L’équation du succès : Écrivains + nourriture = visibilité assurée!

Kim Thùy, en entrevue à la sortie de son livre Man.

La planète entière tourne autour de la nourriture ! Les émissions de cuisine foisonnent, les livres de recettes se multiplient, les chefs s’expriment sur tous les plateaux, les médias sociaux deviennent un buffet à ciel ouvert, les Foodies sont légions et le Food une religion! Par conséquent la littérature, qui n’est pas étanche au discours social, s’en empare et les écrivains qui parlent de cuisine dans leur livre ont la cote. La preuve, ils semblent avoir une visibilité que d’autres n’ont pas…

Ce petit quelque chose…

Il n’y a pas même trois semaines, le roi du barbecue américain, Steven Raichlen*, a fait beaucoup parler de lui en sortant son dernier livre, Refuge à Chappaquiddick : un roman! Bien qu’ayant publié une vingtaine de livres, tous des best-sellers, cet Américain n’avait jusqu’alors publié que des livres de recettes ! Il faut dire, quand même, qu’il a un parcours particulier : diplômé en littérature française de l’Université Reed en Oregon, il quitte ensuite les États-Unis pour étudier la cuisine médiévale en France, puis vient au Québec pour conclure un accord de publication de sa traduction en français aux Éditions de l’Homme, une division du Groupe Québécor, et tourner les 13 émissions de télé sur le barbecue pour le canal Zeste. Chouchou de tous les Québécois et les Québécoises qui voient en lui le maître incontesté du barbecue (combien d’hommes ont regagné leur virilité en dominant le gril grâce aux judicieux conseils de leur gourou?), peut-il aussi réussir à les séduire avec son roman ? Si on se fie à la critique (critique favorable de Chrystine Brouillet à Ça finit bien la semaine à la Première Chaîne de Radio Canada, mentions dans Rouge Fm, Cite Boomers, Le Journal de Québec, Le  Journal de Montréal, Le Devoir, La Presse…) tous les médias, sans exception, parlent de son livre en  termes élogieux, et de lui comme un être charismatique aux multiples talents. Évidemment, les mauvaises langues diront que le fait qu’il appartienne maintenant au Holding Québécor l’aide beaucoup (Éditions Québécor, TVA, Le Journal de Montréal, et Archambault en prime pour la vente de livres); mais les autres médias le prouvent : il a la cote. En plus, il sait comment plaire à son public : dans ses entrevues, il se fait un devoir de mentionner que même si l’intrigue est dominante… ses fans ne seront pas déçus puisque la nourriture y est présente et importante. Les interviewers en sont ravis et ne cessent de le questionner là-dessus. Comment y échapper ?  En tous cas, cela l’aide à vendre ses livres car, comme on le sait, il ne suffit pas d’être un bon écrivain pour s’assurer un succès commercial. C’est le « principe Hygrade » : plus de gens en parlent et plus de gens en mangent! Gageons que ce sera aussi un best-seller.

Une autre sortie récente, québécoise cette fois, c’est le dernier roman de Kim Thùy, Mãn, paru aux éditions Libre-Expression et dont l’auteure a fait le lancement au restaurant Sesame du Vieux-Montréal. Dans son entrevue à la Première chaîne de Radio-Canada, elle répond au journaliste qui l’interroge sur l’omniprésence de la nourriture dans le roman et sur son apparence autobiographique : « Oui, la nourriture est très importante. Mais même si le personnage principal est restauratrice dans le roman, ou plutôt cuisinière au restaurant de son mari, cela n’est pas autobiographique. Par contre la nourriture est là parce qu’elle représente l’amour, la vie, cela fait partie de la culture vietnamienne et de son partage avec la culture québécoise… ».  Une corde sensible que Thùy a touchée là en tous cas c’est l’intérêt des Québécois pour la cuisine vietnamienne, et plus largement pour les « cuisines du monde ». Une façon d’établir le contact par le biais de la nourriture. Coïncidence ou hasard que son avant-dernier roman, À toi, n’ait pas suscité le même engouement ni de la part du public ni de la part des médias ? Entendons nous bien ici, on ne parle pas de la critique, mais bien de couverture médiatique. Ex-restauratrice, passionnée de nourriture, nous livrant même ses recettes dans son dernier roman (on a tous les détails pour préparer certains délices de la cuisine vietnamienne), elle nous est immensément sympathique. Ce capital d’amour se traduit par des invitations à toutes les émissions importantes pour se faire voir (dont Tout le monde en parle) et lui vaut la coanimation d’une émission sur le câble,  avec trois autres chroniqueurs dont notre comédien-épicurien, recyclé en animateur d’émission de cuisine, et j’ai nommé Monsieur-un-ti-verre-de-vino en personne : Christian Bégin! Les sujets à l’émission se mélangent allégrement : lecture, nourriture, vin, cinéma… On y découvre aussi la femme derrière l’écrivaine, une femme qui « croque dans la pomme », suivant l’expression de l’auteure.

