Œuvre d'art public
Rêver le nouveau monde
L’œuvre est formée au total de quarante-quatre chaises. La Chaise-Maison et la Chaise-Monde accueillent les passants alors qu’elles sont placées stratégiquement à l’avant-scène de l’œuvre. Nous pouvons lire sur le siège de l’une d’entre elles « Rêver le nouveau monde ». Sous ces chaises sont disposées une maison et un globe terrestre en bronze afin d’illustrer les pôles extrêmes de l’espace public et privé. S’ensuivent quarante chaises, placées deux par deux dans toutes les configurations, portant l’inscription de quarante fragments de textes écrits par quarante poètes entre le premier jour de la fondation de Québec et aujourd’hui. La Chaise-Montréal et la Chaise-Québec complètent l’ensemble de l’œuvre et portent, incrustée dans leurs sièges, une représentation à échelle réduite du fleuve coulée dans le bronze et orientée dans le même axe que le Fleuve Saint-Laurent.
Là où ses petites histoires,
mine de rien, s’emboîtent
les unes dans les autres
- Denise DESAULTELS
Chacun se débrouille seul
à rafistoler des bouts de rêve.
La table est mise.
Voyez. Venez.
- Paul CHAMBERLAND
Seulement près de toy en cette saison dure
- Marc LESCARBOT
(1570-1642)
Hold me close
and tell me what the world is like
I don’t want to look outside
I want to depend on your eyes
and your lips
- Leonard COHEN
Petit jardin que j’ai planté,
Que ton enceinte sait me plaire !
- Joseph QUESNEL
(1746-1809)
je traversais sa nuit
et j’en rêvais le jour
je ne sais plus ce soir où va la poésie
mais je sais qu’elle voyage
rebelle analogique
- Claude BEAUSOLEIL
Il ne sait plus si sa mémoire
le garde vivant, si ses rêves
le nourrissent ou le dévastent.
- Pierre NEPVEU
La nuit est une neige
qui tombe à l’envers.
- Jean-Paul DAOUST
Pleurez, oiseaux de février
Au sinistre frisson des choses,
Pleurez, oiseaux de février,
Pleurez mes pleurs, pleurez mes roses
Aux branches du genévrier
- Émile NELLIGAN
(1879-1941)
L’homme…
Il a construit
Des milliers
Des millions
De milles
De câble blond
Et il leur a donné
Des millions
Des milliers
Des nœuds
Pour attacher la mer
- Cécile CLOUTIER
Le travail n’est pas liberté
Le travail est dans la liberté
- Claude GAUVREAU
(1925-1971)
tu es la ville engloutie
sous les rumeurs pourtant je vois
il n’y a que toi parlant
et la passion que tu y mets
- Hugues CORRIVEAU
Je n’ai pas appris de Poucet
Le secret de marquer la route
Qui reconduise où l’on passait
- Alfred DESROCHERS
(1901-1978)
La Mer navigue
La Terre marche
Le Ciel vole
et moi, je rampe pour humer la vie…
- Rita MESTOKOSHO
Un enfant est en train de bâtir un village
C’est une ville, un comté
Et qui sait
Tantôt l’univers
Il joue
- Hector de Saint-Denys GARNEAU
(1912-1943)
Nous écrivons
dans la grande noirceur
d’un siècle qui siffle
en s’écroulant
Nous écrivons
en guise d’accompagnement
de la terre.
- Paul Chanel MALENFANT
...
veaux vache cochon couvées
et préoccupations fi de vous et fi d’elles
à mon pays seul je suis fidèle
- Gérald GODIN
(1938-1994)
Heureux qui dans ses vers sait, d'une voix tonnante,
Effrayer le méchant, le glacer d'épouvante;
Qui, bien plus qu'avec goût, se fait lire avec fruit,
Et, bien plus qu'il ne plaît, surprend, corrige, instruit
- Michel BIBAUD
(1782-1857)
Il est sur le sol d'Amérique
Un doux pays aimé des cieux,
Où la nature magnifique
Prodigue ses dons merveilleux
- Octave CRÉMAZIE (1827-1879) Le Cap Éternité
Témoin pétrifié des premiers jours du monde,
Il était sous le ciel avant l'humanité
- Charles GILL (1871-1918)
Nous avons partagé nos ombres
Plus que nos lumières
Nous nous sommes montrés
Plus glorieux de nos blessures
Que des victoires éparses
- Alain GRANDBOIS
(1900-1975)
The hills
remind me
of you
Not because they curve soft and warm
lovely and firm
But because
a long time ago
you stared at them
as I am staring now
- Irving LAYTON (1912-2006)
Le plus difficile c'est le premier siècle
Rendus à trois, la racine est profonde
Voilà ce que chantent les enfants
l'été
- Félix LECLERC
(1914-1988)
Ce soir
Le monde est vieux
Et je m'ennuie
- Anne HÉBERT
(1916-2000)
au bout de ce grand bout de terre
de peine et de misère
dis-moi
marie
pourquoi le silence s'agrandit
- Pierre PERRAULT
(1927-1999)
Sous le manteau de la prudence
qu'on prend parfois pour sagesse,
on reconnaît souvent la peur
- Gilles VIGNEAULT
Le monde ne vous attend plus
il a pris le large
le monde ne vous entend plus
l'avenir lui parle
- Gaston MIRON
(1928-1996)
J'aimerais rester dans l'ombre
dans ton ombre familière
le temps d'un hiver au moins
sinon d'une vie entière
- Roland GIGUÈRE
(1929-2003)
Toutes les couleurs effacées
Tous parfums supprimés,
Toutes paroles étouffées;
Muet et blanc,
Intolérablement blanc,
Ce pays ne retient
Que les éclats du sang
- Gatien LAPOINTE
(1931-1984)
Tu me manques
De toujours
Tu es l'ombre de l'Absente
Tu es ce passé sans toi
- Jean ROYER
une acceptation de l'absence
un renoncement à l'explication
une connaissance du vertige
un bonheur de la rencontre
- Madeleine GAGNON
ne touchons pas au silence
il est notre réserve d'espoir
- Nicole BROSSARD
Malgré l'effarement
Malgré la lassitude
Des voix s'arrachent
Y a-t-il une façon simple
D'ouvrir l'Histoire
D'assécher les bourbiers
- Louise COTNOIR
Dans les yeux s'allume une ville,
qu'on n'a jamais pris la peine de visiter
- Louise DUPRÉ
Mon désir parfois
ressemble aux dernières phrases
d'un livre
les livres n'ont pas de fin
les livres s'arrêtent
- Normand DE BELLEFEUILLE
Elle ferme les yeux et rerêve:
c'était avant l'invention de l'écriture
- Yolande VILLEMAIRE
Je dois tout dire dans une langue
qui n'est pas celle de ma mère.
C'est ça, le voyage
- Dany LAFERRIÈRE
Sons de vent, bruits de tempête
J'entends tout, j'entends le bonheur
Puisque j'entends les aurores boréales
(en écriture syllabique)
- Emily NOVALINGA
Vient le jour où la beauté
borde notre chemin.
On se penche sur la vie, et aussitôt
on se relève, le coeur tremblant,
plus fort d'une vérité ainsi effleurée.
- Hélène DORION
j'attends de naître
pour répondre à tes lettres
j'attends tes lèvres pour parler
- Kim DORÉ
Legs de la Ville de Montréal à la Ville de Québec à l’occasion de son 400e anniversaire.