveilleux monde de la nourriture. Un peu comme TripAdvisor l’est pour les recommandations voyages des internautes, Twitter est devenu l’endroit pour parler « food ». C’est tellement vrai qu’un blogue américain reconnu dans le domaine, Friendseat, a consacré un article en page frontispice, intitulé « 100 Foodies on Twitter », sur les 100 meilleurs tweets  parlant de nourriture. Le blogue dit : « We thought this required a little attention so we created a list of the top 100 tweets foodies we should follow in 2011. In order to come up with the list we looked at measurements such as followers/following ratio, times listed, number of tweets; as well as a few (secret) outside forces. We also looked at interaction to see if there was back and forth communication between these tweets and their followers. We think these accounts fit the bill and could just become the next big food personalities. »

Le phénomène d’attraction est tel qu’un jour un simple amateur de bouffe, et non un chef, décida d’inventer ce qu’on appelle aujourd’hui le « Twicipe ». Il fallait être imaginatif pour trouver une façon de communiquer et d’écrire une recette en 140 caractères ! Aujourd’hui, les utilisateurs foodies de Twitter publient les directives en éliminant tout sauf les ingrédients essentiels et les étapes de base. Les voyelles sont souvent éliminées et les symboles sont communs. Est-ce que le résultat est convaincant ? Jugez-en par vous-même avec cet exemple : 3/4L eau & 50g sucre porter ébul  et mijoter w/ 2càs miel pis viand/p. bouil” ou en anglais : “Honeyed tagine : brwn lb/500g yam or lamb/T oil&butter/t tumeric&ging&s+p&cinn; +c onion&carrot9m; +cbroth/3T honey/9prune. Cvr#-h@400F/205C. » Un nouveau langage est né qui ressemble à une formule scientifique. Dans un article sur le blogue du New York Times en 2011, Lawrence Downes écrit : « You are already on the Internet, so why not get the whole recipe, with pictures, and maybe a video? Why risk clarity and comprehension for the sake of Twitter’s 140 character straightjacket? » Plusieurs utilisateurs de Twitter vont répondre qu’il est amusant de décoder ces Twicipes et aussi d’obtenir une recette en modèle réduit. « C’est certainement un code (…) que les gens doivent prendre le temps d’apprendre », admet Karen Solomon, une journaliste de San Francisco qui s’intéresse aux médias sociaux et qui publie régulièrement sur le site de micro-blogues . « Mais on peut dire la même chose de « LOL » (…) ou des émoticons que les gens utilisent depuis des années », ajoute-t-elle.
Certains affirment que ces micro-recettes prêtent trop souvent à confusion, mais ceux qui les apprécient les décrivent comme une façon moderne de partager les joies de la cuisine entre gens du public.
Des exemples ?  Maureen Evans (cookbook), une fervente amatrice de cuisine suivie sur Twitter par quelque 15 000 personnes. En français, tweetcooking, un site créé par des amateurs, proposant des recettes en 140 signes ou moins.
Bref, les foodies ont aujourd’hui leur médium, Twitter, leur public parmi les Followers, et maintenant leur propre langage, les twicipes, un code pour s’échanger de bonnes recettes en seulement 140 caractères !   Ce phénomène est assez récent,  mais déjà certains foodies du public se font remarquer et la télévision les récupère pour en faire de vrais chefs avec une vraie émission de cuisine!

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