On ne peut finir cette chronique sans parler de la précurseure, la première Québécoise à s’être fait connaître comme une écrivaine épicurienne et qui prend un malin plaisir à mettre en scène de la nourriture et du vin dans ses romans : Chrystine Brouillet. Notre « Dona Leone » québécoise (Dona Leone, l’auteure américaine de polars à succès qui parle de nourriture dans ses romans, ayant même publié un livre de recettes qui met en scène ses personnages, dont son protagoniste l’inspecteur Brunetti, dans Brunetti passe à table). Brouillet est aujourd’hui connue autant pour ses livres que pour ses nombreuses présences à la télévision et à la radio. C’est d’ailleurs elle qu’on a invitée en premier lieu à parler du roman de Raichlen sur les ondes de Radio-Canada. Grande amie de Ricardo Larrivée, ex-animatrice d’une émission de cuisine et amatrice de vins, elle incarne les plaisirs de la vie  que sont la lecture et la nourriture!

Buon appetito!

Bref, même si cette chronique n’a pas du tout l’intention de remettre en question le talent de nos auteurs cités, force est de constater que parler de nourriture est de bon ton et de bon goût! Les médias et les journalistes ont un faible pour ces auteurs qui parlent de nourriture, les considérant sexys et c’est pourquoi ils leur font une grande place dans leur couverture médiatique car ils mangent littéralement l’écran!

entrevue de Kim Thùy:  http://www.radio-canada.ca/emissions/cest_bien_meilleur_le_matin/2012-2013/chronique.asp?idchronique=283208

entrevue de Steven Raichlen: http://www.youtube.com/watch?v=mrVIUmL5lcA

* La Librairie Gourmande du Marché Jean-Talon se spécialise dans la vente de livres qui traitent de gastronomie ou qui placent la nourriture en avant-plan ou en arrière-scène.  On peut y trouver les livres de Raichlen, Brouillet, Thùy et Leon.

Les experts d’aujourd’hui sur Twitter: Follow the Foodies !

Ce ne sont pas seulement les chefs connus, les restaurateurs branchés ou les experts gastronomiques qui peuvent  avoir leur moment de gloire lorsqu’ils parlent de bouffe. En effet, la montée des réseaux sociaux, dont l’expansion de Twitter, a permis de faire connaître des milliers de gens qui, même s’ ils n’ont jamais possédé leur propre restaurant, ni  fait de la cuisine leur métier, ni même fait des études dans le domaine, ont su se démarquer comme autorité crédible en la matière, du moins auprès de milliers d’autres internautes, devenant ainsi du jour au lendemain des célébrités!

Le phénomène des foodies comme on les appelle, qui donnent leur point de vue ou leurs recettes principalement sur Twitter et sur les blogues, est intéressant car même les chefs-propriétaires de restaurants les considèrent. L’autre jour j’étais en compagnie du chef Giovanni Apollo du Groupe Apollo et il me disait ceci : « Tu sais je porte beaucoup plus attention à une critique d’un foodie sur son blogue ou qui publie régulièrement ses critiques sur Twitter. Le critique du journal est forcé d’écrire une chronique quotidienne ou hebdomadaire. Il doit aussi exagérer, faire monter la sauce, pour faire vendre plus d’exemplaires de la publication. J’en connais qui sont désabusés ou frustrés, et cela transparaît dans leurs critiques de restaurants, au grand dam des restaurateurs visés; tandis que, généralement, un foodie, lui,  a à cœur le respect de la nourriture et fait souvent cela pour le plaisir, sans être payé en retour; quand il visite un restaurant il est incognito, donc il peut faire une critique plus objective. Pour nous, c’est bien de pouvoir savoir si nos employés ont été à la hauteur ou si nos plats ont la cote. »  Bien sûr, les chefs savent séparer l’ivraie du bon grain en n’écoutant que ceux qui semblent avoir une certaine influence sur les réseaux sociaux.

Lorsqu’on navigue sur la twittosphère et qu’on tape le mot clé : « @foodie », on est étonné du nombre de gens (des nobodys ) qui s’improvisent journalistes gastronomiques : « Best burgers in LA », « The foodie’s guide to Sin City. Highlighting what to #eat + #drink in Vegas ». Les foodies ont tellement envahi Twitter en nous recommandant le meilleur « mac & cheese », en nous commentant le dernier épisode de Iron Chef ou en y allant de leur recommandation  pour leur restaurant du moment, que nous confondons littéralement l’expert et l’amateur.

