ethnocritique

Des frontières à respecter et des seuils à franchir: rites de passage et représentations du labyrinthe dans les vidéoclip Straight Outta Compton de N.W.A et Real Muthaphuckkin G's d'Eazy-E

À la fin des années 1980 émergeait un sous-genre du hip-hop, le gangsta rap, entre autres promu par le groupe N.W.A (Niggaz Wit Attitudes) qui s’est fait connaître en exploitant le thème de la violence urbaine, celle due aux confrontations avec les forces policières, ainsi que celles entre les différents gangs. Originaire de Compton, une banlieue californienne, le collectif se met en scène, dans ses vidéoclips, de façon à représenter la rue comme le lieu de la rencontre, mais aussi comme le lieu des conflits. Notamment dans Straight outta Compton et Real muthaphukkin g’s, les rappeurs sont montrés errant dans les rues, allées et ruelles, traçant une ligne qui se brise à chaque carrefour et qui les enfonce dans un parcours labyrinthique. En portant une attention particulière aux différentes représentations des seuils – ceux qui délimitent et qui clôturent ainsi que ceux que l’on franchit –, il est possible de dégager d’une part une symbolique de l’enfermement et d’autre part une symbolique du passage, de la transformation et de la transmission. Notre entreprise est ici d’expliciter la façon dont ces deux vidéoclips font rejoindre l’habiter et le traverser.

Représentation du rite de passage de la jeune fille à la jeune femme: l'imaginaire du conte dans «Bonjour tristesse» de Françoise Sagan

À la fin des années 1960, Jack Goody, anthropologue britannique et professeur reconnu de l’Université de Cambridge (Garrigou), travaille sur une notion absente des études ethnologiques: les impacts de l’écriture sur l’individu et de facto sur les structures des sociétés européennes et occidentales. Dans l’ouvrage Literacy in traditional societies, l’anthropologue souligne son champ d’intérêt pour l’acte d’écriture en considérant que «surprisingly little attention has been given to the way in which it has influenced the social life of mankind» (Goody, 1968, 1). En relevant ce manque, il décide de diriger la publication de cet ouvrage en plus d’introduire, en collaboration avec son collègue Ian Watt, les différents impacts qui découlent du système d’écriture.

La raison graphique dans «L’Amant de la Chine du Nord» de Marguerite Duras: mise en scène du personnage littératien comme vecteur de transmission.

«L’Amant de la Chine du Nord» est l’un des derniers textes écrits par Marguerite Duras: il marque l’un des points finaux d’une vie passée à écrire, et clôt définitivement le cycle indochinois retraçant le thème –et ses (nombreuses) variations- de la rencontre avec l’amant Chinois. Bien moins populaire que son hypotexte «L’Amant», il n’en reste pas moins un roman d’une grande richesse interprétative car s’y mêle jusqu’à l’excès tout ce qui a fait le succès de la mythologie durassienne.

Afro-sadisme, révolution sociologique dans «Aline et Valcour» de Sade

«Je fais l’hypothèse d’une instrumentalisation de la caricature de la barbarie africaine à des fins critiques et réflexives d’intérêt national. Cette négociation narrative consisterait en une réarticulation du principe de “révolution sociologique”. Celle-ci se manifesterait en tant qu’évaluation du contexte social européen, jugé à l’aune des caractéristiques de son altérité, imminemment représentée par l’Afrique dans le texte sadien.

Privat, Jean-Marie

Le cadavre du réalisme

L’étude porte sur un petit corpus de romans policiers classiques dits à énigme (É. Poe, C. Doyle et surtout A. Christie). L’auteur se propose de garder raison par rapport à l’emprise critique du fameux paradigme indiciaire qui épuiserait les stratégies d’écriture et l’intérêt de lecture de ce type de bon vieux polar. Il souhaite au contraire mettre en évidence le travail de la pensée sauvage du récit.

Vinson, Marie-Christine

Retour de l(’â)me: une lecture ehtnocritique d’En mer de Guy de Maupassant

La lecture proposée d’En mer de Guy de Maupassant, en montrant le choc de cosmologies hétérogènes à l’œuvre dans l’univers fictionnel, permet de mettre en tension deux lectures. La lecture réaliste fait de cette nouvelle un récit où la loi du profit s’impose face aux liens du sang et détruit les solidarités fraternelles. La lecture symbolique, elle, propose un univers où les rites déviants (enterrer son bras quand on est vivant) désorganisent le monde.

La virilité vaincue ou coupable? Rite de passage et mise en procès du jeune homme dans «Les Natchez» de Chateaubriand

Je me propose d’étudier ici la mise en procès du jeune homme dans Les Natchez de Chateaubriand. Dans le cadre d’une réflexion globale et collective sur la notion de virilité, nous avons étudié les différentes représentations de la figure du jeune homme dans la littérature et le cinéma, en posant la question: comment a été représenté le passage du statut de jeune homme à celui d’homme accompli? Quels sont les traits significatifs qui caractérisent un homme viril et surtout: ces caractéristiques sont-elles forgées par la littérature, redites par la littérature ou déconstruites par la littérature? La fiction littéraire met en scène, questionne, voire renverse les archétypes de la virilité. De très nombreux récits de fiction sont centrés sur un personnage principal, un jeune homme qui va devoir, par ses exploits, assumer un destin et ainsi accéder au statut d’homme.

Devenir homme, devenir réfractaire: «L’Enfant» et «Le Bachelier» de Jules Vallès

De Charles Dickens (David Copperfield, 1850; et bien d’autres) à Jules Renard (Poil de carotte, 1894), en passant par Maxime Du Camp (Mémoires d’un suicidé, 1853), Alphonse Daudet (Le Petit Chose, 1868), ou encore Eugène Sue (Misères des enfants trouvés, 1851), les enfants malheureux en famille ou à l’école sont au cœur de nombreux romans du XIXe siècle. Jules Vallès s’inscrit dans cette lignée en publiant la trilogie Jacques Vingtras, un cycle autofictionnel. Les deux premiers romans, L’Enfant (1878) et Le Bachelier (1881), retracent les années d’apprentissage de Jacques. Né d’une paysanne et d’un professeur de collège (longtemps resté pion), le héros fait face à l’éducation violente de ses parents et notamment à la cruauté ignorante de sa mère. Les duretés de l’école et de sa discipline sont une souffrance supplémentaire pour l’enfant.
S'abonner à RSS - ethnocritique