Présentation de la communication
«L’aventure, telle que mise en scène dans le roman d’aventures littéraire de l’entre-deux-guerres français, repose sur un équilibre érotique selon la définition de l’érotisme développée par Georges Bataille et résumée en 1957 dans son ouvrage L’érotisme par la formule suivante: "De l’érotisme, il est possible de dire qu’il est l’approbation de la vie jusque dans la mort".
L’aventurier romanesque des années 1920-1930, qu’il soit l’invention d’auteurs canoniques ou d’auteurs méconnus et oubliés, s’engage en aventure pour faire l’essai existentiel de sa vie, la mettre à la portée du temps qui contient la mort et la détruire de façon grandiose.
L’aventurier moderne part avec l’idée de ne jamais revenir et il fantasme sur les chemins de l’action des morts nobles et sublimes. J’en donne un exemple: Saint-Avit, le héros de L’Atlantide de Pierre Benoit, un des romans qu’il est possible de considérer comme un des premiers romans d’aventure littéraire, part aux portes du désert et fantasme la mort d’un aventurier qui l’avait précédé: "Et alors j’ai reconnu le paysage, c’est par là, il y aura en novembre prochain 23 ans que Flatteur" - un aventurier qui l’avait précédé et qui est mort – "s’est acheminé vers sa destinée. Dans une volupté que la certitude de pas ne revenir faisait plus acre et plus immense".
Toute la carrière rêvée de l’aventurier moderne tient donc en cette phrase "aller vers la mort en rêvant de ceux qui sont allés vers la mort".»