Titre | Éloge de l'attente. T.S. Eliot et Samuel Beckett |
Type de publication | Livre |
Année de publication | 1996 |
Auteur·e·s | Michael Edwards |
Collection | L'extrême contemporain |
Nombre de pages | 122 |
Éditeur | Belin |
Ville | Paris |
Résumé | Résumé descriptif: L’éloge de l’attente est né d’une conférence donnée par Michael Edwards au Collège de France en 1990 sur l’invitation d’Yves Bonnefoy. En relisant les œuvres de T.S. Eliot et de Samuel Beckett, l’auteur propose une réflexion sur l’attente «comme une réponse au non-sens de la vie» (p. 7) à travers quatre chapitres portant respectivement sur la vie quotidienne, l’histoire, l’écriture et le sentiment de soi.
La conscience de l’attente est, pour Edwards, la manière même à partir de laquelle se composent les œuvres d’Eliot et de Beckett. Quant à l’espoir, spirituel ou matériel, qui pourrait surgir de cette attente et devenir action, ou plus d’action, il en est évacué. La condition de l’attente est réduite à la continuité de la non-existence, «aux limites de l’échec en retrait de l’espoir» (T.S. Eliot, p. 30). Chez Beckett, le premier constat de vérité qu’on puisse tirer de la condition humaine est que le monde est vidé de son sens. Eliot incline plutôt à croire, quant à lui, que «l’attente et l’attention dirigée vers l’autre se tiennent au commencement, au milieu et à la fin de toute recherche de salut» (p. 121).
En abordant les rapports de l’attente avec l’absence nécessaire d’espoir, l’acte d’écrire et l’ «obscur autre-que-moi [...] aux confins du moi» (p. 111), Michael Edwards pose donc l’attente comme mode privilégié de relation au monde. En ce sens, l’ouvrage ne cherche pas à démontrer que la littérature peut dénouer l’attente mais que l’essentiel est justement là, dans le fait d’attendre ; dans la possibilité qu’il désigne, le présent qu’il ouvre :
J’ai parlé de l’impossibilité de la littérature dans un monde déchu et qui attend. La littérature existe, c’est entendu, mais devant le retrait d’une parole divine ou, si l’on préfère, devant le silence du monde —devant un soleil muet et des étoiles qui n’envoient aucun message— la littérature qui en est consciente ne peut faire que commencer dans l’écoute et se poursuivre, me semble-t-il, avec la certitude qu’au plus profond, elle ne réussira pas (p.90).
Résumé interprétatif:
Dans cet essai, Michael Edwards analyse le thème, les pratiques et les significations de l’attente dans les œuvres de T.S. Eliot et Samuel Beckett, deux auteurs dont l’écriture sonde la «qualité même de l’attente, ses espérances, ses contrefaçons, ses vertus» (p. 121).
Edwards pose donc la question fondamentale formulée par le personnage de Vladimir, dans En attendant Godot : «Que faisons-nous ici ?» ( p. 21). L’auteur reprend cette question en ayant soin de rappeler qu’attendre sans espoir ne conduit pas nécessairement au désespoir et que refuser l’espoir, c’est essentiellement refuser «d’apporter des solutions incomplètes» (p. 30). Edwards aborde dans cet esprit les notions du temps et de la mémoire, soulevant l’idée que «si l’histoire est le lieu de la mémoire, c’est un lieu brisé» (p. 35).
Le poème «recherche une origine, un lieu désencombré de l’histoire (p. 39), et son pouvoir «vient de sa mise en œuvre de tant d’inquiétudes, devant la littérature et devant une histoire qui manquant de forme, n’a ni commencement, ni fin, ni raison d’être» (p. 40). L’être humain ne peut assigner ni une origine ni une fin à l’histoire ; devant elle, il ne peut que commencer, c’est-à-dire poursuivre.
Pour Edwards, le texte nous entraîne dans cet entre où se situe le poème, lieu où «le passé, le présent et le futur constituent un seul temps, éternellement présent[…] [L]e poème avance, pour ainsi dire, le moins possible, afin de mimer parfaitement une attente active» (p. 73). Même si la littérature est vouée à l’échec, elle constitue un espace possible d’attente.
Parce que le poème se révèle au monde à la manière d’une renaissance et que, par lui, l’écriture se fait «comme par distraction» (p. 110), par oubli de soi-même, l’attente peut être envisagée comme la recherche de «quelque chose non après la mort mais à travers elle, en dehors d’elle» (p. 116).
Edwards rappelle enfin que l’attente dont il s’agit est aussi celle du moi, qu’on cherche toujours à faire «coïncider avec soi-même», sa «réalité nous étant dérobée par l’écoulement du temps» (p. 96). Si l’écriture d’une organisation figée des choses clôt le processus dans un semblant de réussite, «l’attente s’exprime plutôt dans une perfection trouble, contestée au-delà d’elle-même» (p. 91).
Source : Interligne - UQÀM (http://www.interligne.uqam.ca/pages/liste_biblio.asp) |
Éloge de l'attente. T.S. Eliot et Samuel Beckett
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