Colloque
Université du Québec à Montréal

Imaginaires du camion: un «speed colloque»

Vendredi 27 Novembre 2015
Organisateur(s):

Présentation du colloque

Le speed colloque sur les imaginaires du camion, organisé par Olivier Parenteau, s'est déroulé le 27 novembre 2015. 

La présence obsédante du camion comme thème dans les arts et les lettres témoigne de son omniprésence dans notre quotidien et de la fascination qu’il exerce. Au cinéma, à l’exception notoire des films Le camion (1977) de Marguerite Duras et Camion (2012) de Raphaël Ouellet, le poids-lourd et son chauffeur participent à l’élaboration de scénarios le plus souvent effrayants et violents. Deux réalisateurs français ont ouvert ce bal tragique : Henri-Georges Clouzot avec Le salaire de la peur (1953) et Gilles Grangier dans Gas-Oil (1955). Vieux, sale mais puissant, le Peterbilt 281 du film Duel (1971) est certainement le camion le plus célèbre et le plus cruel (car il s’agit bel et bien d’un personnage du film de Spielberg) de l’univers cinématographique – il a inspiré quantité de réalisateurs (essentiellement américains) qui, dans des films comme Roadgames (1981), Maximum Overdrive (1986), Terminus (1987), Black Dog (1998) ou ceux de la quadrilogie Joy Ride (2001, 2008, 2014, 2015), présentent le monde du camionnage et les «truck stops» comme des univers sombres, sadiques et mortifères. Il s’agira donc d’interroger ce péril que représente le camion (le plus gros, donc le plus «menaçant» des véhicules routiers) et ce danger qui est si souvent associé à la figure du camionneur (laquelle est fortement stéréotypée: cow-boy sauvage des temps modernes, ce serait un être essentiellement rustre, instable et aux mœurs déviantes). De ce point de vue, il est intéressant de relever que ce portrait sombre du camion et du camionneur est activement combattu dans la musique country qui, tout en les glorifiant elle aussi à coups de poncifs et de lieux communs (dans ces chansons, les camions sont souvent féminisés et toujours dûment entretenus par des «truckers» solitaires, mélancoliques, travaillants et honnêtes), participe activement à leur mythification en tant que symboles-clés de l’imaginaire social américain.

Qu’en est-il cependant des camionneuses, qui sont elles aussi maintenant assises derrière le volant de leurs 18 roues? Comment est-ce qu’un film comme Trucker (2008) ou des ouvrages littéraires tels que le roman Un camion dans la tête (2004) de Carole Pither et le récit autobiographique Je vous écris de mon camion: histoires de route (2011) de la québécoise Sandra Doyon, représentent-ils cette nouvelle venue dans l’univers très masculin des camionneurs?

Les titres de plusieurs romans, tels Le camion (1962) de Per Wahlöö, Le camion blanc (2010) de Julie Resa ou Le camion bulgare (2011) de Dumitru Tsepeneag rappellent la place de choix qui est réservée aux poids-lourds dans la fiction à partir de la deuxième moitié du XXe siècle. La littérature jeunesse, qui propose plusieurs centaines de titres sur le sujet, est bien sûr aussi ouvertement «camionophile» que la bande dessinée. Enfin, dans un tout autre ordre d’idée, rappelons que dans un de ses derniers projets, l’artiste Banksy a stigmatisé le camion à bestiaux pour condamner les conditions cruelles dans lesquelles vivent et meurent les animaux d’élevage. Ce dernier exemple conduit à souligner que le camion est aussi au cœur de différentes symboliques «politiques»: en France, on l’associe à la grève tandis qu’aux États-Unis, les camionneurs unis derrière le slogan «Without Trucks, America Stops» rappellent la menace que représente pour eux le transport ferroviaire tout en soulignant leur rôle déterminant dans la bonne marche de l’économie.

Enfin, il pourra aussi être intéressant de se pencher sur le camion tel qu’il est pensé et représenté hors du monde des arts et des lettres. Comment en parle-t-on dans les ouvrages de référence? Si nous nous fions au livre français intitulé Les fabuleux camions américains (1982), dont le titre compromet d’entrée de jeu l’objectivité attendue dans un tel ouvrage, il y a fort à parier que les textes documentaires consacrés au camion ne sont pas à l’abri de l’«imaginaire» qu’il traîne à sa suite. De ce point de vue, il serait aussi sûrement très instructif d’aller consulter les textes, les images et les courts-métrages promotionnels qui figurent sur les sites internet des fabricants.