 Twitter est devenu LA source d’information pour trouver des renseignements pertinents et originaux sur le merveilleux monde de la nourriture. Un peu comme TripAdvisor l’est pour les recommandations voyages des internautes, Twitter est devenu l’endroit pour parler « food ». C’est tellement vrai qu’un blogue américain reconnu dans le domaine, Friendseat, a consacré un article en page frontispice, intitulé « 100 Foodies on Twitter », sur les 100 meilleurs tweets  parlant de nourriture. Le blogue dit : « We thought this required a little attention so we created a list of the top 100 tweets foodies we should follow in 2011. In order to come up with the list we looked at measurements such as followers/following ratio, times listed, number of tweets; as well as a few (secret) outside forces. We also looked at interaction to see if there was back and forth communication between these tweets and their followers. We think these accounts fit the bill and could just become the next big food personalities. »

Le phénomène d’attraction est tel qu’un jour un simple amateur de bouffe, et non un chef, décida d’inventer ce qu’on appelle aujourd’hui le « Twicipe ». Il fallait être imaginatif pour trouver une façon de communiquer et d’écrire une recette en 140 caractères ! Aujourd’hui, les utilisateurs foodies de Twitter publient les directives en éliminant tout sauf les ingrédients essentiels et les étapes de base. Les voyelles sont souvent éliminées et les symboles sont communs. Est-ce que le résultat est convaincant ? Jugez-en par vous-même avec cet exemple : 3/4L eau & 50g sucre porter ébul  et mijoter w/ 2càs miel pis viand/p. bouil” ou en anglais : “Honeyed tagine : brwn lb/500g yam or lamb/T oil&butter/t tumeric&ging&s+p&cinn; +c onion&carrot9m; +cbroth/3T honey/9prune. Cvr#-h@400F/205C. » Un nouveau langage est né qui ressemble à une formule scientifique. Dans un article sur le blogue du New York Times en 2011, Lawrence Downes écrit : « You are already on the Internet, so why not get the whole recipe, with pictures, and maybe a video? Why risk clarity and comprehension for the sake of Twitter’s 140 character straightjacket? » Plusieurs utilisateurs de Twitter vont répondre qu’il est amusant de décoder ces Twicipes et aussi d’obtenir une recette en modèle réduit. « C’est certainement un code (…) que les gens doivent prendre le temps d’apprendre », admet Karen Solomon, une journaliste de San Francisco qui s’intéresse aux médias sociaux et qui publie régulièrement sur le site de micro-blogues . « Mais on peut dire la même chose de « LOL » (…) ou des émoticons que les gens utilisent depuis des années », ajoute-t-elle.
Certains affirment que ces micro-recettes prêtent trop souvent à confusion, mais ceux qui les apprécient les décrivent comme une façon moderne de partager les joies de la cuisine entre gens du public.
Des exemples ?  Maureen Evans (cookbook), une fervente amatrice de cuisine suivie sur Twitter par quelque 15 000 personnes. En français, tweetcooking, un site créé par des amateurs, proposant des recettes en 140 signes ou moins.
Bref, les foodies ont aujourd’hui leur médium, Twitter, leur public parmi les Followers, et maintenant leur propre langage, les twicipes, un code pour s’échanger de bonnes recettes en seulement 140 caractères !   Ce phénomène est assez récent,  mais déjà certains foodies du public se font remarquer et la télévision les récupère pour en faire de vrais chefs avec une vraie émission de cuisine!

POPULARITÉ, POUVOIR ET ARGENT GRÂCE AUX MÉDIAS SOCIAUX


Le marketing virtuel et la gastronomie

Les propriétaires de restaurants, en bons gens d’affaires, exploitent le médium des réseaux sociaux pour attirer les clients dans leur établissement. C’est du marketing  facile et payant tout en étant gratuit à la fois pour l’annonceur et l’utilisateur. Les retombées sont très positives surtout quand on sait que pour rejoindre les gens aujourd’hui, les médias sociaux sont peut-être le meilleur moyen. Ce qui montre encore une fois la popularité grandissante des réseaux sociaux et du lien de confiance qui se tisse entre ces médiums et les gens.

VOICI QUELQUES STATISTIQUES INTÉRESSANTES SUR LE MARKETING ET LES RÉSEAUX SOCIAUX*

  • 60% des gens découvrent une marque via les médias sociaux.
  • 72% des entreprises ont augmenté leurs ventes comme résultat de leur utilisation des médias sociaux
  • 47% des choix des consommateurs sont influencés par la conversation sociale
  • 356% est l’augmentation de trafic sur les médias sociaux depuis 2009
  • 22% plus de temps est passé sur les réseaux sociaux que n’importe quelle autre activité en ligne
  • 80% du temps passé sur les réseaux sociaux se fait via les appareils mobiles.

*Chiffres tirés d’un article paru dans le journal Métro du 26 février 2013 « Pourquoi les médias sociaux sont incontournables en affaires ? », par Valérie Landivar, experte en médias sociaux. (Pour lire l’article : http://journalmetro.com/opinions/reseaux-sociaux/263974/pourquoi-les-medias-sociaux-sont-incontournables-en-affaires/)

LES NOUVELLES STARS DES MÉDIAS SOCIAUX

La grande médiatisation (autant électronique que virtuelle) de tout ce qui a trait à la nourriture – émissions de cuisine, visites de restaurants, rencontres avec des chefs de toutes spécialités, etc., a eu pour phénomène d’introniser le chef au panthéon des rockstars. Selon le magazine Forbes, le très controversé chef Gordon Ramsay est la personnalité qui a généré le plus de revenus l’an passé avec 38 millions de dollars !

