En continuation avec deux idées chères aux féministes des années 1970, «le privé est politique» et «notre corps, nous-mêmes», plusieurs textes contemporains s'appuient sur le partage d'une expérience vécue afin d'affirmer une politique notamment identitaire. D'une part, des auteures telles que Virginie Despentes et Raffaëla Anderson affichent leur expérience de travailleuses du sexe, en tant que prostituées, actrices ou réalisatrices de films pornographiques et l'utilisent pour appuyer une prise de position sur le milieu qu'elles ont quitté ou qu'elles fréquentent toujours. Se faire entendre leur semble d'autant plus important qu'elles ont l'impression que leurs voix manquent cruellement dans un débat social qui les concerne tout en les excluant comme sujets pensants.
D'autre part, des œuvres issues de perspectives queers ou trans s'appuient sur l'expérience de rapports au corps, au genre et à la sexualité non normatifs afin d'en dégager une politique sexuelle perçue comme révolutionnaire. Une constante dans ces textes est que l'expérience vécue est mise au premier plan parce qu'elle octroie une autorité à la perspective de l'auteur sur les questions abordées.