Quelles histoires peut-on raconter aujourd’hui aux gens qui ont déjà entendu cent fois ces mêmes histoires? Inversement, pourquoi voulons-nous collectivement réécouter, en boucle, ces histoires? Consciente d’elle-même d’amont en aval, la culture populaire est aujourd’hui entrée dans une phase néobaroque (Calabrese : 1987) vouée au jeu de la réflexivité, de la réitération et de la reprise.
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La mort règne indiscutée sur le cinématographe, qui nous la donne sans cesse à voir tout en la déjouant, la jouant et se jouant d’elle. Soumise à des codes bien précis, la mort jouée sur pellicule est en fait l’exorcisme de la mort réelle. Or qu’arrive-t-il quand, emportés par la fascination spectrale du nouveau dispositif, le désir de mort et la pulsion scopique fantasment un au-delà de la représentation?
«Il est peu d’images aussi marquantes, dans le cadre de l’esthétique contemporaine de l’extrême, que la surenchère transmédiatique et véritablement planétaire des morts vivants. Après une décennie (1985-1995) qui avait connu la "fin du zombie" dans le média qui lui avait jusque-là été le plus propice –le cinéma–, la créature, fidèle à elle-même, renaît de plus belle au tournant du nouveau millénaire, envahissant les plus divers recoins de l’iconosphère globale. Face à une telle invasion, et en syntonie avec la prolifération de "zombie studies", le temps est venu de s’attaquer de front aux morts-vivants, et de rendre compte des mythèmes et des motifs essentiels qui configurent leur esthétique...»
King Kong (1933) est sans conteste l'un des films phares de l'histoire du cinéma. Le statut archétypal de la créature ouvre à toutes les interprétations: on a voulu y voir tour à tour une figure de la Grande Dépression, du capitalisme, du Tiers Monde, de l'esclavage, du colonialisme, de la nature exploitée, voire du Christ lui-même, mort pour nos péchés. Mais peut-être reste-t-il avant tout, comme l'avaient proclamé les surréalistes dès sa sortie, l'apothéose de l'Amour Fou.
La diffusion du premier épisode de Star Trek en 1966 marqua la popularisation au petit écran d'un sous-genre littéraire déjà vieux d'un siècle: le space opera. Outre la poétique des voyages interstellaires et les scènes de combats galactiques, Star Trek épouse l'idéologie de la Guerre froide.
Tony Stark est de retour dans Iron Man 3, dont la sortie marque le 50e anniversaire du personnage conçu par Stan Lee en 1963. Antihéros, figure du «capitalisme quintessenciel» (dont la fortune est basée sur le commerce amoral des armes), il est, comme Gatsby et tant d'autres, un être fêlé. Déchiré entre les superpouvoirs de son corps-armure et sa personnalité romantique d'être blessé, il est un emblème du complexe militaro-industriel que dénonçait Eisenhower en 1961.
Popenstock se réjouit de se retrouver dans les rangs serrés de la pop philosophie sous la plume de Pierre-Alexandre Fradet «Pour en finir avec l'ironie: la pop philosophie».
L’imaginaire collectif contemporain est à plusieurs égards frappé par des représentations stéréotypiques largement répandues de l’époque médiévale, laquelle y apparaît souvent dépeinte comme une époque mystérieuse où l’amour courtois et les épopées merveilleuses des chevaliers côtoient l’intolérance religieuse, l’ignorance fidéiste et l’instabilité politique.
Rien ne vouait, a priori, la banlieue à l'érotisme dionysiaque. Rêve édénique, la «banlieusation» de l'Amérique d'après-guerre était avant tout une promesse de refondation symbolique de la Nation. Prolongeant la tradition idéologique qui a volontiers représenté l'Amérique rurale comme un Paradis continuellement perdu et son industrialisation comme une Chute symbolique, il s'agissait d'une sorte de retour aux sources, loin de la Ville corruptrice.
Dans L'homme qui rit (1869), Victor Hugo inventait Gwynplaine, mythique personnage dont le visage cicatrisé lui imprime un rire tragique. Marc-André Grondin incarne ces jours-ci au cinéma celui qui, dans la toute première bande dessinée Batman, deviendra le Joker, dans un étonnant renversement des rôles qui aura commencé dans le film expressionniste The Man Who Laughs, de Paul Leni. Le rire martyre de Gwynplaine se transforme alors en sourire cruel: celui du psychopathe dangereux.
Sérialite télévisuelle. Direction scientifique: Sébastien HUBIER & Emmanuel LE VAGUERESSE. 11 & 12 avril 2013
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