Certes, cela profite aux chefs qui réussissent par cette récente popularité à afficher complet dans leur restaurant, mais en même temps, à l’instar des stars adulées, on les écoute donner leur avis sur tout et on ne s’interroge plus sur la notion « d’autorité » en la matière qui devrait avoir préséance sur le charisme du chef.

Les chefs se mêlent ainsi de politique sur les réseaux sociaux et s’attirent des supporters pour des causes qu’ils défendent. À preuve le cas de Jamie Oliver qui organise une journée mondiale de révolution alimentaire (Food Revolution Day) et s’improvise par le fait même nutritionniste engagé ou activiste alimentaire. Plus près de nous, au Québec, le chef Chuck Hugues et le célèbre animateur d’émissions de cuisine Ricardo moussent la campagne de levée de fonds et de collecte de sang d’Héma-Québec sur les panneaux publicitaires mais aussi sur leur propre page Facebook. Martin Picard du Pied-de-Cochon est interviewé, quant à lui, des milliers de fois sur l’économie sociale, la protection de l’environnement et l’agriculture comme unique moyen de subsistance dans une société hautement industrialisée. Même chose pour Louis-François Marcotte ou Jean-François Plante ou encore Stefano Faita qui donnent leur point de vue sur tous les sujets (économiques, sociaux ou politiques) lorsqu’ils sont invités comme chroniqueurs aux émissions de télévision (quand ils n’ont pas leur propre émission pour passer leurs messages) et dont les propos sont repris sur les blogues et les médias sociaux où on discute de ces enjeux de société.

Que dire aussi des chroniques journalistiques sous forme de blogues écrits, non plus par des journalistes chevronnés, mais par des chefs à qui on prête une plume ou un clavier d’ordinateur ? Ainsi Jérôme Ferrer s’improvise critique gastronomique et donne son avis sur les restaurants, tout comme Thierry Daraize ou Daniel Vézina.

Même la littérature n’échappe pas aux polyvalents et talentueux chefs ! Outre la publication de livres de recettes de chefs, très artistiques et présentés comme des objets d’art, certains chefs se lancent dans l’écriture. Le cas le plus probant est celui du roi du barbecue, Steven Raichlen, qui a lancé récemment son premier roman Refuge à Chappaquiddick aux Éditions de l’Homme. Raichlen est diplômé en littérature française mais dans le cas de Giovanni Apollo, avec son livre paru en 2011, Des Mets et des Mots, on a droit à un amalgame pas toujours réussi entre la cuisine d’Apollo et l’univers romanesque de Pierre Szalowski, bloggeur et ami du chef Apollo qui a co-écrit le livre. La littérature a son pendant virtuel car non seulement les deux livres mentionnés existent en e-book mais en plus on peut en lire des extraits en s’abonnant aux pages Twitter et Facebook des deux chefs, à leur blogue ou encore à leur site web. Une belle utilisation du marketing virtuel. Il va sans dire aussi que les médias en font leur choux gras.

Mais une question demeure :

Est-ce que ces chefs dont nous avons fait nos idoles ont la compétence suffisante pour traiter de sujets aussi importantset aussi complexes en dehors de leurs domaines ? C’est comme si la popularité du chef lui donnait le droit de toucher à n’importe quel sujet en lui permettant ainsi de rallier à son opinion ou à sa cause toute une foule d’admirateurs ou de supporters : sous le charme de l’idole, le sens critique fond comme neige au soleil. Le danger évident c’est qu’on gobe alors n’importe quoi !

Sources : le très intéressant article de Michèle Herblin Médiatisation de la cuisine… effet de mode ou tendance lourde sur le site de la Société des chefs, cuisiniers et patissiers du Québec http://www.sccpq.ca/le-magazine/mediatisation-de-la-cuisine-.-effet-de-mode-ou-tendance-lourde.html et de Signe Rousseau Food mediaCelebrity chefs and the politics of everyday interference, Ed. Berg, New york, Londres, 2012.

Bizarre appétit

Création du chef Martin Picard

Sushi d’écureuil noir, création du Chef Martin Picard (du restaurant le Pied de Cochon et la Cabane à sucre du PDC).