 

Programme du colloque

Cliquez sur le titre d'une communication pour accéder à l'archive audio/vidéo.

 

Séance: Filmographie du camion

Cedric Donnat. «The Deer Hunter: deux camions dans le Jardin»

Jean-François Bourgeault. «Dead Reckoning: le camion apocalyptique dans Land of the Dead»

Sophie Marcotte. «L'imaginaire du Monster Truck»

Pierre-Alexandre Fradet. «Le renouveau du cinéma québécois et l'accident de route: le caractère non accidentel de la contigence d'après Quentin Meillassoux»

Brigitte Faivre-Duboz. «Camion de Rafaël Ouellet: un "off-road movie"»

 

Séance: Le camion au petit écran

Christian Guay-Poliquin. «Du camion au camionneur. Mythopoesis du moteur diesel»

Sarah Yahyaoui. «Le féminin dans Ice Road Truckers: genre et représentation en milieux hostiles»

André-Philippe Lapointe. «Reboot et hybridité de Megatruck»

 

Séance: Le camion en toutes lettres

Sophie Ménard. «Aspects anthropologiques de quelques locutions tombées du camion»

Sylvain David. «Drapeau noir et camion blanc: Get in the Van de Henry Rollins»

Olivier Parenteau. «Moralités du camion selon Jacques Réda»

 

Séance: Les arts du camion

Bertrand Gervais. «Keep on truckin'»

Jasmin Cormier. «La violence sur quatre roues: images du camion dans la couverture photographique des conflits au Moyen-Orient»

Valérie Etter. «Camions imaginaires de Wim Delvoye»

 

Séance: Quelques cas concrets de camions

Marie-Christiane Mathieu. «Musique de char, toujours plus à l'ouest»

Amélie Villeneuve. «Le food-truck»

Simon Harel, Erwan Geoffroy et Mathieu Li-Goyette. «Le camion, support d'investigation et de création»

 

Organisation du colloque

Olivier Parenteau est chercheur régulier à FIGURA, le Centre de recherche sur le texte et l'imaginaire. Il a complété une thèse à l’Université McGill sur les représentations poétiques de la Première Guerre mondiale. Il s’intéresse à la poésie des XIXe et XXe siècles et, plus particulièrement, à la topique guerrière. Il a aussi travaillé sur l’œuvre d'Aragon. Olivier Parenteau enseigne actuellement au Cégep de Saint-Laurent. Il est aussi membre du CRIST (Centre de recherche interuniversitaire en sociocritique des textes).

 

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Pour citer ce document:
2016. Imaginaires du camion: un «speed colloque». Colloque organisé par Figura, le Centre de recherche sur le texte et l'imaginaire/Cégep de Saint-Laurent. Montréal, Université du Québec à Montréal, 27 novembre 2015. Documents audio et vidéo. En ligne sur le site de l’Observatoire de l’imaginaire contemporain. <https://oic.uqam.ca/fr/evenements/imaginaires-du-camion-un-speed-colloque>. Consulté le 1 mai 2023.

La violence sur quatre roues: images du camion dans la couverture photographique des conflits au Moyen-Orient

La figure du camion occupe une place importante dans la couverture photographique et photojournalistique de conflits militaires variés, de la Seconde Guerre mondiale à nos jours. Jasmin Cormier s’intéresse, dans cette courte communication, à deux cas de figures particuliers: la disparition des corps au profit des camions lors de la Première Guerre du Golfe et l’utilisation à outrance du camion par l’État islamique. 

Keep on truckin'

Bertrand Gervais s’attarde dans cette communication à l’expression Keep on truckin’, issue de la fin des années 1960. On retrouve encore l’expression de façon importante aujourd’hui par l’existence de plusieurs produits de consommation et toutes sortes de variations mercantiles autour du Keep on truckin’.

Du camion au camionneur. Mythopoesis du moteur diesel

Le moteur diesel fonctionne par auto-inflammation. Dans les cylindres, la pression exercée par les pistons pulvérise le gazole qui se consume instantanément. Comparé au moteur à essence, où le combustible s’enflamme par ignition, le moteur permet de dégager une puissance de coupe inégalée, d’où son utilisation pour les locomotives, les bateaux et les poids lourds.