Chronologie des théories et études sur la Culture Populaire
Chronologie des théories et études sur la Culture Populaire
La prison est un espace social où, derrière de hauts murs qui protègent des regards, la violence de l’État s’exerce dans toute sa nudité. Cette incapacité à voir ce qui se produit à l’intérieur de ces murs pour tous ceux qui sont situés à l’extérieur alimente une curiosité que l’imaginaire cherche à satisfaire. Ainsi, il n’est pas étonnant que les œuvres de fictions regorgent de représentations d’espaces carcéraux, que ce soit dans les livres, les films ou les séries télévisées.
Les Années folles battent leur plein lorsque paraît le troisième roman de l'écrivain américain F. Scott Fitzgerald, The Great Gatsby, en 1925. L'œuvre littéraire «[combinant] une histoire d’amour et d’ambition, une tragédie morale, une satire de mœurs et l’exposé d’un double fait divers» (Bessière, 1972: 101) a depuis fait l'objet de dizaines d'adaptations: pièces de théâtre, ballets, opéras, comédies musicales, lectures radiophoniques et, bien sûr, productions cinématographiques (Auger, 2015).
La guerre moderne vient à changer le rapport préalable que nous avions avec sa mise en fiction, d’abord dans la littérature puis ensuite au cinéma. Plusieurs remettent en question sa légitimité et celle des autorités qui la valident. Plus encore, les cinéastes et les écrivains montrent la volonté de faire contrepartie à cette représentation d’un idéal épique au profit d’un imaginaire, sinon plus réaliste, qui en révèle au moins les nuances. La guerre est décrite pour ce qu’elle implique de souffrances, de monstruosité et de terreur: le sentiment d’une fin. Pourtant, au-delà de la mort qui surplombe tout, l’humanité résiste en contrebas.
Des programmes de séduction télévisés aux émissions de survie en conditions extrêmes, force est de constater que la télévision au tournant du 21e siècle adhère à une toute nouvelle esthétique favorisant un contact direct avec le public. Dans ces programmes, les notions de spectateur et d’acteur se brouillent au profit d’une conception plus perméable des rôles. La téléréalité se donne ainsi le prétexte d’offrir un espace loin du script des émissions traditionnelles; en d’autres termes, elle cherche à capter le réel sans filtre. Le livre «Valérie par Valérie», signé LA RÉDACTION –groupe composé de plusieurs écrivains, dont Christophe Hanna en est le principal acteur–, cherche à transcrire le passage d’un paradigme X à un paradigme Y de la culture de masse à travers le discours d’une participante de l’émission «The Bachelor 2», diffusée en France au début des années 2000.
Le roman «Sa Majesté des Mouches», de William Golding, témoigne d’une certaine violence fondatrice qui se dévoile chez des enfants, alors qu’ils sont prisonniers d’une île déserte et qu’ils tentent d’y fonder une sorte de civilisation. Pour sa part, «Hunger Games», de Suzanne Collins, présente un gouvernement qui, pour se venger de ses districts qui se sont jadis révoltés contre lui, organise un jeu annuel dans lequel des adolescents doivent s’entretuer jusqu’au dernier dans une arène.
Au début du XVIIe siècle, un jeune poète anglais du nom de John Milton rêve d’écrire une grande épopée destinée à glorifier l’histoire de l’Angleterre. Toutefois, 30 ans plus tard, alors qu’il est devenu aveugle, il dictera plutôt à son copiste «Le Paradis perdu» (1657), poème théologique racontant la lutte de Satan contre Dieu lui-même, alors qu’il tente de corrompre les créatures de Dieu, Adam et Ève, en les incitant à goûter au fruit défendu, celui de l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Trois siècles plus tard, ce poème de Milton inspirera un adolescent britannique du nom de Philip Pullman (1946-), qui est fasciné par le personnage de Satan, être perfide selon Milton. Or, le jeune Pullman ne peut s’empêcher de voir le Diable comme le Sauveur de l’humanité, comme l’être ayant permis aux hommes de voir le monde de manière claire et lucide, ce qui, des années plus tard, l’amènera à réécrire l’histoire du péché originel sous la forme d’une trilogie romanesque.
Créature magique issue du folklore scandinave, celtique et germanique, la figure légendaire de l’elfe a inspiré de nombreux auteurs de fantasy qui l’ont modelée à l’infini, créant des peuples entiers aux caractéristiques bien distinctes. Ainsi, plusieurs catégories d’elfes se côtoient dans un vaste éventail de romans («Les Annales du Disque-monde» de Terry Pratchett, l'«Héritage» de Christopher Paolini, «Artemis Fowl» d’Eoin Colfer, la saga du «Sorcelleur» d’Andrzej Sapkowski, etc.) formant un ensemble riche et complexe, où chaque créature possède des traits distincts. Ainsi, les Hauts Elfes valorisent l’amitié et vivent en harmonie avec les humains, les Elfes gris sont des protecteurs de la vie et des êtres mesquins, alors que les Elfes noirs incarnent plutôt des forces maléfiques, etc. Il existe également les Elfes aquatiques, sylvains et solaires qui maîtrisent respectivement l’eau, la terre et le feu (Jonas, 2008).
Si les premiers films sur les enfants-soldats voient le jour en Europe à la suite de la Seconde Guerre mondiale, comme L'enfance d'Ivan (Andreï Tarkovski, 1962) ou Requiem pour un massacre (Elem Klimov, 1985), il faut attendre l'année 2012 pour qu'un cinéaste tourne sa caméra sur la perspective féminine du phénomène. Ainsi, Kim Nguyen «intentionally [sets] out into almost unexplored cinematic territory» (Gilbert et Green: 509) en se penchant sur la réalité des filles-soldates dans son long métrage Rebelle. Tourné en République démocratique du Congo, mais se déroulant dans un pays d'Afrique subsaharienne non nommé, le film présente le point de vue de la jeune Komona, enlevée par des guérilleros à l'âge de 12 ans et forcée à rejoindre leurs rangs comme «sorcière de guerre».
L’analyse va débuter avec deux citations liées au domaine des superhéros. La première est du bédéiste britannique Alan Moore, dont il sera question dans la première partie. Pour lui, «[T]here is no ordinary person». Le bédéiste qualifie la notion de ridicule. La critique est d’autant plus pertinente que plusieurs superhéros tentent, malgré leurs superpouvoirs, de correspondre à cette image. La seconde citation vient du bédéiste écossais Grant Morrison et porte sur la malédiction d’être superhéros à partir de l’âge d’argent: «From now on, having superpowers would come at the very least with great responsibility and, at worst, would be regarded as a horrific curse» (Morrison: 89).