Les meilleurs clichés de nourriture sont ceux qui servent à provoquer car ce sont eux qu’on retient le plus. Comme exemple, la photo du « sushi d’écureuil »  du chef rebelle Martin Picard, a semé la controverse sur les médias sociaux où elle a été diffusée en février 2012. Une vraie bombe! Des milliers de réactions, de tweet, de commentaires Facebook et la photo qui circule  et s’échange à un rythme fou. Une publicité virale, en fait, qu’on a lâchée sur les réseaux sociaux dans le but de mousser la sortie du nouveau livre de recettes de Martin Picard : Cabane à sucre Au Pied de Cochon prévue un mois plus tard. Bien sûr, l’écureuil figurait au nombre des recettes et son joli minois est même exposé dans le livre. Les livres se sont vendus comme des petits pains chauds malgré les nombreuses personnes outrées par la publicité virale!

Les médias sociaux servent de médium publicitaire et fonctionnent parfois mieux que les médias électroniques, tout en étant gratuit. Alors les images se propagent  à vive allure. Ne dit-on pas qu’une image vaut mille mots ? De plus, dans un monde gastronomique où les sensations sont primordiales, quoi de mieux qu’une image bien appétissante pour procurer la faim? À contrario, quoi de mieux qu’une image de plat cuisiné et dérangeante à souhait pour faire parler de son cuisinier? Attirer l’attention avec l’image et ensuite la propager… c’est un jeu d’enfant quand on sait comment jouer avec l’image.

Les fondateurs du Food Reporter en France, un réseau social fondé en 2011 et dédié au partage de recettes et de photos culinaires, l’ont bien compris et s’en servent pour faire de l’argent. En effet, ce réseau possède aujourd’hui 100 000 utilisateurs actifs et plus de  400 000 photos en stock. « Encore plus en France, nous dit  le co-fondateur du réseau, Cyril Benhamou, la nourriture est associée au partage. »

Des tendances de fond

Il semblerait qu’il y ait des modes dans la photographie de bouffe diffusée sur le net et les réseaux sociaux. Eh oui, ces modes vont avec les tendances de consommation. « Il y a eu, nous apprend M. Benhamou, la mode cheesecake, la mode hamburgers il n’y a pas si longtemps, et maintenant on est dans 2 tendances contradictoires : le joli, l’artistique (les pièces montées, les plats agrémentés de mousse moléculaire ou fumant d’azote liquide, les mets qui ressemblent à de vrais objets d’art) et le « trash-food » celui qui provoque plus qu’il ne fait saliver ». Dans cette dernière catégorie, l’écureuil-sushi du Chef Picard remporte la palme! Et que dire de cette émission télé sur le Food Channel qui a ses fans sur le blogue de l’émission et sur sa page Facebook : Bizarre appétit et qui propose des recettes d’insectes, d’intestins de bœuf, de jus de bile de cochon, etc. ? Dire qu’avant la suprématie des réseaux sociaux, nous pensions qu’une photo devait être sexy pour faire vendre le produit. Les réseaux sociaux dictent une toute autre façon de repenser le marketing en gastronomie!

- MCD

Prendre en photo sa nourriture : Quel cliché!

  Cliquez sur la photo pour visionner l’épisode.

Les Bobos, épisode 21, « Souper Textos », http:lesbobos.telequebec.tv (episode 21)

Sur Facebook et les réseaux sociaux publier une photo de plat ou de nourriture est devenu un classique du cliché.

« Le meilleur appareil pour prendre des photos de nourriture c’est le IPhone 5″, ironisait le mois dernier le comédien américain Adam Sacks dans une vidéo sur YouTube. Apple grâce à son nouveau joujou est devenu si populaire que maintenant les gens ne prennent plus la peine de s’acheter une vraie caméra. Comme le téléphone est toujours à portée de la main, il est tellement facile de prendre en photo son assiette et de la diffuser en même temps (puisque le téléphone offre cette fonctionnalité que la caméra n’a pas) sur les réseaux sociaux. Avec l’Iphone c’est l’ère de l’instantané! D’un clic, on prend une photo de son plat, y ajoute une touche artistique à l’aide des applications telles que Instagram ou Pinterest et…bing, on la publie sur Facebook et la commente sur Twitter… Avec 13,3 millions de Smartphones (une augmentation de 20% par rapport à 2011), de la photo cuilinaire, on n’a pas fini d’en manger!

Le phénomène est si répandu qu’un tiers de toute l’information en images qui se transmet sur le Net et les médias sociaux concernent la nourriture. Sur Pinterest (une application relativement nouvelle sur les téléphones mobiles datant de septembre 2011) 10% des photos sont dédiées à la nourriture. Sur Instagram, dix millions de clichés sont associés au mot-clé « food » et 4,7 millions de clichés s’échangent sur Yummy. Tout le monde s’improvise ainsi critique gastronomique. L’humanité s’empiffre de ces images et les commente. Le repas en famille ou entre amis au restaurant se transforme en concours photographique et de popularité sur les réseaux sociaux.

Parler de ce qu’on mange, c’est parler de soi.

