Un Dieu camera

La photographie est une reproduction neutre de la nature pour la plupart des personnes du XIXe siècle et surtout, pour les scientifiques qui peuvent mesurer les erreurs, pour les astronomes et la justice, elle peut servir de document ou de centre d’informations pertinentes. Bien avant l’apparition du daguerréotype, l’œil humain était présenté comme une camera obscura.

«Il en est des plaisirs comme des photographies. Ce qu’on prend en présence de l’être aimé n’est un cliché négatif, on le développe plus tard, une fois chez soi, quand on a retrouvé à sa disposition cette chambre noire intérieure dont l’entrée ?est condamnée? Tant qu’on voit du monde. » (À l’ombre des jeunes filles en fleurs, Proust, folio, p. 507)

Pour Proust, comme l’extrait tiré de son œuvre nous le montre, l’œil ressemble à un négatif pourvu d’une image latente que la mémoire inconsciente développe. Jules Verne décrit l’image fixée de l’assassin dans l’œil mort de la victime.

Camille Flammarion s’interroge ainsi:  si rien n’échappe au regard justicier de Dieu, celui-ci n’agit-il pas comme un appareil photo parfait? Il s’est initié à la photographie par son père qui travaille au studio Tournachon-Nadar, il a aussi fait ses études en astronomie à l’Observatoire impérial de Paris.

L’œil de la justice, une métaphore présente jusqu’aux temps modernes, rencontre un changement et cède sa place aux métaphores photographiques.

Dans L’Uranie un roman de science-fiction de Flammarion publié en 1989, Camille Pygmallion, le narrateur, se souvient qu’étant adolescent, il voyait dans le cabinet de son maître une petite pendule représentant la muse de l’astrologie l’Uranie. Elle lui apparaît la nuit et l’entraîne dans un voyage spatial, sur une planète du système solaire de Gamma d’Andromède où tout est idéal. Les personne sont dotées de certains pouvoir; les sens sont plus développés que les nôtres, leurs yeux «sont supérieurs à vos meilleurs télescopes» et « pour imprimer, ils ont la photographie directe des évènements et la fixation des phonétiques de la parole même».(Uranie, Flammarion, p 18-19)

Plus tard dans le roman, il décrit un appareil photographié sur Mars: «ils ont inventé, entre autres, une sorte d’appareil téléphotographie dans lequel un rouleau d’étoffe reçoit perpétuellement, en se déroulant, l’image de notre monde et la fixe inaltérablement. Un immense musée, consacre spécialement aux planètes du système solaire, conserve dans l’ordre chronologique toutes les images photographiques fixes pour toujours. On y retrouve toute l’histoire de la terre; la France du temps de Charlemagne…». (Uranie, Flammarion, p. 214)

Une série d’imagination se forme autour de cette pensée: si on arrive à voyager avec la vitesse de la lumière entre les deux planètes, il serait possible de pouvoir observer les évènements de la terre.

Dans un dialogue entre deux personnages du roman, Quaerens demande à Lumen: «Si le rayon parti de la terre n’est jamais détruit, o maître! Nos actions sont donc éternelles.» (Récit de l’infini, p.228)

Avec l’arrivée de la photographie et les différents aspects associés à cet évènement, différentes pensées se sont mises en place. L’une d’entre elles, comme on l’a élaboré, était la métaphore de Dieu à travers une caméra sur cette logique que tous nos actes ne seront pas présents éternellement. Il suffit juste de les capter et de les garder pour le jour du Jugement.

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