Université du Québec à Montréal

Le parloir. Les usages de l'oralité en littérature québécoise

Messier, William S.
Réflexions, citations, observations et commentaires sur l'oralité dans la littérature du Québec et, plus largement, de l'Amérique du Nord.
Pour citer ce document:
Messier, William S. 2011. Le parloir. Les usages de l'oralité en littérature québécoise. Carnet de recherche. En ligne sur le site de l’Observatoire de l’imaginaire contemporain. <https://oic.uqam.ca/fr/carnets/le-parloir-les-usages-de-loralite-en-litterature-quebecoise>. Consulté le 1 mai 2023.

Watatatow (début d'une réflexion sur le vernaculaire adolescent)

Je me souviens qu'à l'adolescence, mon vocabulaire et mon écriture ont tous les deux pris de nouvelles formes. C'est un drôle de souvenir, dans la mesure où, on le sait bien, à peu près tout change durant cette période, mais je me souviens plutôt bien du moment où le langage a arrêté d'être un simple coffre à outils et qu'on s'est mis à l'investir de codes. Les amis et moi avions décidé tout à coup de se serrer la main en guise de salutation –à la manière des rappeurs qui se saluent dans les vidéoclips– chose que nous n'aurions jamais pensé faire à douze ou treize ans.

With Brains and a Frank Tongue

J'emprunte un détour –on l'aura compris, je me sers de cette plateforme uniquement pour tourner autour du pot!– par le roman western True Grit, de Charles Portis, dont les frères Coen ont fait une adaptation en 2010, après celle, plus classique, de Henry Hathaway en 1969. Ayant vu le film des frères Coen en premier, et ayant été particulièrement marqué par le vernaculaire singulier de la protagoniste Mattie Ross, j’étais curieux de voir quelle importance le livre accordait à cet aspect de la narration.

«The Rough Element Predominates»

Parmi les nombreuses figures historiques marquantes qui sont représentées dans la télésérie Deadwood (dont Wil Bill Hickock, Calamity Jane, George Hearst, Wyatt Earp et Charlie Utter sont les plus célèbres), il est presque décevant que le créateur n'ait pas trouvé une petite place pour un certain Samuel Langhorne Clemens. Mieux connu sous le nom de Mark Twain, l'auteur des Adventures of Huckleberry Finn était bien au fait de la vie "rough and rugged" de la conquête de l'Ouest. Je remarque dans Roughing It, le récit autobiographique de son périple d'est en ouest à bord d'une dilligence en 1861, plusieurs éléments de la vie des pionniers dont aurait pu s'inspirer David Milch dans l'écriture de la télésérie. Cela dit, il est vrai que le voyage de Twain précède de quelques dix ans le temps historique de Deadwood.

Deadwood via Baltimore (en guise de préambule)

En guise de préambule à ce carnet de recherche sur le langage dans Deadwood, je sens qu'il est important d'aborder la question plus ou moins épineuse de l'obscénité. Il s'agit en quelque sorte d'un passage obligé puisque l'utilisation du langage offensant est au coeur de la volonté réaliste de David Milch, créateur et scénariste de la télésérie. Or, la chaîne Home Box Office qui diffusait l'émission est reconnue pour sa grande souplesse en matière de langage obscène. Une scène exemplaire de ce phénomène se trouve dans la télésérie The Wire, où deux détectives de la ville de Baltimore examinent les lieux d’un homicide en ne s’échangeant, durant les quelques trois minutes de la séquence, au fur et à mesure qu’ils reconstruisent par déduction le déroulement du crime, qu’une suite de déclinaisons possibles du mot "fuck".