« L’alimentation, le repas, ce qu’on mange, ce qu’on boit, ce sont des thèmes classiques de la conversation », indique Pierre Mercklé, auteur de Sociologie des réseaux sociaux (aux éd. La Découverte). Mis en images sur Internet, les plats servent aussi de « marqueurs sociaux ». « Parler de nos habitudes alimentaires, c’est parler de soi et parler du milieu auquel on appartient ou on voudrait appartenir », explique le sociologue. C’est le cas aussi lorsqu’on met les pieds dans un grand restaurant et qu’on veut le crier sur tous les toits en affichant le plat raffiné qu’on y a mangé ou le grand cru qu’on y a dégusté.

Aussi, ajoute le sociologue, « quand un homme, par exemple, veut se valoriser en montrant qu’il a eu le temps et le talent d’éxécuter un plat, il le photographiera et le publiera sur les médias sociaux ». Il attendra ainsi les commentaires de ses amis Facebook ou de ses followers sur Twitter qui le félicitent de son exploit! Une autre manière de trouver valorisation.

Cette notion fait écho à la théorie du « Digital Narcissism » évoqué souvent par Andrew Keene et qui parle de la valorisation de soi, de son égo, à travers les photographies que l’on diffuse des plats mangés ou cuisinés.

Dis moi quelles photos tu diffuses, je te dirais quel genre d’être humain tu es! La popularité des photos culinaires est tellement grande qu’ il y a même un concours des plus belles photographies de bouffe sur Internet. Rendez vous au Festival international de la photographie culinaire qui a lieu à chaque année à Paris en octobre…

N’empêche que nous commençons aussi à frôler l’indigestion à force de voir autant de nourriture sur les médias sociaux et le Net. Des mouvements de « food bashing » s’organisent et des individus critiquent ouvertement cette pratique un peu trop répandue. Sans compter qu’on ne peut plus manger en paix… sans avoir quelqu’un à proximité qui sort son téléphone pour transformer son assiette à pains…en nature morte!

-MCD

 

 

 

Vers une méthodologie du discours gastronomique québécois

Comme dirait cet illustre sage avec sa non moins illustre pensée philosophique :  » Pour savoir où l’on va, il faut savoir d’où l’on vient. » Je me suis donc plongée cette semaine dans la lecture de livres savants pour étoffer mon discours et me donner une perspective d’analyse (pas juste pour avoir l’air intelligente!). Deux livres me sont tombés sous la main Le Discours gastronomique français – Des origines à nos jours, de Pascal Ory, Gallimard, Paris, 1998; et Écritures du repas – Fragments d’un discours gastronomique, de Becker et Leplatre, éd. Peter Lang, Allemagne, 2007.

J’ai donc lu ces deux ouvrages pour essayer d’y retrouver des thèmes récurrents, des thèmes dans le sens de topoï, outre que la nourriture bien sûr, qu’on pourrait retrouver peut-être (c’était en fait mon hypothèse de départ) dans une même époque chez certains écrivains. La surprise fut totale. Autant d’écrivains et de textes que de façon de voir, d’interpréter la gastronomie (l’acte de manger et celui de préparer la nourriture) chez les écrivains d’une même époque. C’est en fait intéressant de constater que la nourriture abondamment citée au Moyen-âge dans les livres est à la fois un symbole de festivités : descriptions de banquets fastes chez les Suzerins qui avaient pour but de distinguer nettement l’appartenance à une classe supérieure et de faire rêver ceux qui n’y appartenaient pas; est en même temps un symbole d’interdit : les nourritures « terrestres » sont condamnées, puisque « chère » et « chair » font parties des mêmes péchés que certains auteurs de l’époque, comme Saint-Benoît par exemple, s’évertua à dénoncer. À travers les années, d’ailleurs moult exemples de discours et de significations contradictoires existent sur la gastronomie avec des sous thèmes tout aussi en opposition (sexualité gourmande ou fétichisme extrême, épicurisme vs oisiveté excessive, abondance vs gaspillage, sensualité vs bestialité,…). Le discours gastronomique français traverse donc le spectre de toutes les couleurs possible dans ses significations. Même une oeuvre peut contenir les deux revers de la médaille : Pantagruel et Gargantua de Rabelais sont un bon exemple où la boustifaille est à la fois abondante et délicieuse mais dans la bouche des ogres, elle devient dégoûtante et putride. Où donc se situe le discours québécois contemporain ? Si on se fit au titre du dernier chapître du livre de Leplatre et Becker, intitulé : « Le 20ème siècle: l’entre-dévoration ou l’écriture de l’anti-repas ? » , il devrait peut-être tendre vers une connotation négative. Mais j’aurais tendance à dire « autres lieux, autres moeurs ». Il faudrait plutôt analyser les tendances du Québec contemporain dans leur propre ensemble et non en les comparant aux tendances françaises dont parle le chapitre de ce livre. Par contre, la lecture de ces deux livres me pousse à faire une lecture plus hétérogène du discours de la gastronomie au Québec. Une lecture qui pourrait aussi se laisser dériver vers des connotations négatives même si la tendance populaire est plutôt encline à donner des connotations positives, en 2013, à la gastronomie et ce, même en littérature.

