OBSERVATOIRE DE L'IMAGINAIRE CONTEMPORAIN
Figura Collection
Uluru, ou l'impossible patrimonialisation du rocher sacré
Uluru est l'un des sites sites touristiques les plus fréquentés d'Australie, mais peu de visiteurs se doutent que dans ce lieu se nouent deux visions du monde radicalement opposées. Située en plein coeur de l'arrière-pays semi-aride australien, l'outback, dans les Teritoires du Nord, cette petite montagne caractérisée par sa couleur rouge a une hauteur de 348 mètres et une circonférence de 9, 5 kilomètres. À quelque 32 kilomètres d'Uluru se trouve une autre formation sédimentaire, Kata Tjuta. Ensemble, ces deux monticules rocheux composent aujourd'hui la réserve naturelle Uluru-Kata Tjuta National Park.
Spirit Lake. Un camp de concentration au coeur de la forêt abitibienne
La mémoire des lieux est le plus souvent secrète, inaccessible. En étudiant une carte géographique de l'Abitibi d'aujourd'hui, il est impossible de se douter que des immigrants y ont été internés pendant près de deux ans au début du XXe siècle. Et pourtant, Spirit Lake est un camp de concentration créé dans le village de La Ferme, en Abitibi, région fraîchement ouverte à la colonisation lors de la Première Guerre mondiale.
Le Chinatown de Québec. Reconstruction imaginaire d'un quartier disparu
Les villes se rebâtissent continuellement sur elles-mêmes. Elles ressemblent à des organismes vivants, en perpétuelle mutation, aux corps difformes et baroques. Que reste-t-il d'un fragment de ville, d'un quartier, une fois qu'il a été rasé, que ses occupants ont été dispersés, qu'on a effacé sa trace en réédifiant sur ses restes un nouveau quartier à la vocation autre, sans y inscrire le souvenir d'un passé bien différent? Ce qui forme un quartier, ce sont les gens qui y habitent, leurs usages du lieu, leurs habitudes, ou encore l'impression qu'il laisse à ceux qui le traversent.
Déambuler rue Ontario. Raboudinage d'une artère montréalaise
Si certaines artères de la ville de Montréal, comme Saint-Laurent (la Main), Saint-Denis, Saint-Urbain et Sainte-Catherine, ont obtenu leurs lettres de noblesse par le biais d'oeuvres littéraires marquantes, leur vie culturelle ou la diversité de leurs habitants, il n'en va pas de même pour la rue Ontario. Celui qui déambule rue Ontario se rend compte rapidement qu'il entre en contact avec des mondes contrastés qui, pourtant, témoignent d'une certaine cohérence. Entretenant un rapport métonymique avec les quartiers qu'elle traverse, à savoir le Centre-Sud et Hochelaga-Maisonneuve, cette Main de l'East Side montréalais, tantôt espace de liberté, tantôt cimetière, est présentée dans la chanson populaire et dans la littérature québécoise comme une courtepointe.
L'ambiguïté fondamentale du Styx, vivant fleuve des morts
Même s'il s'agit d'un cours d'eau appartenant à la tradition gréco-romaine antique, rares sont ceux qui, de nos jours, n'ont jamais entendu parler d'un lieu nommé Styx. Le Styx est essentiellement un fleuve des enfers grecs, l'Hadès, que les âmes des morts traversent à bord de la barque du nocher Charon. Si cette image stéréotypée et simpliste est la seule qu'il nous reste aujourd'hui du Styx, il convient de préciser que ce fleuve antique faisait l'objet d'une représentation beaucoup plus complexe dans l'imaginaire ancien. L'existence du Styx étant directement associée aux croyances dites païennes, leur déclin, dû à l'expansion de la culture judéo-chrétienne, a transformé ce fleuve sacré en lieu disparu.
Le village historique de Val-Jalbert. Authentique fantôme ou spectaculaire industrie?
Le village historique de Val-Jalbert, aujourd'hui une populaire attraction touristique de la région du Lac-Saint-Jean, est né de la volonté de donner une vocation récréative à un village abandonné tout près de Roberval. Officiellement déserté en 1932, après la fermeture de l'usine de pulpe qui avait motivé sa fondation, l'ancien village de compagnie est interdit à la circulation pendant près de trente ans. C'est en 1962 que le début de la vie touristique de Val-Jalbert est signé, lorsque le ministère du Tourisme, nouvellement chargé d'administrer les restes du village, rouvre les portes de celui-ci au public et commande plusieurs études afin de planifier son développement.
Le Café Campus dans l'imaginaire montréalais. Au croisement de la fête et de la résistance
Les lieux nocturnes que sont les bars possèdent l'attrait du mystère: ils fascinent tout en demeurant difficiles à saisir, à expliquer. Le Café Campus s'inscrit dans le réseau des bars les plus populaires à Montréal et la multiplication de ses activités entraîne un discours publicitaire tentaculaire: soirées spéciales de la discothèque, matchs d'improvisation théâtrale et musicale, lancements d'albums, etc. Mais ce lieu ne s'inscrit pas uniquement dans le discours grâce au paradigme du divertissement.
La banlieue nord-américaine entre grandeur et décadence. Le Quartier DIX30
Dans un article publié en 2007 et intitulé «Envoyée spéciale, Dix30», la journaliste Rima Elkouri prend la direction de la Rive-Sud dans le but avoué de «voir la banlieue sous un jour nouveau» (Elkouri, 2007: A9), envers et contre tous ses préjugés. Son idée du Quartier DIX30, écrit-elle, est principalement composée de ouï-dire et de légendes urbaines.
Introduction. Penser le lieu comme discours
Posons l'hypothèse que le lieu -ou l'idée du lieu, nous y reviendrons- existe d'abord et avant tout comme un réseau discursif, donc comme une série et une accumulation de discours, qui en détermine et façonne les limites, les constituantes, l'histoire, les paramètres, etc. Par discours, entendons tout à la fois la fiction (romans, films, chansons, poèmes, pièces de théâtre, légendes) et le documentaire (reportage, guides de voyage, récits de vie, histoires personnelles), qu'il soit fixé (par l'écrit, l'enregistré, la mémoire collective) ou passager (conversations, racontars).
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