Des livres de recettes aux livres de chefs

Aujourd’hui je vais vous faire partager ma découverte de la semaine passée. En effet, dans le cadre du cours de Méthodologie (FLIT 600) de Monsieur Sylvain David, nous avons dû lire un mémoire de maîtrise qui pouvait s’apparenter au type de sujet ou de recherches sur lesquels nous voulons travailler dans notre propre mémoire. Je fais d’avance mes excuses à certains de mes camarades qui ont déjà entendu mon exposé dithyrambique sur le sujet au dernier cours.   Hey les boys, faites comme si de rien n’était : lisez-moi cette semaine, comme si je vous apprenais encore quelque chose de neuf et d’intéressant! (Clin d’œil complice).

Ledit mémoire portait le titre suivant : La quête identitaire des livres de chef : la transformation du discours gastronomique québécois en parole originale. Mémoire publié par Marie-Noëlle Aubertin en mars 2010 dans le cadre de sa maîtrise en études littéraires de l’UQAM.

Ce qu’on peut y lire, c’est que le livre de chef se distingue du simple livre de recettes (par exemple de celui de Jehane Benoît ou du Cercle des Fermières) par sa parole, son discours.

En effet, comme le livre de recettes a une fonction éducative – on veut nous montrer comment réaliser une recette, voire nous enseigner à cuisiner tout simplement – le vocabulaire sera simple, didactique, concis; les phrases, elles, vont fourmiller de verbes d’action qui donnent une indication précise des étapes de réalisation de la recette. Jamais on ne retrouvera le « je ». Le narrateur du livre est effacé. On opte pour la formule impersonnelle du « on » très souvent.  Voilà pour le contenu. Pour le contenant : c’est tout aussi simpliste : une petite photo de la main qui fouette le liquide avec l’outil de cuisine et une photo (ou non) du plat réalisé pour nous montrer à quoi il devrait ressembler après avoir suivi les étapes de réalisation.

Pour le livre de chef, il en va de toute autre chose. Comme il remplit d’autres fonctions, le discours qu’on emploiera sera différent du livre de recettes. Et quelles sont donc ces « fonctions »? L’auteure du mémoire en identifie principalement trois : identitaire, autoritaire et une rattachée à l’individualité (le caractère unique) du chef. Ici le narrateur VEUT être présent, laisser sa marque. Il y a nécessairement auto-représentation. D’ailleurs plusieurs chefs ne se gênent pas pour employer dans leur livre la narration au « je » pour décrire les étapes : « je vous suggère de prendre des baies d’Arthabaska, mes préférées… » (Daniel Vézina, Ma route des saveurs au Québec, 2001). Le chef se sert de son livre pour se positionner comme un spécialiste, une sommité, un expert en gastronomie. Son livre reflètera donc son caractère d’autorité en la matière. Il apparaît (en images et en mots) comme le gourou des gourous. Bien sûr, cela a aussi pour but de mousser son image marketing et de l’aider à remplir son restaurant… C’est le principe Hygrade !  Plus de gens viennent dans le restaurant du chef-écrivain car ils ont aimé son livre et plus de gens achètent le livre car ils aiment la cuisine du chef ! (Ça c’est de moi, vous l’aurez deviné! Ne cherchez pas cette allégorie dans le mémoire de Madame Aubertin).L’identité : c’est la couleur de l’artiste. La façon Vézina, le style coloré et provoquant de Martin Picard, par exemple. Le livre prend donc la forme d’un manifeste, d’un récit poétique, d’une œuvre d’art. Le livre contaminé par l’art (Aubertin, p.86). Le livre comme objet d’art et objet unique car le chef EST unique !  À preuve les créations originales du chef ou ses recettes de classiques « revisités », qui donnent à la recette traditionnelle une toute autre forme et couleur. L’objet lui-même, le livre, est l’extension du chef. Il lui ressemble, porte sa signature, sa couleur. Ce type de livre réduit le nombre de pages dédiées aux recettes pour laisser la place aux photos dont l’esthétisme relève du grand art et parfois à des textes qui n’ont rien à voir avec les recettes, comme les réflexions écologiques de Martin Picard dans son livre (Restaurant : Au pied de cochon, l’album, 2006). Finalement, les mots que les chefs emploient pour décrire leurs ingrédients ou leurs titres de recette sont choisis pour démontrer justement ces trois caractéristiques propres au chef (autorité-identité-unicité). On ne dira pas « bouillon de poulet » mais plutôt « bouillon de volaille » et les bleuets sous la plume de Daniel Vézina deviennent des « myrtilles flamboyantes des prés verdoyants de Dolbeau »… Allô Baudelaire !

Il va sans dire aussi que le coefficient de difficulté relié à l’exécution des recettes de livres de chefs est hautement élevé, ce qui ajoute au caractère hermétique du livre. Cet hermétisme tant au niveau du langage employé qu’à celui de la réalisation des recettes elles-mêmes renforce la position d’autorité du chef (lui seul peut le faire – « Oh et puis zut! Je vais aller au restaurant du chef pour goûter ce plat au lieu de le faire! ») et d’unicité (personne ne fait un tartare comme lui). Les plats qu’on a photographiés et mis en valeur dans l’album-livre en témoignent… Novices s’abstenir.

Conclusion : on achète le livre de chefs pour sa beauté esthétique et parce qu’on aime s’en inspirer (plus pour les belles photos de pièces montées) mais on  se sert du livre de recettes quand on doit recevoir les amis et qu’on ne veut pas manquer son coup!

Aujourd’hui, le livre de recettes voit ses ventes diminuer car internet  fournit de multiples recettes gratuites par le biais de plusieurs sites (Coup de pouce/Ricardo/ Recettes du Québec/Recettes gourmandes/Le p’tit cuistot/À la Di Stasio…). Le livre de recettes a donc tendance (ce sera peut-être le sujet d’une prochaine chronique) à  se spécialiser pour contrer la vague technologique des informations sur le Web. On aura ainsi des recettes d’aliments contre le cancer, sur les anti-oxydants, pour perdre du poids et rester en santé, sur un aliment en particulier comme le pitaya, cet aliment méconnu. Ces livres seront signés par des experts en la matière. Exemples : Docteur Béliveau, Josée Lavigueur avec Kilo Cardio, Isabelle Huot, avec un livre sur les anti-oxydants,… Dans un monde où l’image est reine et le web (sur)informe, le livre de recettes prend une toute autre forme  pour continuer d’exister. Les chefs, nos vedettes des temps modernes, ont vite compris que le livre de chef est un des moyens de faire parler d’eux et de se distinguer des autres pour attirer la clientèle dans leur restaurant.

Cette lecture (forcée!) du cours de Sylvain David m’a fait beaucoup réfléchir au rôle du chef qui devient un peu un écrivain et usurpe son identité avec la publication d’un livre. Ce qui m’intéresse dans mon projet de mémoire, c’est de trouver l’ alter ego de ces chefs-écrivains. Le principe des vases communicants. En effet, si les chefs se prétendent écrivains, qu’en est-il des écrivains qui décident de s’improviser chefs et utilisent les médias pour mousser leur nouvelle « expertise »? Réussissent-ils à vendre plus de livres grâce à cette nouvelle corde à leur arc ? Sachant que le food est maintenant une religion consacrée avec moult adeptes à travers le monde, en tous cas certainement au Québec, de quelles façons la nouvelle visibilité médiatique de ces écrivains comme gastronomes invétérés s’inscrit dans leurs réalisations créatrices? Est-ce par le langage qu’on peut trouver des similitudes entre écrire et cuisiner ? Ou l’acte d’écrire est-il semblable en d’autres points à l’acte de faire à manger ou de réaliser un délicieux plat ? C’est ce que nous approfondirons dans les prochaines semaines.

Festin de mots

Oyez!Oyez! Vous êtes tous conviés à un grand festin littéraire! Le banquet réunira les plus grands chefs-écrivains de notre époque et de notre continent pour le simple plaisir de saliver en les lisant!

En effet, aujourd’hui littérature et gastronomie n’ont jamais fait si bon ménage. Plusieurs écrivains contemporains ont ajouté dans leurs écrits une dimension épicurienne en intégrant la nourriture à leur art. Que ce soit carrément sous forme de livres de recettes, d’anecdotes gourmandes, de nouvelles « gastronomiques »  ou de passages dans un récit où la nourriture est mise à l’honneur, pour plusieurs écrivains : tout est prétexte à boustifailler! Nous profiterons de ce blogue pour y explorer  les différentes formes et genres, et verrons des exemples de ces écrivains qui versent dans l’art de bien manger et de bien écrire!

Et puisque chaque écrivain et chaque œuvre subissent les tendances de leur époque,  le contexte des années 2000, particulièrement de 2004 à aujourd’hui, est témoin d’une effervescence en matière d’informations  médiatisées sur la nourriture. Les livres de recettes se succèdent et deviennent des  best-sellers. Les chefs, nos nouveaux gourous, sont omniprésents dans l’espace public. Les émissions sur la cuisine foisonnent à la télé comme à la radio. Les écrivains réclament eux aussi leur part du gâteau,  maniant la cuillère de bois d’une main et la plume de l’autre, ils sont plusieurs  à utiliser les ondes pour promouvoir leurs talents littéraires et culinaires.

Le food est une vraie religion. Il a son propre langage, fait couler beaucoup d’encre, a ses milliers d’adorateurs, bref les foodistas de toujours sont au paradis dans un monde où on ne mange plus pour vivre mais où on vit pour manger!